Cela fait presque 30 ans que Brett Barnes n’avait plus parlé à un journaliste. Son nom vous est bien familier puisqu’il a toujours défendu Michael Jackson de par son témoignage lors des allégations d’agression sur de jeunes enfants portés contre le Roi de la Pop.
Ici sur MJFrance, nous n’avons pas manqué de parler de lui à chaque fois qu’il a pu s’exprimer et notamment lors de la diffusion du documenteur Leaving Neverland où, pour soutenir leur soi-disant thèse d’abus par Michael Jackson, Wade Robson et James Safechuck avaient utilisé son nom, le citant comme un autre garçon ayant côtoyé Michael Jackson dans les années 1990 et Wade Robson affirmant que Mr Barnes « l’a remplacé » comme victime de Michael Jackson, affirmant au passage que ce dernier aurait été un « victime » de plus.
Mais Brett Barnes avait alors nié catégoriquement tout acte déplacé par Michael Jackson et continue de clamer l’innocence de la star, comme il l’a fait durant le procès de 2005 ayant conclu à l’innocence de Michael Jackson. L’avocat de Brett Barnes avait alors fait parvenir un courrier officiel aux dirigeants de HBO les mettant en demeure de retirer toute allusion à Brett Barnes de ce documentaire. « Que vous produisiez un film laissant clairement entendre que M. Barnes avait été agressé sexuellement par l’un de ses meilleurs amis est scandaleux. Le fait que personne n’ait même tenté de le contacter pour lui poser des questions à propos de ces accusations est encore plus grave. » a-t-il mentionné dans le courrier dont nous vous faisions part au mois de mars 2019.
Naturellement, la presse à scandale tout comme la presse dite sérieuse, se fit extrêmement rare pour relater ses faits, préférant de loin se concentrer sur les éclaboussures nauséabondes de Leaving Neverland.
Après toutes ces années d’ignorance, de diffamation et d’atteinte à sa vie privée, Brett Barnes a décidé qu’il était enfin temps de s’exprimer. Le 14 mai 2022 , il a accordé à Charles Thomson une entrevue sans restriction et en exclusivité mondiale. Aucune question ou sujet n’était interdit. Il n’y avait qu’une seule plateforme qu’il était prêt à laisser diffuser : le MJCast.
Pour la première fois, il a eu l’occasion de donner des réponses sans équivoque aux nombreuses allégations qui avaient été publiées et diffusées à son sujet au fil des ans. La conversation a été publiée le 13 juin 2022 – le 17ème anniversaire des verdicts du procès pénal de Jackson en 2005. Cet épisode a été édité par Charlie Carter.
Aujourd’hui, et grâce à l’immense travail de traduction de PYC (Catherine), voici pour vous la traduction de cet entrevue. Un grand merci à elle et à toute l’équipe du MJCast sans oublier Brett Barnes.
Interview :
Charles Thomson: Brett Barnes, c’est votre première interview depuis 1993 n’est-ce pas ?
Brett Barnes: C’est exact
Et cette interview de 1993 est la seule que vous ayez donnée ?
Oui, c’est exact.
Donc, pourquoi maintenant ?
C’est une très bonne question. Et pour vous dire la vérité, je n’ai pas vraiment de réponse à cela, c’est quelque chose que j’avais envie de faire depuis un petit moment, le faire de la bonne façon est une manière importante de… la façon dont les médias tournent les choses… il est vraiment important que je donne ma version de l’histoire, ou que je raconte mon histoire de la bonne façon, et je pense que c’est une bonne façon de le faire.
Il y a eu pas mal d’accusations sur Twitter, disant que vous n’étiez pas Brett Barnes, que vous étiez une espèce d’imposteur. Je peux confirmer que nous avons fait un appel en visio tous les deux pour parler de l’enregistrement de cette interview, et je peux affirmer que vous êtes vraiment vous.
Merci.
Et pendant cette conversation, je vous ai demandé s’il y avait quelque chose dont vous ne vouliez pas parler, et vous avez dit non, vous pouvez me demander tout ce que vous voulez.
Oui, c’est vrai.
Très bien, allons-y.
Bonjour et bienvenue sur le MJcast. Je suis Charles Thomson, et vous écoutez notre épisode qui marque le 17ème anniversaire de l’acquittement de Michael Jackson lors de son procès de 2005. Mon invité aujourd’hui est Brett Barnes, ami de longue date de Michael Jackson qui a été mis sous le feu des projecteurs en 2019, lorsqu’un certain nombre d’affirmations ont été formulées le concernant lors d’une émission de télévision, Leaving Neverland. Il a choisi MJcast pour donner sa première interview depuis 1993. Donc Brett, je suppose qu’il ne fait aucun doute que l’un des facteurs qui vous ont poussés à nous parler maintenant est l’impact qu’a eu Leaving Neverland il y a 3 ans, lorsqu’il a été diffusé et produit par Channel 4 et par HBO. Il y a eu de très fortes insinuations dans cette émission de télé à votre sujet, et à propos de votre relation avec Michael. Je voudrais juste vérifier une chose, avez-vous été réellement en contact avec quelqu’un de la production ? Vous a-t-on donné l’opportunité de répondre à ces insinuations…
Non.
… contenues dans le documentaire avant sa diffusion ?
Non
Quelqu’un vous a-t-il contacté pour vous prévenir que quelque chose allait sortir ?
Non, les seules personnes qui m’ont prévenues sont des fans sur Twitter.
Donc personne de la production de Leaving Neverland ne vous a contacté avant sa sortie ?
Non.
Qu’en pensez-vous ?
C’est vraiment injuste, vraiment injuste. Je ne comprends pas pourquoi, je suppose que leur argument est que je ne suis pas vraiment impliqué, sauf que je suis directement impliqué, parce qu’ils me nomment, ils montrent mon image. Non seulement mon nom a été utilisé pour la promotion du film, mais ils se sont aussi passés de mon opinion, c’est très injuste dans la mesure où il n’y a qu’une seule version de l’histoire, sans la moindre réfutation.
Et après sa sortie, après sa diffusion au Festival Sundance, un avocat, Allen Grodsky, a écrit une lettre à HBO en votre nom, et je vais en lire un extrait. Il y dit « en raison de la diffusion des premières images du film, et en raison de l’impression fausse et extrêmement blessante qu’elles laissent, Monsieur Barnes souffre d’un stress considérable et de détresse émotionnelle. Monsieur Barnes et sa famille ont reçu des demandes non sollicitées et des visites de la part de la presse et d’étrangers qui voulaient leur parler de Monsieur Jackson. Cette détresse et ce stress font partie des tourments qu’il devra endurer si le film devait être diffusé dans le monde entier ». Donc, pouvez-vous nous en dire plus sur ces demandes non sollicitées, et sur ces visites de la part de la presse qui ont eu lieu après la diffusion de Leaving Neverland à Sundance ?
J’ai eu de très nombreux contacts avec la presse australienne et avec la presse internationale. Toutes les demandes étaient transmises à mon avocat, qui me les retransmettait pour savoir si je donnais suite, ce qui me permettait de faire barrage à la presse internationale. Mais la presse australienne est venue chez moi pour organiser une interview pour Channel 7 ou Channel 9, d’ailleurs les deux ont aussi essayé de me contacter par les réseaux sociaux. J’ai un très, très gros manque de confiance dans les médias, à cause de leur façon de traiter les choses, ils prennent vos mots, puis ils les déforment. Ils ont leur propre point de vue, leur propre angle pour raconter une histoire, donc le moindre mot que j’aurais pu prononcer aurait été soustrait de son contexte. J’ai vraiment eu peur que cela se vérifie à cause de leur façon de m’approcher. Ces deux chaînes ont sorti quelques émissions spéciales, ils m’ont présenté leurs projets sous un bon jour pour essayer de décrocher une interview. Ils me disaient que certains membres de la famille Jackson étaient impliqués dans ces projets pour me vendre leur idée et me convaincre de faire ces interviews. Bien sûr j’ai décliné. Mais ces émissions spéciales étaient totalement à l’opposé des démonstrations qu’ils m’avaient faites, ce qui pour moi les rend indignes de confiance. J’essaie donc au maximum de ne jamais prendre part à tout cela.
Je suppose que vous parlez de ces émissions spéciales… l’une d’entre elle si je me souviens bien est cette émission spéciale qui a eu lieu après la diffusion de Leaving Neverland et qui débutait par l’interview d’Adrian McManus, c’est bien de ces émissions dont vous parlez ?
C’est exact.
Donc ils vous ont approché et ils vous ont dit qu’il s’agissait de programmes pro-Michael Jackson, pour essayer de vous persuader d’y participer ?
Oui, c’est exactement cela. Je suis désolé de changer de sujet, mais quand le procès a eu lieu, et que j’ai été appelé à témoigner, j’ai déjà vécu personnellement ce genre d’histoire, un journal est venu jusque chez moi. Ils ont frappé à la porte. Je ne savais pas qui c’était donc j’ai ouvert la porte, il y avait un journaliste et un cameraman qui pointait sa caméra sur mon visage. Je suis un être humain ordinaire, et donc subir ce genre de choses est très, très… dans ce contexte avoir affaire à la presse était une chose à laquelle je m’attendais, mais pas dans ma vie… je parle des moments où j’étais avec Michael… mais là, chez moi, c’est quelque chose qui fait totalement partie de ma vie privée… le fait qu’ils franchissent la porte d’entrée pour pointer une caméra sur moi, c’est quelque chose qu’il faut affronter. Je leur ai claqué la porte au nez mais ils avaient le numéro de téléphone de la maison. A l’époque je vivais chez mes parents. Ils avaient notre numéro de téléphone et ils appelaient sans cesse. Ils sont restés en pointant leur caméra sur la maison pendant au moins une heure. Ils empiétaient vraiment sur ma vie privée. Ils ont fini par raconter une histoire par un petit article dans le journal qui disait que je leur avais parlé, ce que je n’avais jamais fait. Ils ne faisaient que me harceler par téléphone. Il y a eu une autre fois où mon père était dans le jardin, il devait sortir les poubelles ou quelque chose comme ça parce qu’il était minuit. Le photographe d’un tabloïd s’était posté dans le jardin des voisins. Il a pointé son appareil au-dessus de la clôture et a pris une photo de mon père en train de sortir les poubelles. Puis ils ont inventé une histoire disant qu’ils avaient une interview exclusive de lui. La façon dont ils se sont conduits fait que je n’ai absolument pas confiance en eux.
Ces approches jusque devant chez vous, juste après la diffusion de Leaving Neverland, diriez-vous qu’elles étaient respectueuses ?
Non. Non.
D’accord. Pouvez-vous m’en dire plus ?
Ils étaient très insistants. Ils s’acharnaient comme s’ils étaient assoiffés de sang. La personne qui s’est présentée à notre porte après Sundance… nous avons un interphone. Donc ma femme a répondu à l’interphone, elle a dit qu’il s’agissait d’un homme. Il lui a demandé si Brett Barnes vivait ici, donc elle a répondu non. Je n’avais jamais entendu parler de cette personne. Il lui disait : »Vous en êtes bien sûre ? », et elle lui répondait : « Je vis ici depuis plusieurs années et je ne connais personne de ce nom qui vivrait ici ». Il est donc parti, et quand il est revenu il a dit : « Il y a bien un Brett Barnes inscrit sur les listes électorales et qui vivrait ici ». Ils vont donc jusqu’à contrôler les listes électorales pour savoir où vous vivez, ils en sont là et vont aussi loin pour essayer d’obtenir de quoi raconter une histoire. Et je sais très bien que l’histoire qu’ils veulent raconter ne le sera pas sous un jour positif, ils sont pour le moins indignes de confiance.
Vous venez de parler de votre épouse, vous avez maintenant votre propre famille. De quelle façon est-elle affectée ?
J’ai une très, très jeune famille. Mon aîné va bientôt avoir 5 ans, donc ils ne comprennent pas. Ils n’ont pas vraiment eu à traverser cette épreuve, ma plus jeune fille était très jeune à l’époque, donc elle n’avait aucune idée de ce qu’il se passait, mais ma femme est quelqu’un qui mène une vie normale, nous sommes une famille ordinaire, elle ne connait personne qui soit à ce point sans foi ni loi, elle n’est pas habituée du tout à tout cela, c’est donc très pénible pour elle, parce que c’est littéralement une invasion de sa vie privée.
A ce jour, est-ce qu’une personne travaillant sur Leaving Neverland vous a contacté pour vous donner un droit de réponse ?
Non.
S’ils l’avaient fait, leur auriez-vous parlé ?
C’est une bonne question. Je suis plutôt en conflit avec cette idée, parce que c’est quelque chose que je voudrais faire, mais je ne sais pas si ce serait le bon moyen de le faire et la bonne plateforme. Je ne voudrais pas forcément le faire en m’adressant aux créateurs de ce film, parce qu’ils ont leur propre point de vue et leur propre perspective sur la situation. Peu importe ce que je pourrais dire, ils ont leur histoire, ils ne se soucieraient pas de moi en tant qu’individu, ou de ce que j’aurais à dire, parce que ça ne cadrerait pas avec leur histoire qui représente évidemment leur vache à lait. Ce ne serait pas bénéfique pour moi. Je ne veux avoir aucun rapport avec ce qu’ils produisent.
Je voudrais vous lire un autre extrait de la lettre envoyée à HBO par votre avocat. « Monsieur Barnes a clairement évité l’œil du public et n’a pas mentionné son amitié avec Monsieur Jackson à certains proches, à son employeur, à ses collègues, et à des amis proches qui n’étaient pas du tout au courant ». Pourquoi avez-vous caché votre amitié avec Michael Jackson à des amis proches ?
Et bien, mes amis proches… j’ai un cercle d’amis très très proches, avec qui je suis ami depuis très longtemps. Dans ce cercle d’amis proches depuis longtemps, bien sûr qu’ils étaient au courant. Mais d’autres personnes sont entrées dans ma vie plus tard. Si certaines de ces personnes l’ont su, elles ne m’en ont rien dit, mais la plupart n’étaient pas au courant. C’est quelque chose dont je ne faisais pas étalage, parce que la période du lycée a été très dure pour moi, parce que c’est l’époque où les premières accusations sont sorties. Non seulement les gens vous traitent différemment dès qu’ils savent que vous connaissez quelqu’un de célèbre, encore plus à ce niveau de célébrité, mais en plus vous ne pouvez plus vraiment faire confiance à ces personnes qui savent, parce qu’il y a beaucoup d’argent à se faire rien que du simple fait que vous le connaissez, et toute histoire autour de lui se vend, ce qui a été prouvé… puisque toute histoire salace se vend bien je dirais.
Les médias vous ont-ils déjà offert de l’argent pour parler de Michael ?
L’histoire que j’ai racontée sur le photographe et les journalistes qui sont venus chez moi… ils m’ont offert de l’argent, mais je n’ai jamais demandé aucun paiement. La vérité, c’est que personne ne m’a jamais demandé de raconter mon histoire, et je suppose que c’est parce que ce n’était pas vendeur, et que cela ne correspondait pas au point de vue qu’ils recherchaient.
Et quand on essayait de vous appâter avec de l’argent, vous a-t-on suggéré qu’il fallait dire quelque chose en particulier ? Quelque chose qui vous ferait gagner de l’argent ? Comme par exemple dire quelque chose de négatif contre de l’argent ?
Non.
Donc ce que vous dites essentiellement, c’est que vous étiez inquiet de mentionner le lien qui vous unissait à Michael pour deux raisons. La première à cause des accusations qui étaient faites et qui devenaient embarrassantes. Et la deuxième parce que vous étiez inquiet que les gens puissent profiter des liens qu’ils avaient avec vous.
Oui, les faux amis. Mais je voudrais clarifier le premier point. Ce n’est pas tant l’embarras causé par les accusations qui m’inquiétait, c’est plutôt tout le ridicule qui entourait ces accusations. Je n’ai jamais été embarrassé d’être ami avec lui, et je ne le serai jamais. C’est tout le ridicule que j’ai subi à cause de ces accusations si je puis dire.
Parlez-vous d’une situation dans votre vie privée, ou dans les médias ?
Non, dans ma vie personnelle.
Quel genre de situation avez-vous dû subir ?
Vous savez, les enfants peuvent être cruels. Il se passait beaucoup de choses ridicules dans la cour de récréation.
Avez-vous déjà connu une situation où des gens ont essayé de profiter des liens qu’ils avaient avec vous et des liens que vous aviez avec Michael ?
