Enquête de Mary A.Fisher pour GQ Magazine 1994.
Publié et traduit en France par le magazine Playboy (N°29) en mars 1995.
L’affaire Michael Jackson a fait couler des torrents d’encre et chacun y est allé de son explication plus ou moins graveleuse. Pourtant une enquête serrée dévoile quantité de faits troublants. Michael Jackson serait-il tombé dans un piège ?
Michael Jackson est-il coupable ou innocent ? Une série d’allégations scandaleuses prétendant que le chanteur aurait abusé d’un jeune garçon de treize ans, a entraîné un procès de plusieurs millions de dollars, a déclenché deux enquêtes de la chambre d’accusation et a mis en branle tout un cirque médiatique éhonté. En retour, Jackson a assigné certains de ses accusateurs en justice pour extorsion. Finalement les poursuites se sont arrêtées à la suite d’un compromis et du versement d’une somme estimée à 20 millions de dollars, et aucune charge n’a été retenue contre Michael ni par la police ni par la chambre d’accusation. Enfin, au mois d’août dernier, Jackson a défrayé à nouveau la chronique en annonçant son mariage avec Lisa Marie Presley, la fille d’Elvis. mariage de courte durée dont la rupture a été annoncée le mois dernier.
A présent le silence est retombé. Les médias se sont tus. Mais une chose reste claire: le public américain n’a jamais écouté la défense de Michael Jackson. Il est bien sûr impossible de prouver par la négative, c’est à dire d’affirmer qu’un acte n’a jamais eu lieu. Mais rien n’empêche d’enquêter en profondeur sur ceux qui ont attaqué Jackson pour tenter de mieux comprendre leurs personnalités et leurs motivations. Un tel examen, fondé sur les documents de la justice, les archives de travail et de nombreux interviews, démontre de manière très convaincante que Jackson n’a jamais abusé de personne. En fait, il pourrait très bien être tombé dans le piège d’un chantage machiavélique…
En outre, les faits paraissent radicalement différents de ce qu’on a pu lire dans les journaux à scandale ou même tels qu’ils ont été rapportés par les journalistes les plus sérieux. C’est une histoire pleine de rapacité et d’ambition, attisée par l’incompréhension de la police, des avocats et des médias paresseux, avides de sensationnalisme et comme hypnotisés par une puissante drogue. Cela ressemble tout simplement à un mensonge
Michael et ses avocats ont refusé d’être interviewés pour cet article. Pourtant, s’ils avaient décidé de se porter partie civile et de plaider, ce qui suit aurait pu servir la défense de Jackson, étoffer l’accusation d’extorsion contre ses propres accusateurs et aider à blanchir le chanteur (sic!).
Les ennuis de Jackson ont commencé en mai 1992, le jour où il tomba en panne avec son van sur Wiltshire Boulevard en plein Los Angeles. En carafe au milieu d’une rue extrêmement passante, Jackson fut repéré par la femme de Mel Green, un employé de Rent-A-Wreck, une firme de location de voitures située à moins d’un kilomètre de là. Lorsque Dave Schwarts, le patron de la boite, apprit que Green conduisait Jackson jusqu’au garage, il téléphona à sa femme June, lui demandant de faire venir leur fille de six ans et le fils qu’elle avait eu d’un premier mariage, un garçon de douze ans qui était un grand fan de Michael. Lorsque ceux-ci arrivèrent, June Schwartz donna son téléphone personnel à Jackson en lui racontant que son fils lui avait envoyé un dessin au moment où ses cheveux avaient pris feu accidentellement lors du tournage de la publicité pour Pepsi Cola.
« C’était comme si elle lui avait imposé son fils« , se rappelle Green. « Je pense que Michael s’est cru redevable de quelque chose envers ce garçon et c’est comme ça que tout a commencé. » Cette relation n’a jamais été remise en cause. Au début Jackson a régulièrement appelé l’adolescent et une amitié est née entre eux. Quatre mois plus tard, de retour d’une tournée promotionnelle, le chanteur a plisieurs fois invité June Chandler Schwartz, son fils et sa fille, dans son ranch de Neverland près de Santa Barbara. Puis l’année suivante, Jackson a comblé la famille de cadeaux, de jeux vidéo, de montres ou de parties de shopping dans le grand magasin de jouets Toys R Us après les heures de fermeture, leur offrant même des voyages autour du monde, de La Vegas à Disney World, de Monaco à Paris. Enfin en mars 1993, Jackson et l’adolescent ont commencé à se fréquenter en tête à tête et le jeune garçon a passé plusieurs nuits chez la vedette. June Chandler Schwartz, elle aussi, s’est rapprochée de Jackson affirmant même selon un ami: « Je l’aime énormément. C’est l’homme le plus gentil que j’ai connu. »
On a souvent glosé sur les excentricités de Michael Jackson, comme ses nombreuses opérations esthétiques ou sa préférence marquée pour la compagnie des enfants. Et bien qu’il soit peu fréquent pour un homme de trente-cinq ans de garder à coucher un garçon de treize ans, ni la mère de l’enfant ni son entourage n’y trouvèrent à redire. Il est vrai que la conduite de Michael se comprend mieux lorsqu’on connaît son enfance. « Contrairement à ce qu’on pense, sa vie n’a jamais été une partie de plaisir« , fait remarquer son avocat. Son enfance s’est arrêtée – et sa vie anormale a commencé – dès l’âge de cinq ans lorsqu’il vivait à Gary, dans l’Indiana. Ensuite Michael a passé sa jeunesse dans les studios ou sur scène en se produisant devant des millions d’étrangers et en menant une vie itinérante d’hôtels en hôtels. A part ses huit frères et sœurs, Jackson fut exclusivement entouré d’adultes qui le poussaient sans relâche, comme son père Joe Jackson, un homme strict et sans affection et qui dit-on, battait régulièrement ses enfants.
Selon ses proches, cette vie déréglée a eu pour conséquence de le bloquer dans son développement. Michael Jackson est un enfant dans un corps d’homme. « Il n’a jamais eu d’enfance« , affirme Bert Fields, un de ses anciens avocats. « C’est maintenant qu’il peut enfin vivre sa jeunesse. Ses copains ont douze ans. Ensemble, ils se livrent à des batailles de polochons ou jouent à se lancer de la nourriture. » (N’oublions pas cependant que son intérêt pour les enfants s’est également traduit par de nombreuses actions humanitaires. Depuis des années, Michael Jackson a versé des millions de dollars au profit de causes humanitaires concernant les enfants, comme sa propre fondation la Heal The World Foundation.).
Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut également tenir compte du contexte de notre époque qui a profondément influencé tous ceux appelés à juger sa conduite. « La confusion et même l’hystérie règnent autour des sévices sexuels subis par les enfants« , rappelle le Dr Phillip Resnick, un célèbre psychiatre de Cleveland. « Tout contact physique ou protecteur envers un enfant paraît suspect et un adulte peut très facilement se voir condamné pour un crime sexuel. »
L’attachement de Jackson pour l’adolescent fut tout d’abord bien accueilli par ses proches, sa mère, son beau-père et même son père véritable, Evan Chandler (qui a refusé de répondre aux questions pour cet article). Né dans le Bronx en 1944, Chandler né Charmatz, a embrassé la profession de dentiste en suivant avec répugnance les traces de son père et de ses frères. Un de ses familiers nous a confié: « Il déteste son métier. En fait il a toujours voulu devenir écrivain. » En 1973 il a déménagé pour installer son cabinet à Palm Beach, et il en a profité pour changer son nom de Charmatz qui « sonnait trop juif » selon un de ses anciens collègues. Puis dans l’espoir de devenir scénariste, Chandler a de nouveau déménagé à la fin des années 70, s’installant cette fois-ci à Los Angeles avec sa jolie épouse, June Wong, un ex-manequin d’origine Eurasienne.
La carrière de dentiste de Chandler a connu des moments difficiles. En décembre 1978, alors qu’il travaillait au Crenshaw Family Dental Center, une modeste clinique de Los Angeles, Chandler pratiqua seize plombages sur un patient en une seule séance, déclenchant les foudres du Board of dental Examiners qui conclut à « des inefficacités et à de grosses lacunes dans l’exercice de sa profession. » dans un premier temps, le Conseil lui retira sa licence, puis revenant sur sa décision, le suspendit seulement pour trois mois avec une période probatoire de deux ans et demi. Effondré, Chandler partit alors pour New York où il y écrivit un scénario. mais il ne trouva nulle part à le vendre. Quelques mois plus tard, il revint à Los Angeles avec sa femme et se consacra à nouveau à la dentisterie. En 1980, au moment de la naissance de leur fils, son mariage commença à battre de l’aile. « c’est le caractère d’Evan qui poussa June à le quitter« , révèle un ami de la famille. Le couple divorça en 1985 et la justice confia la garde de l’enfant à la mère en lui octroyant une pension de 500 dollars par mois. mais lorsque le scandale Jackson éclata au grand jour en 1993, Chandler devait encore à son ex-femme 68 000 dollars d’arriérés, une somme à laquelle elle a d’ailleurs fini par renoncer.
Un an avant la rencontre entre Michael Jackson et son fils, Chandler connut une nouvelle série d’ennuis professionnels. Une de ses patientes, un modèle, le poursuivit pour négligence en exigeant des dommages et intérêts. Chandler se défendit en affirmant que cette personne avait signé une décharge pour les risques encourus. mais lorsque Edwin Zinman, son avocat, demanda à voir l’attestation originale, Chandler prétendit qu’on lui avait volé dans le coffre de sa Jaguar et il ne put fournit qu’un duplicata. Zinman, soupçonneux, ne put vérifier avec certitude l’autenticité du document. « Quelle curieuse coïncidence que ce vol« , commente-il aujourd’hui. « C’est un peu comme l’élève qui raconte au professeyr que le chien a mangé son devoir. » la poursuite se solda par un compromis financier dont le montant est resté inconnu.
Malgrè cela Chandler finit par se constituer une clientèle à Beverly Hills et il vit même s’entrouvrir les portes de Hollywood lorsqu’il cosigna en 1992 le film de Mel Brooks Robin Hood: Man in Tights. Jusque-là, Chandler ne se préoccupait guère de son fils. « Il promettait toujours de lui acheter un ordinateur pour travailler avec lui, mais il ne l’a jamais fait« , nous a confié Michael Freeman, l’ancien avocat de June Chandler Schwartz. En fait, Chandler semblait se consacrer à son travail de dentiste. Dans le même temps, il se remaria avec une avocate qui lui donna deux enfants. Au début Chandler encouragea les contacts entre son fils et Michael, s’en vantant même auprès de ses amis et associés. Lorsque son fils et Michael vinrent passer quelques jours chez lui en mai 1993, il invita le chanteur à prolonger son séjour. Selon certains, il lui suggéra même de faire bâtir une aile supplémentaire à sa maison puis, après avoir consulté le service du cadastre et découvert qu’il en avait le droit, Chandler aurait même carrément demandé à Michael de lui construire une nouvelle maison.
Les premiers soupçons d’abus sexuels. Ce même mois l’adolescent, sa mère et Michael Jackson s’envolèrent pour Monaco afin d’assister aux Word Music Awards. « Chandler commença à être jaloux et à se sentir délaissé« , affirme Freeman. Néanmoins à leur retour, le chanteur et l’adolescent passèrent cinq jours chez Chandler où ils partagèrent la chambre du petit demi-frère. C’est à cette époque-là, selon lui, que Chandler conçut pour la première fois des soupçons d’abus sexuels, même si, comme il le reconnut ultérieurement, Jackson et son fils étaient toujours vêtus lorsqu’il les voyait au lit. D’ailleurs Chandler n’a jamais prétendu avoir été témoin d’un geste déplacé de la part du chanteur. Néanmoins Chandler devint de plus en plus agressif, menaçant à la fois Michael Jackson, son ex-femme June et son second mari Dave Schwartz. Au début du mois de juillet 1993, dave Schwartz enregistra secrètement une longue conversation téléphonique avec Chandler. Celui-ci parlait de son inquiétude au sujet de son fils et de sa colère à l’encontre de Michael Jackson et de son ex-femme qu’il décrivait comme « froide et san coeur ». Il prétendait que lorsqu’il avait essayé d’attirer son attention et de discuter de ses soupçons sur Michael, elle lui avait répondu « d’aller se faire foutre ».
« J’entretenais pourtant de bons rapports avec Michael Jackson« , confiait Chandler à Schwartz. « Nous étions amis et je le respectais pour tout ce qu’il avait fait. Il n’avait pas de raison de cesser de m’appeler. mais un jour je lui ai dit exactement ce que j’attendais de toute cette relation. Ce que, moi, je voulais. » L’enregistrement se poursuit sur le même ton et Chandler y admet même qu’on lui a « appris » ce qu’il doit dire ou non. Néanmoins, il n’est fait aucune mention d’argent dans toute cette conversation. Lorsque Dave Schwartz lui demande ce qu’a bien pu faire Michael Jackson pour s’attirer un tel couroux, Chandler répond: « Il a brisé ma famille. Mon fils a été séduit par le pouvoir et l’argent de ce type. » Les deux hommes se qualifièrent alors plusieurs fois et réciproquement de pères minables.
A un autre moment, Chandler affirme être sur le point d’agir contre Jackson. « Tout est prêt« , confiera-t-il à Schwartz. « Il y a des gens qui n’attendent que mon coup de fil. Je les ai payés pour ça. Tout va se dérouler selon un plan qui n’est pas entièrement le mien. Mais dès que j’aurai téléphoné, mon gars (probablement son avocat Barry K. Rothman) va se mettre à tirer sur tout qui bouge et les détruire de la manière la plus cruelle, la plus dure possible. je lui ai donné plein pouvoir pour cela. » Chandler annonce ensuite que tout débutera dans six semaines: « Si j’y arrive, ce sera le jack pot. Il n’y a aucune raison que cela foire. J’ai tout vérifié. J’aurai tout ce que je veux et les autres seront détruis pour toujours. June perdra ‘la garde de l’enfant)… et la carrière de Michael sera foutue. »
« Mais ton fils dans tout ça ? » demanda Schwartz.
