Quelques jours avant ce rendez-vous Michael Jackson s’est cassé le pied droit mais pour rien au monde il aurait raté un tel évènement. Son comuniqué du moment fut celui-ci: « :Je suis déterminé à m’adresser à l’Oxford Union en dépit de ma blessure. Le message de Heal The Kids est, de loin, bien trop important à mes yeux pour que je laisse un pied cassé me priver de cet engagement. Heal The Kids cherche à faire une différence et tente d’aider adultes et parents à réaliser qu’il est en notre pouvoir de changer le monde dans lequel nos enfants vivent. »
C’est donc avec des béquilles qu’il est arrivé devant l’Oxford Union.
Michael fut en retard d’à peu près 3 heures à l’Oxford Union suite à des embouteillages et il s’en est personnellement excusé auprès de l’assemblée. Michael était accompagné du Rabbin Boteach pour ce rendez vous dont voici le discours intégrale:
» Merci, merci mes amis, du fond de mon coeur, pour tout cet amour reçu, et merci, Mr le président, pour l’invitation que vous m’avez faite et que je suis si honoré d’accepter. Je voudrais aussi lancer un merci spécial à Toi, Shmuley, qui a servi ici pendant 11 ans comme Rabbin, à Oxford.
Toi et moi nous avons travaillé si dur pour rendre possible Heal The Kids, ainsi que l’écriture de notre livre sur les qualités de l’innocence, et de tous nos efforts, tu as été un ami si précieux.
Et je voudrais remercier Toba Friedman, notre directeur des opérations à Heal The Kids, qui retourne ce soir à l’endroit où elle a été importante dans une institution scolaire, ainsi que Marilyn Piels, une personne centrale dans l’équipe Heal The Kids.
Je suis si honoré de faire un discours ici, dans cet endroit qui a vu passer des figures si honorables telles que Mère Thérésa, Albert Einstein, Ronald Reagan, Robert Kennedy et Malcom X.
J’ai même entendu dire que Kermitte la grenouille a fait une apparence ici, j’ai même toujours senti un lien de parenté entre moi et le message de Kermitte qui dit qu’il n’est pas si facile d’être vert… Je suis sur qu’il n’a pas trouvé ça si évident d’être ici, et moi aussi.
Comme je suis à Oxford aujourd’hui, je suis impressionné par la grandeur et la majesté de ces lieux.
Les murs d’Oxford n’ont pas seulement abrité les plus grands philosophes et scientifiques, mais aussi les créateurs de littérature pour enfants, de JRR Tolkien à CS Lewis. Aujourd’hui, j’ai pu me rendre dans la salle à manger pour voir l’ALICE AUX PAYS DES MERVEILLES de Lewis Carroll immortalisé dans un vitrail. Et même l’un de mes propres compatriotes, le Dr Seuss, a marqué ces lieux en laissant son empreinte dans l’imagination de millions d’enfants à travers le monde.
Je suppose que je dois commencer par lister mes qualifications pour vous parler ce soir.
Mes amis, je ne proclame pas avoir les expériences et les qualités des autres orateurs qui se sont exprimés ici, et eux ne peuvent pas proclamer être des adeptes du Moonwalk. Vous savez, Einstein était terrible à cela.
Mais j’ai vu beaucoup de choses, de cultures, que peu de gens verront. Le savoir humain ne consiste pas en une bibliothéque, en des traces écrites… C’est aussi un ensemble de savoir inscrit dans le coeur de l’Homme, dans son esprit… Et mes amis, j’ai vu tellement dans cette petite vie qu’est la mienne, que je n’arrive pas à croire que je n’ai que 42 ans. Je dis souvent à Shmuley qu’en comptant les années par mon âme, je dois avoir au moins 80 ans… et aujourd’hui, je marche même comme quelqu’un de 80 ans. Alors, soyez attentifs à mon message, parce que ce que je vais vous dire ce soir peut nous permettre de guérir l’humanité, et guérir la planète.
Par la grâce de Dieu, j’ai pu achever beaucoup de mes rêves artistiques, et de mes aspirations professionnelles dans mon temps de vie. Mais cela, mes amis, sont des accomplissements et les accomplissements seuls ne sont pas synonymes de mon identité.
A l’intérieur, le chérubin de 5 ans qui chante Rockin’ Robin et Ben devant une foule adorable ne montre pas qui est le garçon derrière le sourire.
