Le 28 mars 2005, dimanche de Pâques, Michael Jackson était l’invité de « Keep Hope Alive », l’émission spirituelle du révérend Jesse Jackson diffusée tous les dimanches sur la radio WGRB de 7h à 8h. C’est l’unique interview que le chanteur ait accordée pendant son procès.
Jesse Jackson: Bonjour Michael.
Michael Jackson: Bonjour Jesse, comment ça va?
JJ: Bien, bien ! Tu te souviens quand on s’est rencontré sur 47th street il y a des années. Ton père vous a amenés toi et les autres à mon bureau dans votre break. Vous chantiez au Regal Theatre, tu t’en souviens?
MJ: Oui je m’en rappelle, c’était il y a très longtemps, j’étais très petit.
JJ: Quels sont tes souvenirs de cette époque?
MJ: Oh, je me rappelle qu’on portait des chemises dashiki, des pantalons à pattes d’eff. Je me souviens aussi de l’amour du public qui était génial et qu’ils acceptaient ce qu’on avait à leur offrir. Le soutien des gens à l’époque était merveilleux, les Noirs étaient fantastiques. Vous étiez très gentil avec nous aussi.
JJ: Tant mieux ! C’est ta mère qui faisait ces costumes?
MJ: Oui c’est elle. Elle faisait tous nos habits. Ma mère cousait tout ce qu’on portait avant d’arriver chez Motown.
JJ: Je me souviens bien de Julius Griffin qui était venu me voir avec ton père pour me demander si vous pouviez faire la première partie au Black Expo, alors on a dû vous faire de la place dans le planning, mais après le concert c’était vous que les gens avaient le plus aimé.
MJ: [rires] Je me souviens de ces concerts, vous aviez une grosse coupe afro à l’époque.
JJ: Ne rappelle pas ça aux gens, Mike.
MJ: [rires]
JJ: Vous vous en sortiez tellement bien. A cette époque vous commenciez juste à faire partie de Motown, qui vous a découverts?
MJ: Eh bien pour être parfaitement honnête, c’était Gladys Knight et un gars qui s’appelait Bobby Taylor. Ils étaient à l’affiche de certains des concerts qu’on faisait. En général on était de vingt à trente artistes, c’était un peu comme un vaudeville, on chantait un certain nombre de titres puis on sortait de scène. Donc ils étaient toujours à ces concerts. Ils nous regardaient et ils étaient si impressionnés par ce qu’on faisait. Mais au départ Berry Gordy n’était pas intéressé, puis finalement il nous a adorés et a voulu nous faire signer un contrat chez lui. Une fois le contrat signé, étant donné que c’était Diana Ross leur plus grande vedette à l’époque, ils se sont servis d’elle comme moyen de nous présenter au grand public. Notre premier album s’intitulait ‘Diana Ross Presents the Jackson Five’.
JJ: A l’époque, qui étaient vos artistes préférés?
MJ: J’adorais Diana Ross, j’adorais James Brown, et aujourd’hui encore. J’aime encore tous ces artistes. J’adore Jackie Wilson, tous ces artistes qui savent réellement divertir les gens. J’adorais Sammy Davis Jr aussi.
JJ: Tu t’es inspiré de Jackie Wilson pour certains de tes pas de danse?
MJ: Mais bien sûr ! Tous ces artistes m’ont énormément inspiré. Ils m’ont forcément beaucoup influencé.
JJ: Un peu après ça, on était à Los Angeles et à l’époque Suzanne DePasse était la marraine du groupe, et vous étiez avec elle chez Fred Seigel à acheter des jeans.
MJ: Oui, vous vous souvenez de Suzanne DePasse, elle était tellement géniale. En gros c’était notre manager avec mon père et Tony Jones. C’était tous des gens formidables, et je les remercie du fond du cœur vous savez.
JJ: C’était quelqu’un de génial, aujourd’hui aussi, elle excelle dans tout ce qu’elle fait.
MJ: Oui c’est vrai. Elle nous a beaucoup aidés, elle a joué un rôle déterminant au début de notre carrière. C’est une de mes amies et elle me manque, je ne l’ai pas vue depuis un moment. C’est quelqu’un de formidable. Berry Gordy aussi.