Non, pas que je sache, mais c’est justement parce que nous avons eu tendance à garder un cercle restreint. Donc si beaucoup de personnes faisant partie de ma vie n’en ont rien su, c’est parce que nous ne sommes pas le genre de personnes qui se vantent. Nous gardons dans notre entourage des personnes dignes de confiance.
Est-ce pour cette raison que votre compte Twitter est quasi anonyme, dans le sens où vous ne postez jamais de photos de vous, ou rien de ce genre, parce que vous essayez de garder une séparation entre le Brett Barnes de Twitter et le Brett Barnes du monde réel ?
J’ai commencé après son décès parce que j’avais un profil Facebook… après son décès beaucoup de gens, beaucoup de fans voulaient être amis avec moi sur Facebook, je ne voulais pas les ignorer mais en même temps je ne voulais pas les ajouter sur mon Facebook personnel. Donc j’ai créé une page Facebook avec la même photo de profil, puis j’ai commencé à ajouter tous les fans. Ensuite je me suis lancé sur Twitter et sur Instagram, que je n’utilise pas vraiment. Je dirais que c’est une continuité de mon compte Facebook, pour séparer vis-à-vis des fans ma vie personnelle de tout le reste.
Ils vous mettent fréquemment au défi de poster une photo, ou quoi que ce soit qui puisse prouver que vous êtes le vrai Brett Barnes, et vous refusez systématiquement de le faire. Pourquoi refusez-vous ?
Parce que c’est quelque chose de privé, et je tiens à préserver ma vie privée.
Il serait donc juste de dire que vous utilisez votre compte Twitter depuis des années pour remettre les pendules à l’heure quand on rapporte des choses qui vous concernent, comme quand Leaving Neverland est sorti, ou ce genre de choses, mais vous n’avez jamais donné d’interview telle que celle que vous donnez aujourd’hui ? Mais revenons maintenant au tout début de votre histoire avec Michael. D’après ce que j’ai compris, Michael était en Australie pour le Bad tour, et vous en tant que fan, avec votre mère et votre sœur, vous êtes allé à l’aéroport. Vous étiez trop jeune pour y aller seul. C’est bien cela ?
Oui, oui. En fait, c’est une histoire amusante. C’est comme ça que fonctionne l’univers parfois. Donc j’étais à l’aéroport… je vous raconte l’histoire ?
Oui, allez-y, racontez-nous l’histoire.
Donc j’avais 5 ans. J’ai une sœur aînée, et il y avait ma mère. Toute ma famille était vraiment fan de lui. Il venait pour le Bad Tour, et ma mère, ma tante… quelqu’un a suggéré d’aller à l’aéroport pour l’apercevoir à la descente de l’avion, comme le font les fans partout dans le monde. J’ai vu ça plusieurs fois, c’était marrant. Donc nous y sommes allés pour le voir, et ma mère a eu l’idée de lui écrire une lettre, en espérant avoir une chance de la lui transmettre. Bref. Donc ma sœur a écrit nos deux lettres parce que j’étais un peu timide pour lui écrire. Donc je lui ai dit d’écrire quelque chose du genre : « Hey moi c’est Brett, voici mon numéro de téléphone, je suis un grand fan de toi. Appelle-nous ». Ce genre de chose. Nous sommes allés à l’aéroport. Ma mère, ma sœur, moi, ma tante et mes deux cousines ; nous étions à l’aéroport. Ses danseurs étaient là, les danseurs pour le concert, donc nous leur avons tendu les lettres. C’est Eddie qui a pris notre lettre. Il y avait des sacs Pepsi, dedans il y avait des cannettes de Pepsi, je crois qu’il y avait aussi des t-shirts de la tournée, et d’autres petits cadeaux, et dans certains sacs, ils avaient glissé au hasard des places de concert. Ma sœur est allée attraper deux sacs, un pour elle, un pour moi. Elle me donne l’un des deux sacs, et dans mon sac, il y a deux places de concert. Bien sûr je n’avais que 5 ans, j’étais trop jeune pour y aller, donc ma mère et ma tante ont fini par y aller ensemble.
Oh, ce devait être tellement frustrant !
Oui ça l’était, mais j’ai trouvé tellement amusant de tomber sur ces places de concert. Bref, nous avons fini par le voir de loin parmi les fans, il se dirigeait vers son van. Puis quelques semaines plus tard, nous avons reçu un appel téléphonique à la maison. C’est ma sœur qui a répondu. Je n’étais pas là quand le téléphone a sonné, donc c’est ce qu’on m’a raconté. Mais apparemment ma sœur a répondu au téléphone, quelqu’un lui a dit : « Salut, est-ce que je peux parler à Brett s’il-vous-plaît ? », donc elle a posé le téléphone parce que j’étais en train de jouer dehors. Je crois que ma mère était là, elle disait : « Qui est au téléphone ? », et ma sœur lui a répondu : « C’est quelqu’un qui veut parler à Brett, on dirait la voix de Michael Jackson ». Ma mère était sous le choc, donc elle a pris le téléphone. En effet, c’était bien lui, donc je suis entré pour lui parler, mais j’étais un peu timide donc je n’ai pas dit grand-chose. C’est à partir de cet appel que notre amitié a débuté.
Et vous aviez 5 ans, dites-vous ?
Oui, c’était en 87, fin 87 ou début 88.
Quels souvenirs avez-vous de ce premier appel téléphonique ?
Je ne me souviens pas de grand-chose malheureusement, parce que j’étais vraiment très très timide, je ne voulais pas… je ne voulais pas être le centre d’attention, même à un si jeune âge. Donc je ne voulais pas vraiment parler, je me souviens que ma mère me tenait dans ses bras, et que je détournais la tête dès qu’elle essayait de poser le téléphone sur mon oreille.
Que s’est-il passé après ce premier appel, comment les choses ont-elles évolué ?
Il a continué à appeler et parfois nous discutions, c’était chaque semaine. Il restait en contact et parlait avec nous tous.
A toute la famille ?
Même mes cousines, il appelait mes cousines, oui, j’ai oublié de mentionner mes cousines. Elles étaient là ce jour-là aussi, quand il a appelé pour la première fois, je précise que ce sont des filles, elles lui ont donné leur numéro et il les a appelées aussi.
Trouviez-vous cela étrange ? C’est la plus grande célébrité de l’histoire et du monde, et pendant son temps libre il vous passe un coup de fil, à vous et à votre famille. Votre famille trouvait-elle cela bizarre ?
J’étais si jeune que je ne sais pas si je réalisais vraiment que la personne que je voyais à la télé était la même personne avec laquelle je discutais au téléphone, donc pour moi c’était une personne normale vu que je n’assistais pas aux concerts, aux clips, donc pour moi dès le début c’était une personne normale, et c’est probablement pour cela que j’ai une perspective si biaisée de la vie.
Que voulez-vous dire par une perspective si biaisée de la vie ?
Parce qu’être exposé à cette version des choses, telle que parcourir le monde, voir l’énergie des fans pendant un concert, voir la pagaille qu’il y avait avec toutes ces personnes en adoration partout, ce côté de la vie, pour revenir à côtoyer des personnes normales, retourner à l’école, juste vivre une vie normale.
Donc vous voulez dire que vous avez un aperçu unique ?
Un aperçu très très unique.
Peu de gens ont vécu ce que vous avez vécu.
C’était dingue, complètement dingue.
Donc vous avez dit qu’il vous parlait à vous et à votre sœur, et il parlait à vos cousines. Est-ce qu’il parlait aussi à vos parents ?
Oui bien sûr.
Donc cette amitié concernait toute la famille ?
Oui, toute la famille.
Il y a donc eu un moment où vous l’avez rencontré en personne. Est-ce que c’était à l’occasion de votre invitation à Neverland pour la première fois ?
C’est exact.
D’après les retranscriptions du tribunal c’était en décembre 1991, c’est bien cela ?
Oui.
D’accord. Parlez-nous de cette première fois où vous avez posé les yeux sur lui et où vous l’avez rencontré en personne. De quoi vous souvenez-vous ?
Pour moi, c’était comme dans un film, comme si je regardais de l’extérieur. Oui, c’était vraiment, vraiment, vraiment cool, c’était vraiment cool parce que nous avons parlé pendant longtemps au téléphone, et il attendait d’avoir fini l’album Dangerous pour nous faire venir à Neverland pour la première fois. C’était tellement génial, et c’est marrant parce qu’à chaque fois qu’on y met les pieds on retrouve la même magie que l’on a ressenti la première fois, oui, parce qu’il y a de la musique dès que l’on franchit le portail, la musique est partout. De la musique classique, la bande originale de Disney, il y avait de la musique partout. C’est une vraie expérience. Puis il était dans sa chambre, qui était une maison à elle toute seule, un appartement entier, toute la famille y est allée. Puis nous sommes allés dans la bibliothèque, la bibliothèque était vraiment cool, il y avait des livres partout et une table d’échecs massive. Puis son manager est revenu… l’assistante du manager, adorable, c’est elle qui est venu nous chercher à l’aéroport et qui nous a emmenés à Neverland, elle nous a dit : « Monsieur Jackson est prêt à vous recevoir maintenant », donc nous l’avons suivie. J’ai couru vers lui et je l’ai pris dans mes bras, c’était vraiment cool.
Dites m’en un peu plus sur ce moment où vous l’avez rencontré pour la première fois. Était-il plus grand que ce à quoi vous vous attendiez ? Qu’est-ce que ça fait de rencontrer Michael Jackson ?
Oui, à ce moment-là je suis encore un petit garçon, donc évidemment il était hors normes, tout en étant fragile et drôle.
Fragile ?
Oui, pas fragile mais il était beaucoup plus mince que la plupart des gens. Je suis vraiment désolé fragile n’était vraiment pas le bon terme. Il est très puissant bien sûr, parce que grâce à la danse son corps n’était que muscles. Mais pour moi, à un si jeune âge, ce n’était qu’une personne normale, donc ce n’était pas si impressionnant pour moi de rencontrer Michael Jackson pour la première fois, de rencontrer Applehead, si vous préférez.
Il vous a dit que Applehead était son surnom ?
Applehead était le surnom de tout le monde. Mais il m’appelait plus souvent Doodoo. Mais pour moi il a toujours été Applehead, comme il l’était pour la plupart des gens. Je me souviens que certains l’appelaient Doodoo.
Y a-t-il une explication à l’origine de ces surnoms, parce qu’ils n’étaient pas vraiment flatteurs. D’où est-ce que cela venait ?
Je n’ai jamais vraiment eu l’explication, nous étions juste habitués je pense, c’était juste une manière un peu insolente de montrer que nous nous aimions et que nous nous appréciions. Les Australiens sont bien connus pour cela, alors pour moi c’était logique et je n’avais pas besoin de comprendre. En Australie il est courant de s’interpeler en utilisant le mot en C [connard], pour beaucoup de gens le mot en C est prononcé de manière affectueuse, donc je comprends parfaitement. Mais je connais l’origine de Applehead, il m’a dit qu’il regardait les Three Stooges, je crois que c’est Moe qui appelait Curly et Larry comme ça, Appleheads, ce genre de chose.
Et pour clarifier les choses, Mac, c’est Macaulay Culkin ?
Oui.
OK. Donc Neverland était encore en travaux à l’époque. D’après vos souvenirs qu’y avait-il en décembre 1991, et qu’est-ce qui n’était pas encore là ?
Certains manèges, certains animaux n’étaient pas encore là. Je n’ai jamais vraiment pensé à ce qui était là et ce qui ne l’était pas encore. L’horloge florale et la gare sont venues plus tard. Oui, le grand train n’était pas encore là, il n’y avait que le petit train.
Il y avait des animaux… vous avez dit qu’il y avait un zoo ?
Oui, oui, il n’y avait que quelques animaux à l’époque mais ils n’étaient pas tout là encore, le zoo que les enfants pouvaient visiter est venu plus tard, les tigres sont arrivés plus tard. A l’époque il n’y avait qu’un éléphant, Gipsy.
Qu’avez-vous fait pendant vos premiers jours à Neverland ? Avez-vous passé beaucoup de temps avec Michael, ou étiez-vous plutôt livré à vous-même dans la propriété ?
Non. Il attendait… comme je l’ai dit il attendait d’avoir terminé Dangerous pour avoir la possibilité d’avoir plus de temps libre. Donc la plupart du temps il était là.
Quel genre d’occupations aviez-vous ?
Le meilleur endroit, c’était la salle de jeux d’arcade. Il y avait un bâtiment entier rempli de jeux d’arcade, il y avait littéralement deux étages remplis de jeux d’arcade. Aussi un jukebox. Des frigos remplis de sodas. Des bonbons partout. Un cinéma où on pouvait regarder des films. Et bien sûr les manèges. C’était dingue. Nous avons séjourné dans un pavillon pour les invités. Ma sœur et moi, nous dormions dans l’un de ces pavillons ensemble. Dans des lits séparés. Donc le premier soir nous sommes allés au lit, et le lendemain matin nous nous sommes réveillés et il est venu nous voir dans nos chambres pour nous montrer son chimpanzé. C’était le premier matin.
Wow. Est-ce que c’était Bubbles ou un autre chimpanzé ?
C’était Max, Bubbles n’était pas encore là.
Pendant ce premier séjour, avez-vous visité d’autres endroits ? Vous êtes allés à Disneyland, vous êtes allés à Los Angeles, à Vegas, était-ce pendant ce premier séjour ?
J’étais trop jeune, je n’arrive pas distinguer et à me rappeler quels endroits nous avons visité à ce moment-là. Oui, je suis allé visiter ces endroits mais je ne sais plus si c’était pendant ce séjour, parce que dans mes souvenirs à cette époque-là nous y sommes allés assez souvent. Pendant mon année de CM2, je dirais même du CM2 à la 6ème, la moitié du temps j’étais là-bas, parce que nous partions sur les tournées, et nous faisions des allers-retours entre les pays.
Le fait d’être au cœur de la vie privée de Michael… quel impact cela a-t-il eu sur vous en tant que fan ? La pop star Michael Jackson commence-t-elle à perdre un peu de sa part mystique ? Est-ce qu’il commence à devenir un peu plus humain et un peu moins pop star ? Comment cette relation a-t-elle évolué ?
Comme je l’ai dit au tout début, j’étais beaucoup trop jeune pour différencier la personne avec laquelle je discutais… je veux dire… j’étais trop jeune pour différencier la personne que je voyais à la télé de la personne avec laquelle je discutais. Il y avait en quelque sorte deux personnes. Mais dans les moments où j’étais avec lui, il y avait bien des moments où la pop star reprenait le dessus, mais la plupart du temps non.
Quand vous dites qu’il y avait des moments où la pop star reprenait le dessus, avez-vous un exemple à nous donner ?
Evidemment les concerts… dès qu’il sortait de scène. Mais il y avait aussi les moments où nous allions par exemple chez Toys R Us après l’heure de fermeture. Ils ouvraient le magasin juste pour nous. La première fois que nous avons fait un séjour au ranch, nous sommes allés chez Toys R Us, et il nous disait de prendre tout ce qui nous faisait envie, donc nous avons rempli quelques chariots puis… désolé, je dis ça comme si ça n’avait aucune importance, mais c’était vraiment des moments géniaux, mais pour moi c’est juste… une sorte d’histoire… donc s’il-vous-plaît pardonnez-moi… bref, nous avons rempli quelques chariots et nous sommes allés à la caisse. Je me suis tourné vers ma mère et je lui ai dit : « Est-ce qu’il a les moyens d’acheter tous ces jouets ? ». Et il a dit : « Oui, ne t’inquiète pas pour ça, ne t’inquiète pas ». Une autre fois nous étions à Vegas, et il nous dit : « Allons acheter quelques bonbons ». Donc Karlee et moi… ma sœur et moi, nous sommes partis acheter des bonbons sans vraiment avoir de service de sécurité, nous nous sommes contentés d’y aller comme ça. Nous l’avons fait plusieurs fois, en allant dans plusieurs endroits, mais c’était comme un virus. Une fois qu’une seule personne l’avait vu, tout le monde le voyait. Vous pensez que vous vous baladez tranquillement tout seul, et soudain vous avez une centaine de personne autour de vous, des cris partout. Nous sommes entrés dans la boutique de bonbons. En l’occurrence cela consistait à prendre tous les bonbons qui nous faisaient envie, il suffisait de remplir un sac. Moi je prenais mon temps pour choisir mes préférés, tous mes bonbons préférés, mais les choses ont dégénéré. Il y avait trop de monde. Nous avons dû partir en courant. Il y avait tout un tas de gens qui nous poursuivaient. Je suis en train de courir et à ce moment-là le fond de mon sac de bonbons s’ouvre, et tous mes bonbons se répandent dans le parking. J’étais tellement déçu, tellement déçu. J’ai sauvé ce que je pouvais, mais nous devions continuer à courir. Quand j’ai vu le peu que j’avais pu sauver j’étais tellement déçu. Mais ce sont des choses comme celles-ci qui font penser que la pop star reprend le dessus. A ce moment-là ce n’est pas une personne normale.