Ce soir, je viens devant vous moins en tant qu’icône de la pop (quoique cela puisse signifier) et plus comme une icône d’une génération, une génération qui ne sait plus ce que c’est d’être un enfant. Nous sommes tous les produits de notre enfance.
Mais je suis le produit d’un manque d’enfance, d’une absence de ce précieux âge où l’on peut jouer sans se soucier du monde, dans l’adoration de ses parents et de sa famille, et notre plus grand défi est d’étudier pour le grand test scolaire du lundi matin.
Ceux qui sont familiers des Jackson Five savent que j’ai commencé à me produire sur scène à l’âge de 5 ans, et depuis cet âge je n’ai jamais cessé de danser et de chanter.
Mais bien que me produire et créer de la musique est l’une de mes plus grandes joies, quand j’étais jeune, je voulais bien plus que toute autre chose, être un enfant typique.
Je voulais construire 3 maisons, jouer aux bombes à eau, et jouer à cache-cache avec mes amis. Mais le destin en a décidé autrement. Tout ce que je pouvais faire, c’était envier les rires et les moments de détente de tous ceux autour de moi.
Il n’y avait pas de répits pour ma vie professionnelle.
Mais le dimanche, je pouvais entreprendre. Le terme utilisé pour les témoins de Jehovah est « être porteur de bonne parole »…
Et c’était là que je pouvais voir la magie de l’enfance chez les autres enfants.
Alors que j’étais déjà une célébrité, je devais revêter des habits et des lunettes pour me camoufler, et nous passions notre journée dans le sud de la Californie à faire du porte à porte ou à distribuer le magazine.
J’aurais voulu m’arrêter dans ces maisons et jouer au Monopoly avec ces enfants, leur grand-mère qui les gardaient et toutes ces choses fabuleuses de la vie.
Beaucoup diront que ces choses ne sont pas réellement importantes, mais cela m’obsédait.
J’étais habitué à penser que j’étais le seul à être sans enfance. Je pensais alors qu’il n’y avait personne pour me comprendre. Quand j’ai récemment rencontré Shirley Temple Black, l’enfant-star des années 1930-1940, nous ne nous sommes rien dit au départ.
Nous avons simplement pleuré ensemble, nous ne pouvions partager cette peine qu’à deux, comme avec mes amis proches : Elizabeth Taylor et Macauley Culkin.
Je ne dis pas cela pour gagner votre sympathie, mais pour souligner un point important : ce ne sont pas que les enfants d’Hollywood qui souffrent de cela, de ce manque d’enfance.
Aujourd’hui, c’est une calamité universelle, une catastrophe globale, l’enfance est devenue le problème de la vie moderne.
Tout autour de nous nous avons des exemples d’enfants qui n’ont pas eu de joies, qui n’ont pas eu de droits, qui n’ont pas eu de libertés, ou simplement savoir ce que c’est d’être un enfant.
Aujourd’hui les enfants sont constamment encouragés à grandir plus vite, pour être plus durs, plus forts.
Et sur ce sujet, je suis certainement l’un des plus grands experts au monde.
Notre génération est une génération qui a été témoin de l’abrogation de l’engagement parent-enfant.
Les psychologues publient des bibliothèques de livres détaillant les effets destructifs lorsqu’on refuse à ses enfants l’amour sans conditions qui est si nécessaire au développement saint de leur caractère et de leur esprit. Et en raison de cette trop grande négligence, trop d’enfants sont poussés à se révolter. Ils grandissent plus éloignés de leurs parents, grand-parents et des autres membres de la famille, tout comme autour de nous le lien indestructible qui liait ensemble les générations se détruit.
Cette violation a multiplié une nouvelle génération (que nous appellerons « Génération O ») qui a maintenant pris le flambeau de la Génération X. Le O représente une génération qui semble avoir tout de l’extérieur – richesse, succès, vêtements de fantaisie et voitures de fantaisie… mais avec un vide qui fait mal à l’intérieur. Cette cavité dans notre poitrine, cette stérilité au plus profond de nous-même, ce vide au centre est l’endroit où le coeur battait autrefois, occupé par l’amour.