JJ: Michael pendant cette période de développement artistique pour vous, que j’appellerais ‘Ground 0’, avec Gary, le Regal Thatre, le Black Expo et les premières rencontres avec Berry Gordy… De quoi te souviens-tu le mieux?
MJ: Ce que cette époque représente pour moi aujourd’hui?
JJ: Ce qui est le plus représentatif de cette époque?
MJ: J’avais environ huit ou neuf ans. Je me souviens de l’ambiance, de l’environnement, de la musique que j’entendais. Mon père faisait de la guitare, mon oncle aussi. Ils venaient tous les jours pour faire de la musique géniale. Et on se mettait à danser sur cette musique. Je me souviens aussi de défilés dans la rue, du rythme de la fanfare et des battements de tambour. Tous les sons autour de moi semblaient s’enregistrer dans ma tête pour créer d’autres rythmes et de la danse. Je dansais au son de la machine à laver. Quand ma mère allait à la laverie du coin pour laver les vêtements je me mettais à dancer en rythme et les gens se rassemblaient autour de moi pour me regarder. Je me souviens de ces histoires. Ils se mettaient autour de moi pour me voir. Toutes ces petites anecdotes. Ce sont des réflexions en fait.
JJ: Tu as pu voir ces artistes en concert?
MJ: Oui, bien entendu, d’ailleurs tous ces grands artistes étaient mes amis. C’est là que j’avais tant de chance. J’étais tellement petit et je prenais exemple sur eux. On était bouche-bée en les voyant, complètement abasourdis. Et non seulement j’ai pu les voir mais j’ai pu les voir de très près, derrière le rideau dans les coulisses, sur le côté de la scène. J’ai appris à les connaître, c’était les plus grands artistes au monde, c’était toujours eux le clou du spectacle. Et je devais monter sur scène après eux vous savez.
JJ: Quand t’es-tu rendu compte du fait que c’était toi aussi le clou du spectacle?
MJ: Vous savez, quand on a des capacités particulières on ne s’en rend pas compte parce qu’on croit que tout le monde a le même don que soi, donc on ne s’en rend pas compte. Quand je chantais à ce jeune âge, les gens prenaient ma façon de chanter comme un modèle, ils adoraient ça, et je ne comprenais pas pourquoi ils applaudissaient, pleuraient ou se mettaient à crier, franchement je ne comprenais pas, Jesse. Je crois que c’est plus tard, quand les gens venaient me voir en me disant ‘tu te rends compte du don, du talent que tu as?’ Et je me souviens de ma mère, qui est très religieuse, qui nous répétait sans cesse de toujours remercier Dieu, Dieu Jéhovah pour notre talent et nos capacités. Ca ne vient pas de nous, ça vient de là-haut. Donc c’était une leçon d’humilité de voir les gens qui nous appréciaient et nous adulaient, c’était magnifique.
JJ: Quand as-tu arrêté l’école officiellement?
MJ: J’étais très jeune, je crois que c’était… oh purée… ça devait être au CM1, CM2. J’ai eu un tuteur pour le restant de mes études, puisqu’on était toujours en tournée à faire des concerts et des émissions télé, puis des disques et des enregistrements. On avait trois heures d’école, puis on faisait nos concerts, ensuite on allait dans un autre Etat ou un autre pays, et là on refaisait une autre série de concerts, après venait le moment d’enregistrer le prochain album des J5, puis le nouvel album de Michael Jackson. Donc dans ma jeunesse, quand j’était petit j’étais toujours occupé. Je me rappelle qu’en face du studio d’enregistrement de Motown il y avait un parc, et j’entendais les cris des gamins qui jouaient au foot ou au basket. J’allais au studio tous les jours et je me sentais plutôt triste parce que je voulais aller dans ce parc. Mais je savais que le travail que j’avais à faire était différent. On entrait pour faire des disques toute la journée, jusqu’à tard le soir. Puis on allait se coucher, et le lendemain c’était la même chose.
JJ: Dans un sens tu n’as pas eu certains éléments de l’enfance, comment as-tu fait pour compenser ce manque?