Et quand il vous arrivait ce genre de choses, y a-t-il des moments où vous vous demandiez comment vous aviez atterri là ?
Pas tout le temps.
Comme gériez-vous tout cela ? Je veux dire, vous étiez un petit garçon, c’était un énorme changement dans votre vie. Cette attention soudaine qui était portée sur vous, les restrictions que cela impose et qui vous empêchaient de faire ce que vous vouliez.
Ce n’était pas vraiment… je pense que je n’étais pas vraiment conscient, je n’y pensais pas. Parce que je me contentais de vivre l’instant même si j’expérimentais ce genre de choses et même si c’était loin de la vie normale que j’avais ici. Je vivais ce qui arrivait ici et maintenant.
Votre famille vous accompagnait-elle lors de ces excursions ?
Oui, la plupart du temps tout le monde était là, oui.
Quel était leur avis ? Je veux dire… plus particulièrement vos parents, ce sont-ils inquiétés pour votre sécurité ou quoi que ce soit d’autre ?
Non, leur plus grande inquiétude… c’est vraiment étrange, je me rends vraiment compte des choses quand j’en parle à ma femme parce qu’évidemment elle n’a pas vécu tout cela, donc pour elle ce sont juste des histoires que je lui raconte, même si ça m’est arrivé. Tout cela avait l’air tellement dingue, mais leur plus grande inquiétude était que je manquais trop l’école, ça c’était leur plus grande inquiétude.
Lors de votre séjour en décembre 1991 ; selon vous combien de temps a duré…
Peut-être un mois.
D’accord, donc ce séjour a duré un certain temps. Y étiez-vous au moment de Noël ?
Oui. Je ne me souviens pas vraiment mais je crois que oui.
Et ensuite vous y êtes retourné régulièrement. Aviez-vous un tuteur ou quelqu’un, ou est-ce que vous manquiez l’école ?
Sur l’une des tournées nous avions un tuteur, un ami de la famille. Il est prof ici alors il nous a suivis à l’étranger sur les tournées.
Est-ce que cela a affecté votre scolarité de manière catastrophique, ou avez-vous réussi à survivre tant bien que mal ?
Oui, j’ai survécu. Ce n’est qu’à la fin de ma scolarité que mes notes ont commencé à baisser.
Que s’est-il passé ces dernières années ?
Je n’étais pas vraiment… je m’ennuyais trop à l’école. Je n’aimais pas vraiment l’école alors je faisais le strict minimum.
Ce n’est pas vraiment à cause du Dangerous Tour alors ?
Non, non, mais je pense que c’est ce que je sous-entendais en disant que mes perspectives dans la vie étaient assez différentes, les valeurs que je place en chaque chose sont un peu différentes par rapport aux autres.
Il serait un peu négligent de ma part de ne pas aborder le sujet des conditions de sommeil, étant donnée l’intense attention dont ce sujet a fait l’objet. Lorsque vous avez témoigné en 2005, vous avez dit que c’est lors de votre premier séjour à Neverland que vous êtes resté pour la première fois dans la chambre de Michael. Comment est-ce arrivé ?
Ce n’est pas quelque chose que j’ai vraiment… je ne me souviens pas vraiment… je ne me souviens pas des détails, c’était toujours comme ça. Le truc c’est qu’il est comme un aimant pour tout le monde. Tout le monde voulait être près de lui tout le temps, parce que c’est le genre de personne qu’il était, personne ne voulait le quitter, parce que le pouvoir qu’il avait, c’était que tout le monde voulait être à ses côtés. Et c’est comme ça que les choses ont évolué, parce que la question du sommeil ne m’inquiétait pas du tout, je n’ai jamais vu de problème, parce qu’il ne s’agissait de rien d’autre que de dormir. Il n’y avait rien de plus. Alors pourquoi se focaliser autant sur cette question. Il ne s’agissait que de dormir, je ne vois pas pourquoi il est si difficile de comprendre qu’il ne s’est jamais rien passé.
Je veux dire que le problème pour beaucoup de gens, c’est qu’il y avait des allégations, donc les gens pensent qu’il y a vraiment lieu de se demander si c’était juste une histoire de sommeil, que c’est la raison pour laquelle vous vous êtes retrouvé dans une salle d’audience, et ainsi de suite. Je pense que l’autre chose que beaucoup de gens ont du mal à comprendre, et j’aimerais beaucoup entendre votre point de vue en tant que parent, c’est de savoir si, ou pourquoi, les parents n’étaient pas inquiets, si vous voyez ce que je veux dire. Vous êtes père maintenant, seriez-vous inquiet si vous découvriez que l’un de vos enfants dormait dans la même chambre qu’un adulte ?
Quand on dit les choses de cette façon, cela semble inquiétant, mais c’est trop simpliste. Il ne s’agit pas de découvrir plus tard comment se sont passées les choses et se dire que c’est arrivé. Ce n’est pas ça du tout. Il est blessant que des gens pensent que mes parents n’auraient rien vu, que si quelque chose n’allait pas, même une chose insignifiante, ils n’auraient rien fait. Se dire qu’ils seraient restés à l’écart et qu’ils auraient laissé quelque chose arriver à leur enfant, c’est très blessant pour moi de penser qu’ils auraient pu faire cela. Alors en ce qui me concerne, en tant que parent, si je me retrouvais dans une situation où quelque chose se passerait, vous pouvez être sûr que je serais à 100% sur le sujet. J’analyserais la situation, et je prendrais les décisions qui s’imposent. Il est hors de question que je laisse mes enfants en danger, ou que je les laisse dans une situation où il leur arriverait quelque chose. Si j’étais dans la même situation que mes parents, j’aurais fait exactement la même chose.
Vous ont-ils posé des questions à ce sujet après les accusation de Chandler ? Se sont-ils assis avec vous pour vous poser des questions ?
Bien sûr qu’ils l’ont fait, parce qu’ils sont parents, parce qu’ils n’auraient jamais rien laissé m’arriver.
D’autres personnes restaient-elles parfois avec vous dans la chambre ?
Bien sûr. Ce n’était pas… ce n’était pas un endroit où la porte était fermée et où personne ne pouvait entrer.
Qui y avait-il ?
Ses cousins étaient là, des amis, ma sœur était là. Ce n’est pas vraiment au cœur de mes souvenirs, parce que c’était tellement insignifiant. Qui se souvient de son sommeil. Est-ce que vous vous souvenez de toutes les fois où vous avez dormi ? Est-ce que vous vous souvenez de toutes les fois où vous avez eu sommeil ? Non, parce que ce n’est pas un centre d’intérêt, parce que ce n’est pas le genre de souvenirs que l’on veut garder.
J’ai l’impression, à vous entendre, que vous êtes frustré que ce sujet soit devenu le point essentiel d’attention pendant votre amitié de plusieurs décennies avec Michael Jackson, parce que ces allégations reposent essentiellement sur quelque chose qui selon vous est insignifiant.
C’est tellement insignifiant. Tellement insignifiant. C’est à cela que cela se résume. L’amitié est tellement, tellement plus qu’une histoire de sommeil.
Bien sûr, vous comprenez la raison pour laquelle je veux vous en parler, parce qu’il y a eu plusieurs accusations, et je pense qu’il est important que vous ayez l’opportunité de répondre à ces accusations. Mais passons à autre chose, nous nous sommes légèrement éloignés du sujet. Parlez-moi un petit peu plus de votre premier séjour à Neverland. Je crois que quand le Dangerous Tour a commencé en 1992, vous étiez beaucoup sur cette tournée, n’est-ce pas ?
C’est exact.
C’est une expérience différente de celle de rester à Neverland. Rester à Neverland avec Michael était une expérience plutôt sédentaire j’imagine. Quelle est la différence quand vous partez en tournée avec Michael ?
On est au niveau de la superstar. Les tournées étaient mouvementées, il y avait beaucoup, beaucoup de choses à faire… voyager… c’est comme si j’étais vraiment… c’est aussi pour cette raison que je déteste en parler, parce que cela me fait paraître si… je suis absolument reconnaissant de tout ce que j’ai pu vivre. J’ai probablement donné l’impression d’être imbu de moi-même, alors que ce n’est pas du tout le cas. Alors si je donne l’impression que je raconte ces histoires avec désinvolture parfois, je ne sais pas, ça pourrait me rendre… disons que je l’ai vécu, c’est un fait. Encore une fois, je vivais l’instant présent, donc pour moi dire que voyager et tout le reste était dur, ce n’est rien comparé à ce que vivaient ceux qui travaillaient sur la tournée. Ce qu’ils faisaient était infiniment plus dur que ce que j’ai vécu, mais c’était vraiment un pur chaos. Il y avait des fans partout où nous allions. Il y avait des gens, des fans qui nous attendaient. Evidemment pas nous, mais lui. Ils attendaient devant l’hôtel quand nous arrivions en ville, ils revenaient à l’hôtel après, et quand nous partions pour la ville suivante, ils étaient déjà là. Nous voyions toujours les mêmes fans, spécialement un groupe de fans qui sillonnaient l’Europe. On les voyait à chaque concert aux deux premiers rangs. C’était devenu une sorte de jeu d’essayer de les repérer, voir où ils étaient, parce qu’ils n’étaient pas nécessairement au même endroit. Mais ils étaient… ils étaient toujours devant, il fallait les repérer dans la foule. Et nous avons fini par surnommer l’un d’entre eux « Charlie », d’après les livres Où est Charlie ?. Toujours le même groupe de fans à chaque concert, au premier rang. Mais revenons à lui, en tant que personne il était notre Applehead en dehors de la scène, mais mon Dieu, dès qu’il montait sur scène c’était un être totalement différent. Dans la plupart des concerts j’allais sur scène au moment de Heal The World, quand des enfants venaient après que le gros globe ait été gonflé sur scène… un groupe d’enfants qui venaient de l’endroit où nous nous trouvions venaient sur scène. J’y ai toujours participé. On sentait l’énergie qui se dégageait de la foule. Mon Dieu, c’était quelque chose de se tenir debout sur cette scène et de regarder cette marée humaine. Et ça, c’était bien avant les téléphones portables bien sûr, donc les gens utilisaient leurs briquets. On avait l’impression d’avoir presque une galaxie sous les yeux, de regarder un ciel étoilé, avec toutes ces flammes, tous ces gens qui dégageaient une telle énergie. C’était quelque chose de voir quelqu’un qui soit capable de se nourrir de toute cette énergie et de rendre cette énergie au fil des concerts. Regarder ces concerts était incroyable, mais le faire soir après soir… on peut voir que se nourrir de l’énergie de la foule remonte le moral parce que c’est quelque chose de différent, c’est ça le truc. J’ai vécu toutes ces choses, puis je suis rentré à la maison pour vivre une vie normale. C’était un tel contraste.
Regardiez-vous toujours le spectacle depuis les coulisses, ou alliez-vous parfois dans la foule pour le regarder comme un fan ?
Je ne me suis jamais assis ailleurs, il y avait une scène sonore au milieu. Si vous regardez des photos ou des vidéos des concerts, il y a une scène sonore au milieu de la foule. C’était là où les VIP s’asseyaient, donc ma famille était assise là. Mais je m’asseyais toujours en coulisses. C’est probablement dommage je l’admets, mais j’étais là soir après soir. Mais souvenez-vous, j’étais jeune, et j’ai commencé à m’ennuyer un peu, donc ils ont fini par m’installer une console Sega Genesis pour jouer à Sonic en coulisses, et ils m’appelaient au moment de Heal The World, je me levais, j’allais faire Heal The World, puis je retournais jouer à Sonic.
A votre décharge les concerts de Michael n’étaient pas connus pour leur spontanéité, je veux dire par là que vous retrouviez la même chose qu’aux répétitions. Donc une fois que vous aviez vu un concert vous les aviez tous vus. C’est comme si vous regardiez le même film encore et encore.
Oh mon Dieu, je me sens tellement mal, tellement mal de dire ça maintenant, quel idiot.
Parlez-moi du clip de Jam, comment cela s’est-il passé ?
Je crois que ça s’est fait juste parce que vous étions dans le coin. Nous avons pensé que ce serait cool, et ça l’était. Je n’en faisais pas partie, nous étions juste en coulisses. Maman et Karlee étaient là aussi, nous étions juste là en tant qu’invités.
Est-ce que c’est la seule fois où vous vous êtes retrouvé sur un plateau avec lui ?
Non, j’étais aussi sur le tournage avec Slash en Europe…
…Give In To Me
Give In To Me, oui, j’étais aussi sur celui-là.
Est-ce qu’être sur un tel tournage était plutôt ennuyeux, ou plutôt excitant ?
Sur Jam, il y avait du beau monde. Il y avait Kris Kross évidemment, Heavy D, Jordan aussi bien sûr. Donc c’était plutôt excitant à regarder. Mais c’était aussi très répétitif, la même chanson jouée en boucle tout le temps. Mais pas la chanson en entier, on coupe, on rembobine, on n’entend jamais la chanson complète, ce qui devient vite fastidieux et ennuyeux quand on est spectateur. Mais avec le recul c’était cool, voir tout le processus, voir comment se font les choses, parce qu’on ne voit que le produit fini quand on le découvre à la télé. Donc voir comment c’est fait, c’est vraiment cool, c’est une chouette expérience. Oh, et nous avons aussi visité le plateau de Ghosts. C’était censé être filmé pour La Famille Addams. Nous étions là pendant le tournage, ça aussi c’était cool. Avec Stan Winston.
Oui, c’est ce que je voulais dire plus tôt à propos de voir apparaître derrière un rideau Michael Jackson la superstar, donc je pense qu’un clip semble probablement très différent quand on a assisté au tournage, parce que vous vous souvenez des 20 heures où vous êtes resté debout dans une pièce froide, où vous vous êtes ennuyé, ou quelque chose comme ça. Ce n’est pas vraiment la même chose. Je suppose qu’au fil du temps Michael devient de moins en moins un mythe, et qu’il devient plus une personne à ce moment-là. Dans votre témoignage de 2005, vous disiez avoir voyagé avec Michael en Amérique du Sud, en Amérique du Nord, en Afrique, en Australie, en Europe. Lorsque vous visitiez ces endroits en tournée, est-ce que vous aviez le temps de voir l’endroit, ou est-ce qu’à cause des circonstances, vous ne voyiez que la voiture puis l’hôtel, l’hôtel puis la voiture, puis l’avion ? Est-ce que vous pouviez voir le monde pendant ces voyages ?
Moi personnellement, pas tellement. Parce que ce n’est pas vraiment mon genre, et c’est malheureux parce que… en fait j’étais jeune, ce n’est pas comme si je pouvais… ma famille sortait, ils sont allés voir tout un tas de choses, mais moi… je ne voulais pas m’ennuyer, j’écrivais. Je suis le genre de personne qui encore aujourd’hui préfère rester à la maison et se relaxer, donc c’est quelque chose que j’avais la possibilité de faire, mais j’ai choisi de ne pas le faire. Ce que je veux dire, c’est que… la raison pour laquelle je n’aime pas en parler, c’est parce que ça me fait vraiment passer pour un connard – pardonnez mon langage – mais j’ai eu la chance d’aller visiter la Chapelle Sixtine, mais on ne peut pas porter de chapeau dans la chapelle. Et comme je portais toujours un chapeau, et comme je ne voulais pas l’enlever, je disais que je ne voulais pas y aller. Rappelez-vous, je n’ai que 11 ou 12 ans. Donc pour moi ce n’était pas tellement spectaculaire, mais c’était mon point de vue, je ne voulais pas enlever mon chapeau donc je préférais ne pas aller visiter la Chapelle Sixtine. Les plus grandes œuvres d’art de l’humanité ne pouvaient pas me faire ôter mon chapeau.