Et ce ne sont pas seulement les enfants qui souffrent. Les parents aussi. Pour faire plus, nous cultivons de petits adultes dans des corps d’enfants alors que le meilleur de nous-même vient de nos qualités d’enfant, et il y a tellement d’avantages à être enfant qu’il est difficile de rester dans la vie adulte. L’amour, mesdames et messieurs, est l’héritage le plus précieux de la famille humaine, son plus riche legs… une transmission en or. Et c’est un trésor qui est remis d’une génération à une autre. Les âges précédents n’ont pas pu avoir la richesse dont nous disposons. Leurs maisons, sans chauffage central, manquaient d’électricité et elles étaient si petites qu’ils serraient leurs enfants dedans. Mais ces maisons n’étaient ni obscures, ni froides. Elles étaient illuminées par la lueur de l’amour et confortablement chauffées par la chaleur même du cœur humain.
Comme vous le savez tous, nos deux pays (États-Unis et Angleterre) se sont séparés derrière ce que Thomas Jefferson appelait « certains droits inaliénables ». Et tandis que nous, américains et britanniques, pouvions contester la justice sur ses déclarations, jamais il n’a été question du fait que les enfants possèdent eux aussi « certains droits inaliénables », et que l’érosion progressive de ces droits ont mené à une masse d’enfants dans le monde entier qui se sont vus refusés les joies et la sécurité de l’enfance.
J’aimerais donc vous proposer ce soir que nous installions dans chaque maison une Déclaration Universelle des Droits de l’Enfant, dont les principes sont :
– Le droit d’être aimé, sans avoir à le gagner
– Le droit d’être protégé, sans devoir le mériter
– Le droit de se sentir estimé, même si l’on vient au monde avec rien du tout
– Le droit d’être écouter sans devoir être intéressant
– Le droit qu’on nous raconte une histoire au moment de s’endormir, sans devoir concurrencer le journal télévisé de la soirée ou l’émission EastEnders.
– Le droit à une éducation, sans devoir esquiver les balles à l’école.
– Le droit d’être considéré comme adorable (même si vous avez un visage que seulement une mère pourrait aimer).
Mes amis, la base de toute connaissance humaine et le début de la conscience humaine, doit être que chacun d’entre nous est un objet d’amour. Avant que vous sachiez si vous êtes roux ou brun, avant que vous sachiez si vous êtes noir ou blanc, avant que vous sachiez à quelle religion vous appartenez, vous devez savoir que vous êtes aimé.
Il y a environ 12 ans, alors que je m’apprêtais à commencer mon Bad Tour, un petit garçon accompagné de ses parents est venu me rendre visite chez moi en Californie. Il se mourrait d’un cancer, et il m’a confié combien il aimait ma musique et moi-même. Ses parents m’ont dit qu’il avait encore peu de temps à vivre, qu’il pouvait partir n’importe quand. Je lui ai dit : « Regarde, je vais bientôt venir dans ta ville au Kansas pour commencer ma tournée dans trois mois. Je veux que tu viennes au show. Je vais te donner cette veste que j’ai porté dans une de mes vidéos. » Ses yeux se sont allumés et il a dit : « Tu… Tu vas me donner ça à moi ? ». J’ai répondu « Ouais, mais tu dois me promettre que tu la porteras pour le concert. » J’essayais de le faire attendre. J’ai continué : « Quand tu viendras au show, je veux te voir dans ce manteau… mais aussi avec ce gant. » et je lui ai donné un de mes gants – et je ne donne jamais un de mes gants d’habitude. Il était aux anges. Peut-être même qu’il était trop aux anges, puisque lorsque je suis venu dans sa ville, il était déjà décédé et on l’avait enterré avec le gant et la veste. Il avait seulement 10 ans. Dieu sait, j’en suis sûr, qu’il a fait de son mieux pour rester en vie. Mais au moins quand il est mort, cet enfant a su qu’il était aimé pas seulement par ses parents mais aussi par moi-même, un proche étranger, qui l’aimait aussi. Et avec tout cet amour, il savait qu’il n’était pas venu au monde tout seul, et qu’il ne le quitterait certainement pas seul.