MJ: C’est vrai que je n’ai pas eu d’enfance. Mais quand on n’a pas d’enfance comme moi ou d’autres enfants star, je crois qu’on essaie de compenser ce manque. Donc en grandissant on essaie de rattraper ce qu’on a perdu. Voilà pourquoi vous pouvez voir un parc d’attractions, des manèges, ce genre d’environnement chez moi. J’aime faire cela pour des enfants qui ont moins de chance que moi, des enfants condamnés, des enfants malades, des enfants pauvres de banlieues, des ghettos… Leur permettre de voir les montagnes, d’aller sur les manèges, de voir un film ou de manger un glace.
JJ: Combien êtes-vous dans la famille?
MJ: Dans la famille Jackson directe?
JJ: Oui.
MJ: A l’origine on était dix enfants, mais on est neuf. Ma mère, Katherine et Joseph Jackson sont toujours en vie et on est tous nés à Gary, dans l’Indiana.
JJ: Dans cette configuration, est-ce que Tito et Jermaine t’ont permis de vivre des moments de ‘petit frère’ normaux?
MJ: Quand on était en tournée, comme quand on allait à Miami, on pouvait aller sur les plages. Mais on était si connus à l’époque, où que les Jackson 5 allaient il y avait des émeutes. On ne pouvait pas aller dans un centre commercial, nullepart en fait, parce qu’il y avait toujours des gamins qui criaient. On faisait des tubes à la chaîne, on chantait dans de grandes salles à travers les Etats-Unis, donc c’était difficile. On a quand même pu s’amuser un peu, mais à l’hôtel. On faisait des batailles de polochon dans l’hôtel. Et si on avait envie d’aller nager après les heures d’ouverture, on pouvait aller à la piscine d’en bas… ce genre de chose.
JJ: Qui gagnait les batailles de polochon?
MJ: Tito ou Jackie, ils étaient les plus âgés.
JJ: Qui t’a le plus influencé en apprenant à écrire de la musique? Tu écris très bien.
MJ: Ma plus grande influence? Je crois que c’est là que j’ai eu de la chance. Je pense que j’ai pu entrer dans l »usine’ des plus grands auteurs/compositeurs de l’époque. Dans les années 60, il y avaient Holland, Dozier et Holland de Motown, ces trois types étaient phénoménaux. Vous savez, Lamont Dozier, Eddie Holland, ils étaient incroyables ! Ils ont écrit tous les grands tubes des Supremes et des Four Topps. Ils étaient tout simplement incroyables. Et j’ai eu la chance d’apprendre des choses et de travailler avec ces mecs. Evidemment j’aime les Beatles, j’adore la musique des Beatles en fait. Et j’aime aussi les auteurs de musiques de spectacles, Richard Rogers et Oscar Hammerstein, Lerner & Lowe, Harold Arlen et Johnny Mercer. Car j’adore ce qui est mélodieux, j’adore les grandes chansons de pubs irlandais, j’aime les mélodies anglaises, et puis les rythmes africains, qui sont les racines du rythme. C’est la musique que je préfère, je crois que c’est la musique préférée du monde, parce que toute musique vient de là. L’Afrique c’est la musique, c’est nos origines, c’est l’aube de l’existence, on ne peut pas l’éviter. Tout ça m’a influencé en tant qu’artiste solo.
JJ: Tu avais un prof de danse?
MJ: Non, je n’ai jamais appris à danser, ça m’est toujours venu naturellement. Quand j’étais petit et qu’il y avait de la musique, on ne pouvait pas me faire m’asseoir, même de force. Et même aujourd’hui, si quelqu’un joue quelque chose, je m’anime, je me mets à faire un contre-rythme sur le son que j’entends, c’est un instinct naturel. Je n’ai jamais appris à faire ça. Fred Astaire, qui était un de mes amis, et Gene Kelly s’étonnaient toujours de mes capacités en danse. Quand j’étais petit Fred Astaire me disait tout le temps qu’il sentait dans son cœur que j’allais devenir une star exceptionnelle. Alors je le regardais en pensant ‘Mais qu’est-ce que tu racontes?’ Mais il le savait.
JJ: Michael, d’où vient le moonwalk?