« Ça m’est égal« , répondit Chandler. « Ca va être énorme. Ca va s’écrouler sur tout le monde et les détruire. Je vais les massacrer si je n’obtiens pas ce que je veux. » Au lieu d’aller directement à la police, ce que toute personne sensée ferait si elle suspectait un abus sexuel à l’encontre d’un enfant, Chandler s’était en effet adressé à un avocat. Et pas n’importe lequel. Barry Rothman !
« J’ai trouvé un avocat. C’est le plus beau salaud que je connaisse« , affirme encore Chandler dans cette même conversation. « Tout ce qu’il veut c’est rendre la chose publique au plus vite, la monter en épingle et humilier le plus de gens possible. Il est méchant, implacapble, très malin et il cherche la publicité à tout prix »
(Barry Rothman nous a fait savoir par l’intermédiaire de Wylie Altken, un autre avocat, qu’il refusait de se laisser interviewer. Mais ce dernier a quand même accepté de répondre à quelques questions sur l’affaire Jackson, dans la mesure où celles-ci ne concernaient ni Chandler ni son fils). Un de ses anciens colègues, connaissant bien Barry Rothman puisqu’il travailla sur l’affaire Jackson et tint même un journal mentionnant les conversations entre le père et l’avocat, pense que ce dernier a très bien pu « monter cela de toute pièces. C’est dans son caractère« . Les informations recueillies auprès d’anciens clients, associés et employés révèlent également un tissu de manipulations et de tromperies.
Dans sa jeunesse, Barry Rothman fut l’avocat qui négocia les contrats et les concerts de Little Richard, des Rolling Stones, des Who et de bien d’autres. De nombreux disques d’or ou de platine accrochés aux murs de son bureau commémorent cet âge d’or. Avec sa barbe grise et son bronzage soigneusement entretenu à coup d’U.V, c’est, selon un de ses anciens employés, un « démon au caractère effroyable« . Son bien le plus précieux est une Rolls Rpyce Corniche immatriculée « BKR 1 ». En toute simplicité. Bien souvent les chèques étaient sans provision. Durant toutes ces années, Barry Rothman s’est créé tant d’ennemis que son ex-femme se demandait récemment « comment il se faisait que personne ne l’ait encore descendu« . Barry Rothman a la réputation de terroriser les gens. « C’est un tapeur professionnel qui ne règle pratiquement jamais ses dettes« , concluait l’enquêteur Ed Marcus en fournissant la liste d’une trentaine de ses créanciers dans un rapport à la cour supérieure de Los Angeles. A ce jour, Barry Rothman a été l’objet d’une vingtaine d’actions judiciaires, de nombreuses plaintes déposées par la Labor Commission et de sanctions disciplinaires prises à son encontre par le conseil de l’Ordre en Californie à la suite de trois incidents majeurs. En 1992, il a été suspendu pour un an, mais cette sanction a ensuite été transformée en une période de probation.
En 1987, Rothman devait 16 800 dollars de pension alimentaire. Selon l’avocat de son ex-femme, Joanne Ward, celle-ci l’ayant menacé de saisir ses biens, l’avocat promit d’honorer ses dettes. Un an plus tard, Rothman n’ayant toujours pas versé le moindre centime, Joanne essaya de faire saisir sa somptueuse demeure. Mais à sa grande surprise, elle découvrit qu’elle ne lui appartenait plus depuis trois ans, date à laquelle il l’avait hypothéquée au profit de la Tinoa Operations Inc, une société écran panaméenne. En effet, Rothman prétendait acoir été agressé et dépouillé d’une somme de 200 000 dollars appartenant à cette entreprise et, pour rembourser, il n’avait ey selon lui d’autre moyen que de céder la propriété de sa demeure. Bien que soupçonnant un supercherie, Joanne et son avocat ne purent jamais en faire la preuve et ils ne réussirent à obtenir un début de paiement qu’après avoir menacé de saisir sa Rolls. Les documents en possession de la Cour Supérieure de Justice de Los Angeles confirment ces soupçons. Ils démontrent en effet que Rothman a créé un réseau de sociétés écrans pour dissimuler ses possessions et en particulier sa maison ainsi que la plus grande partie des 531 000 dollars de bénéfices de sa prétendue vente de 1989. Ces sociétés panaméennes comme la Tinoa, convergent toutes vers Rothman qui s’est arrangé pour ne pas figurer sur la liste du personnel, mais qui lui accordent en tant qu’avocat un pouvoir inconditionnel, le laissant seul maître de toutes les transactions financières.
Ses employés ne sont pas mieux lotis que son ex-femme. D’anciens collaborateurs racontent qu’ils devaient le supplier pour toucher leur salaire. Souvent les chèques reçus s’avéraient sans provision Ainsi Barry Rothman n’a jamais pu conserver aucune secrétaire tant il les abaissait et les humiliait. Pour les intérimaires, c’était encore pire. Il les faisait travailler une quinzaine de jours puis les harcelait en les traitant d’idiotes, prenant ainsi prétexte pour se plaindre et refuser de payer leur agence. Certaines boites d’intérim comprenant la combine résolurent alors de le faire payer d’avance. Ses ennuis avec l’Ordre survinrent à la suite d’un conflit d’intérêt. Un an plus tôt, Rothman avait été dessaisi d’une affaire par une cliente. Muriel Metcalf, qu’il devait représenter dans une procédure d’obtention de garde d’enfant et de pension, et qui l’accusait d’avoir sérieusement alourdi sa facture. Quatre mois après avoir été remercié, Rothman, sans la prévenir, devint l’avocat-conseil de la firme de son ex-compagnon, l’étrange Bob Brutzman. Ce cas nous intéresse pour une bonne raison. En effet, alors que Rothman était encore l’avocat de Muriel Metcalf, celle-ci avait accusé son ex-mari de molester sexuellement leur enfant (ce que Brutzman niait). Ceci n’empêcha pas Rothman de travailler finalement pour lui, et c’est ce choix pour le moins bizarre qui lui valut sa suspension.
En 1992, Rothman fut assigné en justice par un de ses nombreux créanciers. Pour son bureau de Sunset Boulevard, il devait en effet 53 000 dollars de loyers impayés à une agence immobilière, la Fold Management. Barry Rothman se défendit en prétextant que la sécurité de l’immeuble était défectueuse puisque des cambrioleurs avaient dérobé une nuit pour près de sept mille dollars d’équipement dans son bureau. L’avocat de Fold se tournant vers la cour déclara: « Ce monsieur n’est pas une personne que l’on peut croire sur parole« . En novembre 1992, la société de Rotman mise en faillite, laissa apparaître un passif de 880 000 dollars réparti entre treize créanciers dont la Fold Management. Par ailleurs le bilan montrait que la société ne possédait aucun actif reconnu. En examinant les comptes de près, un ancien client que Rothman poursuivait pour 400 000 dollars de frais de justice, découvrit que ce dernier avait omis de déclarer un revenu de 133 000 dollars. Il menaça alors de dénoncer l’avocat pour fraude envers ses créanciers – un crime aux yeux de la loi – s’il n’arrêtait pas instantanément ses poursuites. Acculé, Rothman abandonna l’affaire sur l’heure. Six mois avant cette faillite, Rothman avait transféré le titre de propriété de sa Rolls Royce à la Majo, une compagnie fictive dont il exerçait le contrôle. De même, trois ans auparavant, il avait prétendu que sa voiture appartenait à une autre firme, la Longridge Estates, une filiale de la Tinoa. Sur les documents remplis par Rothman, les adresses de la Longridge et de la Tinoa sont identiques. mais après vérification, le 1554 Cahuenga Boulevard n’abrite qu’un restaurant chinois d’Hollywood!