Si vous entrez dans ce monde en sachant que vous êtes aimé et que vous en repartez avec la même certitude, alors on peut s’accommoder de tout ce qui se passe durant ce passage sur Terre. Un professeur peut vous humilier, mais vous ne sentirez pas l’humiliation. Un chef peut vous écraser, mais vous ne serez pas écraser. Un gladiateur qui vous concurrence peut vous vaincre, mais vous triompherez toujours. Comment est-ce qu’aucun d’entre eux ne peut régner sur vous alors qu’ils vous abaissent ? Parce que vous êtes un objet digne d’amour. Le reste est juste de l’empaquetage. Mais si vous n’avez pas la mémoire d’être aimé, vous êtes condamnés à chercher de par le monde quelque chose pour combler ce besoin. Et l’argent ou la célébrité que vous gagnez n’a pas d’importance : vous vous sentirez toujours vide. Ce que vous recherchez vraiment, c’est l’amour sans conditions, l’acceptation sans réserve. Et c’était l’une des choses qui vous a été refuser à la naissance. Mes amis, laissez-moi maintenant peindre un tableau pour vous. Voici une journée typique en Amérique : 6 jeunes de moins de 20 ans vont se suicider, 12 enfants de moins de 20 ans vont mourir après des tirs d’armes à feu (—-> rappelez-vous ce que j’ai dit : c’est en une journée, et non pas en une année), 399 enfants vont être arrêtés pour abus de drogue, 1352 bébés seront nés de très jeunes mères adolescentes. Et tout cela se passe dans le pays le plus riche, le plus développé dans l’histoire du monde. Oui, dans mon pays il y a une épidémie de violence qui n’est en parallèle avec aucune autre nation industrialisée. C’est par ces voies que les jeunes expriment leur malaise et leur colère en Amérique. Mais ne croyez pas qu’il n’y a pas la même tristesse et angoisse au Royaume-Uni. Les études dans ce pays prouvent que chaque heure, trois adolescents au Royaume-Uni s’infligent du mal sur eux-même, en coupant ou brûlant leurs corps ou encore en prenant une overdose de drogue. C’est la manière dont ils ont choisit de faire face à la douleur de la négligence et à l’agonie émotionnelle. En Angleterre, près de 20% des familles seulement seront assises et réunies pour dîner une seule fois dans l’année. Une seule fois !!! Et qu’est-il advenu de la tradition consacrée de lire une histoire à votre enfant lorsqu’il va se coucher ? Des recherches menées dans les années 1980 montrent que les enfants qui se font lire une histoire ont une instruction bien plus grande et surpassent de manière significative leurs camarades à l’école. Mais aujourd’hui, moins de 33% des enfants anglais âgés de 2 à 8 ans ont régulièrement droit à une histoire qui leur est racontée le soir. On ne pense pas grand chose là-dessus jusqu’à ce que l’on prenne en compte que 75% de leurs parents avaient une histoire le soir lorsqu’ils avaient le même âge.
En clair, nous n’avons pas à nous demander d’où viennent toute cette tristesse, cette colère et ce comportement violent. Il est tout à fait évident que les enfants tonnent contre la négligence, tremblent contre l’indifférence et crient pour qu’on les remarquent. Les diverses agences de protection des enfants aux États-Unis déclarent que des millions d’enfants sont victimes de mauvais traitement sous la forme de négligence, en une année en moyenne. Oui, négligence… dans les maisons riches et privilégiées reliées avec tous les gadgets électroniques imaginables. Des maisons où les parents rentrent chez eux, mais où il ne sont pas vraiment, car leur tête est toujours au bureau. Et leurs enfants ? Et bien, leurs enfants se contentent juste des miettes qu’ils obtiennent. Et l’on en obtient pas beaucoup avec la télé, les jeux d’ordinateurs et les vidéos. Ces chiffres durs et froids qui, selon moi, tirent l’âme et secouent l’esprit, devraient vous indiquer pourquoi je dévoue autant de mon temps et de mes ressources pour faire de notre nouvelle initiative Heal the Kids un succès colossal. Notre objectif est simple : recréer la relation parent/enfant , renouveler cette promesse et allumer la voie à tous les beaux enfants qui seront un jour destinés à marcher sur cette Terre. Mais puisque c’est ma première conférence publique et que vous m’avez si chaleureusement accueilli dans vos coeurs, je sens que je veux vous en dire davantage. Nous avons chacun notre propre histoire, et, dans ce sens, les statistiques peuvent devenir personnelles. On dit qu’être parent, c’est comme danser. Vous faites un pas, votre enfant fait le deuxième. J’ai découvert qu’obliger des parents à se consacrer de nouveau à leurs enfants n’est qu’une moitié de l’histoire. L’autre moitié est que l’enfant doit ré-accepter ses parents.