MJ: Le moonwalk est une danse que j’aurais bien aimé avoir inventée, mais ce n’est pas le cas, et je dois être complètement honnête là-dessus. Ces enfants Noirs des ghettos ont un sens du rythme phénoménal, plus que quiconque sur Terre, et je n’exagère pas. Beaucoup d’idées me sont venues en observant ces enfants Noirs qui ont un sens du rythme parfait. Je traversais Harlem en voiture vers la fin des années 70, début des années 80, et je voyais ces enfants qui dansaient dans la rue, notamment un qui glissait en arrière, il faisait ce que j’appelle une danse à illusion. J’ai gardé ce pas en mémoire visuellement, je suis monté dans ma chambre à Encino et je me suis mis à le reproduire, à danser, à créer, à le perfectionner. Mais tout à commencé avec la culture Noire, c’est indéniable, sans aucun doute. Et c’est de là que ça vient.
JJ: Tu regardais ‘Soul Train’ avec Don Cornelius?
MJ: Ne m’en parlez pas, j’adorais cette émission ! Bien sûr ! J’attendais de voir le ‘Soul Train line’, c’était une ligne, un espèce de mur de gens, et là un danseur arrivait au milieu en dansant sur la musique, et ça leur donnait l’occasion de montrer leur talent, ce qu’ils savaient créer avec leur corps. J’étais catatonique en regardant ça, j’étais hypnotisé en étudiant leur danse et leur sens du rythme. Evidemment que je regardais.
JJ: Tu n’as jamais pris de poids, Michael, comment tu fais?
MJ: Eh bien je n’ai jamais été un gros mangeur. Entre nous je n’ai jamais tellement aimé la nourriture, même si je l’apprécie, ainsi que le fait que c’est un don de Dieu. Mais toute ma vie ma mère a toujours eu du mal avec moi, elle me forçait à manger. Il est même arrivé qu’Elizabeth Taylor me donne à manger à la petite cuillère. C’est vrai que j’ai du mal quand il s’agit de manger. Mais je fais vraiment de mon mieux et je mange quand même, je vous assure. Je vous en prie, je ne veux pas qu’on croit que je meurs de faim, car ce n’est pas le cas. En réalité je suis en parfaite santé.
JJ: Tu as gardé la ligne, c’est ce dont les gens sont le plus jaloux.
MJ: Non, je suis en parfaite santé. Je crois beaucoup à la nourriture holistique naturelle, [inaudible] aux herbes… La médecine de Dieu quoi, et pas les les produits chimiques qu’on a en Occident. Pas ce genre de chose.
JJ: Quel est le moment le plus important de ta carrière selon toi?
MJ: L’un des temps forts, je dirais que c’était… Je me rappelle de juste avant 1980, je venais de faire un album intitulé ‘Off the wall’, et c’était très important pour moi, parce que je venais de faire le film ‘The Wiz’ et je voulais m’exprimer en tant qu’auteur, en tant qu’artiste. Je voulais composer ma propre musique, la créer, la produire. Et Quincy Jones, que j’adorais, et j’ai eu la grande chance de travailler avec lui, il est très talentueux… Parce qu’à l’époque j’écrivais des chansons comme ‘Don’t stop til you get enough’, ‘Shake your body down to the ground’, ‘Billie Jean’ ou ‘Beat it’, tous ces morceaux datent de cette époque-là. En fait dans mon esprit je me fixais des buts par rapport à ce que je voulais faire en tant qu’artiste. Et ça a été une période décisive pour moi. Pendant la remise des Grammy Awards pour l’album ‘Off the Wall’. Mais je n’étais pas satisfait car je voulais faire beaucoup plus que ça. Et je n’étais pas satisfait de la manière dont l’album avait été accueilli, bien qu’il ait connu un succès immense, à l’époque c’était l’album le plus vendu pour un artiste solo Noir avec plus de dix millions d’exemplaires vendus. Et je me suis dit que je ne laisserai pas mon prochain album être ignoré, et c’est là que je me suis fixé le but de faire un album comme ‘Thriller’.
JJ: Qu’est-ce qui a fait naître ‘Thriller’?
