Rencontre avec Brad Sundberg à Paris…

Cela faisait des mois que nous vous en parlions, Samedi 12 Octobre avait lieu à Paris cette fameuse rencontre avec Brad Sundberg, collaborateur studio et ami de Michael Jackson.

De l’enregistrement de « BAD » à « HIStory », des tournées à « Captain Eo » en passant par le ranch de Neverland, Brad Sundberg avait travaillé pendant 18 ans aux cotés de Michael Jackson en tant qu’ingénieur du son et directeur technique pour ses albums.

Voici pour vous une compilation de différents résumés de cette journée racontée par les membres du forum MJFrance y ayant assisté. Un grand merci à MIKE92, Phildaar 35, Phillinganes, JC 08 et bien d’autres pour leurs compte-rendus.

Journée mémorable…

Après un accueil chaleureux de la part de Brad Sundberg n’hésitant pas à aller serrer personnellement la main de ses visiteurs et de leur demander leur provenance, une première mise à l’écoute de versions inédites de Michael Jackson ont été proposées pendant que tous le monde s’installait. C’est ainsi que furent diffusées une version instrumentale et longue de Cheater ainsi qu’une version instrumentale et également longue de Someone Put Your Hand Out comprenant les chœurs chantés par Michael Jackson.

Il s’en est suivit une version inédite de Liberain Girl (Jungle Mix) avec une intro comprenant des bruits provenant d’une jungle profonde; des bruits composés de cris d’animaux (singes, oiseaux) mais également de bruits de cascades. Cette version instrumentale est basée sur des percutions avec peu d’instruments de musique même si celle-ci est mise en avant via des nappes de synthés et le sitar qui ressort de manière impressionnante. La voix de Michael était cependant audible en fond sonore.

Brad Sundberg a alors proposé ce qui selon lui représente un mix audio de grande qualité. Il s’agit d’un titre de l’album « Back On The Block » de Quincy Jones. Avec The Places You Find Love, ballade co-composée par Glen Ballard (Man In The Mirror) et chantée notamment par Siedah Garrett et Chaka Khan, Brad a alors proposé un titre de référence en matière de mixage. C’est d’ailleurs Bruce Swedien qui en a assuré l’enregistrement et le mix.

Le ton est donné et la présentation qui suivra sera alors d’ordre chronologique commençant par des chansons de l’album « Off The Wall » pour se terminer par d’autres de « HIStory ». Comme prévu par les annonceurs, le lieu de ce séminaire était sonorisé avec du matériel studio haut de gamme proposant une écoute optimale des chansons de Michael Jackson.

C’est donc une version instrumentale et inédite de Don’t Stop ’til You Get Enough comprenant principalement la batterie et les percussions qui fut diffusée. Brad Sundberg en a expliqué le processus. Michael Jackson utilisait des baguettes et tapait sur des bouteilles vides ou remplies de différents volumes d’eau afin de créer différentes sons. Pour la petite histoire et selon Brad Sundberg, les bouteilles employées étaient de marque Perrier. C’est le petit cocorico de la journée. Quant au reste des musiciens, l’ensemble est percutant, John Robinson délivre un jeu précis, plein d’énergie tandis que les dites percussions sont assurées par Michael, Randy, Richard Heath et le célèbre Paulinho da Costa donnant une touche latino à l’ensemble. L’enregistrement réalisé par Bruce Swedien est alors d’une pureté absolue.

Il s’en est suivit une version inédite de I Can’t Help It, ce célèbre titre de l’album « Off The Wall ». C’est là que Brad Sundberg fit un parallèle entre le titre The Places You Find Love qui contient des centaines de pistes et cette chanson qui ne se compose que de 4 éléments: Une batterie, une basse, un piano et la voix de Michael. La version inédite proposée de I Can’t Help It est alors beaucoup plus jazzy avec une mise en avant du piano et de la voix de Michael Jackson. Ce qui a frappé les auditeurs et ce qui met en valeur cette version est le fait que justement il y a peu d’instruments. Michael y chante parfois des paroles différentes de la version que tous le monde connait.

Vint ensuite une version inédite de We Are Here To Change The World ne comprenant cette fois-ci que la version rythmique et la voix de Michael Jackson. C’est à partir de cette période là que Brad Sundberg a commencé à véritablement entrer en contact avec Michael Jackson pour travailler sur les chansons de Captain Eo. Brad précise alors que Bruce Swedien était aux commandes et qu’il est son véritable mentor. Sundberg explique qu’en 1985 il servait des cafés au studio et tout ce qu’on pouvait bien vouloir lui demander, jusqu’à aller nettoyer les toilettes s’il le fallait. Il a donc petit à petit acquit la confiance de ses collègues en particulier celles de Michael et de Bruce Swedien et c’est comme cela qu’il a fini par travailler avec l’équipe d’enregistrement sur l’album « BAD ».