C’est avec cet homme qu’Evan Chandler conçut en juin 1993 les faleux « plans » mentionnés dans sa conversation enregistrée avec Dave Schwartz. Lorsque Chandler avait prévenu sa femme de ses soupçons, celle-ci, selon Freeman, son ancien avocat, lui aurait répondu: « Tout ça n’est que de la pure invention. » Auparavant la mère venait d’annoncer à son ex-mari son intention de retirer leur fils de l’école pour lui permettre de suivre Michael dans sa tournée mondiale « Dangerous ». Chandler s’était alors mis en colère, la menaçant de rendre publique les preuves qu’ils prétendait détenir contre le chanteur. « Quel père sensé voudrait ainsi jeter son propre fils en pâture au public ? » se demande Freeman. « Dans un pareil cas, on cherche avant tout à protéger l’enfant, non ? »
Michael Jackson avait aussitôt demandé à son défenseur de l’époque, Bert Fields, d’intervenir. Cet avocat, un des plus importants du show business, le représentait depuis 1990 et avait, entre autres, négocié son contrat avec Sony, un des plus gros de toute l’histoire du spectacle puisqu’il prévoyait des possibilités de gains pouvant monter jusqu’à 700 millions de dollars. Pour démêler cette affaire, Fields engagea Anthony Pellicano, un enquêteur d’origine sicilienne, un homme connu pour sa droiture et son intransigeance.
Le 9 Juillet 1993, Dave et June Schwartz firent entendre la conversation enregistrée. « En moins de dix minutes d’écoute, j’ai été persuadé qu’il s’agissait d’une extorsion de fonds« , assure Pellicano. Le jour même il se rendit à la résidence de Michael Jackson où se trouvaient précisément le petit garçon et sa demi-soeur. En l’absence de Jackson, Pellicano interrogea l’adolescent de manière très précise: « Michael t’a-t-il déjà touché ? L’as-tu déjà vu nu au lit ? » Les réponses à toutes ces questions furent négatives et, à plusieurs reprises, l’adolescent nia qu’il se soit jamais passé quelque chose de mal entre eux. Mais le 11 juillet, après que Jackson eut refusé de les recevoir, Evan Chandler et Barry Rothman, qui avaient besoin du témoignage de l’enfant, mirent en place la suite de leur plan. A l’occasion de la remise des prix de fin d’année, Chandler demanda à son ex-femme l’autorisation de prendre leur fils pour un séjour d’une quinzaine de jours chez lui. Comme Bert Fields l’attesta sous serment devant la cour, June Chandler n’y consentit qu’à la condition que son fils revienne chez elle à l’issue de ce laps de temps. Mais elle ignorait encore que la parole de Rothman ne valait pas un clou et que le père refuserait de rendre l’enfant.
Wylie Altken, l’avocat de Barry Rothman, est catégorique: « Quand ce dernier a donné sa parole, son intention était bien de rendre l’enfant. Mais lorsque Barry Rothman a appris que le garçon devait quitter le pays pour accompagner la tournée de Michael, je pense qu’il n’avait pas le choix. » La chronologie indique pourtant que le jour de cette distribution de prix, Chandler était parfaitement au courant de ce départ. La conversation enregistrée début juiller, avant que Chandler n’obtienne la garde de son fils, indique clairement que ni lui, ni Rothman, n’avaient l’intention de tenir parole. « Ils (la mère et le fils)ne savent rien encore. mais ils n’iront nulle part« , affirmait-il. Le 12 juillet, le lendemain du jour où Chandler accueillit son fils, celui-ci fit signer à son ex-femme un document préparé par Rothman par lequel elle s’engageait à ne pas laisser l’enfant quitter la région de Los Angeles et donc à ne pas suivre Michael en tournée. Plus tard, devant la cour, la mère précisa sous serment qu’elle avait signé car Chandler la menaçait de ne pas lui rendre l’enfant. Une âpre bataille pour obtenir le droit de garde s’ensuivit alors, rendant encore plus fumeuses toutes les charges dont Chandler accusait Michael Jackson. Fianlement en août, le garçon habitait toujours chez son père et c’est à ce moment-là, isolé de ses amis, de sa mère et de son beau-père et contrôlé uniquement par Chandler que ses accusations prirent forme.
Au même moment, Rothman qui cherchait l’opinion d’un expert pour étayer ses accusations contre le chanteur, entra en contact avec le Dr. Mathis Abrams, un psychiatre de Beverly Hills. Au téléphone, Rothman lui présenta une situation hypothétique. En réponse et sans avoir rencontré ni l’enfant, ni Chandler, le docteur Abrams envoya une lettre de deux pages dans laquelle il concluait: « On peut raisonnablement soupçonner une possibilité d’abus sexuel« , ajoutant – c’est capital – que s’il s’agissait d’un cas réel et non hypothétique, son devoir serait de le signaler au Los Angeles County Department of Children’s Service (DCS). Le 27 juillet, l’ancien collègue de Rothman indique clairement dans son journal que ce dernier guide Evan Chandler pour accomplir son plan. « Barry Rothman rédige une lettre pour Chandler en lui expliquant comment dénoncer un abus sexuel à l’encontre d’un enfant sans engager la responsabilité des parents« , lit-on à la page du jour.
A cette date, on n’a encore enregistré ni demande ni accusation formelle. Seuls des propos voilés ont été proférés au cours de la bataille autour de la garde de l’enfant. Cependant, le 4 août 1993, les choses se précipitent. Evan Chandler et son fils rencontrent Michael Jackson ainsi que le détective Pellicano dans une suite du Westwood Marquis Hotel. Selon Pellicano, Chandler commence en donnant une accolade affectueuse à Michael Jackson (un geste en contradiction avec des accusations de sévices sexuels infligés à son fils) puis, sortant de sa poche la lettre du docteur Abrams, il lui en lit un extrait. Lorsque Chandler arrive au passage concernant l’abus sexuel, le garçon regarde le chanteur avec une expression de surprise comme pour dire « je n’ai jamais prétendu cela« . Puis à la fin de la réunion, Chandler pointe le doigt sur Michael en lui déclarant: « Je vais te ruiner« . Le soir même, dans le bureau de Rothman, Chandler et l’avocat rédigent leur demande: 20 millions de dollars.