MJ: Ce qui a fait naître ‘Thriller’? En fait à l’époque j’étais plutôt déçu et blessé. Je vivais dans un endroit appelé Encino et je voyais des graffitis qui disaient ‘le disco c’est nul, le disco c’est ci, le disco c’est ça’. Alors que le disco c’était juste un médium joyeux qui faisait danser les gens en ce temps-là, mais il était devenu si populaire que la société se retournait contre lui. Je me suis dit que j’allais faire un super album, parce que j’adorais ‘Casse-Noisette’ de Tchaïkovsky, chaque morceau de cette suite est superbe. Donc je voulais faire un album dont tous les titres seraient des tubes. En gros c’est comme ça que ‘Thriller’ est né. J’ai donc fait l’album et le Guiness des Records l’a proclamé l’album le plus vendu de tous les temps, et c’est toujours le cas. Je dirais que c’est ça qui a été un point culminant, j’avais atteint un certain niveau. Mais je n’étais toujours pas satisfait après ça, je voulais toujours en faire plus. Et puis il y a eu le Victory Tour.
JJ: Avant de parler du Victory Tour, tu t’es servi de ta célébrité pour faire ‘We are the world’.
MJ: Oui.
JJ: C’était comment de faire ça?
MJ: ‘We are the world’ était un beau projet. Quincy Jones m’a appelé en me demandant d’écrire une chanson pour la dévastation qu’il y avait en Afrique et dont l’Ethiopie avait été gravement touchée. Et il savait l’amour que j’avais pour les gens de là-bas, car je vais sans arrêt en Afrique. J’adore leur culture, j’adore leur peuple, j’adore ce qu’il représente. Donc j’ai fait la chanson, et Quincy m’a dit ‘laisse Lionel Richie t’aider’. Alors Lionel est venu chez moi et on a commencé à rassembler nos idées. Mais on a discuté du passé la plupart du temps, parce que je connais Lionel Richie depuis de très nombreuses années. Lionel et moi avons donc mis des choses en commun, mais je n’en étais pas tout à fait satisfait. Alors après ça je suis allé au studio tout seul pour compléter la chanson, la fignoler, la finir, la produire, mettre la musique au point, et je l’ai donnée à Quincy qui était très impressionné. Il a dit ‘ça y est c’est la bonne’, et on a sorti le disque qui est devenu le single le plus vendu de l’histoire. Ca a rapporté beaucoup d’argent à ce qui s’appelait ‘USA for Africa’, et on a pu sensibiliser le grand public à ce problème, c’était magnifique. On a reversé un certain pourcentage aux Etats-Unis, mais la plus grande partie des bénéfices est allée en Afrique. C’était quelque chose de vraiment génial.
JJ: Michael on va faire une courte pause et après on parlera du Victory Tour…
MJ: OK.
JJ: Du film de Black Expo ‘Save the children’ et de ce que tu es aujourd’hui.
MJ: D’accord.
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MJ: Raymone tu pourras nous en avoir un exemplaire?
Raymone Bain: Oui.
JJ: Michael à Expo on a fait le film ‘Save the Children’, qui a eu un énorme succès.
MJ: C’est vrai, c’est vrai. Je me souviens de ces moments. C’est un peu vague, Jesse, mais je me souviens quand même que vous étiez formidable avec nous. Je me rappelle de l’amour du public, des cris de la foule, des chemises dashiki, des coupes afro… C’était une époque formidable pour une belle cause.
JJ: Il y avait Marvin Gaye, Roberta Flack, les OJ’s, les Staple Singers et Cannonball Adderley à ce concert, c’était gigantesque…
MJ: Wow, cette liste est incroyable, ce sont certains des gens les plus talentueux qu’on ait connus. C’est incroyable.
JJ: On aimerait sortir ‘Save the children’ bientôt…
MJ: Il le faut !
JJ: Je sais que les gens aimeraient voir ça. Michael, quand tu as fais les Victory Tour tu étais un adulte. Je suis venu te voir à Kansas City, et nous avons prié.
MJ: Tout à fait.
JJ: Decris-moi cette période.