Quand j’étais très jeune, je me rappelle qu’on avait un chien très fou nommé Black Girl, un mélange entre un loup et un retriever. Elle n’avait pas seulement les qualités d’un chien de garde, elle était aussi une chose si effrayée et nerveuse que c’était extraordinaire si elle ne sortait pas dehors à chaque fois qu’un camion faisait du bruit dans la rue, ou qu’un orage balayait l’Indiana. Ma soeur Janet et moi avons donné tant d’amour à ce chien, mais nous n’avons pourtant jamais réussit à récupérer le sens de confiance qui lui a été volée par son précédent propriétaire. Nous savions qu’il avait l’habitude de la battre. Nous ne savions pas avec quoi. Mais quoique ce fût, c’était suffisant pour avoir retirer l’esprit de ce chien. Beaucoup d’enfants aujourd’hui sont des chiots blessés qui se sont sevrés loin de leur besoin d’amour. Il ne pourraient pas moins s’inquiéter de leurs parents. Loin de leurs propres dispositifs, ils chérissent leur indépendance. Ils ont passé et laissé leurs parents derrière. Alors ils y a les cas bien plus mauvais d’enfants qui renferment en eux de l’animosité et du ressentiment envers leurs parents, de telle sorte que quelle que soit l’ouverture que leurs parents pourraient entreprendre, tout est rejeté violemment. Ce soir, je ne veux pas que l’un d’entre nous fasse cette erreur. C’est pourquoi j’invite tous les enfants du monde – en commençant par nous ici ce soir – à pardonner à nos parents si nous nous sentions négligés. Pardonnez-les et apprenez-leur à aimer de nouveau. Vous ne serez probablement pas surpris d’entendre que je n’ai pas eu une enfance idyllique. La contrainte et la tension qui existe dans ma relation avec mon propre père est plutôt bien documentée. Mon père est un homme dur et ils nous a poussé mes frères et moi à travailler très durement, dès le plus jeune âge, pour être les meilleurs artistes que nous pouvions être. Il a eu une grande difficulté à me montrer son affection. Il ne m’a jamais vraiment dit qu’il m’aimait. De même, il ne m’a jamais vraiment fait de compliment. Si je faisais un show génial, il me disait que c’était un bon show. Si je faisais un show correct, il ne me disait rien. Il semblait avoir l’intention, par dessus tout, de faire de nous un succès commercial. Et à ça, il était davantage qu’un adepte.
Mon père était un manageur de génie, et mes frères et moi savons que notre succès professionnel, sans aucune petite mesure, est dû à sa détermination et la façon dont il nous a poussé.
Il m’a entraîné comme un homme de scène, et grâce à son aide, je ne pouvais pas manquer une étape.
Mais ce que je voulais vraiment c’était un père. Je voulais un père qui me montre son amour. Et mon père n’a jamais fait cela.
Il ne m’a jamais dit « Je t’aime » en me regardant droit dans les yeux, il n’a jamais joué avec moi. Il n’a jamais fait le « dada » avec moi, ou ne m’a jamais jeté un coussin, ou un ballon d’eau.
Mais je me souviens d’une fois à 4 ans, il y avait un petit carnaval, il m’a pris et m’a mis sur un poney. C’était un petit geste, qu’il oublia probablement quelques minutes après.
Mais parce qu’il y a eu ce moment, j’ai une place spéciale pour lui dans mon coeur.
Parce que c’est de cette façon que sont les enfants : les petites choses ont tant d’importance pour eux. Et pour moi, ce seul moment signifie tout.
J’ai fait l’expérience de cela seulement une fois, mais cela m’a permis d’être tellement bien, avec lui et avec le monde.
Mais maintenant je suis un père moi aussi, et l’autre jour je pensais à mes enfants, Prince et Paris, et sur la manière dont je voudrais qu’ils me voient étant plus vieux.
J’aimerais être sûr qu’ils se souviennent que je voulais les avoir avec moi où que j’aille, et comment j’essaye de les mettre devant tout autre chose.