Avez-vous l’impression que le fait d’être entré dans le monde de la superstar Michael Jackson vous a en quelque sorte transformé en diva ?
[Rires] Oui c’est exactement ce que je ressens quand… je m’excuse… s’il-vous-plaît, s’il-vous-plaît, croyez-moi ce n’est pas ça du tout, je ne suis pas ce genre de personne, je ne suis pas du tout ce genre de personne, du moins je crois plutôt être très humble, même si quand je raconte ces histoires ce n’est pas vraiment ce que l’on ressent.
Vous souvenez-vous de Bob Jones ?
Oui, oui.
Il a écrit un livre. Et il dit qu’à plusieurs reprises quand vous alliez dans divers endroits avec Michael Jackson… il a écrit dans son livre que quand vous étiez sur les tournées avec Michael, on vous faisait passer en douce dans une valise, pour que la presse ne sache pas que vous étiez avec Michael, est-ce vrai ?
Il a vraiment écrit ça ?
Oui, oui, il a dit que…
… Mais pourquoi est-ce que je serais entré dans une valise ?
C’était justement ce que j’allais vous demander, j’allais vous demander pourquoi vous vous cachiez dans une valise ?
Je ne me suis jamais caché dans une valise, je n’en aurais jamais eu l’idée, je suis claustrophobe, et m’enfermer dans une valise n’est pas le genre de chose que j’aurais aimé faire.
OK, je me doutais que vous diriez cela.
Dans une valise…
Encore une fois, vous n’avez pas donné d’interview depuis 1993, donc il y a eu pas mal de choses qui ont été dites à votre sujet, des choses que vous n’avez pas eu l’opportunité de commenter. Donc ce que Bob Jones a dit sur le fait que vous passiez en douce enfermé dans une valise n’est pas vrai.
Non ce n’est pas vrai du tout.
OK. Et concernant les choses qui ont été dites… je pense à Leaving Neverland et à toutes les histoires qu’ils ont racontées, au sujet de vous en tournée avec Michael, avez-vous eu l’impression qu’il y avait un effort, de la part de Michael ou de son entourage, de vous séparer de votre famille ?
Non. Non. Je n’ai jamais rien vécu de tel, à aucun moment on ne m’a empêché de voir ma famille si je le voulais, il n’y a eu aucun moment où ils étaient inaccessibles. Ce n’était pas comme si j’étais enfermé à clé ou quelque chose comme ça.
Et vous n’avez jamais rien vu de tel arriver à quelqu’un d’autre ?
Non, pas du tout.
C’est à la moitié du Dangerous Tour que Neverland a été perquisitionné. Et dans le passé, il a été publié que vous étiez à Neverland quand cette perquisition a eu lieu.
Oui, c’est vrai.
Wow. D’accord. De quoi vous souvenez-vous ?
Encore une fois j’étais jeune à l’époque. Donc mes souvenirs sont un peu flous, pour moi c’était juste ennuyeux parce que je ne pouvais pas continuer ma journée, parce qu’un membre du bureau du shérif a évidemment voulu m’interroger pour savoir si c’était… si c’était… il a évidemment réussi à m’interroger pour s’assurer qu’il ne se passait rien de mal. Je me souviens que je me suis assis avec lui, il me posait des questions, mais je me disais qu’il me prenait mon temps, je voulais juste aller profiter de la vie.
Vous souvenez-vous de cette interaction avec cet officier ? Etait-il poli ?
Oui, très poli.
Donc vous n’avez eu aucun problème ?
Non, non. Il posait juste des questions, il n’était ni menaçant, ni intimidant. Je crois me rappeler que j’étais assis, nous étions tous les deux assis. Il était assis à côté de moi et il me posait des questions. L’ambiance était détendue, il me traitait comme un enfant.
Etiez-vous effrayé de voir tous ces policiers partout dans le ranch ?
Je ne me souviens pas l’avoir été, mais je suppose que c’est parce qu’il y avait toujours du monde, des jardiniers, des femmes de ménage, des agents de sécurité. Il y avait toujours des personnes en uniforme, donc ce n’est pas vraiment quelque chose qui m’a frappé. Ce n’est pas comme s’ils étaient… je ne me souviens pas, je ne me rappelle d’aucune forme de brutalité, rien de tel, rien de me vient à l’esprit à ce sujet. Mais pour autant que je me souvienne, comme je l’ai dit, tout ce qui m’importait c’est que je ne pouvais pas faire ce que je voulais, c’était plus un obstacle que quelque chose d’effrayant.
Et compreniez-vous pourquoi ils étaient là ? Compreniez-vous de quoi il s’agissait et sur quoi ils enquêtaient ?
Non, je ne comprends pas vraiment le concept de ces allégations à ce moment-là, on m’avait plutôt dit… que de mauvaises choses avaient été dites sur lui, c’est à peu près tout.
Vous souvenez-vous comment et quand vous avez fini par comprendre la nature de ces allégations ?
Et bien, c’était un peu plus tard. J’ai plus compris l’impact de tout ce qui entourait cette histoire, plus que la compréhension de l’acte physique et la question de savoir s’il s’était passé quelque chose d’inapproprié, je comprenais que certaines choses ne devaient pas arriver. Quand le policier, le shérif, m’a interrogé, j’ai compris que certaines choses qui ne devaient pas se produire avaient peut-être eu lieu, mais la compréhension de l’impact est venue plus tard, si vous voyez ce que je veux dire.
Oui. Et vous dites qu’après la perquisition, et après la révélation de ces allégations, vos parents se sont assis avec vous pour vous parler, vous poser des questions. Connaissez-vous Jordan Chandler ?
Oui, je l’ai croisé.
Avez-vous compris à l’époque que c’était lui qui était au centre de cette affaire ?
Oui.
Quelle était votre opinion à ce sujet ?
Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi, il y avait beaucoup de confusion autour du pourquoi. Parce que d’après ce que j’avais compris Applehead était accusé de quelque chose de tellement grave, j’étais blessé qu’il soit accusé d’avoir fait quelque chose de mal. A ce moment précis j’étais juste… c’était une totale confusion.
A l’époque, je crois que Michael n’était pas au ranch quand il a été perquisitionné, mais vous, vous étiez au ranch.
Ma mère et Karlee étaient là elles aussi.
Quand avez-vous revu Michael ?
Vu que la situation était – je n’ai pas de meilleur terme – en train de chauffer, nous avons décidé… enfin, moi je n’ai rien décidé bien sûr, je n’étais qu’un enfant, maman et papa ont décidé qu’il valait mieux ne pas rentrer tout de suite à la maison parce que tout devenait hors de contrôle. Donc nous sommes restés, puis nous sommes allés à Hawaï, à Disneyworld. Papa est venu aussi, nous sommes partis un certain temps, pendant à peu près deux mois. Nous l’avons revu je crois, je ne m’en souviens pas précisément, alors qu’il revenait de sa tournée.
Ce devait être la deuxième partie parce qu’il venait de partir à l’étranger quand a eu lieu la perquisition de Neverland quelques jours plus tard. Je crois qu’il est allé en Amérique du Sud, parce que je crois qu’en 1993 il a fait le Chili et le Mexique.
Oui, c’est ça.
Avez-vous pu voir à quel point il était affecté par cette enquête et par ces accusations ?
Encore une fois, ce n’était pas quelque chose d’assez significatif pour que je m’en souvienne. Je suppose qu’il voulait laisser ça derrière lui, ne pas se laisser consumer. Et j’étais aussi très jeune. Nous n’avions pas de conversations en profondeur à ce sujet, hormis le fait qu’il disait ne pas savoir pourquoi cela lui arrivait, il ne comprenait pas pourquoi.
Avait-il l’air différent selon vous ? Avait-il l’air déprimé ou en retrait ? Avez-vous vraiment remarqué une différence dans son comportement ?
J’étais plutôt jeune, si je dois faire appel à ma mémoire, à cette époque-là je dirais qu’il était un petit peu plus sombre. D’après mes souvenirs un peu de son énergie l’avait quitté, si vous voyez ce que je veux dire.
Au milieu de tout cela… comme je l’ai dit au début de cette conversation, la seule interview que vous avez donnée a eu lieu en 1993, en réponse à ces accusations. Cette interview vous réunissait vous et Wade Robson. Comment est venue l’idée de cette interview ?
Je ne me souviens pas. Nous n’avons pas fait cette vidéo… nous n’avons pas fait cette interview en même temps.
Oh je vois, vous avez été interviewés séparément pour la même chose.
Oui.
Connaissiez-vous Wade à l’époque ?
Nous l’avions rencontré, lui et sa mère, sur le clip de Jam.
J’ai maintenant quelques questions à propos de cette interview faite en 1993. Je veux vous donner l’opportunité de donner votre version. L’avez-vous faite volontairement ?
Je ne me rappelle pas vraiment des tenants et des aboutissants. Et pour vous dire la vérité, c’est compréhensible parce que ce genre de choses… je suppose qu’il est difficile pour moi de répondre à ce genre de questions parce que ce genre de choses n’étaient pas significatives pour moi, parce que ce n’était pas ma vie. Ce n’est pas quelque chose qu’un adulte aurait pu faire. C’est quelque chose dont je me souviendrais forcément, dont j’aurais des souvenirs. Mais en tant qu’enfant, ce n’était pas significatif pour moi. Ce que j’ai gardé en mémoire… regardez le genre de choses que j’ai pu faire à l’époque, le nombre de choses absolument géniales que j’ai vues dans ma vie, ça c’est ce dont je me souviens. Plus que le fait de savoir si j’étais à Neverland quand les lieux ont été perquisitionnés, je n’ai pas retenu ces choses-là.
OK.
Je suis désolée j’ai complètement oublié votre question.
Avez-vous fait cette interview volontairement ?
Ah oui vous avez raison. Je suis complètement sorti du sujet. Je ne me souviens pas, je ne me rappelle pas des tenants et des aboutissants de tout cela, mais ce que je sais, c’est que je n’aurais jamais été capable de laissez quiconque me forcer à faire quelque chose que je ne voulais pas faire. Et c’est toujours le cas aujourd’hui.
Est-ce que Michael, d’une façon ou d’une autre, vous a coaché, ou dit quoi répondre ?
Je crois qu’il n’était même pas là. Ma mère et Karlee étaient là avec moi, mais il n’était même pas là lors de l’enregistrement.
Quelqu’un d’autre vous a-t-il coaché ou dit quoi répondre ?
Non, bien sûr que non, il suffisait de répondre aux questions en disant la vérité, ni plus ni moins.
Avez-vous été payé, ou incité de quelque manière que ce soit à faire cette interview ?
Non. Si j’ai été payé, je n’en ai jamais vu la couleur.
OK. Avez-vous dit la vérité dans cette interview ?
Absolument.
OK. A l’époque, les médias ont commencé à distribuer des chèques de centaines voire de milliers de dollars pour les donner à des personnes qui avaient des liens avec Michael Jackson, en échange d’histoires négatives. Un certain nombre de personnes ont accepté cet argent, et quand ils ont raconté ces histoires, ils ont utilisé votre nom. Je veux donc vous donner l’opportunité de commenter explicitement, dire ce que vous en pensez. Un agent de sécurité a vendu une histoire disant qu’il avait vu Michael Jackson s’adonner à un acte de sexe oral sur vous à Neverland. Est-ce que cela s’est vraiment passé ?
Bien sûr que non. C’est absolument dégoûtant. Si ce mec avait vu quoi que ce soit, pourquoi n’a-t-il rien fait à ce moment-là ? Pourquoi n’est-il pas allé voir la police ? Pourquoi n’a-t-il pas… Donc en fait vous voyez quelque chose comme ça, et votre premier réflexe c’est de partir ?
Donc vous réfutez complètement cette histoire ?
Absolument.
Une femme de ménage, Adrian McManus, a dit avoir vu Michael mettre sa mains sur vos fesses et vous avoir embrassé sur la joue. Est-il possible que ce soit arrivé ?
Non, je ne pense pas que ce soit arrivé, pas du tout.
Il y avait aussi un type, Victor Gutierrez, qui a publié une nouvelle érotique à propos de Michael, qui selon lui était basé sur le journal intime de Jordan Chandler, bien que les Chandler aient nié avoir un lien avec Gutierrez. Dans des termes assez explicites, il vous a décrits vous, Michael et Jordan en train d’avoir des relations sexuelles ensemble. Est-ce vrai ?
Ce n’est pas vrai du tout, c’est dégueulasse et répugnant. Est-ce que ce n’est pas ce type qui s’est enfui sans payer ce qu’il devait payer ?
Oui c’est lui. Vous a-t-il contacté avant de publier ce livre ?
Non jamais.
Vous rappelez-vous avoir été contacté pour vous demander si l’histoire d’Adian McManus était vraie avant de la publier ou de la diffuser ?
Non, personne.
Et vous souvenez-vous si quelqu’un vous a demandé si l’histoire de l’agent de sécurité était vraie ?.
Non. Non. Non.
Il a été dit que quelques temps après l’accord avec Chandler, Sneddon avait personnellement voyagé jusqu’en Australie, ou avait envoyé quelqu’un en Australie en son nom pour essayer de convaincre d’autres enfants à faire des accusations. Et il a été dit dans le passé que votre famille avait été approchée pendant ce voyage. Vous en souvenez-vous ?
Oui je me souviens.
Etait-ce Sneddon en personne ou quelqu’un d’autre ?
Je pense que c’était lui parce que ma mère… vous savez certaines histoires ressortent parfois, certains aspects de notre expérience, pendant les réunions de famille. Et le fait qu’il soit venu a été évoqué. Je me souviens que ma mère a dit qu’il était venu. Mais à l’époque je n’ai pas vraiment… je ne lui ai pas parlé. Il était là avec quelqu’un d’autre, selon ma mère c’était un journaliste mais ce n’était peut-être pas un journaliste, et un ou deux policiers je crois. Selon elle ils lui ont dit de ne surtout pas dire qu’ils étaient venus si quelqu’un le demandait. Mais ils étaient bien là, et ils ont demandé à me parler. Mais maman et papa leur ont dit de ne pas me parler, qu’ils ne devaient s’adresser qu’à maman et papa. Nous étions en train de jouer dans le parc du quartier, puis nous sommes revenus, et nous avons vu cette voiture garée devant chez nous. Quand nous sommes arrivés ils sont sortis de la voiture et sont venus à notre rencontre, et maman nous a dit : « Allez jouer pendant que nous parlons à ces gens ».
Je vois, donc vous n’avez pas eu d’interaction en face à face avec eux, vous savez juste ce qu’il s’est passé ?
Exactement.
Mais vous aviez déjà dit au ranch que rien ne s’était passé.
Oui c’est exact.
Je viens de vous poser des questions assez horribles, vraiment épouvantables. J’aurais trouvé horrible que l’on me pose ces questions, mais malheureusement le fait que ces histoires fassent partie du domaine public signifie que puisque les personnes qui les ont publiées ne vous ont jamais donné l’opportunité de les commenter, j’aimerais savoir ce que vous ressentez à l’idée que ces histoires soient sorties ? Quel effet cela fait-il d’être Brett Barnes, de savoir que les gens peuvent taper votre nom sur Google, et trouver ce genre de choses ? Qu’est-ce que cela vous fait ?
C’est pour cette raison que beaucoup de gens n’ont rien su, parce que pour moi… vous devez comprendre que de mon point de vue, il ne m’est jamais rien arrivé de mal. Je suis catégoriquement, absolument sûr à 100 % qu’il ne m’est jamais rien arrivé de mal. Donc de mon point de vue, que l’on dise que ce genre de choses m’est arrivé, c’est honteux, parce que rien de tel ne m’est jamais arrivé. C’est juste l’aspect personnel de ce que je ressens, quand quelqu’un tape mon nom du Google et que ce sont les premières choses qu’il voit à mon sujet… il y a cet aspect. Mais il y a aussi mes parents, qui doivent gérer que leur fils… dont les gens parlent… comme je l’ai déjà dit, on les considère comme des parents qui ont vu des choses se passer et qui ont laissé faire, juste pour le plaisir de côtoyer une personne célèbre. Puis il y a ma sœur aussi, qui doit vivre les choses que l’on dit sur son frère, en tant que sœur elle doit gérer cela. Puis il y a mes grands-parents, c’est de leur petit-fils que les gens parlent, et ainsi de suite.