Le 13 août, Pellicano revient avec une contre proposition: l’achat d’un scénario pour 350 000 dollars. Pellicano nous assure que cette offre fut proposée pour résoudre le problème de la garde de l’enfant et donner à Chandler une possibilité de passer plus de temps avec son fils en travaillant ensemble à un script. Mais Chandler rejette l’offre et Rothman rédige illico une nouvelle demande: trois scénarios ou rien. Cette proposition est refusée à son tour. Dans son journal, le collègue de Rothman raconte la déception de Chandler à la date du 24 août: « Je suis passé à un poil de toucher 20 millions de dollars« , aurait-il confié à Rothman. Jusque-là Evan Chandler était le seul accusateur de Michael Jackson puisque l’adolescent n’avait jamais incriminé le chanteur d’aucune manière. Mais bientôt tout bascula dans le cabinet de dentiste de son père…
Evan Chandler et Mark Torbiner, un anesthésiste dentaire, administrèrent au garçon du sodium Amytal, une drogue controversée que certains croient, à tort, être un sérum de vérité. c’est après cette séance que le garçon formula ses premières accusations contre le chanteur. Lorsqu’un reporter de KCBS-TV de Los Angeles a révélé le 3 mai de cette année que Chandler avait utilisé cette drogue sur son fils, le dentiste s’est contenté d’affirmer que c’était pour lui retirer une dent et que, sous l’influence de cette drogue, l’enfant s’était mis spontanément à accuser Michael Jackson. Questionné sur l’utilisation de cette drogue, Tobiner confirme: « Si je l’ai employée, c’est à des fins strictement médicales. »
Or, d’après ce que l’on connaît du sodium Amytal, et à la lueur d’une récente affaire grave, les accusations de l’enfant, selon plusieurs experts médicaux, doivent être considérées comme douteuses, si ce n’est tout à fait contestables. « C’est un médicament utilisé en psychiatrie mais dont les effets sont incertains« , fait remarquer le Dr. Resnick, psychiatre à Cleveland. « Les personnes qui en prennent deviennent très influençables. On peut dire d’énormes mensonges sous sodium Amytal. » Il s’agit en fait d’un barbiturique, une forte drogue qui, injectée en intraveineuse, plonge les patients dans une sorte de torpeur hypnotique. Utilisé à l’origine pour traiter des cas d’amnésie, l’Amytal fut employé durant la deuxième guerre mondiale pour soigner les soldats traumatisés par les horreurs de la guerre et plongés dans des états catatoniques. Des études scientifiques conduites en 1952, ont démontré que ce médicament n’est pas un sérum de vérité et qu’il comporte des risques puisque de faux souvenirs peuvent être implantés sous son influence. « Le sodium Amytal permet d’insuffler une idée par le biais de simples questions« , confirme le Dr Resnick. Mais parfois les effets de cette drogue sont encore pernicieux. « L’idée peut s’implanter définitivement dans la mémoire. Des études ont montré que, même confrontés à la réalité, les patients continuent à jurer sous serment qu’ils déclarent la vérité« , ajoute Resnick
La fiabilité de cette drogue a récemment suscité un important débat lors d’un procès plaidé dans le Napa County, en Californie. Après avoir suivi de nombreuses séances de thérapie dont au moins une sous sodium Amytal, Holly Ramona, une jeune femme de vingt ans, accusait son père d’avoir abusé d’elle lorsqu’elle était enfant. Niant avec véhémence, le père, à son tour, poursuivait la thérapeute et les psychiatres qui avaient prescrit le médicament. Persuadés que les médecins avaient pu induire de faux souvenirs à la jeune fille, les jurés, en mai dernier, se sont rangés à l’opinion du père qui fut ainsi le premier à gagner un procès contre la « mémoire truquée », ce phénomène qui a suscité des milliers d’accusations pour outrages sexuels au cours des dix dernières années. L’utilisation de cette drogue pour une extraction dentaire, telle que l’a soutenue Chandler, semble pour le moins douteuse. « Il s’agit d’un médicament utilisé en psychiatrie« , affirme le Dr. Kenneth Gottlieb, un psychiatre de San Francisco qui la réserve à ses patients amnésiques. Le Dr. John Yagiela, coordinateur de l’Anesthesia and Pain Control Department de l’école UCLA de dentisterie ajoute: « C’est inusité d’utiliser le sodium Amytal dans notre métier. cela paraît même insensé lorsque tant d’alternatives plus sûres sont à disposition du dentiste. Personnellement je m’en abstiendrai. »
A cause des effets secondaires potentiels, certains docteurs ne l’administrent que dans le cadre hospitalier. « Je n’utiliserai jamais une drogue qui produit des effets sur l’inconscient du patient, alors qu’il existe tant d’autres produits inoffensifs« , poursuit le Dr. Gottlieb. « En tout cas, vu le risque de réaction allergique, je ne l’emploierai surtout pas en dehors d’un centre de réanimation ou de la présence d’un médecin anesthésiste. » Evan Chandler n’a pas suivi ces conseils puisqu’il a utilisé le produit à son cabinet sous la seule surveillance d’un anesthésiste dentaire. (Soulignons que c’est ce même Mark Torbiner qui présenta Barry Rothman à Chandler en 1991). La méthode de Torbiner semble fructueuse. « Il se ventait de faire entrer 40 000 dollars par mois pour moins de 100 dollars de frais« , raconte Nylla Jones, une des anciennes clientes. En effet Torbiner n’a pas de cabinet en propre, mais préfère intervenir directement auprès de ses collègues. Par ailleurs, nous avons appris que la US Drug Enforcement Administration a lancé une enquête sur un autre aspect de son travail. Torbiner multiplie en effet les visites à domicile pour administrer des médicaments, comme la morphine et du demerol, non seulement après des interventions dentaires mais aussi à des patients qui souffrent pour toutes autres raisons. Il se présente au domicile de ses clients – parfois célèbres – avec une trousse complète de seringues et de drogues, et leur réclame 350 dollars pour une visite de dix à vingt minutes.
Selon Nylla Jones, lorsque la durée de la visite est incertaine et que le client peut sombrer dans l’inconscience, Torbiner exige un chèque en blanc pour le remplir lui même. Voilà pour le moins d’étranges pratiques ! Mais Torbiner n’a pas toujours eu de succès. Accusé de mensonge en 1989, il a dû démissionner et l’UCLA où il professait comme assistant à l’école de dentisterie. D’autre part, le Board of Dental Examiners autorise Torbiner à n’administrer des drogues que dans le cadre d’interventions dentaires. Mais il est clair qu’il ne se limite pas à cela. En fait, à huit reprises, Torbiner a pratiqué une anesthésie générale sur Barry Rothman au cours de transplants capillaires. En temps normal une simple anesthésie locale suffit, mais le Dr. James De Yarman, le praticien de San Diego qui réalisa ces implants, a confirmé cette pratique: « Barry a tellement peur de souffrir qu’il préfère être complètement endormi. » De Yarman ajoute qu’il était totalement « ahuri » d’apprendre que Torbiner était seulement dentiste alors qu’il le croyait anesthésiste. Nylla Jones, quant à elle, témoigne que Torbiner est venu à son domicile lui injecter du demerol à la suite d’une opération de l’appendicite.