Lors de ce séminaire, Brad Sundberg expliquera que le studio de la propriété familiale de Hayvenhurst que Michael fit construire entre les périodes « Captain Eo » et « Bad », était sur le ton de l’humour, le plus mauvais studio du monde. Entre les fiestas récurrentes des frères Jackson et la difficulté d’avoir des musiciens à plein temps comme pour un studio pro, il était difficile de travailler dans de bonnes conditions.

Il s’en est suivit une écoute de la version connue de Scared Of The Moon (The Ultimate Collection) avec une sonorité qualifiée par les auditeurs de très bonne qualité. Brad Sundberg a expliqué l’anecdote concernant cette chanson selon laquelle la bande master avait été confiée à Michael et que celui-ci l’avait tout simplement perdu. C’est une cassette audio qui avait été retrouvée par hasard et contenant la première version composée de piano et voix de Michael qui a servi à l’enregistrement de la version finale. Le Roi de la Pop avait estimé qu’il ne fallait pas qu’il rechante dessus car la version initiale dégageait justement une certaine émotion qu’il ne pourrait certainement pas reproduire. Toute l’équipe étant d’accord, seule une harmonie d’orchestre fut rajoutée. Il ressorti cependant une règle fondamentale de cette expérience avec le Roi de la Pop: Règle numéro 1: Ne jamais confier à Michael Jackson quelque chose que l’on souhaite revoir un jour.

Brad Sundberg a alors présenté le découpage de la chanson BAD, grace à une version multipiste de ce titre. Grace à un ordinateur, Brad a montré comment on pouvait écouter ce morceau en sélectionnant l’écoute de la guitare seule, tel instrument, tel autre ou encore la voix de Michael, les chœurs… Un titre comme BAD est composé de 120 pistes au total, dont par exemple 16 rien que pour les chœurs. Beaucoup de pistes stéréo sont réalisées à partir de deux prises différentes: une pour l’oreille gauche, une pour l’oreille droite. C’est le secret du son holophonique. Les 120 pistes sont ensuite regroupées par instrument, les 16 des choeurs deviennent 1, etc etc… Et l’on obtient alors 17 pistes principales pour la chanson. C’est avec ces 17 pistes que Brad s’est amusé devant le public présent afin de déstructurer le morceau à l’aide du logiciel Audacity. En écoutant ces versions décortiquées, l’auditeur pouvait ainsi s’apercevoir à quel point beaucoup d’effets sonores pouvaient ne pas être perçu dans la version finale. Des sons que l’oreille ne capte pas forcément au milieu de tant d’instruments. Chaque musicien avait à l’époque joué pendant 8 à 9 minutes.

Une version studio de BAD a alors été diffusée, avec un tempo normal, plus lente et plus groovy. Vient ensuite une version pitchée, plus rapide de 5% pour être conforme à la mode du moment. C’est cette version que le public connait. Brad Sundberg a expliqué que ce procédé ne fut utilisé que pour quelques chansons de l’album « BAD » et beaucoup moins sur les albums suivants. Par contre, en tournée, ces chansons légèrement accélérées sont rabaissées afin que Michael puisse chanter dessus. Toujours a propos de BAD, Brad Sundberg a expliqué que si Prince était effectivement venu écouter la chanson en studio, celui-ci n’a enregistré aucune version.

Après avoir mis en valeur le travail de Michael Jackson sur les chœurs de BAD, Brad Sundberg a diffusé un extrait de la version a capella de Leave Me Alone. Le fait de pouvoir écouter cette version sur des enceintes de studio a permis de sentir encore mieux la manière dont les chœurs se superposent dans la chanson. Espérons qu’un jour enfin, cette version figurera sur un support CD.

Il s’en est suivit une écoute de la version connue de I Just Can’t Stop Loving You avec l’intro parlée. Michael Jackson avait emporté un lit dans le studio d’enregistrement ainsi qu’une tête de mannequin comportant des micros dans les oreilles afin de murmurer les mots sensuels que l’on connait tous. L’intention de Michael était de réaliser cette intro pour son public féminin mais les radios américaines n’ont pas apprécié cette intro et la coupaient à chaque diffusion. La maison de disque décida alors de supprimer cette intro des futurs pressages. Brad Sundberg avoua que lui même n’était pas très fan de cette intro. Les fans français, lui affirmaient le contraire.