Oui, je ne peux même pas imaginer… je ne peux pas imaginer… il est difficile d’imaginer qu’il y ait un remède. Il est difficile de faire taire ce son de cloche, si vous voyez ce que je veux dire. Comment arriver-vous à gérer ? Comment la vivez-vous ?
Désolé je suis très ému.
Bien sûr.
Vous gardez votre vie cloisonnée, c’est comme ça que vous gérez, vous maintenez votre vie privée.
OK, je vais passer à un autre sujet pour l’instant. Votre relation avec lui a-t-elle changé de quelque manière que ce soit après l’affaire Chandler, ou avez-vous continué à garder contact ? Parce qu’il aurait été très facile pour lui de prendre des conseils de la part de quelqu’un pour arrêter d’avoir des enfants autour de lui, ou réduire ses contacts avec les enfants ? Avez-vous remarqué des changements dans votre relation avec lui, ou pas du tout ?
Pas vraiment. Notre amitié ne s’est jamais arrêtée, elle ne s’est pas non plus… calmée. Nous ne sommes jamais devenus distants, pour moi les choses allaient toujours bien. Je n’ai jamais senti le moindre changement.
En 2005 vous avez dit que vous continuiez à rendre visite à Michael, à passer du temps avec lui au moins une fois par an jusque dans les années 2000. Donc c’était une relation plutôt solide ?
Oui, comme je l’ai dit, absolument rien n’a changé depuis mes 5 ans jusqu’à son décès. Rien n’a changé.
Je pense que c’est important parce qu’il y a tout un arc narratif qui est né, disant qu’il devenait ami avec des enfants, et que quand ils atteignaient un certain âge, il perdait son intérêt pour eux et il les abandonnait pour les remplacer. Mais il semble que ce n’était pas le cas avec vous et votre famille. Cela semble contredire cet arc narratif. En vieillissant, est-ce que votre amitié a changé en termes de fréquence, ou en terme de sujets de conversations, ou étiez-vous toujours dans l’amusement ?
Dans la dynamique de notre amitié ?
Oui, exactement. Comment a-t-elle évolué au fil du temps ?
L’une des choses qu’il a instillées en moi… l’une de mes convictions fondamentales, c’est qu’il faut rester jeune dans son cœur. Je ne perdrai jamais ma part d’enfance, donc même si j’avais grandi, il y avait toujours beaucoup d’amusement. Cet aspect est toujours resté le même… beaucoup de singeries d’enfants, des farces, des blagues, toute cette ambiance d’amusement a toujours, toujours, toujours été là. Mais quand j’ai grandi, quand je pris de la maturité, nous avons eu plus de conversations matures, il me parlait plus de son business, de ce qu’il faisait professionnellement, il me donnait un aperçu de ce qu’il faisait dans son travail. Nous avions des conversations sur la musique, oui. Quand je suis devenu adulte il y en a eu beaucoup plus. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer, je l’aime plus que comme un ami, c’est vraiment bizarre. J’ai des amis dans mon cercle proche. Deux amis que je connais depuis 1994, avec lesquels je suis allé au lycée, et bien c’est exactement la même chose, c’est exactement le même genre d’amitié.
En vieillissant, vous êtes-vous inquiété pour Michael, dans le sens où il semblait… du moins il disait… qu’il se sentait seul et isolé par sa célébrité, et dans les interviews on avait souvent l’impression qu’il n’aimait pas beaucoup être célèbre. En vieillissant, et alors que le mythe s’évaporait un peu pour vous vue votre proximité, étiez-vous inquiet pour lui ?
Pas vraiment… je n’étais pas vraiment inquiet pour lui parce que je n’ai jamais vraiment rien vu qui aurait pu me causer de l’inquiétude, c’était plutôt un sentiment de tristesse parce qu’il ne pouvait pas vivre l’expérience de la normalité. Il ne pouvait aller nulle pas à l’improviste. Quand j’ai besoin de quelque chose je vais dans les magasins, lui ne pouvait pas le faire. Il fallait qu’il s’organise, il fallait mettre en place un plan, avoir un service de sécurité, définir un itinéraire, juste pour aller dans un magasin. Donc c’était plutôt de la tristesse, parce qu’il ne pouvait pas vivre certaines choses. Il était sans arrêt scruté sous un microscope.
Oui, cela se ressent dans les années 2000, il émanait de lui un sentiment de lassitude, il avait l’air d’en avoir marre de tout cela.
Pour moi… je ne mettrais pas cela sur le compte du succès ou de la notoriété, mais je pense qu’il avait perdu un peu de la lueur qu’il avait dans les yeux, si je peux m’exprimer ainsi, ce qui était dit sur lui l’affectait beaucoup plus.
Avez-vous eu peur… parce qu’il a témoigné en 2005 ou 2006 qu’il avait fini par devenir dépendant aux antalgiques… pensez-vous que ce que vous avez vu, ce que vous qualifiez de perte de lueur dans les yeux, puisse être dû à un effet des médicaments, ou était-ce quelque chose de plus émotionnel ?
Je dirais que c’était plus de l’ordre de l’émotionnel, je ne l’ai jamais vu se soigner avec des antalgiques, je ne l’ai jamais vu prendre d’antidouleurs. Donc à ce moment de sa vie, je n’ai jamais été au courant d’une telle chose, donc je ne peux pas commenter là-dessus. Mais de mon point de vue, s’il y avait un état de dépendance, le résultat était le même de toute façon, il n’y avait plus la même lueur.
Et quand vous dites qu’il n’y avait plus la même lueur, comment est-ce que cela se manifestait ? Il ne voulait pas faire certaines choses ? Il avait l’air groggy ? A quoi faites-vous référence ?
Non, ce n’est pas qu’il était groggy, ce n’était pas quelque chose de physique, il n’y avait rien de tout cela. Je veux dire que ce sont les accusations, la façon dont il a été accusé, la façon dont les choses ont été présentées dans les médias, tout cela avait la capacité de briser un homme. C’était l’impact de tout cela. Quand on dit de quelqu’un qu’il n’a plus la même lueur, c’est plus pour dire qu’elle n’a plus la même énergie, la même insouciance, le même sens de l’aventure qu’avant.
Diriez-vous qu’il y avait moins de joie autour de lui à ce moment-là ?
Il serait un peu trop simpliste de dire que c’était quantifiable, de dire qu’à un moment il était au sommet puis qu’il l’était un peu moins ensuite. On ne peut pas dire qu’il était dépourvu de toute joie, juste qu’il n’avait plus le même degré d’énergie.
Je me demande quel impact il y a eu, dans le sens où il devait être difficile pour lui de faire face au monde, sachant qu’il avait été accusé. Peut-être que cela le rendait plus réticent à s’engager dans le monde parce qu’il savait ce qui lui pendait au nez. Aviez-vous cette impression ?
Tout ce que je peux dire c’est j’ai pu constater quand j’étais là-bas. Ce n’est pas comme si nous avions des discussions comme : « Est-ce que je dois aller faire ça ? Est-ce que je dois sortir un nouvel album ? Est-ce que je dois repartir en tournée ? Je n’ai pas vraiment envie de faire ça à cet endroit. Je n’ai pas envie d’affronter le monde ». Nous n’avons jamais eu de type de conversations. Ce n’est pas le genre de sujets que nous abordions. C’était plus, comme je l’ai dit, le fait de s’amuser qui s’est trouvé un peu atténué, comme s’il était une autre personne. J’ai aussi remarqué qu’après la perquisition de Neverland, il était un peu comme… évidemment sa vie privée avait été envahie. Notre maison familiale a été cambriolée il y a plusieurs années, et pourtant je m’en souviens encore. Je n’oublierai jamais cette peur de violation de l’intimité que l’on ressent quand il se produit ce genre de chose à la maison. On regarde la maison un peu différemment. Pour lui Neverland c’était un peu… son sentiment envers Neverland avait changé après ces évènements, parce que sa vie privée a été envahie. C’est un peu ce que j’ai ressenti… comme je n’ai dit, je ne peux parler que de mes expériences, mais je sens que… ça l’a vraiment blessé… ce dont on l’a accusé, ce que l’on a dit lui… les gens ne se rendent pas compte, parce qu’ils n’ont vu que le côté que l’on présentait, pas qui il était en tant que personne. Donc pour lui continuer à faire ses concerts alors qu’il se passait tout cela, retourner sur scène à un tel niveau d’élite soir après soir, de continuer à le faire et à avancer coûte que coûte, c’est le testament qu’il laissait.
Quel effet la paternité a-t-elle eu sur lui ?
C’était vraiment cool à voir, vraiment cool à voir. Oui, c’était un père génial. Il adorait ses enfants, oui, il les adorait. C’était vraiment cool.
A cette époque, au début des années 2000, il y a eu une deuxième série d’accusations. Ces accusations vous ont conduit à témoigner, à subir une autre série d’intrusions dans votre vie. Vous a-t-on demandé de venir témoigner, ou avez-vous témoigné volontairement ?
On nous a demandé, à maman, Karlee et à moi, si nous voulions le faire, nous avions le choix. Je n’ai pas été obligé d’aller témoigner. Nous avons choisi de le faire.
Et vous aviez 23 ans quand vous avez témoigné. Vous avez dit au jury… je crois que la première chose que vous leur avez dite… parce que Monsieur Mesereau vous a posé la question… si vous aviez réellement démissionné de votre poste de croupier pour aller à Santa Maria témoigner. Pourquoi avez-vous dû démissionner pour aller à Santa Maria ?
Ils ont refusé que je prenne un congé pour le faire. Pour moi c’était bien plus important de le faire. Je pouvais toujours retrouver un travail après. Une chose est sûre, ce n’était pas une source d’inquiétude pour moi.
Est-ce que cela signifie que vous avez subi une perte financière parce que vous aviez décidé d’aller témoigner à Santa Maria ?
Oui.
Donc on peut présumer que vous n’avez pas été payé pour témoigner, mais en plus vous avez démissionné et pris un risque financier pour témoigner à ce procès.
Bien sûr. Je ne vois pas pourquoi je ne l’aurais pas fait.
Je ne vais pas vous répéter tout votre témoignage, parce que vous avez dit avec force plus tôt dans cette conversation que rien d’inapproprié ne s’était jamais passé entre vous et Michael, donc pour résumer en une seule question… y’a-t-il quelque chose dans votre témoignage que vous souhaiteriez réviser ou changer ? Vous maintenez chaque réponse que vous avez faite à la barre ?
Bien sûr.
Je vais vous poser quelques questions en réponse à ce qui a été dit dans Leaving Neverland, parce que je pense que nous devons vous laisser l’opportunité d’apporter des réponses explicites et sans équivoque à ces questions. Est-ce que quelqu’un vous a coaché et vous a dit quoi dire à la barre ?
Non.
Michael a-t-il essayé de vous coacher, de vous dire quoi dire à la barre ?
Non.
Vous a-t-il menacé pour vous pousser à témoigner ?
Non.
Quelqu’un d’autre vous a-t-il menacé ?
Non.
Vous a-t-on menacé de parjure ? Vous a-t-on menacé de poursuites ?
Non.
Certains des employés que j’ai mentionné plus tôt sont venus à la barre et ont répété leurs histoires, pour lesquels ils avaient été payés 10 ans plus tôt. Donc votre position est toujours que ces anciens employés ne disaient pas la vérité quand ils ont témoigné au procès ?
Absolument.
Vous aviez déjà dit au procureur que ces histoires étaient des mensonges, et personne… pardon… vous avez dit au shérif que rien de mal ne vous était jamais arrivé, que ces histoires étaient des mensonges. Est-ce que quelqu’un du bureau du procureur vous a contacté et vous a demandé si ces histoires étaient vraies avant de décider d’appeler ces témoins ?
Non.
Qu’en pensez-vous ?
C’est très très étrange. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a eu aucun démenti à ce film. Si on veut une histoire complète, si vous voulez vraiment raconter une histoire, pourquoi ne pas inclure toute l’histoire ? Evidemment, je n’aimerais pas agir comme cela. Penser que l’on cite mon nom, que ma version de l’histoire n’est pas incluse, que ma voix n’est pas incluse, je ne sais pas. Je pense qu’à leur place c’est comme cela que j’aurais géré la situation, mais si cela n’allait pas dans le sens de mes intérêts, je pense que je ne l’inclurais pas.
La raison pour laquelle vous avez été appelé à témoigner, ou la raison pour laquelle on vous a demandé de témoigner, spécifiquement parce que l’accusation a appelé ces témoins pour dire qu’ils avaient vu des choses vous arriver… est-ce que c’est la décision de l’accusation d’appeler ces témoins qui a fait que votre témoignage était pertinent, si personne n’était venu au tribunal dire que toutes ces choses étaient arrivées, il n’y aurait eu aucune raison pour que vous alliez dire au tribunal qu’il ne s’était rien passé. Donc en un sens j’imagine que le fait que l’accusation a appelé ces témoins a été un facteur aggravant, alors qu’ils ne vous ont même pas demandé si ces histoires étaient vraies ou pas. Comment vous sentez-vous à propos du fait que l’accusation a procédé à un contre-interrogatoire sur vous lors de ce procès ?
Que voulez-vous dire ?
D’après les retranscriptions, l’interrogatoire était plutôt agressif, comment vous êtes-vous senti d’être questionné de cette manière par l’accusation dans une pièce pleine de gens que vous connaissiez ? Je crois que c’était Ron Zonen.
Oui, il me posait des questions… je ne l’aimais pas… je ne l’aimais pas du tout. Comme vous l’avez dit il était agressif, j’étais vraiment mal à l’aise. Je n’ai pas du tout aimé cette partie.
Vous avez témoigné, pendant l’interrogatoire de Zonen, que vous aviez continué à partager un lit avec Michael jusqu’à vos 19 ans ; ce qui je pense a été un choc pour beaucoup de gens, par rapport à l’arc narratif disant qu’il abandonnait les enfants ou les remplaçait. Mais y a-t-il eu un moment où vous avez eu une conversation avec Michael, ou comment avez-vous arrêté ? Etiez-vous mal à l’aise avec cela ou pas ?
Ce n’est… ce n’est pas que cela s’est arrêté. Partager un lit… c’est un peu bizarre à dire pour moi, parce que comme je l’ai dit c’était… c’est vraiment, vraiment bizarre à dire mais pour moi ce n’était vraiment pas quelque chose de significatif pour moi, parce qu’il s’agissait juste de dormir. On va dormir et c’est tout. Il n’y a pas eu de moment où nous avons arrêté en nous disant qu’il fallait arrêter. Il n’y a rien eu de tel. Il n’y a jamais eu aucune conversation à ce sujet. C’est arrivé, ce n’est pas quelque chose dont j’ai un souvenir précis, à quel moment cela s’est arrêté, si j’avais entre 19 et 23 ans ; ce n’est pas comme si nous avions eu une conversation, je ne sais pas pourquoi nous avons arrêté. Si j’étais fatigué, si j’avais besoin de dormir, je m’endormais. Il y avait un lit, je dormais dedans.
Il y a eu un échange entre vous et Zonen, Monsieur Zonen. Le procureur a essayé d’insinuer que vous étiez incapable d’être honnête avec vous-même au sujet de choses que Michael Jackson aurait pu vous faire parce que vous aviez honte. Donc je vais vous lire la question et la réponse. Zonen vous demande : « Monsieur Barnes, considérez-vous qu’il est honteux d’être agressé ? », et vous avez répondu : « Absolument ».
Oui, c’est en vérité quelque chose que je voulais faire… j’y ai pensé tout à l’heure, parce que quelqu’un avait fait objection. Je me souviens très bien, je crois que je n’ai pas compris qu’il posait une question différente. Je pensais qu’il demandait si c’était mal qu’un enfant soit abusé, si c’était mal qu’il arrive quelque chose à un enfant, plutôt que d’être une victime.
Oui. Sauf que le lendemain, votre sœur Karlee était à la barre, et elle était interrogée par Gordon Auchincloss, l’un des procureurs… l’échange entre Monsieur Anchincloss et Karlee s’est passé de la manière suivante : « Savez-vous si votre frère pense qu’il est honteux d’être une victime d’abus ». « Bien sûr que oui. Je le penserais aussi ». « Donc s’il devait l’admettre, ce serait honteux, n’est-ce pas ? ». « Non. C’est une honte que cela arrive à un enfant, pas d’admettre que c’est arrivé. C’est une honte qu’une telle chose arrive ».
Kaylee a dit la même chose.