Le 8 août, trois jours après que Chandler et Rothman aient rejeté l’offre de 350 000 dollars pour un scénario, la situation se durcit. A la demande de June, Michael Freeman signifia à Barry Rothman qu’il déposerait dès le lendemain matin une plainte pour forcer Chandler à rendre l’enfant. Mais, réagissant immédiatement, Chandler conduisit son fils chez le psychiatre Mathis Abrams où, au cours d’une séance de trois heures, le garçon affirma que Jackson avait eu une relation sexuelle avec lui. Il parla de masturbation, d’embrassades, d’attouchement des bouts de seins et de fellation. En revanche, il ne fit pas mention de pénétration ce qui aurait pu être vérifié par un examen médical. L’étape suivante était inévitable. Le docteur Abrams, que la loi oblige de rapporter de telles accusations à la police, contacta une assistante sociale du Department of Children’s Service qui à son tour appela la police. La véritable enquête sur Michael Jackson allait commencer…
Cinq jours plus tard, les médias eurent vent de cet examen. Le dimanche 22 au matin, Don Ray, un reporter free-lance de Burbank fut reveillé par la sonnerie de son téléphone. Un de ses informateurs lui indiquait qu’une perquisition du ranch et de l’appartement de Michael Jackson allait avoir lieu prochainement. Ray vendit le scoop à la KNBC-TV de Los Angeles qui annonça la nouvelle dès quatre heures le lendemain. Après cela, Ray « regarda l’histoire se mettre en branle comme un train qui s’élance sur ses rails« . En moins de vingt quatre heures, Michael Jackson faisait la « une » des soixante treize programmes d’informations télé de la région de Los Angeles ainsi que de tous les quotidiens britanniques. L’histoire devenait la source d’un déluge de rumeurs sans fondement. Les accusations portées contre le chanteur ne furent connues que le 25 août, lorsqu’un employé du DCS fournit illégalement une copie du rapport sur l’abus sexuel à Diane Dimond de Hard Copy. Dans l’heure suivante le bureau de Los Angeles d’une agence de news britanniques obtint le rapport et commença à en vendre la copie à tous les reporters contre 750 dollars. Le lendemain, le monde entier prenait connaissance de tous les détails. « Alors qu’ils étaient au lit côte à côte, Monsieur Jackson glissa sa main sous le short du jeune garçon« , avait écrit l’assistante sociale.A partir de cette seule phrase, les médias purent s’en donner à cœur joie.
Le reporter Conan Nolan de KNBC se souvient: « la compétition entre les différents organes de presse devint si rude qu’aucune allégation ne fut plus vérifiée. C’est vraiment dommage. » Le National Enquirer plaça vingt reporters sur l’histoire. Une équipe frappa à plus de cinq cents portes dans Brentwood pour essayer de localiser Evan Chandler et son fils. En utilisant le registre du cadastre, ils finirent par le coincer au volant de sa Mercedes noire. « Ce n’était pas son jour de chance, mais c’était le mien« , constate Andy O’Brien le photographe du magazine à scandale. Puis vinrent les accusateurs: d’anciens employés de Michael Jackson. D’abord Stella et Philippe Lemarque, deux anciens domestiques, qui essayèrent de vendre leur histoire aux feuilles à scandale avec l’aide de Paul Barresi, une ancienne vedette du porno. Au début, ils demandaient un demi-million de dollars, mais ils finirent par céder leur interview au journal anglais The Globe pour 15 000 dollars. Puis les Quindoys, un couple de Philippins qui avait travaillé à Neverland, suivirent. Pour 100 000 dollars, ils affirmèrent que « la main du chanteur était en dehors du pantalon de l’enfant« . Puis, pour 500 000, la main glissa à l’intérieur. Ultérieurement, le district attorney de Los Angeles rejeta formellement le témoignage des deux couples.
Puis vint le tour des gardes du corps. Jouant la journaliste pure et dure, Diane Dimond de Hard Copy, affirmait au début de novembre: « Notre programme a les mains propres. Nous n’avons pas payé un sou pour ces informations. » Cependant, deux semaines plus tard, une indiscrétion révéla que Hard Copy négociait pour son show avec les cinq gardes du corps une somme de 100 000 dollars. Ceux-ci envisageaient en outre de réclamer 10 millions de dollars au chanteur pour licenciement abusif. Le 1er décembre, le contrat étant signé, deux des gardes du corps apparurent dans l’émission. Selon Diane Dimond, ils avaient été virés parce qu’ils savaient trop de choses sur les relations entre Michael et le jeune garçon. En réalité, dans leur déposition devant la justice, trois mois plus tard, il apparut clairement qu’ils n’avaient jamais rien constaté d’anormal.
-« Finalement vous ne savez rien de Monsieur Jackson et de l’enfant ? » demanda un des avocats à Morris Williams, l’ancien garde du corps qui venait de prêter serment.
– « Tout ce que je sais, je l’ai appris par les témoignages des autres« .
– « Mis à part ces témoignages, vous n’avez aucune information de première main sur ce garçon et Monsieur Jackson ? »
– « C’est exact. »
– « Avez-vous déjà parlé à un enfant qui se serait plaint de Monsieur Jackson ? »
– « Non, jamais. »
A l’avocat qui lui demanda alors d’où il tenait ses impressions, Williams répondit: « De ce que j’ai entendu dans les médias et de ce que j’ai vu. »
– « Précisément. Qu’avez-vous vu ? »
– « Rien. »
Il y eut ensuite une femme de chambre. le 15 décembre, Hard Copy présenta une émission intitulée « Le pénible secret de la femme de chambre ». Blanca Francia raconta à Diane Dimond et à d’autres reporters qu’elle avait vu le chanteur se doucher et se baigner entièrement nu en compagnie de jeunes garçons. Elle ajouta même qu’elle avait vu son propre fils dans des positions compromettantes avec Michael Jackson, un témoignage qu’apparemment la justice n’a pas retenu.
Plus tard, la déposition sous serment de Francia révéla que Hard Copy avait payé 20 000 dollars pour obtenir ces prétendues révélations sur lesquelles elle revint entièrement puisqu’elle avoua n’avoir jamais vu Jackson dans sa douche. Et quand au jacuzzi, elle confirma qu’ils s’y baignaient toujours en maillot de bain. « Une telle relation des faits« , constate Michael levine, un des attachés de presse du chanteur, « révèle un système d’exploitation sordide. Dans cette affaire, Hard Copy a agi de manière écoeurante. Ils ont traité cet homme d’une façon scandaleuse. Même si on n’a jamais acheté un seul disque de Michael on doit se sentir concerné. La société ne tient que sur quelques piliers. L’un d’eux est la vérité. Quand on néglige cela, on glisse sur une pente savonneuse« .
Toute cette affaire qui a mobilisé plus de douze inspecteurs à partir d’octobre 1993 sur la région de Santa Barbara et de Los Angeles, ne repose en fait que sur les présomptions du psychiatre Mathis Abrams, un praticien peu spécialiste de ce genre de problèmes. Le rapport de la DCS note: « Le docteur Abrams a le sentiment que l’enfant dit la vérité. Dans ce domaine déclicat où les enfants fournissent souvent de fausses déclarations, les policiers et la justice s’appuient beaucoup sur les témoignages des psychiatres, des thérapeutes et des assistantes sociales. » Lors de la perquisition à son domicile en août, la police saisit le carnet d’adresse de Michael Jackson et questionna près de trente enfants ainsi que leurs familles. Certains, comme Brett Barnes et Wade Robson, racontèrent qu’ils avaient partagé le même lit, mais tous affirmèrent que Michael Jackson n’avait jamais eu le moindre geste déplacé. « Les faits étaient tous en notre faveur » affirme un des avocats de Michael Jackson. « La partie adverse n’avait pour elle que sa grande gueule« .