Vint ensuite une version inédite de Streetwalker, un mix brut et fini qui date de 1986. Les paroles sont chantées d’une manière différente, plus douce et harmonieuse. Les paroles du refrain sont également interprétées de façon différente, on y entend Michael imiter les violons avec sa voix. Une autre version de Streetwalker a alors été diffusée. Il s’agit d’une version de 1987 avec une intro inédite composée de bruits de vent et de sons de sifflement. La voix de Michael a plus de rage, un jeu de guitare et des ad libs sont présents à la fin de la chanson. Brad Sundberg a expliqué que Quincy Jones voulait mettre Another Part Of Me sur l’album « BAD » alors que Michael préférait la version connue de Streetwalker avec l’intro a capella et c’est finalement Franck Dileo qui trancha, choisissant Another Part Of Me.

Après une diffusion de la chanson The Way You Make Me Feel avec son intro jazz, Brad Sundberg expliqua que durant sa tournée mondiale, Michael Jackson décida de faire une version jazz et plus lente de ce titre et ce pour les grammys dont tous le monde se souvient. Des câbles ont donc été tirés des camions vers la chambre d’hôtel de Michael et un mini studio fut alors monté. C’est donc ainsi que cette version fut créée.

Une maquette nommée « Time Marches On » fut alors diffusée, annonçant la période « Dangerous ». Chanson 100% inédite mais également 100% instrumentale, cette piste est une production uptempo typique des années 90 rappelant le style de Jimmy Jam & Terry Lewis, très connus avec SOS Band, producteurs de Janet et bientôt alliés de Michael Jackson. Cette maquette sur laquelle Bruce Swedien et son équipe ont travaillé, a servi d’inspiration pour créer ce que deviendrait plus tard le titre JAM.

Brad Sundberg expliqua ensuite que pour la création de l’album « Dangerous », trois équipes furent mises en compétition. Bryan Loren fut effacé au fur et à mesure que les choses avançaient. Il fut remplacé par Teddy Riley qui était alors plus en vogue et surtout plus technique dans les nouveaux sons, au niveau des synthés, des claviers. D’un autre coté, Bill Botrell était quelqu’un qui écoutait du Rock, il était spontané et buvait beaucoup de bière. Enfin restait un personnage incontournable, Bruce Swedien, égal à lui même et plus doux, soit le contraire de Bill.

A propos de Bill Botrell, Brad Sundberg fit écouter une version inédite de Black Or White avec des paroles chantées différemment et une musique quelque peu différente. Un son « new jack » percutant, groovy, remplace alors la partie rap, un peu comme le beat que l’on entend dans le clip-vidéo de Remember The Time au moment ou Michael commence sa chorégraphie. Cette version que les auditeurs ont pu entendre date du 19 avril 1990.

Vinrent ensuite la diffusion de plusieurs titres comme Monkey Business et If You Don’t Love Me dans leur version connue mais non retenue pour l’album « Dangerous » puis Who Is It dans sa version connue, For All Time dans une version démo finie et un peu différente de celle que l’on connait, Jam dans une démo avec une instru inédite et des paroles marmonées. Si le refrain ne change pas, Michael Jackson imite le son des saxophones. Cette version date du 23 mars 1991. Furent diffusées ensuite une démo inédite de Someone Put Your Hand Out et une version instrumentale du même titre avec un refrain ralenti puis toujours pour ce même titre, une démo inédite, mid-tempo. Concernant la première version diffusée, le public a mis du temps avant de reconnaître Someone Put Your Hand Out et ce n’est que le refrain qui a confirmé qu’il s’agissait de la même chanson. Enfin une version inédite de Heal The World fut diffusée avec une intro commençant par des cris d’enfants qui jouent suivi d’un discours connu. Les paroles sont alors chantées différemment sur une autre gamme. Si le refrain ne change pas, des paroles sont cependant inédites.

Brad Sundberg s’est alors arrêté sur une anecdote concernant l’enregistrement du titre Dangerous dans sa version early-démo. Si l’on entend des choses tomber et Michael Jackson pousser alors un cri c’est parce qu’en fait il venait de recevoir des panneaux sur la tête et ce dans le studio d’enregistrement. Si Michael avait l’habitude d’enregistrer sa voix sous une lumière tamisée, il voulait surtout être seul. Personne ne pouvait donc le voir et l’on pouvait juste l’entendre chanter, danser, bouger, taper des pieds et des mains. Et donc un jour, lors de l’enregistrement deDangerous, Michael décida de faire bouger des panneaux autour de lui et ce pour des raisons acoustiques. C’est ainsi qu’après ces « réglages », lorsque Brad lança la démo, on entendit un bruit de fracas. Michael poussa alors un cri mais continua de chanter, en grand professionnel qu’il était. Une fois la chanson terminée, Brad se déplaça dans le studio et vit Michael sortir sous un tas de paravents en se frottant le crâne en affirmant qu’il n’avait rien. Pour la petite histoire, Brad le conduisit quand même à l’hôpital, voyant que Michael n’arrêtait pas de se toucher la tête. La chanson Dangerous porte donc bien son nom…