Oui. Je voudrais juste clarifier ce que vous vouliez dire vraiment par cette déclaration, parce qu’elle a été utilisée depuis pour essayer de suggérer que vous…
Absolument. Je déteste ça, et je présente mes excuses si quelqu’un s’est senti offensé. Ce n’était pas mon intention, et mon avis est que ce n’est… ce n’est jamais, jamais, jamais, jamais honteux d’être une victime. On ne devrait jamais blâmer une victime, la faute ne devrait jamais être reportée sur une victime. C’est l’agresseur qui devrait toujours être blâmé. C’est cela qui est honteux, c’est le fait que cela arrive. Une victime n’est pas une mauvaise personne.
Oui. Ce que vous vouliez dire c’est que si quelque chose vous était arrivé vous n’auriez aucun problème à dire ce qui vous serait arrivé ?
Absolument. Je n’aurais jamais eu honte d’être une victime. Je n’aurais jamais eu honte d’être une victime. Peu importe de qui, je n’aurais jamais eu honte d’être victime de quoi que ce soit. Donc ma position c’est que si quelque chose m’était arrivé, vous pouvez être sûr que cette personne aurait été punie, j’aurais fait absolument tout ce qui est en mon pouvoir pour que cette personne soit punie.
Il y a autre chose dans votre témoignage que je voudrais vous donner l’opportunité de clarifier aussi, parce que c’est devenu aussi quelque chose qui a fait partie du folklore autour de Michael Jackson. Quand Karlee était à la barre, votre sœur… elle a provoqué quelques remous car elle a témoigné que sur une période de 2 ans, elle avait estimé que vous et Michael aviez dormi dans la même chambre ensemble pendant approximativement 365 jours. Et elle a fait des calculs précis et a estimé que votre famille était restée chez Michael à peu près 6 mois par an, sur 2 ans, et que par conséquent elle pensait que vous et Michael aviez partagé une chambre pendant 365 jours, ce qui a été répété indéfiniment, jusqu’à aujourd’hui encore. Pensez-vous qu’il est vrai que vous ayez partagé une chambre avec Michael pendant 365 jours sur 2 ans ?
Je dirais que pour la plupart du temps où je suis resté, 90% du temps je restais avec lui. Cela doit donc faire à peu près 365 jours en 2 ans, parce que c’est à peu près le temps que nous avons passé là-bas. Donc oui, je pense que c’est une estimation juste, Encore une fois ce n’est pas une chose dont je me souviens précisément, c’était juste pour dormir.
Vous avez séjourné à Neverland pendant le procès. Comment Michael se portait-il physiquement et mentalement à cette époque ?
Il était définitivement une personne différente, parce qu’il était… vous pouvez le dire… il traversait tout cela, mais je dirais qu’il était fragile.
Il y a une histoire dans Leaving Neverland à propos d’un dîner. C’est une histoire que Wade Robson, et sa sœur je crois, racontent dans l’émission, ils disent que tout le monde était assis autour de la table pour le dîner, et Paris essayait d’attirer l’attention de Michael. Et il avait l’air d’être mentalement absent, complètement absent. Et Wade Robson cite ce dîner comme étant la raison qui a renforcé sa décision de témoigner pour la défense de Michael. Mais vous avez dit en public sur Twitter que d’après vos souvenirs ce dîner avait eu lieu après le témoignage de Robson, et non avant.
Je me souviens, j’ai demandé à ma mère et à Karlee si elles s’en souvenaient, et elles ont dit toutes les deux la même chose.
Donc vous vous souvenez que c’était après ?
Oui. Parce que je me souviens que c’était le prochain…
Parce que vous et Wade avez témoigné le même jour ?
Oui. La façon dont ça s’est passé, c’est que nous sommes allés là-bas le jour où l’accusation était censée faire relâche, mais finalement la suspension n’a pas eu lieu ce jour-là, elle a eu lieu le lendemain. Nous aurions dû commencer à la fin de cette journée, mais nous avons été appelés à témoigner le lendemain. Et le lendemain le reste de notre famille ont vu sa mère et sa sœur, et ma mère et ma sœur ont été appelées à témoigner. Puis le surlendemain il y a eu ce dîner, la veille de leur départ. Donc c’était bien après son témoignage.
Et c’est la raison pour laquelle vous pensez qu’il s’agit du même dîner, parce qu’il y a eu cet incident avec Paris.
Ce n’est pas l’incident avec Paris qui fait que je m’en rappelle. C’est la façon dont la salle à manger était installée. Il y avait plusieurs tables, parce que vous restions tout le temps au ranch, alors qu’ils n’étaient pas… je ne sais pas où ils séjournaient ou ce qu’ils faisaient, mais parce que nous étions là tout le temps, nous ne prenions pas notre repas à la grande table, donc nous avons décidé qu’il serait plus juste pour eux de prendre le repas à la grande table, et Karlee, moi et Taj étions assis à une autre table mais dans la même pièce. Donc je n’étais pas à la même table quand tout cela est arrivé, mais j’étais dans la même pièce. D’après mes souvenirs il ne peut pas attribuer ce dîner à sa décision de témoigner puisque ce dîner a eu lieu après son témoignage, je m’en souviens parce que le lendemain ils partaient.
Donc la raison pour laquelle vous savez que vous parlez du même dîner, c’est parce que vous preniez vos repas tous les jours dans la salle à manger, et que c’est le seul jour où les Robson ont dîné avec vous ?
Exactement.
Très bien. Je comprends, je comprends. Avez-vous parlé à Wade à l’époque ? Avez-vous eu des conversations à propos de vos témoignages ?
Pas vraiment, parce que nous n’étions pas autorisés à en parler. La seule fois où j’ai parlé avec lui, c’est quand nous attendions la suspension d’audience, donc on nous a emmenés dans une salle à l’abri parce que tous les yeux étaient posés sur nous. Mais nous n’avions pas le droit de parler de l’affaire. Donc nous avons juste fumé, parlé de choses et d’autres.
Et après vos témoignages ?
Je crois que sa sœur et sa mère passaient le même jour, mais mes parents, ma mère et ma sœur passaient le lendemain, parce que je suis revenu au tribunal pour elles, et encore une fois je suis resté dans une autre pièce. Ce sont les seuls moments où je lui ai réellement parlé. Je n’ai jamais discuté avec lui au ranch ou à un quelconque moment après.
Combien de temps êtes-vous resté au ranch au moment du procès ?
A peu près 3 semaines.
Etes-vous restés 3 semaines avant votre témoignage et après vous êtes partis ? A quel moment du procès êtes-vous arrivés et partis ? Etiez-vous partis au moment du verdict ?
Oui, j’étais rentré à la maison.
Pendant ces 3 semaines, l’état de Michael a-t-il semblé se détériorer, ou était-il stable ?
Il était plutôt stable, je ne l’ai pas vraiment vu se détériorer. Comme je l’ai dit il était assez fragile, mais on voyait qu’il traversait cette épreuve.
Quels sont vos souvenirs du verdict ? Avez-vous regardé la télé ?
Non, je dormais à ce moment-là. Ma sœur m’a appelé, elle m’a réveillé. Elle m’a appelé au téléphone et elle pleurait. Et moi je lui demandais ce qui n’allait pas, et elle m’a juste dit : « Ça y est ». Et moi je lui ai répondu : « Oh non », parce que je pensais que le verdict n’était pas bon, mais il s’avère qu’elle était contente. Il avait été jugé non coupable, donc je me suis précipité pour allumer la télé. C’était tellement… c’était un débordement d’émotion, à la hauteur de notre soulagement.
Quand avez-vous parlé à Michael après le verdict ?
Je ne m’en souviens pas très bien parce que je ne… parce que c’était quelque chose d’assez fréquent pour moi, donc je n’y prêtais pas vraiment attention. Je crois que ce n’était pas tout de suite après le verdict, mais pas très longtemps après, je dirais probablement quelques mois.
L’avez-vous revu en personne après le procès ?
Oui, je suis allé le voir à Bahreïn en 2006.
Wow. De quoi avait-il l’air ?
Il sortait de l’épreuve du procès, mais quand je l’ai vu il avait l’air d’être plus comme avant, il était vraiment plus optimiste, plus positif à propos de son avenir. Il a dit qu’il faisait beaucoup de choses, mais je n’ai jamais eu les détails de ses projets professionnels, sur ce qu’il avait prévu de faire, mais il faisait toujours allusion à des projets, qu’il y avait de grandes choses qui se profilaient, il avait beaucoup de réunions. Il cherchait à acheter là-bas pour y établir son foyer. Oui, c’était plutôt cool.
Etes-vous allé seul à Bahreïn, ou votre famille vous a-t-elle accompagné ?
Non, j’étais tout seul, parce qu’à l’époque je traversais quelque chose dans ma vie personnelle, j’étais un petit peu… malheureux à l’époque. Il appelait toujours, et en réalité c’est ma mère qui lui a dit que je traversais une période difficile, donc il m’a fait venir pour essayer d’améliorer les choses.
Combien de temps êtes-vous resté ?
Trois semaines.
Est-ce que les choses se sont améliorées ?
Oui, bien sûr.
Comment vous a-t-il aidé ?
Comme je l’ai dit, avec une perspective biaisée… pas biaisée, mais avec une différente perspective sur la vie… voir quelles opportunités on peut avoir dans la vie, voir jusqu’où on peut aller dans la vie et être un maillon de la chaîne, être… voir la personne qu’il était, ce que la vie donnait… c’était vraiment rafraîchissant. Je ne sais pas ce qu’il… c’était juste une vibration d’un tout autre niveau, ou quelque chose d’autre… je ne sais pas… cet effet magnétique dont je parlais tout à l’heure, tout le monde voulait être avec lui 24 heures sur 24. C’est juste quelque chose qu’il dégage et qui fait que tu ne peux qu’être heureux en le côtoyant.
Oui. Encore une fois c’est un contraste frappant avec l’arc narratif qui dit que Michael se lit d’amitié avec des gamins, et qui ensuite ne fait plus attention à eux, les remplace, les rejette. Le fait que vous-même… quel âge aviez-vous à l’époque… vous aviez dans la vingtaine, vous traversiez une période difficile. Je me demande si certaines personnes ont disparu de sa vie. Avez-vous compris, ou avez-vous entendu parler de pourquoi et comment certaines personnes ont fini par être mises à l’écart de son cercle. Alors que votre amitié a duré très longtemps d’autres personnes sont sortis de son entourage avec l’impression d’avoir été chassés pour une raison ou une autre. Avez-vous une idée des raisons pour lesquelles ces personnes ont pu être écartées ?
Je ne suis pas le genre de personne qui… comme je l’ai dit, je vivais toujours le moment présent, ce qui devait arriver arrivait. Ce n’est pas vraiment à moi de le dire, ou de chercher à savoir pourquoi, ça ne m’a jamais traversé l’esprit. J’étais juste heureux d’être là, toujours, donc je ne sais pas vraiment ce qui faisait de moi quelqu’un de spécial… qui comme vous le disiez a été gardé dans le cercle tandis que d’autres ont été poussés vers la sortie. Je ne sais pas pourquoi c’est le cas, je ne sais pas pourquoi ces personnes ont été écartées… mon hypothèse ce serait que je voulais aller le plus loin possible dans cette expérience mais je n’ai jamais tiré avantage de la situation. Par exemple, quand nous allions au magasin de jouets, il me laissait prendre tout ce que je voulais, mais je n’ai jamais réclamé en disant je veux ceci ou je veux cela, je ne me disais jamais je veux rencontrer cette personne, je veux faire ceci ou cela. Je n’ai jamais rien fait qui puisse compromettre sa confiance. Donc je pense qu’il y avait surtout un problème de confiance, quelque chose est sans doute arrivé, ces personnes ont agi d’une manière qui l’a mis mal à l’aise. Ce n’est qu’une supposition. Peut-être la façon dont ces personnes ont agi, ou elles ont dit ou fait quelque chose, je ne vois que cela, elles ont peut-être perdu sa confiance. C’est la seule raison, selon moi, pour laquelle il aurait pu couper les ponts.
A quoi ressemblait sa vie à Bahreïn ? Où vivait-il ? Vivait-il à l’hôtel ou séjournait-il chez le prince ?
Je n’étais pas vraiment en position de poser des questions sur la maison, c’était en tous cas un très bel endroit, un très beau toit, de hauts plafonds, les jardins étaient magnifiques, c’était un très bel endroit, quelque part au milieu du désert. Un endroit irréel d’où l’on ne voit que des dunes de sables, et ces maisons entourées de palmiers, d’herbe verte et de piscines. C’était vraiment cool.
Avait-il l’air d’être heureux ?
Il l’était. Il l’était. Ses enfants étaient avec lui, c’était cool, c’était vraiment cool.
A quelle fréquence étiez-vous en contact avec lui dans ses dernières années, après Bahreïn ?
Encore une fois, ce n’est pas quelque chose dont je me rappelle, je me souviens juste que c’était toujours… je ne peux pas vous donner la fréquence mais c’était régulier. Ce n’est pas comme si j’étais resté des années sans lui parler. La dernière fois que je lui ai parlé c’était une semaine avant son décès.
Vous souvenez-vous de quoi vous avez parlé ?
A cette époque-là, nous parlions beaucoup de nos souvenirs, des choses que nous avions faites, des endroits où nous étions allés. « Te souviens-tu de cette époque ? Te souviens-tu avoir fait ceci ou cela ? Te souviens-tu de ce qu’il s’est passé ? ». Oui, il regardait beaucoup en arrière au moment de faire ses concerts, mais je pense aussi que cela lui demandait beaucoup d’efforts.
Dites-vous cela parce qu’il avait l’air fatigué ? Ou parce qu’il a exprimé une forme d’inquiétude à ce sujet ?
Pas vraiment. Il n’a pas vraiment exprimé d’inquiétude, mais on lui a toujours appris à… on lui a appris à…
Quand je vous ai parlé précédemment, vous avez mentionné que vous deviez être à Londres pour les concerts ?
Oui, j’étais censé y aller. Il m’avait dit qu’il me ferait venir à Londres.
Comment a fini cette conversation ? Vous en rappelez-vous ?
La dernière fois ?
Oui.
Pas vraiment. Ce n’était rien d’autre qu’une conversation normale. Je ne savais pas ce qui allait arriver.
Comment avez-vous appris le décès de Michael ?
J’étais… encore une fois je dormais, parce qu’il y a pas mal de décalage horaire entre ici et là-bas. Je vivais encore chez mes parents à l’époque, j’étais peut-être un peu vieux pour cela mais c’est une autre histoire. Bref, je dormais. Maman est venue dans ma chambre. J’avais reçu un appel… j’avais loupé l’appel parce que mon portable était sur la table de chevet à côté de moi ; j’avais vu qui c’était mais je l’ai ignoré parce que je dormais. Cette personne ne m’appelait jamais d’habitude, donc je me suis dit que je la rappellerais plus tard. Puis je suis allé dormir, et quand maman et entrée et m’a annoncé la nouvelle, j’ai eu du mal à y croire, donc j’ai allumé la télé et… oui, c’était vraiment un jour très triste.
Comment avez-vous immédiatement réagi ? Je veux dire, je connais beaucoup de gens qui ont cru que c’était faux. Les médias rapportaient régulièrement la nouvelle de la mort de Michael alors que ce n’était pas vrai. Quelle a été votre réaction immédiate à cette nouvelle ? Y avez-vous cru ?
Non, mais quand j’ai regardé la télé, même si je ne voulais pas y croire j’ai vu que c’était vrai.
Vous êtes-vous rendu aux funérailles au Staple Center ou aux vraies funérailles ?
Non. Le truc à propos du fait que… je suppose que c’était l’une des raisons pour laquelle je faisais toujours partie de sa vie… d’ailleurs honnêtement, il n’y avait pas que moi, il y avait toute ma famille avec laquelle il n’a jamais coupé les ponts, c’est que nous n’avons jamais tiré avantage de quoi que ce soit, le seul lien qui nous unissait c’était l’amitié. Donc après son décès il n’y avait pas vraiment de moyen pour moi… c’était lui – et j’ai énormément de gratitude envers lui – qui payait à chaque fois qu’il m’emmenait quelque part. Il payait toujours parce qu’il savait bien que nous n’en avions pas les moyens de faire ce genre de choses, nous sommes des personnes absolument normales. Donc quand il est décédé il n’y avait pas vraiment moyen que je puisse y aller. Je ne connaissais personne que j’aurais pu contacter, parce que je ne connaissais aucun de ses contacts. Je n’avais donc aucun moyen de partir à l’étranger. Et pour vous dire la vérité, je ne gère pas très bien la mort, donc je ne suis pas sûr que j’y serais allé.