Malgré le manque de preuves pour étayer la présomption de culpabilité de Michael Jackson, la police s’acharna. Deux officiers s’envolèrent pour les Philippines afin de vérifier l’histoire de « main dans le pantalon » des Quindoyz. mais ils revinrent bredouilles. les enquêteurs employèrent des techniques pour le moins agressives, usant parfois de mensonges pour pousser les enfants à témoigner contre Michael Jackson. Selon Bert Fields, des inspecteurs firent croire à plusieurs parents que leurs enfants avaient été abusés, alors que ceux-ci affirmaient le contraire. Dans une lettre adressée au chef de la police de Los Angeles, Fields se plaint que « la police ait effrayé de jeunes enfants avec des mensonges ignobles, comme « nous avons des photos de vous tout nu », alors que de tels clichés n’existaient pas« . Selon l’avocat Michael Freeman, un autre inspecteur est allé encore plus loin. Il s’agit du nommé Federico Sicard qui, pour mieux soutirer des aveux, prétendit aux enfants avoir été lui-même violé lorsqu’il était jeune. Interrogé par nos soins, Sicard n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Depuis le début de l’affaire, June rejetait les accusations de son ex-mari. mais à la fin du mois d’août 1993, elle craqua lors d’une entrevue avec la police, lorsque les inspecteurs Sicard et Rosibel Fernifino lui affirmèrent qu’ils étaient convaincus que Michael Jackson avait abusé de l’enfant, car il avait le « profil parfait du pédophile ». « Il n’existe aucun profil classique de cette sorte. c’est une erreur stupide et sans fondement« , dément le Dr. Ralph Underwager, psychiatre à Minneapolis, spécialiste des pédophiles et de leurs victimes depuis 1953. « Jackson s’est retrouvé dans le collimateur à causes de billevesées comme celle-là et du climat hystérique qui a entouré cette affaire« . En vérité, une étude de l’US Department ealth and Human Service a montré que de nombreuses accusations d’enfants – très exactement 48% en 1990 – s’avéraient non fondées.
« C’est couru que quelqu’un comme Jackson devienne une victime« , déclare Philip Resnick. « Il est riche et bizarre. Il fréquente des enfants et il y a une sorte de fragilité en lui. Tout était en place pour cette sorte d’accusation. » A l’automne 1993, les prémices d’un futur compromis étaient déjà en place alors que la police enquêtait encore. Car dans les coulisses une terrible bataille s’engageait entre avocats pour savoir qui contrôlerait l’affaire. Pendant ce temps, June et Dave Schwartz s’étaient unis à Evan Chandler contre Michael Jackson. Selon plusieurs sources, la mère du garçon avait peur des représailles de son ex-mari et de Barry Rothman si elle ne se rangeait pas à leur coté, craignant qu’ils ne l’accusent de négligence pour avoir laissé coucher son fils chez le chanteur. Dégouté, son avocat, Michael Freeman donna sa démission, expliquant plus tard: « Toute cette histoire est un vrai sac de nœuds. Je ne me sens pas à l’aise avec Chandler. C’est un faux jeton. »
Des deux cotés, pendant des mois, des avocats furent engagés pour se battre à couteaux tirés. A la fin du mois d’août, Barry Rothman cessa d’être l’avocat d’Evan Chandler lorsque le camp Jackson porta plainte pour tentative d’extorsion de fonds. Les deux hommes confièrent alors leur défense à des avocats spécialisés hors de prix. (Barry Rothman, par exemple, engagea Robert Shapiro qui est à présent défenseur d’O.J. Simpson). Toujours selon le journal de son ancien collègue, le 26 août, avant que l’accusation d’extorsion de fonds ne soit proférée, on entendit Chandler dire: « C’est moi qui suis dans le collimateur et qui risque de me retrouver en prison. » Pourtant l’enquête resta superficielle, la police n’ayant jamais pris cette accusation au sérieux. On aurait du cependant être plus exigeant. Comme pour Michael Jackson, on aurait pu faire fouiller les domiciles de Barry Rothman et d’Evan Chandler. Et lorsque les deux hommes refusèrent, par l’intermédiaire de leurs avocats, de répondre aux interrogations de la police, on aurait pu réunir une chambre d’accusation.
A la mi-septembre, Larry Feldman, un avocat civil et ancien directeur du Los Angeles Trial Lawyers Association, se cahrgea de défendre les fils de Chandler. Il prit immédiatement le contrôle de la situation et déposa une plainte contre Michael Jackson en réclamant 30 millions de dollars. Et ce fut le début de la fin.
Aussitôt que la nouvelle fut connue, une horde de loups se précipita à sa porte. Selon un des avocats de Michael Jackson, « Feldman reçut des douzaines de lettres de gens qui prétendaient tous avoir été molestés par Michael Jackson. Il se livra à une multitude d’enquêtes mais il ne récolta pas un seul fait authentique« . Comme les charges criminelles contre Michael Jackson semblaient se préciser, Bert Fields appela à la rescousse Howard Weitzman, un célèbre avocat criminel connu pour ses clients prestigieux (C’est lui qui gagna le procès de Joan DeLorean mais qui perdit celui de Kim Bassinger dans l’affaire Boxing Helena. En juin dernier il fut également brièvement l’avocat d’O.J. Simpson). Beaucoup prédisaient des problèmes entre les deux grands ténors du barreau, car il ne semblait pas y avoir de place pour deux légendes pareilles habituées à mener seules leur barque.
« Du jour ou Weitzman entra dans l’équipe, il ne parla que d’arrangement« , assure Bonnie Ezkenazi, un des avocats de la défense. Fiels et Pellicano, toujours en charge de la défense, avaient, quant à eux, adopté une stratégie agressive. Ils croyaient fermement à l’innocence de Jackson et souhaitaient en découdre. Pellicano avait commencé à rassembler de nombreuses preuves pour le procès qui devait avoir lieu le 21 mars 1994. « Nos adversaires étaient faibles, Michael voulait se battre et aller jusqu’au procès. Nous sentions que nous pouvions gagner. »
Les dissensions dans le camp de Jackson s’accélérèrent le 12 novembre, après que l’attaché de presse de Michael ait annoncé dans une conférence de presse que le chanteur annulait le reste de sa tournée mondiale pour subir une cure de désintoxication aux calmants. Fields expliqua aux reporters que Jackson « n’était plus à même de fonctionner intellectuellement« . Mais l’autre camp regretta qu’on décrive le chanteur comme incompétent. « Il importait de dire la vérité« , pense Fields. « Larry Feldman et la presse prétendirent que Michael essayait de se cacher et que tout ça était du baratin. Mais ce n’était pas le cas. » Le 23 novembre, la friction fut à son apogée. En se basant sur des informations qu’ils disait tenir de Howard Weitzman, Fileds annonça à une assemblée de journalistes qu’une inculpation criminelle contre Michael Jackson était imminente. En procédant à une telle annonce, il essayait de retarder le dépôt d’une plainte civile par les avocats du jeune garçon. Lorsqu’on interrogea Weitzman pour savoir pourquoi Fields avait fait une telle déclaration, celui-ci répondit en gros: « Parce qu’il ne sait pas ce qu’il dit. » Fields rendu fou de rage par ce commentaire réorqua: « C’est un outrage, je suis furieux contre Howard. » la semaine suivante Fields démissionnait.
