Récit du tournage du clip de Billie Jean par Steve Barron…

Depuis quelques jours, des vidéos* du tournage du clip de Billie Jean sont apparues sur internet et ce pour la plus grande joie des fans de Michael Jackson.

Le site internet The Telegraph a publié de son coté les propos de Steve Barron, le producteur et
réalisateur du très célèbre clip de Billie Jean. Dans ses déclarations traduites ci-après, Steve Barron raconte l’histoire de l’un des clips vidéo
les plus influents de tous les temps.

Steve Barron est l’auteur
de certaines vidéos musicales les plus emblématiques jamais
réalisées. Le nombre des artistes pour lesquels il a travaillé
dans les années 80 est impressionnant : A-ha – David Bowie –
Fleetwood Mac – The Human League – Madonna. En tête de cette
liste, cependant, il y a Michael Jackson
.

Barron raconte comment
la vidéo de Billie Jean a été élaborée en 1982.

INTRODUCTION :

« En 1982 j’avais
réalisé 15, 20 clips, y compris celui qui était numéro un au
Royaume-Uni à l’époque: The Human League : Fade To Grey. Le
nom de Michael Jackson n’était alors pas encore sur toutes les
lèvres. Rappelez-vous c’était quelques mois avant la sortie de
Thriller. Il a bien sur été magique que Michael Jackson fasse
appel à moi, mais d’une certaine manière j’étais plus emporté
par Human League. Ma femme était enceinte de notre premier enfant à
l’époque et ma première réaction a été de dire : « Oh, je ne
pense pas être capable de le faire.»  « Ce n’était
pas quelque chose d’ordinaire » finalement, c’est ma femme qui
m’a convaincu.

EN BREF :

Le manager de Michael
Jackson a déclaré « Michael veut une vidéo magique, il a vu
Fade to Grey, et aime son aspect cinématographique ainsi que toute
l’ambiance. Il veut que ce soit un morceau filmé, par opposition
à un clip avec une histoire. »

LE BUDGET :

50 000 $. C’était le
double du budget avec lequel je travaillais ordinairement. Pour
mettre cela en perspective, cependant, lorsque Beat It a été
terminé cinq semaines plus tard, le budget avait atteint 300 000
$. Pour Thriller, il était de 2 millions de dollars. Ainsi, en
l’espace de trois mois, le budget de Billie Jean avait été
programmé.

L’INSPIRATION :

« Pour la conception de
Billie Jean, je me suis basé sur une donnée utilisée dans une
vidéo précédente pour Joan Armatrading : la touche magique. Donc,
l’idée était que lorsque Michael se déplaçait, tout devait
s’éclairer et se transformer en lumière d’or. J’ai écrit
le concept puis j’ai faxé à Michael cette page et demie de
schémas. Ils m’ont répondu « Michael aime vraiment, il
veut vraiment se sentir comme Peter Pan ». Donc, cela voulait
dit « oui, vous avez vu juste, venez le faire, nous aimons cette
représentation. »

LE FILM :

«Nous avons utilisé du
16 mm. La raison pour laquelle nous n’avons pas utilisé du 35 mm
est qu’avec Fade To Grey je venais d’avoir l’expérience que
le 35 mm augmentait le budget ».

RÉUNION AVEC
MICHAEL :

«Il était doux, très
détendu, et vraiment curieux des plans de la vidéo, puis plus tard,
il a voulu en savoir plus sur moi. »

AVANT LE TOURNAGE :
Un très bon ami à moi avait construit le scénario en maquette,
je me suis assis avec Michael et lui ai montré les images, il y
avait deux cadres vides au milieu, parce que le gestionnaire m’avait
informé qu’il allait danser. Il m’avait expliqué que Michael
s’était exercé devant un miroir.

J’ai parlé à Michael
de l’idée d’un détective privé qui le suivait, vaguement basé
sur ce qu’il m’avait dit du concept de base de la chanson – quelque
chose qu’il avait lu dans un journal sur un détective privé.

LE MOMENT DE GENIE DE
MICHAEL :

« Donc, nous avons
poursuivi cette idée avec lui, scène par scène. Et quand il est
venu répéter une scène devant les caméras, apportant son
énergie, et déclenchant à nouveau la touche magique, Michael m’a
fait cette réflexion : « Qu’en serait-il si l’on voyait des
magasins dans une rue, dont une boutique de vêtements avec des
mannequins dans la vitrine. Et que lorsque je passe devant cette
vitrine, que diriez-vous si les mannequins prenaient vie, et
sautaient derrière moi pour danser avec moi ? » J’ai
vraiment adoré ! J’ai songé que c’était un concept
étonnant, et enrichissant. C’était juste une idée de génie.

Après cette réunion,
j’ai dit à mon gestionnaire : «Michael est venu avec une
excellente idée. Nous devons changer le concept, il faut des
mannequins, quelques danseurs, et faire des répétitions. Il
faudrait également un chorégraphe, une costumière, et j’ai
besoin de quelques heures supplémentaires pour tourner cela d’une
certaine façon, car ceci se passera après la première danse.

Mon comptable a évalué
que cette scène, allait augmenter le coût de 5000 $, mais CBS (le
label de Michael Jackson) a refusé. Ils ont dit, Non, nous ne
payerons pas un sou de plus, nous vous l’avons dit, vous disposez de
50 000 dollars et c’est tout.