Y a-t-il une part de vous qui aurait aimé y aller ?
Oui, absolument. Je ne suis pas allé là-bas depuis 2005, quand nous y sommes allés pour le procès. Je ne suis pas retourné aux Etats-Unis depuis, et c’est quelque chose que j’aurais aimé. J’aurais adoré le faire et en même temps je ne suis pas sûr que j’aurais voulu, donc il y a une petite part de regret, mais pour moi, mon deuil n’aurait pas été plus facile si j’étais allé là-bas, si vous voyez ce que je veux dire.
En préparant cette interview, j’ai fait un petit tour sur votre historique Twitter, et j’ai remarqué que chaque année vous postiez quelque chose pour l’anniversaire de sa mort. Vous postez aussi pour l’anniversaire de Michael, vous lui laissez un petit message sur Twitter. Diriez-vous que vous êtes toujours en deuil ?
Oui, absolument. Mais c’est la même chose pour mes grands-parents. Il était un membre de notre famille.
Avez-vous eu encore plus de mal à gérer la perte de Michael avec tous les évènements qui se sont passés depuis son décès, avec les accusations qui ont refait surface, et particulièrement parce que votre nom est continuellement cité ? Est-ce plus difficile pour vous ?
Absolument. Ce n’est pas une chose à laquelle je souhaite être associé.
Le 8 mai 2013, j’ai remarqué en allant sur votre compte Twitter…
[Rires] OK espèce de traqueur.
Je préfère parler de chercheur assidu…
Ouais.
Le 8 mai 2013, TMZ a annoncé que Wade Robson déposait plainte et réclamait de l’argent, disant que Michael avait abusé de lui, et le même jour vous avez publié un tweet qui disait : » J’aimerais que les gens réalisent que dans nos derniers moments sur cette terre, tout l’argent du monde ne sera d’aucun réconfort, mais ma conscience le sera ». Je voudrais évoquer cela brièvement avec vous, vous êtes exceptionnellement clair sur le fait qu’il ne s’est jamais rien passé entre vous et Michael. Est-ce que c’est cela qui vous convainc aussi qu’il ne s’est jamais rien passé avec quelqu’un d’autre ?
Mon opinion sur le sujet, c’est que j’ai passé énormément de temps avec lui jusqu’à son décès, pendant une grande partie de ma vie. Il faisait partie de ma vie, et mes expériences à ses côtés pendant un long moment… rien ne s’est jamais passé… je n’ai jamais rien vu qui ait pu m’inquiéter et qui soit arrivé à quelqu’un d’autre. Et personne n’est jamais venu me parler, et pourtant j’ai côtoyé pas mal de personnes de son entourage. Personne ne m’a jamais rien dit. Et la raison pour laquelle je dis que je n’ai jamais eu la perception qu’il se passait quelque chose de mal, c’est que j’y ai passé beaucoup de temps, et même si je ne peux que commenter d’après ma propre expérience, je ne peux que le retransposer au reste de sa vie : je ne peux pas imaginer qu’il ait pu faire du mal à qui que ce soit. Donc si de mon point de vue il n’a jamais rien fait de mal, il est de mon devoir de me démener et de faire preuve de loyauté envers lui quand je vois ces accusations contre lui. C’est aussi à mon ami que tout cela arrive.
Je pense que l’autre chose qu’il y a… c’est que dans les allégations contre Michael, il y a aussi, presque inextricablement, des allégations d’un schéma de conditionnement, un schéma d’abus, et dans Leaving Neverland, ils vous associent à ce schéma. Qu’en ce qui les concerne ils pensent qu’il y avait un schéma dont vous faisiez partie, donc je veux juste vous présenter une partie de ce qui est dit dans Leaving Neverland, et qu’on ne vous a jamais donné l’opportunité de commenter. J’ai pensé que nous devions vous donner cette opportunité. La première fois où une allusion à vous est faite, votre nom n’est pas mentionné, mais on vous voit dans des images d’archives, sur des photos. Et donc James Safechuck parle…
Avez-vous remarqué comment… désolé, désolé de vous couper, mais avez-vous remarqué comment ont été fait les montages… non pas des montages, mais des photos avec plusieurs personnes, et il n’y a que mon visage qui est net, alors que les autres sont floutés. Mais désolé, continuez.
Oui. Donc il y a James Safechuck qui parle des photos de vous et de Michael. Il dit, et ce sont ses mots, je cite : « Il y avait un garçon en particulier qui est arrivé et qui m’a en quelque sorte remplacé. Et je l’ai vu devenir de plus en plus proche de ce garçon. Et j’ai été de plus en plus éloigné, ce qui a été très difficile à gérer. Un soir en particulier, c’était vraiment très dur, c’était ‘Avenue of the Stars’, pendant la nuit… le garçon était là, et il a dormi dans la chambre de Michael, alors que j’ai dormi en bas sur le canapé. C’est comme si j’étais chassé et comme si je réalisais que je n’étais pas le numéro un. Je voulais rentrer chez moi, Michael est comme mon partenaire, puis il s’en va ». Donc toute cette histoire à propos d’un garçon qui le remplace, qui dort dans la chambre de Michael pendant qu’il dort en bas sur le sofa, c’est ce qui est dit sur ces images et ces photos de vous. Etait-ce l’impression que vous aviez ? Que vous remplaciez quelqu’un ?
Pas du tout. Pas du tout.
Quand il dit ‘Avenue of the Stars’, fait-il référence à la cachette ?
Je suppose.
La cachette a-t-elle un étage et un rez-de-chaussée ?
Oui, il y avait trois niveaux, le garage était en-dessous, au milieu il y avait le salon et la cuisine, et à l’étage une salle de jeux et une chambre.
Oh, je vois, je vois. Donc mon analyse c’est qu’il dit : « Un garçon est arrivé et m’a remplacé, je l’ai vu devenir de plus en plus proche. J’ai été éloigné. Ce garçon dormait dans la chambre de Michael. Michael était mon partenaire, et il est parti ». Il semble que ce soit une très claire allusion que vous étiez le partenaire romantique de Michael, ce qui devrait être quelque chose qui vous donne un droit de réponse sachant que ce sera diffusé à la télé partout dans le monde. Mais personne ne vous a demandé ce que vous aviez à dire, et personne ne vous a demandé de commenter.
Oui, c’est absurde. Je ne vois pas comment il serait possible qu’une telle chose ait eu lieu, ça n’a pas de sens. Rien de tout cela ne s’est passé, pour moi cela n’a aucun sens. Ce n’est pas du tout comme ça que l’on peut décrire cet aspect de notre amitié.
L’émission continue avec la mère de Wade Robson, Joy Robson, qui dit que pendant le Dangerous Tour, quand Michael a emmené Brett Barnes en tournée avec lui, quand Wade a demandé à aller en tournée, Michael lui aurait dit non parce qu’il n’était pas autorisé à emmener des enfants sur la tournée. Puis il a vu Brett Barnes avec lui à la télé, et Wade a dit : « Je ne pense pas qu’il aimait nous mélanger, il aimait garder ces relations séparées. Je me souviens que c’était compliqué avec Brett parce que j’ai découvert qu’il était australien, donc je me suis dit oh, un nouveau garçon australien, je me suis vraiment senti remplacé ». Est-il vrai que Michael gardait les enfants séparés les uns des autres ?
Non. Je n’ai jamais… comme je l’ai dit, je n’ai jamais été enfermé nulle part, il n’y a jamais rien eu. Comme je l’ai dit j’ai passé un peu de temps avec Joy, un tout petit peu de temps avec Wade. Il y avait aussi ses cousins et d’autres amis, que j’ai côtoyés, il y a toujours eu du monde autour de nous.
Macaulay Culkin aussi, comme vous l’avez témoigné je crois en 2005, est aussi resté dans la chambre avec vous et Michael en certaines occasions.
Je crois que oui, il est venu au ranch une fois.
Ce passage où Wade dit qu’il a découvert que vous étiez australien, et que Michael l’avait remplacé par un nouveau garçon australien, je veux dire… il insinue encore une fois que comme il dit avoir été abusé, il sous-entend que comme il a été remplacé par un nouveau garçon… il dit en quelque sorte que vous aussi, vous avez été abusé.
C’est comme cela que je le prends.
Donc c’est votre interprétation. Je pense que c’est l’interprétation de toute personne raisonnable. Donc est-ce que les producteurs de Leaving Neverland vous ont laissé un droit de réponse ?
Est-ce que j’ai pu réfuter cela… encore une fois, je ne comprends pas ce terme de « remplacement », parce que dans la compréhension que j’ai de la notion d’amitié, vous êtes ami avec une personne, et personne ne peut prendre votre place. Vous ne prenez pas la place de quelqu’un d’autre. C’est une amitié. Je ne peux pas comprendre l’idée que quelqu’un soit remplacé, parce que moi-même je n’ai jamais été remplacé. Comme je l’ai dit notre amitié a continué, et elle continuerait encore maintenant d’ailleurs. Donc je n’arrive pas à comprendre cette notion de remplacement, il n’y a jamais eu aucun remplacement.
Tout cela a été réitéré par la mère de Wade, Joy, qui a dit qu’après un moment elle a réalisé qu’il y avait un schéma toute les 12 mois, qu’il avait un nouveau garçon dans sa vie. Mais vous, vous dites qu’il n’y avait pas de tel schéma ?
Pas d’après mon expérience. Il n’y a jamais eu d’interruption dans notre amitié. Je n’ai jamais été abandonné. Il n’y a eu aucun moment, tout le temps qu’a duré notre amitié, où j’ai eu l’impression que j’allais être remplacé. Je ne me suis jamais senti négligé par lui. Et c’est peut-être juste ma perspective, parce que j’étais heureux d’être là, je ne sais pas, mais c’est quelque chose que je n’ai jamais ressenti. Je n’ai jamais eu l’impression que je n’étais plus son ami. Je n’étais pas un favori, il n’y a jamais rien eu de tel.
Je pense que ce qui est important dans tout cela, c’est qu’ils vous désignent comme la preuve qu’il y avait un schéma, et dans une certaine mesure il y avait un schéma qui était que vous étiez tous des enfants issus de famille qui étaient activement fans de Michael Jackson. Parce que vous étiez fans, et à un moment donné vous deveniez une famille de substitution. Vous étiez tous invités à Neverland, vous participiez à des clips, vous partiez en tournée, vous finissiez tous par aller avec lui dans sa chambre. Donc de leur point de vue il y avait un schéma qui était extrêmement similaire, et donc selon eux s’ils disaient avoir été abusés, vous Brett aviez dû l’être aussi. Il semble que c’est ce qu’ils disent, puisque c’est le même schéma.
Alors que c’est l’exact opposé… de mon côté la perspective est différente. Oui, parce qu’il ne m’est jamais rien arrivé, donc pour moi ça ne pouvait pas arriver à quelqu’un d’autre.
Oui, c’est ce que je voulais vous demander, s’ils vous montrent du doigt et disent que vous êtes la preuve du schéma, alors vous estimez qu’il est raisonnable pour vous de dire que comme il ne vous est rien arrivé, alors il est raisonnable de croire qu’il n’est probablement rien arrivé aux autres, c’est essentiellement ce que vous dites ?
C’est mon point de vue oui. Comme je l’ai dit je ne peux faire de commentaires que d’après ma perspective, d’après ce que j’ai vraiment vécu. Je ne peux pas faire de commentaires sur ce qu’il s’est passé quand je n’étais pas là, mais je peux raisonnablement me faire une opinion.
Oui. Donc votre opinion, si je comprends bien, c’est que vous ne croyez pas que Michael ait abusé d’enfants.
Je ne peux pas l’imaginer faire du mal à un autre être humain, ou à un enfant.
Vous êtes l’une des conséquences de Leaving Neverland, et les insinuations qui y sont faites vous reviennent quotidiennement avec un trollage assez intense et abusif, souvent par internet. Un petit mais dévoué groupe de trolls qui réapparaissent régulièrement sous avec de nouveaux noms et qui ont souvent une photo de profil qui a un rapport avec les chats… l’allégation qui revient souvent publiquement sur les réseaux sociaux chaque jour ou presque, ou du moins chaque semaine, presque tous les jours, est que vous devez avoir été abusé et que vous mentez. C’est déplorable parce que vous ébranlez les versions de Wade et James, donc je voudrais savoir si vous êtes d’accord avec le fait que vous n’avez pas…
Laissez-moi dire une chose. S’il m’était vraiment arrivé quelque chose, et si j’avais gardé le silence afin de protéger une personne décédée… pardonnez-moi d’être si direct… mais dans le but de protéger une personne décédée, au détriment d’autres personnes, de leur santé et de leur bien-être, s’il m’était arrivé quelque chose, et si j’avais gardé le silence sur ce qui m’était arrivé et sur ce qui était arrivé aux autres aussi… quel genre de monstre serais-je ? Quel genre de monstre serais-je ?
C’est ma prochaine question : vous auriez donc été d’accord pour dire que s’il vous était arrivé quelque chose et si vous aviez menti à ce sujet, tout en ébranlant la version de vraies victimes, votre comportement serait déplorable ?
Absolument. Absolument. Absolument.
Et est-ce que c’est ce que vous faites ?
Bien sûr que non.
Je vais encore une fois citer brièvement cette lettre que votre avocat Allen Grodsky a écrite à l’attention de HBO. Parce que s’il est inutile de redire que personne ne vous a donné un quelconque droit de réponse, ils ont fini par mettre à la toute fin de l’émission un texte qui disait que vous niiez tout comportement inapproprié. Donc cette citation est tirée de la lettre de votre avocat, qui dit que Monsieur Barnes nie avoir subi un quelconque comportement inapproprié de la part de Monsieur Jackson, que ces allégations sont déplorables, et que le film laisse aux spectateurs la fausse impression que Monsieur Barnes avait bien été agressé par Monsieur Jackson et que Monsieur Barnes était tout simplement dans le déni. Etes-vous dans le déni ?
Absolument pas.
Quand cette lettre a été envoyée à HBO, avez-vous reçu une réponse ?
Oui, elle disait juste qu’ils n’allaient rien faire, qu’ils ne voyaient aucune raison de ne pas les croire, qu’ils n’allaient rien enlever. C’est essentiellement ce que disait leur réponse.
Vous dites essentiellement que comme on ne vous a pas donné de droit de réponse, vous ne vouliez pas qu’ils utilisent votre image, et vous ne vouliez aucune accusation vous concernant.
Non. Mon point de vue personnel c’est qu’ils ont jetés ces personnes… ils m’ont jeté dans ce truc, ils ont utilisé mon nom, ils ont utilisé mon image, et comme je l’ai dit précédemment ils ont montré un certain nombre de photos où ils ont flouté tout le monde sauf moi. Il y a mon nom et mon image qui n’avaient rien à faire là. Ça n’aurait pas nui au film. Ça n’aurait rien changé à ce qu’il se passait dans le film. Ça n’a rien ajouté de spécial au film. Ils y ont juste trouvé un moyen de vendre plus cher leur histoire. Mais le fait de m’enlever n’aurait rien changé au fait… cela n’aurait pas nui à l’ambiance du film d’enlever mon image, donc en tant que personne, je ne comprends pas pourquoi personne ne s’est dit : « OK, on est allé beaucoup trop loin, on n’a pas besoin de raconter l’histoire de cette façon-là », comme vous l’avez dit, comme l’histoire d’un garçon qui a été remplacé, de parler par allusions, ils n’avaient pas besoin de mon visage et que mon nom soit mentionné. Cela n’aurait pas du tout détourné l’attention. Personne n’a dit : « Vous savez quoi ? On s’en fout, ça n’apporte rien ». Ils oublient que nous sommes de vraies personnes, ce sont de vraies personnes dont on parle, ce n’est pas juste un film. Ce sont de vraies personnes que vous lancez dans ce truc sans donner de droit de réponse.
Non seulement vous êtes une vraie personne, mais selon leur émission de télé vous êtes une victime, c’est essentiellement ce qu’ils disent, vous êtes une victime. Ce qui soulève tout un tas de questions éthiques à propos du fait qu’ils vous nomment et qu’ils montrent votre image. Ils vous présentent comme une victime mais ils vous traitent comme un criminel.
C’est exactement ce que je ressens.