MJ: Le Victory Tour a été l’un des points culminants de ma carrière. J’avais fait ‘Thriller’ qui avait remporté plus de Grammy Awards que tout autre album de l’histoire de la musique. Tout cela a déclenché un grand phénomène d’adulation et de notoriété dans le monde entier. Donc c’était très difficile d’aller où que ce soit ou de faire quoi que ce soit sans qu’il y ait la presse, des hélicoptères, des gens qui dorment dans nos buissons, qui se cachent dans nos arbres. C’était une époque phénoménale. Et puis après tout ça j’ai annoncé que j’allais partir en tournée, chanter mes chansons en direct devant un public, et là le monde est devenu complètement fou. On a fait cette tournée qui a battu des records dans toute l’Amérique. On passait dans des stades. Par exemple, avant notre passage au Dodger Stadium [de Los Angeles], leur plus grand nombre de concerts donnés par un artiste était de un concert et demi donné par Elton John. Nous on en a fait huit à guichets fermés, et ils en voulaient encore deux. Mais c’était comme ça dans tous les Etats-Unis. La première de la tournée a eu lieu à Kansas City, et c’est là qu’on vous a vu, Jesse. Je me rappelle que vous êtes venus dans notre suite, vous avez prié, et c’était magnifique. C’était une période formidable. Vraiment. Mes rêves étaient devenus réalité.
JJ: Michael, tu as connu de bons moments. Pour toi quels sont les mauvais moments?
MJ: Les mauvais moments sont sans doute, émotionnellement parlant, comme ce que je traverse en ce moment.
JJ: Parle-nous de ce qui t’a blessé.
MJ: C’est juste que ça fait mal d’être accusé en sachant dans mon cœur et par rapport à ce que j’ai vécu que je suis totalement innocent. Et ça me fait beaucoup de mal. Mais c’est un schéma classique qui a été appliqué pour d’autres grands Noirs dans ce pays.
JJ: Comment t’en sors-tu émotionnellement, maintenant que ton intégrité est remise en question?
MJ: Je m’en sors grâce aux expériences d’autres gens qui ont vécu la même chose par le passé. L’histoire de Mandela, ce qu’il a traversé m’a donné beaucoup de force. L’histoire de Jack Johnson qui est passée sur CBS et qui vient de sortir en DVD, ça s’appelle ‘Unforgivable Blackness’. C’est l’histoire incroyable de cet homme de 1910 qui était un champion du monde poids lourd jeté dans une société qui ne voulait pas accepter sa position, sa façon de vivre. Ce film parle de ce qu’ils lui ont fait subir et comment ils ont fait changer des lois pour le faire emprisonner, le foutre derrière les barreaux, pour le coincer à tout prix. Et puis l’histoire de Mohammed Ali, celle de Jesse Owens, toutes ces histoires dont j’ai lu beaucoup de choses me donnent de la force. Votre histoire me donne de la force, Jesse, ce que vous avez traversé. Je suis arrivé à la fin du mouvement pour les droits civils, je suis un enfant des seventies finalement, je n’ai connu ça que tout à la fin vous savez.
JJ: Tu dois faire face à des gens que tu aimais au tribunal maintenant tous les jours. Comment tu arrives à gérer ça spirituellement?
MJ: J’ai de la force grâce à Dieu, je crois énormément au Dieu Jéhovah, et j’ai de la force sachant que je suis innocent, qu’aucune de ces histoires ne sont vraies, elles sont complètement inventées. C’est très triste et ça me fait vraiment beaucoup de mal. Je prie beaucoup, et c’est comme ça que je m’en sors. Je suis quelqu’un de fort, je suis un guerrier, je sais ce qu’il y a en moi, je suis un battant. Mais c’est très blessant, au final je suis quand même un homme. Je suis quand même un être humain, donc ça me fait extrêmement mal.
JJ: On a essayé de détourner l’attention du procès en disant que tu étais ruiné. Michael est-ce que tu es ruiné?
MJ: C’est complètement faux. C’est encore un de leurs complots visant à m’humilier et me traîner dans la boue. Et comme je vous l’ai dit, c’est le même schéma que pour d’autres gens dans le passé. C’est la même chose. Ne croyez pas ces ragots de presse à scandale et de sensationnalisme.
JJ: Pourquoi a-t-on parlé de cette histoire d’argent? Certaines personne croient que ça a avoir avec le catalogue Sony que tu as. Qu’est-ce qu’il y a dans ce catalogue?