Mais il y a aussi des défis dans leur vie. Parce que mes enfants sont poursuivis par les paparazzi, ils ne peuvent aller dans un parc ou voir un film avec moi.
Alors s’ils grandissent et me rejettent, comment vont ils voir l’impact de mes choix sur leur jeunesse?
« Pourquoi n’avons nous pas eu une enfance comme tous les autres enfants ? », pourront-ils me demander.
Et à ce moment, je prie pour que mes enfants me donnent le bénéfice du doute. Et qu’ils se disent à eux même: « Notre père a fait du mieux qu’il a pu suivant en fonction des circonstances. Il n’était pas parfait, mais il était un homme chaleureux et décent qui essaya de nous donner tout l’amour du monde. »
J’espère qu’ils vont toujours penser positivement, songer aux sacrifices que j’ai fait pour eux, et ne pas critiquer les choses qu’ils n’ont pas eu, ou des erreurs que j’ai fait, et que je continuerais sûrement à faire, en les élevant.
Nous tous, nous avons été des enfants, et nous savons que malgré toute la bonne volonté; les erreurs seront toujours là. C’est juste humain.
Et quand je pense à cela, et comment j’espère que mes enfants ne vont pas me juger injustement et oublieront mes erreurs, je suis forcé de penser à mon propre père, et, malgré ce que j’ai pu dire, je suis forcé d’admettre qu’il a dû m’aimer.
Il a dû m’aimer, je le sais. Il y a des petites choses qui le montrent.
Quand j’étais enfant, j’avais des dents sublimes. Mon aliment préféré était un doughnut glacé, et mon père le savait très bien.
Alors tous les week ends, je descendais dans la cuisine et, dans le coin, il y avait un sac de doughnuts glacés – sans aucune note, ni explication – juste les doughnuts. C’était comme le Père Noël.
Parfois, je me disais qu’il fallait que je reste tard dans la nuit, car je pourrais alors le voir les poser, mais comme pour le Père Noël, je ne voulais pas casser la magie, de peur qu’il ne le fasse plus jamais. Mon père devait les mettre secrètement dans la nuit, et personne ne pouvait le voir.
Il était effrayé des émotions humaines, il n’a jamais compris cela, ou bien il n’a jamais su faire avec. Mais il connaissait les doughnuts.
Et quand j’ouvre la vanne des souvenirs, il y en a d’autres qui me reviennent, ainsi que des petits gestes, malgré les imperfections, qui montrent qu’il faisait ce qu’il pouvait.
Alors ce soir, au lieu de me centrer sur ce que mon père n’a pas fait je veux me centrer sur toutes les choses qu’il a fait, et son propre challenge personnel.
Je veux arrêter de le juger.
Je commence à penser au fait que mon père est né dans le Sud, dans une famille très pauvre.
Il est venu lors de la récession. Et son propre père qui se démenait pour nourrir ses enfants leur a montré peu d’affection, et les a élevé avec une poigne de fer.
Qui peut imaginer ce que cela fait de grandir dans le Sud pour un pauvre homme noir, dont on a volé la dignité, luttant pour devenir un homme, dans un monde ou on le considère comme un subalterne. J’étais le premier artiste noir à être programmé sur MTV et je me souviens combien cela avait nécessité de grands efforts. Et c’était dans les années 1980.
Mon père est venu dans l’Indiana et a eu une grande famille, travaillant longtemps dans la sidérurgie, un travail qui a détruit ses poumons et humilié son esprit, toute sa famille le supportant.
Est-ce que cela est vraiment difficile pour lui d’exposer ses émotions?
Est-ce que c’est autant mystérieux d’avoir un coeur de pierre ou de se bâtir une rempart à émotions?
Et, bien plus que tout, est-ce si étonnant qu’il ait autant poussé ses enfants pour nous faire devenir des stars, nous sauver de l’indignité et de la pauvreté ?
J’ai même commencé à voir que ce qu’a fait mon père, ses erreurs étaient une preuve d’amour. Un amour imparfait, sans aucun doute, mais un amour tout de même.
Il m’a poussé parce qu’il m’aimait. Parce qu’il ne voulait pas qu’aucun homme ne rabaisse sa progéniture.
Et maintenant avec le temps plutôt que de ressentir de l’amertume, je me sens blessé dans un endroit de colère, j’ai trouvé l’absolution.
