Un documentaire sans analystes ni spécialistes…

Un documentaire est défini comme un genre cinématographique et télévisuel d’un film qui a pour but de restituer des preuves de l’existence de faits historiques afin d’en établir une description minutieuse.

Dan Reed, le réalisateur de Leaving Neverland, a de son côté fait le choix de balayer d’un revers de main la définition de l’art auquel il s’est attaché pour ne proposer, avec ce film, qu’une narration à sens unique et orientée.

En effet, et il le reconnait dans diverses interviews, Dan Reed a réalisé ce documentaire sans faire appel à des analystes, des spécialistes de la police ou de la justice et encore moins toute personne pouvant aller à l’encontre de son choix et des affirmations des protagonistes présents dans son film.

Pire! Une information écrite en une seule phrase sur deux petites lignes, apparaît à la fin de la première partie du documentaire afin de préciser que deux enfants nommés, à savoir Brett Barnes et Macaulay Culkin, ont constament dit qu’ils n’avaient jamais eu un seul contact sexuel avec Michael Jackson et ce sans montrer leur témoignage à l’écran.

Si Dan Reed avait réellement voulu démontrer la culpabilité de Michael Jackson, la moindre des choses voudrait qu’il ait pris contact avec les deux enfants devenus adultes qu’il nomme dans son film. Or, nous avons appris, via la lettre de l’avocat de Brett Barnes à HBO, qu’à aucun moment, Dan Reed, ni aucune personne derrière la réalisation de ce film, n’a essayé de prendre contact avec Brett Barnes afin de savoir si sa version des faits pouvait avoir changé !

Si cette manière d’agir est très surprenante, elle l’est d’autant plus que Dan Reed a déjà réalisé un film documentaire au sujet de la pédophilie en 1994 (The Paedophile Hunter) dans lequel on retrouve parmi la liste des personnes présentes dans le film:

– Jim Gamble, qui a plus de trente années d’expérience dans le secteur de la protection de l’enfance au Royaume-Uni. Il a même été le directeur général du centre contre l’exploitation des enfants et la protection en ligne.

– Hugh Davies, dont sa spécialité est le droit pénal et renommé comme possédant une vaste expérience dans la poursuite et la défense d’infractions les plus graves. Hugh Davies avait été chargé de conseiller l’enquête sur le décès d’Alexandre Litvinenko, cet ancien officier russe du KGB qui aurait été empoisonné par du polonium 2010 à Londres en 2006. Et en ce qui concerne sa spécialité dans la matière qui nous regarde, Hugh Davies a été récompensé en 2011 pour services rendus à des enfants et à des adolescents, ce qui témoignait de son rôle de conseiller juridique volontaire auprès du Centre de lutte contre l’exploitation et de protection en ligne des enfants (CEOP).

-Jon Brown, qui fut directeur opérationnel des services à l’enfance avec Action for Children. Depuis avril 2010, il était responsable de la stratégie et du développement au sein de la NSPCC, contribuant à faire avancer la nouvelle stratégie organisationnelle en matière de violence sexuelle. Depuis octobre 2015, il est responsable du développement et de l’impact.

– Corine de Ruiter, qui est professeure de psychologie judiciaire à l’Université de Maastricht et dont les recherches portent sur la relation entre les troubles mentaux et la violence, le développement et la prévention du comportement antisocial chez les jeunes, le traitement des troubles du comportement antisocial chez les enfants et les adultes, et l’évaluation du risque de violence future, y compris la violence domestique, sexuelle et les abus envers les enfants.

Si dans le premier documentaire de Dan Reed, on peut lire la présence d’analystes et des professionnels de la sécurité, absolument rien de cela n’a été réalisé pour Leaving Neverland, ce qui porte à questionnement.

Pourquoi Dan Reed n’a-t-il pas intentionnellement fait appel à ces spécialistes, qui plus est sachant qu’il avait déjà fait appel à de telles personnes par le passé ?

Mais ce n’est pas tout. Non seulement Dan Reed n’a pas fait appel à des spécialistes ou des professionnels de la police, du milieux médical voir des services sociaux, mais il n’a fait appel à aucun juriste, aucun avocat, et surtout à aucune personnes parmi les nombreuses personnes ayant fréquentés Michael Jackson par le passé dont Brett Barnes qui est pourtant référencé dans le documentaire.

Quand aux procès intentés par Wade Robson et Jales Safechuck contre l’Estate, MJJ Productions Inc et MJJ Ventures Inc, pas une phrase ni une seule explication ne figure dans le film.