UN COUP DE CHANCE :

« J’ai informé
l’équipe de Michael que nous ne pouvions pas poursuivre son idée.
La moitié de moi espérait que quelqu’un allait dire « on va
payer pour cela », mais il n’y a pas eu de réponse. J’ai reçu
un appel téléphonique le vendredi soir, j’étais endormi, donc
il était assez tard, et c’était Michael au téléphone, ce qui
était bizarre, parce que je ne pensais pas qu’il passait
lui-même ses appels téléphoniques. Il m’a dit « Hey Steve,
nous ne ferons pas la répétition de danse pour la vidéo demain.
C’est annulé ! Alors que j’étais sur le point de lui
parler du budget, j’ai pensé à quoi bon ? Puisque de
toute façon il annulait.

« Je
comprenais pourquoi il ne voulait pas le faire, j’ai pensé qu’à
ce moment, il cogitait sur Beat It tout en la comparant à Thriller.
Ne pas pouvoir suivre une idée créative géniale est décevant,
c’est comme la scène manquante que j’aurais aimé avoir
inventée. Je pense qu’il aurait fait la vidéo mieux que moi. »

LE JOUR DU SHOOT :

« J’étais à l’aise
dans l’ensemble, c’était juste un tournage de plus, vraiment,
jusqu’à ce qu’il commence à danser.»

LA DANSE :

«On m’avait dit la
veille que les pavés ne seraient pas tous allumés, Michael ne
pouvait pas aller où il le voulait. 11 seulement allaient être
déclenchés au contact de ses pas, c’est ce qu’ils avaient dû
décider au hasard pendant la nuit. J’ai du lui dire : Michael
je suis désolé, mais il n’y a que cette dalle qui s’allume,
puis ces deux autres, puis celle là, et quelques autres aussi.
N’ayant vu aucune répétition ou quoi que ce soit, je devais
deviner ce qu’il allait faire. Je pense qu’il avait répété
quelques mouvements, mais comment allait-il les enchaîner ?
Mystère ! Il regarda tout cela très attentivement et pensa à
ce que je lui avais dit, puis je lui ai demandé : « Michael,
ferons-nous quelques répétitions ? » il m’a répondu
«pouvons-nous simplement tourner ? »

Alors que le moment
approchait, il a commencé à bouger sur une jambe, et puis ce fut
l’instant, alors il s’élança dans cette danse qui était
différente de tout ce que je n’avais encore jamais vu. C’était
tout simplement extraordinaire, et instinctif. Il a fait tout d’un
coup et l’a transformée en ce que nous avons découvert. J’avais
chaud, chaud, de voir l’énergie qu’il dégageait. La caméra était
littéralement embuée, j’avais les yeux embués, à cause de
l’émotion produite par ce que je voyais. Il a presque disparu dans
un brouillard à travers la lentille, ce qui a davantage accentué
ce moment totalement surréaliste.

EDIT :

« J’ai rencontré
Michael à Covent Garden, (Londres) au Longacre production. Je me
souviens, nous étions restés là pratiquement toute la nuit,
c’était un revirement très rapide, comme d’habitude. Il se
trouvait à Londres, donc c’était un timing parfait. Je me
rappelle qu’il s’était couché sur un canapé au fond de la
salle, à un moment il a regardé l’un des écrans et a annoncé :
«J’aime cette prise » en fait, il regardait un écran en
trois parties. Il pensait que les trois éléments s’affichaient
pour qu’il en choisisse un … Je n’ai rien dit ».

UNE VIDÉO
ÉPIDÉMIQUE :

« Tout ce dont je me
souviens aussi, c’est qu’environ deux semaines plus tard, j’ai
entendu que MTV n’allait pas passer Bille Jean. Ils ont dit que ce
n’était pas pour leur public. Et puis j’ai entendu, et j’ai
entendu beaucoup d’histoires, dont une, disant que CBS avait
téléphoné à MTV parce qu’ils étaient absolument furieux :
«Comment est-il possible que dans le Hit Pop, une vidéo
impressionnante, avec un grand artiste, ne fait pas partie de votre
auditoire ? Qui est donc votre public ? ».

Ils ont avancé qu’ils
représentaient l’Amérique moyenne. Je ne pense pas que les termes
blanc ou noir aient été utilisés. MTV était à un stade précoce.
Ils ne savaient pas qui ils étaient, ne savaient pas ce qu’ils
allaient devenir, et certainement, ils ne savaient pas que Michael
Jackson allait propulser l’évolution de MTV. Ils luttaient contre
l’évènement qui les a construits dans l’empire qu’ils sont
devenus.

Traduction :
Elisabeth.

Le livre de Steve Barron intitulé « Egg n Chips & Billie Jean: A Trip Through the Eighties » est sorti au début du mois de novembre et le célèbre réalisateur revient sur sa carrière et naturellement sur l’histoire du tournage du clip de Billie Jean. Ce livre en anglais fait 158 pages et vous pouvez le commandez chez Amazon France en version papier et également en version kindle.

*Vous pouvez voir une vidéo d’extraits du tournage de Billie Jean sur http://vimeo.com/112048887.
Source: MJFrance

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