MJ: Dans mon catalogue Sony il y a toute la musique des Beatles, de Little Richard que je possède, Sly & The Family Stone aussi… J’en possède tellement… Beaucoup de chansons d’Elvis aussi. C’est un catalogue énorme qui vaut beaucoup d’argent, et il y a une énorme dispute à cause de ça en ce moment même. Je ne peux pas en dire trop, mais il y a une grande conspiration qui se fait en ce moment même.
JJ: Certains de tes amis et des membres de ta famille disent que ton procès a plus avoir avec ce catalogue qu’autre chose, tu crois que c’est le cas?
MJ: Eh bien vous savez Jesse, je n’ai pas envie de commenter là-dessus. C’est un problème très délicat… je vais vous laisser commenter sur ce point.
JJ: Qu’est-ce qui t’es arrivé exactement le jour où tu t’es fait mal et où tu es allé à l’hôpital?
MJ: Je sortais de la douche et je suis tombé. Je suis plutôt fragile, et tout le poids de mon corps est tombé sur ma cage thoracique, et en fait je me suis fait un gros bleu au poumon. J’ai très mal au poumon droit en ce moment. Je vais au tribunal tous les jours avec une douleur intense, une douleur agonisante, et je m’assois en essayant de rester aussi fort que possible. Ce qu’on attend de voir maintenant c’est si je me mets à cracher du sang. Le médecin a dit que ça peut encore être très dangereux. Il a dit que si je commence à cracher du sang ça peut être très grave, donc on fait très attention à ça en ce moment.
JJ: Les cyniques disent que tu faisais semblant, et le juge était à peine enclin à te croire, alors que tu venais de quitter l’hôpital.
MJ: Non, je ne fais pas semblant du tout. J’ai fait un scanner, et on peut voir l’endroit où ma cage thoracique est enflée, c’est vraiment très rouge. Je me suis fait très mal au menton à cause de ça, plus une grosse entaille de sang sur le front… Je me suis fait quand même bien mal quand on y pense. Donc on me soigne, j’ai des médicaments pour ça, et on fait très attention.
JJ: Le semaine dernière tu as pleuré, qu’est-ce qui t’a fait craquer?
MJ: Au tribunal vous voulez dire?
JJ: Oui.
MJ: J’avais mal. J’étais assis là et j’avais mal. La douleur était tellement intense que je ne pouvais que rester assis là à pleurer. A ce moment-là j’avais si mal que je n’en pouvais plus. Donc j’ai pris un mouchoir que je me suis mis devant les yeux.
JJ: Donc ça venait de la douleur que tu avais et pas de ce qui sa passait à la barre.
MJ: Non ça n’avait rien avoir avec ce qui se passait, c’était la douleur physique seulement.
JJ: Michael, que voudrais-tu que les gens sachent?
MJ: Sur?
JJ: Sur toi. Sur ce que tu es maintenant, sur comment tu te sens.
MJ: Eh bien j’aimerais qu’ils soient forts pour moi, qu’il prient pour mes enfants, ma famille et moi, car c’est une période difficile. Qu’ils ne croient pas ce qu’ils voient, ce qu’ils entendent, ce qu’ils lisent. Ce n’est pas parce que c’est écrit que c’est Parole d’Evangile. Ils sensationnalisent énormément ce qui se passe, c’est une frénésie médiatique. C’est à cause de ma célébrité, plus on est célèbre plus on devient une cible. Il faut que les gens se souviennent de cela. [Les médias] ont transformé toute cette histoire en argent, ce qui leur importe c’est d’obtenir le plus d’audience, etc. Ce qu’ils en ont fait est affreux, mais ça fait partie de ce que je dois subir en tant que célébrité, je dois passer par là. Mais je sais qu’au bout du compte je serai acquitté. Je prie car je connais la vérité, je suis un homme innocent. Je crois en Dieu et j’aime Dieu. Alors qu’ils continuent de prier pour nous.
JJ: En supposant que tu gagnes ce combat, y’a-t-il des choses que tu feras différemment à l’avenir?
MJ: Le degré de confiance que j’accorderai au gens va changer. Il se passe une grande conspiration en ce moment, je n’en dirai pas plus. Tout autour de moi.
JJ: Selon toi, quelle est l’origine de tout ceci?