« il y avait quantité de gens qui voulaient tous des choses différentes. on n’arrivait jamais à prendre une décison« , affirma Fields. « C’était un cauchemar dont je voulais me réveiller. » Pellicano qui avait reçu sa part de critiques pour son attitude agressive, quitta son poste au même moment. Fields et Pellicano partis, Weitzman fit appel à Johnnie Cochran Jr, un avocat civil bien connu qui défend à présent O.J. Simpson. Et John Branca, que Fields avait remplacé comme conseiller général en 1990, reprit sa place. Fin 1993, alors que les deux district attorneys de Santa Barbara et de Los Angeles convoquaient des chambres d’accusation pour décider ou non de retenir des charges criminelles contre Michael Jackson, la stratégie de la défense changea et, bien que la nouvelle équipe soit tout aussi convaincue de l’innocence de leur client, ils commencèrent à proposer des solutions d’arrangement.
Pourquoi le camp de Jackson décida-t-il de régler l’affaire sans avoir recours à la justice alors qu’ils proclamaient tous l’innocence de Michael et que les preuves contre lui étaient plus que douteuses ? Apparemment ses avocats jugèrent que de nombreux facteurs allaient à l’encontre d’une action civile. Parmi ceux-ci, il y avait la fragilité émotionnelle de Michael Jackson face à la pression des médias qui poursuivaient le chanteur jour après jour pendant une procédure pouvant durer plus de six mois. Des problèmes politiques et raciaux entraient également en ligne de compte, particulièrement à Los Angeles qui se remettait à peine de l’affaire Rodney King. De plus, les jurès de la région présentaient une mixité de races et, comme le faisait remarquer un des avocats: « On avait peur que les hispaniques en veuillent à Michael pour son argent, les noirs parce qu’il avait essayé de devenir blanc et les blancs d’avoir abusé d’un enfant. » Selon Resnick « L’hystérie allait si loin et le traumatisme était si fort, qu’il n’y avait plus moyen de se défendre contre ça. »
Les avocats de Jackson s’inquiétaient aussi de ce qui arriverait si un procès criminel suivait, particulièrement dans le comté de Santa Barbara, majoritairement peuplé de blancs, de conservateurs et de petits bourgeois. La défense avait beau retourner cela de toutes les façons, une action civile semblait trop risquée. Selon certaines sources, les avocats pensaient donc éviter le procès criminel par un arrangement tacite avec Chandler qui accepterait de ne pas laisser témoigner son fils. Certains prétendent que cette décision a découlé aussi d’un autre facteur – la réputation des avocats. « pouvez-vous imaginer ce qui arriverait à un avocat qui aurait perdu l’affaire Michael Jackson ? » observe Anthony Pellicano. « Il n’y avait pas de moyen pour les trois avocats de s’en sortir mieux que par une transaction. Le seul perdant était Michael lui-même. » Mais celui-ci, selon Branca « avait aussi changé d’idée en rentrant au pays. Il n’avait pas encore perçu depuis l’étranger l’incroyable couverture médiatique et l’hostilité qui s’en dégageait. Il eut envie d’en finir avec tout ça« .
Dans l’autre camp, les relations entre les membres de la famille devenaient acides. Pendant une réunion, au bureau de Larry Feldman, fin 1993, Chandler perdit les pédales et se jeta sur Schwartz. celui-ci s’étant séparé de June entre temps et se voyant écarté des décisions prises en ce qui concernait son beau-fils, reprochait à Chandler d’avoir pris le garçon et de ne pas le rendre. « Dave était comme fou. Il accusa Evan d’extorsion pure et simple. c’est alors que Chandler se leva et commença à le frapper« , nous révèle un témoin. Pour toute personne vivant à Los Angeles en janvier 1994, il n’y avait que deux sujets de discussion: le tremblement de terre et la transaction de Michael Jackson. Le 25 janvier, jackson accepta de payer au garçon une somme restée secrète. En échange, la veille, les avocats du chanteur avaient retiré leur plainte pour extorsion contre Evan Chandler et Barry Rothman.
Le montant de cet accord n’a jamais été révélé. Mais on avance la somme de 20 millions de dollars. Chandler et June auraient reçu chacun deux millions et leur conseil Feldman aurait perçu 25% de cet argent comme honoraire. Le reste aurait été bloqué pour l’enfant sous surveillance d’un tuteur judiciaire. « Souvenez-vous que tout cela a toujours été une affaire d’argent« , affirme Pellicano. « Chandler a eu ce qu’il voulait. Et comme ce dernier a conservé la garde de l’enfant, il pense qu’il aura ainsi facilement accès à l’argent de son fils à sa majorité. » A la fin du mois de mai 1994, Chandler a effectivement abandonné la dentisterie et fermé son cabinet de Beverly Hills, où les supporters de Michael ne cessaient de le harceler. Selon les termes de l’accord, Chandler ne peut écrire de livre sur l’affaire. Mais on prétend que son frère, Ray Charmatz, prendrait contact avec des éditeurs…
Un dernier épisode a eu lieu en août dernier lorsque les deux laissés pour compte, Barry Rothman et dave Schwartz, ont porté plainte contre Michael Jackson. Dave Schwartz maintient que le chanteur a brisé sa famille et Barry Rothman l’accuse ainsi que toute son équipe – Fields, Pellicano et Weitzman – de diffamation à cause de plainte pour extorsions de fonds. « Cette accusation est totalement sans fondement« , assure l’avocat de Rothman. « Monsieur Rothman a été ridiculisé, a subi une enquête criminelle et une forte perte de clientèle. » Quant à Michael Jackson, « il continue à vivre » comme le déclare son attaché de presse Michael Levine. Récemment marié, le chanteur vient d’enregistrer trois nouvelles chansons pour son dernier album et de terminer « History », une nouvelle vidéo.
En conclusion, qu’est-il sorti de l’énorme enquête réalisée sur la star ? Après que des millions de dollars aient été dépensés par la police et la justice et que les deux chambres d’accusation aient questionné (jusqu’en Australie!) près de deux cents témoins, dont trente enfants connaissant intimement le chanteur, pas un seul témoignage ne peut être trouvé pour corroborer la seule accusation provenant d’un garçon qui avait absorbé une drogue hypnotique pouvant servir de manoeuvres de suggestion. « Ce cas est douteux« , explique le Dr. Undrwager. « Précisément parce qu’il semble n’y avoir qu’une seule victime. Les vrais pédophiles font en général une moyenne de 240 victimes dans leur vie. C’est un désordre qui s’aggrave avec le temps. Ils ne sont jamais satisfaits. »
On peut penser qu’un procès aurait lavé Michael de tous soupçons, alors qu’à présent l’opinion publique spécule sans restriction et que son excentricité permet de présumer le pire. Il est possible et vraisemblable que Michael n’ait commis aucun crime. Il n’est sans doute que ce qu’il prétend être : Le protecteur des enfants.