Vint ensuite l’écoute de Give In To Me avec la session d’enregistrement qui dure normalement deux heures. Brad Sundberg expliqua qu’il était seul pour l’enregistrer. Michael était au micro et Bill Botrell à la guitare. Bill, qui appréciait particulièrement la bière, avait auparavant écouté beaucoup de groupes rock comme AC/DC ou Van Halen en compagnie de Michael. Dans l’enregistrement, on peut entendre les deux hommes plaisanter dans le studio, Michael discute, Bill accorde sa guitare, Michael rigole et plaisante et ils parlent de chansons rock. Michael, tout en plaisantant, chante « like C.I.A », « like F.B.I », « like B.B.King », etc etc il lance des « hee-hee », « Yeah », Bill tente des accords inédits, Michael imite le son de la guitare, improvise sur le son de la guitare… chante « Everybody »… improvise encore. On y entend Michael chanter le refrain de la chanson avec des paroles différentes. On entend le son d’une boite à rythme en continue, Michael chante « don’t try to understand me »… « I don’t wanna hear it »… « Love is emotion! »… « Ha ha ha ha ». Lorsque Brad rejoue la partie guitare, Michael improvise, il accorde les paroles dessus, il donne des directives, rajouter le son du synthé, donne le tempo etc etc. Une véritable incrustation dans le studio d’enregistrement. 10 minutes de cette session furent diffusées.

Brad Sundber indiqua qu’en 1994 Michael Jackson avait décidé d’aller enregistrer son nouvel album à la Hit Factory de New York car il avait peur des menaces de tremblement de terre qui circulaient sur la Californie. Il s’en suivit alors la duffusion d’une vidéo des échauffements vocaux de la troupe Andrae Crouch au Hit factory. On y voit Michael à la porte du studio, il porte une verste noire, chapeau et lunettes noires et bouge la tête au son du rythme. La troupe chante ensuite les chœurs de They Don’t Care About Us. On voit un Michael timide et très impressionné.

Une vidéo dans laquelle Sean Lennon fait une démonstration d’un instrument de musique électronique qui fonctionne par approche tactile fut également diffusée. Sean montre comment fonctionne l’appareil en approchant ses mains. Michael fait de même en manipulant une tige métallique et danse en rythme ce qui représente un moment assez comique. On voit qu’il ne sait pas trop s’en servir et n’arrive pas à faire sortir un son correct. L’exercice se fait dans une ambiance joviale. Sur le coté du studio, une cinquantaine de post-it sont fixés sur une pancarte. Il s’agit d’un rappel de chansons sur lesquelles ils travaillaient. Michael était vêtu d’une chemise orange. Le studio est décoré à son goût. Plusieurs tableaux sont présent dont celui de Daffy Duck et un cadre de bébé avec des dédicaces.

Après l’écoute d’un message audio téléphonique de Michael Jackson remerciant Brad Sundberg pour la sonorisation de son ranch de Neverland d’autres vidéos sont présentées: Une séances d’enregistrement de la chanson Earth Song avec des violonistes, trompettistes ainsi que des tambours, un vidéo-montage dans lequel on voit à peu près toutes les équipes qui ont participé à l’album « HIStory », le tout avec la chanson Smile en fond sonore.

Enfin comme pour finir en beauté, Brad Sundberg propose une vidéo sur laquelle on découvre l’enregistrement de la chanson Childhood (Have You Seen My Childhood). De l’avis général de toutes les personnes présentes à ce rendez-vous, il s’agit là du must de la journée. On y voit Michael Jackson seul, dans le studio d’enregistrement. la lumière est tamisée, il porte un casque sur les oreilles, la mèche sur le front. Michael bouge, il sourit. Il semble nerveux et commence… Il chante en live toute la chanson en une seule prise. Sur la vidéo, on entend uniquement sa voix et un petit fond sonore de la musique qui sort du casque. Cette musique provient d’un orchestre philharmonique et du clavier de David Foster. Selon les compte-rendus, il en ressort que Michael Jackson s’est lancé avec cette chanson dans une prouesse vocale de très haut niveau, conscient qu’il ne peut refaire jouer l’orchestre à sa guise et qu’il doit donc faire le maximum. On distingue alors sur son visage des expressions faciales d’un artiste donnant le meilleur de lui même, vivant pleinement son œuvre au point de sourire et de jubiler au moment ou l’orchestre effectue à son tour des prouesses musicales. A la fin de la chanson, Michael termine sur un grand sourire. On constate qu’il est content, il enlève son casque et sort du studio, avec un sourire. Il faisait le job.

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