Vous avez été d’ailleurs… il est bon de le mentionner à nouveau, que la conséquence de tout cela ces 3 dernières années et que vous êtes quotidiennement la victime d’un trollage abusif et diffamatoire sur internet, de personnes qui vous accusent d’être complice d’un pédophile, de faire l’apologie de la pédophilie, d’être un sympathisant de la pédophilie, et d’être vous-même un pédophile. Tout cela est publié sur internet, quand les gens tapent votre nom sur Google c’est ce qu’ils trouvent. Il y a eu aussi une énorme intrusion des médias. Vous avez d’ailleurs été très critique à ce sujet, par la façon dont les médias ont rendu compte de l’émission dans vraiment faire de recherches ou d’enquête. Vous avez twitté le 30 janvier 2019 que non seulement vous deviez gérer ces mensonges, mais vous deviez aussi gérer tous ces gens qui relaient ces mensonges sans faire la moindre petite recherche pour prouver que ce sont des mensonges, par choix ou non, ce qui rend les choses encore pires. Vous avez parlé précédemment des médias qui se présentaient devant votre porte, mais quelle a été votre expérience avec les médias après la diffusion de Leaving Neverland ?
Qu’est-ce que vous voulez dire ? Vous voulez savoir quelle a été mon implication vis-à-vis des médias, ou est-ce que j’ai remarqué ce que disaient les médias ?
Ce que je veux dire, c’est qu’au-delà de leur présence physique sur le pas de votre porte, il y a une autre sphère de couverture médiatique qui est ce que les gens écrivent sur vous. Sans se présenter devant votre porte. Il y a eu des millions… non, peut-être pas des millions… mais il y a eu des milliers d’articles sur Leaving Neverland.
Ils ne font que recopier d’autres articles.
Oui, à quelle fréquence avez-vous vu un article sur Michael Jackson qui vous mentionnait, et qui vous donnait un droit de réponse ?
Il n’y en a eu aucun.
A quelle fréquence vous êtes-vous dit que quelqu’un écrivait un article sur Michael Jackson, vous mentionnait, et était inexact ?
Presque tous les articles je dirais, je pourrais dire presque tous, sans trop me tromper.
Et que ressentez-vous ?
Je suis en colère, ils parlent de vraies personnes. Et les consommateurs n’arrivent pas à réaliser qu’ils parlent de vraies personnes qui sont affectées. Imaginez qu’ils parlent de votre frère. Imaginez qu’ils parlent de votre père. Imaginez qu’ils parlent de votre cousin. Imaginez qu’ils parlent de votre ami. Il faut imaginer traverser tout cela ? J’ai une sœur ! J’ai des parents ! J’ai des amis ! J’ai des cousins ! C’est ce que j’ai envie de leur dire. Mettez-vous à la place de ces personnes, de ce qu’elles doivent traverser. Je suis une vraie personne. J’ai eu des liens avec lui. C’est peut-être une erreur de ma part, j’ai peut-être été trop timide, trop retiré de l’œil du public, de l’attention du public. Je n’ai pas donné mon point de vue sur les choses qui étaient dites. J’aurais peut-être dû corriger tout cela. Mais j’estime que ce n’est pas toujours à moi de corriger les choses. Ce sont ceux qui profèrent ces accusations qui devraient avoir la diligence nécessaire pour appuyer leurs arguments. Comme je l’ai dit, les fans ont été incroyables pour contrecarrer le film, mais aussi pour tout le reste. La somme de détails et d’investigations qu’ils ont pu réunir, ils ont servi leurs informations sur un plateau d’argent en disant : « Jetez un coup d’œil là-dessus, il y a là tout ce dont vous avez besoin, jetez juste un coup d’œil à un point de vue opposé au vôtre plutôt que de vouloir faire le buzz avec un film ». J’ai un problème avec ça et je voudrais vous demander quelque chose Charles. En tant que membre du domaine journalistique, que s’est-il passé ? Est-ce que quelque chose a changé drastiquement ? Nous sommes entrés dans une ère où nous avons besoin d’information à la minute et où il y a la possibilité de monétiser l’information sur internet. Il n’y a plus besoin de journalistes d’investigations qui font des recherches. Tout ce dont vous avez besoin c’est d’une personne qui écrit un article sur un sujet qui n’a même pas besoin d’être vrai, puis tout le monde cite et recopie cet article, et répand la nouvelle comme si c’était parole d’évangile. Pourquoi les journalistes sont-ils devenus si paresseux ? S’ils ne font pas preuve de la diligence nécessaire, c’est parce qu’ils doivent sortir leurs articles le plus vite possible, parce que l’argent doit continuer à affluer. Que s’est-il passé ?
Et bien, je pense que c’est un thème central, les médias ont perdu beaucoup de ressources. Internet a détruit le modèle des médias parce que les gens ont accès à de l’information gratuite au lieu de la payer. Et donc les journalistes sont obligés de produire plus de travail qu’il y a 30 ans. Ce qui leur laisse peu ou pas de temps pour faire des recherches sérieuses, parce que s’ils font leur travail correctement, on leur dira qu’ils ne produisent pas assez d’histoires. Mais cela dit c’est le cas depuis au moins les années 80, l’industrie des médias a échoué de manière catastrophique à faire le travail correctement à partir du moment où cela concernait Michael Jackson.
Et le problème avec ça c’est que je suis d’accord avec vous… mais on finit par se dire qu’il y a une conspiration, même si pour moi il est évident qu’il n’y a aucune théorie de la conspiration qui se produit réellement. Je ne suis pas… je ne suis pas cinglé, je ne pense pas que le monde se ligue contre une personne, mais il y a un tel torrent d’informations négatives, comme un tsunami d’informations qui disent toutes la même chose, juste avec des titres différents, des publications différentes, mais qui disent toutes la même chose. Les gens, les consommateurs doivent faire avec, parce qu’il y a beaucoup de voix qui répètent la même chose.
La chose qui est intéressante au sujet du phénomène Michael Jackson, c’est que les consommateurs… les médias ne sont pas en phase avec les consommateurs.
C’est aussi ce que je ressens.
Oui, c’est comme s’ils travaillaient sans relâche pour essayer de pousser toute cette négativité vers les consommateurs, mais les consommateurs n’y adhèrent pas. Je me rappelle avoir raconté cette histoire sur MJcast avant de regarder le Twitter de Leaving Neverland. Je n’avais pas regardé Leaving Neverland, je l’ai vu plus tard. Mais j’ai regardé le hashtag sur Twitter quand il a été diffusé au Royaume Uni, et j’ai été surpris par le nombre de gens qui ont posté des messages disant qu’ils n’y croyaient pas. Et je ne parle pas que de personnes qui ont Michael Jackson sur leur photo de profil, je parle des gens en général. L’une d’elles est Denise Fergus, la mère de James Bulger, l’une des plus grandes militantes au Royaume Uni en matière d’abus d’enfants, et elle a tweeté que c’était un ramassis de conneries, ou du moins des mots de ce genre. Je ne crois pas qu’elle ait utilisé ces termes, plutôt quelque chose du style je ne peux pas croire que les gens avalent ça, ou quelque chose comme ça. Donc en fait, c’est presque comme si c’était plus une question de programme que de consommateurs, parce qu’il semble y avoir un gouffre entre l’attitude des médias sur cette question et l’attitude du public.
Oui. Oui.
Je pourrais spéculer toute la journée sur leurs intentions mais…
On dirait vraiment qu’il y a une machine qui a été mise en route et qui le cible spécifiquement.
Cela me fait penser à un incident que vous avez vécu il y a quelques semaines. TMZ a écrit une histoire, ils ont publié une photo de vous et l’ont légendée à tort, disant que c’était une photo de Jordan Chandler, c’est bien cela ?
Oui c’est exact.
Et vous avez dû leur envoyer des messages, encore et encore, pour qu’ils rectifient.
Je suis en réalité surpris qu’ils l’aient fait. C’est encore une chose que je voudrais souligner, à propos de l’intégrité journalistique. Ils publient une photo sans même vérifier qui est dessus, alors qu’il est très facile de trouver qui se trouve sur la photo. Donc je ne peux pas comprendre comment quelqu’un peut continuer à faire ce genre d’erreurs et continuer à être libre de le faire. Parce que si dans mon travail je fais ce genre d’erreur, et si je continue, je sais que je ne vais pas garder mon job longtemps. Mais ces aspects sont oubliés ou négligés à cause du volume d’articles à publier. Est-ce que cela nous ramène au fait que les journalistes ont besoin de sortir de plus en plus d’articles ?
C’est certainement un phénomène dans l’industrie des médias aujourd’hui pour certains reporters, surtout dans le digital ou dans les journaux nationaux. Ils sont censés sortir 10 histoires par jour, ce qui signifie qu’ils doivent consacrer environ 40 minutes par histoire. Si vous parvenez à tout vérifier, à contacter tout le monde en 40 minutes, alors vous êtes Superman. Il n’est pas possible de faire son travail correctement dans le temps qui vous est imparti avec la charge de travail qu’on vous donne maintenant dans les journaux nationaux. J’ajouterais encore une fois qu’en ce qui concerne Michael Jackson, ils n’ont jamais fait leur travail correctement.
Oui, je suis d’accord.
On pourrait même se dire que c’est presque une question de diffamation. Michael est mort, et ils se disent : « Oh il est mort, on s’en fout, il ne peut plus nous poursuivre, on ne peut pas avoir d’ennuis », mais il y a aussi une antipathie qui est résiduelle, je pense. Vous devez vous rappeler que lorsque Michael est devenu une superstar, le monde était très différent. Le racisme était encore très présent, nous n’étions que 20 ans après la fin de la ségrégation. Et beaucoup de gens qui peuplaient les salles de rédaction étaient là bien avant la fin de la ségrégation. Il y avait beaucoup de racisme dans les salles de rédaction, beaucoup d’homophobie. Parce que Michael a reçu beaucoup de remarques homophobes, parce qu’il portait de l’eyeliner, il avait les cheveux longs. Et je pense que c’est une question de culture. J’ai vécu une situation similaire en travaillant pour un journal qui avait une relation extrêmement antagoniste avec la police. Il n’y avait personne dans notre rédaction qui travaillait avec le service presse de la police, ce qui est devenu quelque chose de culturel. Chaque fois que quelqu’un joignait le service presse, on leur disait de n’accorder aucune faveur à notre journal, de faire obstruction, parce qu’il y avait une vraie détestation. C’est comme si une haine de Michael Jackson avait commencé à partir de quelque chose de très laid et c’est comme si elle était perpétuée maintenant par des gens qui ne savent même pas où elle a commencé, c’est mon impression. Je ne veux pas que ça devienne un débat sur l’état des médias, donc je vais revenir au sujet. Je dois vous demander à ce stade de l’interview, où nous avons passé le plus clair de notre temps à parler des accusations persistantes au sujet de votre relation avec Michael… et il est malheureux que ces accusations soient faites aussi fréquemment et avec autant de force, mais est-ce que cette négativité, ces allégations qui flottent dans l’air, ont entaché de quelque manière que ce soit vos souvenirs de Michael ?
Pas du tout. Je ne laisserai pas ces histoires changer mon point de vue. Comme je l’ai dit je ne fais des commentaires que d’après mes expériences, que je projette sur les expériences des autres. Je ne peux pas croire qu’il se soit passé des choses négatives dans l’expérience des autres, comme il n’y en a pas eu dans la mienne.
Je vais vous poser encore quelques questions avant de finir.
D’accord, cool.
Avec tout cela en tête, avec tout ce dont on vous a accusé, et tout ce dont on vous accuse constamment, je voudrais revenir à votre tweet de 2013. J’aimerais que les gens réalisent à leur dernier moment sur terre que tout l’argent du monde ne les réconfortera pas, alors que leur conscience le fera. Pour rappel, vous n’avez pas été payé pour cette interview, pouvez-vous le confirmer ?
Absolument.
Votre conscience était-elle claire lorsque vous avez répondu aux questions ?
Absolument. Je n’ai menti à aucun moment dans cette conversation. Tout ce que j’ai dit est la pure vérité. Donc ma conscience est absolument claire. Et il sera intéressant de voir, et je sais que tout n’est pas perdu pour moi… avoir cette discussion avec vous Charles a été quelque chose qui m’a amené à me poser beaucoup sur la nécessité de le faire. Parce que d’un côté, cela peut aider à se rendre compte de la grandeur de cet homme, de qui il était, d’un autre point de vue. Il n’est pas seulement question de ce que l’on voit ou de ce que l’on entend, spécialement le côté négatif des choses. Mais d’un autre côté il est vraiment… il était mon meilleur ami, et je pense qu’il ressentait la même chose pour moi. Pas nécessairement plus que quelqu’un d’autre, mais le fait que nous étions des amis proches faisait qu’il y avait une grande confiance entre nous. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles je n’aimais pas en parler, parce qu’à cause de cette confiance, le fait d’avoir cette discussion avec vous me donnait l’impression de trahir cette confiance, un petit peu. Donc j’ai vraiment hésité avant de donner cette interview, et comme je l’ai dit je pense que cette plateforme est digne de confiance, et je ne pense pas que vous feriez la démarche de mettre en avant toute cette positivité s’il s’était passé quelque chose de mal. S’il s’était passé quoi que ce soit, il ne fait aucun doute dans mon esprit que vous n’auriez pas balayé la poussière sous le tapis. Vous êtes une plateforme qui ne déforme pas mes mots, qui ne déforme pas la conversation parce qu’il n’y a rien à déformer. Donc avoir cette conversation avec vous, parler en toute honnêteté, a été une bonne manière pour moi de dire que ma conscience est encore suffisamment claire. Je pense que j’ai parfois été un peu… poétique lorsque j’ai écrit à ce sujet, de manière un peu plus grandiose que je ne suis en réalité.
Vous savez, j’apprécie tout ce que vous venez de dire, et c’est très gentil à vous, donc merci. Et nous sommes ravis que vous soyez content… même si vous avez été un peu choqué au début, mais nous sommes heureux que vous ayez finalement accepté de nous parler.
C’était une très bonne journée.
J’ai encore une toute dernière question, qui est posée à tous les invités spéciaux de MJcast : comment se souviendra-t-on de Michael Jackson selon vous ?
Et bien… c’est une bonne question. Parce qu’à mon avis, c’est le plus grand artiste, il avait une capacité naturelle mais il travaillait aussi énormément. Il mettait tout ce qu’il avait dans chaque aspect de son art, dans sa musique, ses spectacles. Chaque effort artistique qui émanait de lui, il ne le faisait pas pour lui. Cela a été le cas tout au long de sa vie, il ne le faisait pas pour lui, il le faisait pour les autres. Comme quand il prenait sous son aile une famille de la banlieue de Melbourne, en Australie, qu’il les emmenait faire le tour du monde et leur faisait vivre des expériences que personne n’aurait jamais espéré vivre. Il était si altruiste, il n’était pas seulement le plus grand artiste du monde… il ne se contentait pas de faire des concerts extravagants, il n’était pas seulement perfectionniste… ce qu’il faisait, il le faisait pour tout le monde, et pas seulement pour ses fans. Il était très apprécié, et il le faisait pour tout le monde, les jeunes, les vieux, les hommes, les femmes, tout le monde. Tout ça pour mettre un peu de magie dans leur vie. C’était un grand humanitaire. C’était une personne drôle, drôle, tellement drôle, il était hilarant, c’était si bon de l’entendre rire, on pouvait le faire rire très fort. Il était vraiment mon frère et… oui, je ne peux rien faire d’autre que faire des éloges pour cet homme.
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de conclure cette interview Brett, vous pouvez pousser un soupir de soulagement maintenant. Il y a eu quelques questions assez complètes, je suis désolé… je ne sais pas… je pense juste qu’il était important de…
C’était un sacré voyage oui.
Donc Brett, si les gens veulent vous suivre sur Twitter, quel est votre compte ?
I am Brett Barnes.
Donc @iambrettbarnes, oui, et c’est vraiment vous !
Oui, c’est vraiment moi.
Et si vous voulez suivre le MJcast sur les réseaux sociaux, l’émission sera sur Twitter, Instagram, Facebook, et vous pouvez vous écrire par mail sur l’adresse mjcast@icloud.com. A la prochaine, Merci Brett.
Merci.
Source: The MJcast.
Un tout grand merci pour la traduction de ce texte qui fait vraiment plaisir au coeur … Merci Merci A vous tous qui travaillez pour garder la mémoire de Michael … Nadine