Et à la place de la revanche, j’ai trouvé la réconciliation. Ma furie initiale m’a doucement donné l’habilité de pardonner. Après une décennie, j’ai même crée une oeuvre caritative, Heal The World. Le titre était quelque chose pour moi.
Le peu que je sais, comme Shmuley l’a signifié avant, ces deux mots forment une pierre angulaire dans l’ancien testament.
Est-ce que je pense vraiment que nous pouvons guérir le monde, qui est emplit de guerre, de génocides encore aujourd’hui?
Est-ce que je pense vraiment que nous pouvons guérir nos enfants, les mêmes qui peuvent entrer dans leur classe avec des pistolets, et tuer leur camarades, comme ils ont fait à Columbine ?
Ou des enfants qui peuvent battre des personnes sans défense à mort, comme cette histoire tragique de Jamie Bulger ?
Bien sûr que je le pense, sinon je ne serais pas là ce soir.
Mais tout commence avec le pardon, parce que pour guérir le monde, nous devons d’abord nous guérir.
Et pour Heal The Kids, nous devons d’abord guérir nos enfants et chacun de nous.
Comme un adulte et comme un parent, je réalise que je ne peux être un homme entier (et encore moins un parent capable d’un amour inconditionnel) jusqu’à ce que j’immobilise le fantôme de ma propre enfance.
Et c’est que je demande à chacun de nous ce soir. De vivre un cinquième des 10 Commandements.
Honorez vos parents sans les juger. Donnez leur le bénéfice du doute.
C’est pour cela que je veux pardonner à mon père et arrêter de le juger. Je veux pardonner à mon père parce que je veux un père, et c’est le seul que j’ai, je veux que le poids de mon passé s’efface de mes épaules, et je veux être libre d’aller vers un autre type de relations, pour le reste de ma vie, en oubliant les fantômes du passé.
Dans un monde emplit de haine, nous devons oser piocher. Dans un monde de vengeance, nous devons oser porter du réconfort.
Dans un monde de désespoir, nous devons oser rêver. Dans un monde perturbé, nous devons oser croire.
A vous tous ce soir qui vous sentez délaissé par vos parents, je vous demande de laisser votre désappointement.
A vous tous ce soir qui vous sentez trompé par votre père ou votre mère, je vous demande de ne pas vous tromper dans le futur.
Et à vous tous qui voulez abandonner vos parents, je vous demande de tendre la main.
Je vous demande, je me demande aussi, de donner à vos parents le cadeau d’un amour incommensurable, alors nous apprendrons à aimer, les enfants. Alors l’amour sera restauré dans ce monde de solitude.
Shmuley m’a mentionné une prophétie ancienne de la Bible qui dit qu’un nouveau monde et un nouveau temps viendront quand « le coeur des parents sera restauré par celui des enfants. »
Mes amis, nous sommes le monde, nous sommes ces enfants.
Mahatma Gandhi a dit: « Le faible ne peut jamais oublier. L’oubli est à la portée du fort. »
Ce soir, soyez forts. Au-delà de cette force, faites ce grand effort de restaurer l’alliance.
Nous devons tous surpasser les effets néfastes que nous avons pu avoir dans notre enfance, et, comme le dit le révérend Jesse Jackson : « pardonner chacun, tous nous racheter, et grandir ».
Cet appel pour le pardon n’est pas lancé dans une interview télévisée de Oprah avec des millions d’enfants et de parents qui regardent, mais ce sera au moins un début, et nous serons tous encore plus heureux avec le résultat.
Alors, mesdames et messieurs, je conclus ma remarque de ce soir avec la foi, la joie et l’excitation.
Aujourd’hui qu’une nouvelle chanson se fasse entendre.
Faisons que cette nouvelle chanson soit le bruit du rire des enfants
Faisons que cette nouvelle chanson soit le son des jeux des enfants
Faisons que cette nouvelle chanson soit le son d’une chanson d’enfant
Faisons que cette nouvelle chanson soit celle d’un parent qui écoute
Ensemble, créeons une symphonie du coeur, s’émerveillant du miracle de l’enfance, et s’enrobant de la beauté de l’amour.
Guérissons le monde, et effaçons la peine.
Et faisons une musique magnifique ensemble.
Que Dieu vous bénisse tous, je vous aime.
Michael Jackson.