Est-ce qu’il n’aurait pas été interessant d’avoir le témoignage des personnes qui ont auditionné Wade Robson ou James Safechuck lorsqu’ils avaient soutenu que Michael Jackson ne leur avait jamais rien fait de mal ?

Est-ce qu’il n’aurait pas été interessant, même en se mettant dans l’aspect accusatoire de la question, de savoir si ces personnes présentes lors de l’audition n’avaient rien décelé sur une attitude des deux protagonistes qui aurait pour révéler un doute sur leur sincérité à l’époque ?

Est-ce qu’il n’aurait pas été interessant, toujours dans le cadre des auditions des enfants ayant fréquenté Michael Jackson, de savoir si les personnes présentes aux auditions auraient décelé une attitude chez les autres enfants pouvant laisser croire qu’il puisse y avoir le moindre doute dans le fait qu’ils innocentent eux aussi Michael Jackson ?

Tant de questions encore qui auraient pu être posées mais qui ne l’ont pas été, préférant délibérément, proposer une narration à charge et contenant, non pas des analyses ou des témoignages de professionnels en la matière, mais plutôt une description minutieuse d’actes de pédophilie dans un langage tellement cru qu’aucun autre documentaire ne l’a certainement déjà fait auparavant.

On en viendrait presque à croire que la manière dont ce documentaire est présenté, devrait elle aussi, faire l’objet d’un examen minutieux des organismes et autres spécialistes en la matière.

7 commentaires

  1. Personne ne parle des déboires financiers de Wade Robeson en 2012 ? C’est pourtant ce qui lui a donné envie d’ecrire « son expérience » sur Michael Jackson en 2013. Aucun éditeur n’en voulut. Chorégraphe très demandé du vivant de M.J., il a en effet tout perdu à sa mort, se faisant même refuser d’un spectacle du Cirque du Soleil en 2010 ( sur des musiques de M.J.) d’où sa dépression. C’est donc très étonnant que l’on n’est pas abordé toute cette période dans ce documentaire…

  2. Faudra m’expliquer pourquoi des personnes comme Antonio Ribeiro, Corey Feldman, Sean Lennon, Macaulay Culkin ou ses propres enfants ( Paris, Prince, Blanket) ou même ses propres neveux, n’ont jamais subi ces actes horribles mais que des jeunes hommes financièrement plus instables finissent par se rappeler cela. Et jamais de témoins…

  3. Bon. Et quand bien même ce qui est raconté dans ce documentaire serait vrai, est-ce que cela change une seule note à Billie Jean ?

  4. Françoise Giroud résume ce qui arrive là en deux phrases:
    « Le rayonnement est dangereux. Quand il se détourne de vous comme le pinceau d’un phare, changeant sa trajectoire, on se sent comme éteint, rabougri, ramené à une réalité étriquée. On sécrète du fiel à l’égard de celui qui vous a retiré sa lumière1 ». Fin de citation.

  5. Autre temps, autre lieux: De nos jours, que dirait-on de Victor Hugo?
    Je vous laisse juge de ce poème que Michael Jackson n’aurait pas démenti.

    N’importe, je m’assieds, et je ne sais pourquoi
    Tous les petits enfants viennent autour de moi.
    Dès que je suis là, les voilà tous qui viennent.
    C’est qu’ils savent que j’ai leurs goûts ; ils se souviennent
    Que j’aime comme eux, l’air, les fleurs, les papillons
    Et les bêtes qu’on voit courir dans les sillons.
    Ils savent que je suis un homme qui les aime,
    Un être auprès duquel on peut jouer, et même
    Crier, faire du bruit, parler à haute voix ;
    Que je riais comme eux et plus qu’eux autrefois,
    Et qu’aujourd’hui, sitôt qu’à leurs ébats j’assiste
    Je leur souris encor, bien que je sois plus triste;

    Ils disent, doux amis, que je ne sais jamais
    Me fâcher ; qu’on s’amuse avec moi ; que je fais
    Des choses en carton, des dessins à la plume;
    Que je raconte à l’heure où la lampe s’allume,
    Oh ! Des contes charmants qui vous font peur la nuit,
    Et qu’enfin, je suis doux, pas fier et fort instruit.
    Aussi, dès qu’on m’a vu : « Le voilà ! » tous accourent.
    Ils quittent jeux, cerceaux et balles; ils m’entourent
    Avec leurs beaux grands yeux d’enfants, sans peur, sans fiel,
    Qui semblent toujours bleus tant on y voit le ciel.
    source: Les Contemplations.

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