MJ: Je ne peux vraiment pas en parler, Jesse, je suis soumis à une injonction de justice, et ce problème est très grave. Je ne veux pas dire de bêtise, je ne veux pas donner de fausses idées aux gens. Ce qui est en train de se passer est très délicat.
JJ: D’accord. Pour ceux qui prient pour toi et qui ont hâte de revoir Michael Jackson, à quoi peuvent-ils s’attendre de toi?
MJ: Comme je le dis toujours je suis un homme d’art, j’adore infiniment les arts. Je suis un musicien, un réalisateur, un auteur, un compositeur, un producteur, et j’adore le cinéma. Je trouve que de tous les médias c’est celui qui permet le plus de s’exprimer. Un sculpteur peut sculpter, un peintre peut peindre, mais ils ne font que capturer un instant, ils arrêtent, ils immobilisent le temps. Alors qu’avec le cinéma on peut vivre l’instant. Le public est à vous pendant deux heures, vous avez leur cerveau, leur esprit, et on peut emmener ce public où l’on veut. Ce concept est tout simplement extraordinaire pour moi. Le fait d’avoir le pouvoir d’émouvoir les gens, de leur changer la vie. Et c’est là qu’on unit la musique à l’image. Voilà ce qui me passionne dans le cinéma et que j’ai hâte de faire à l’avenir. Car j’adore vraiment les films.
JJ: Est-ce que ce que tu vis en ce moment, les attaques dont tu es la cible te donnent envie d’abandonner ta carrière?
MJ: Non ! Parce que je sais qui je suis à l’intérieur comme à l’extérieur et je sais ce que je veux faire. J’aurai toujours des rêves et des idéaux ans la vie. Je suis quelqu’un de très courageux, je crois en la persévérance, la détermination et tous ces beaux concepts. Ces idéaux sont très importants pour quelqu’un qui a un but dans la vie, vous savez.
JJ: Tu rêves de quoi maintenant?
MJ: Oh, comme je disais, je veux être un pionnier et un innovateur dans le domaine du cinéma. Et puis il y a d’autres choses que j’aimerais faire, il y a quelques surprises d’ailleurs. J’aimerais faire des choses pour la société prochainement. Je prépare quelques projets à mettre en place en Afrique. J’ai eu plusieurs réunions avec des gens qui sont venus d’Afrique pour me rencontrer, étant donné que [je n’ai pas le droit de voyager]. Donc il y a beaucoup de choses que j’ai vraiment envie de faire là-bas.
JJ: Quel est ton prochain projet, quelle est la première chose que tu prévois de faire?
MJ: Sans doute une chanson qu’on aimerait faire pour les victimes du tsunami. Parce qu’en Afrique, je crois que c’est au Madagascar que…
JJ: Oui, au Madagascar.
MJ: Le Madagascar et la Somalie ont été gravement touchés aussi, mais personne n’en parle, on ne parle que des autres pays touchés. Je compatis avec toutes les personnes touchées, mais [les médias] pourraient au moins diffuser leurs informations correctement. Ils ne parlent jamais de la dévastation qu’il y a eue en Afrique, et je veux faire quelque chose en faveur de cela. Et bien sûr je travaille sur la construction d’un magnifique complexe hôtelier dans un lieu magnifique. Un hôtel pour des familles. Il y a des endroits magnifiques là-bas. Mais j’ai voulu faire quelque chose à un niveau plus international.
JJ: Le tsunami était une catastrophe naturelle qui a provoqué beaucoup de dégâts, 200 000 morts qui auraient éventuellement pu être en partie évités s’il y avait eu des appareils de détection, mais c’était quand même une catastrophe naturelle. Toi et moi nous nous parlons paratiquement tous les jours. Et tu m’as fait remarqué qu’il y avait eu deux millions de morts au Soudan dans une catastrophe provoquée par les hommes, et puis quatre millions de morts au Congo. Et j’ai l’impression que le fait de venir en aide aux victimes de ces conflits en Afrique est une grande part de ton rêve désormais.
MJ: C’est exact. Dans mon coeur j’adore l’Afrique, Jesse, et puis j’adore leur peuple. Voilà pourquoi dès qu’on le peut, mes enfants et moi on saute dans l’avion et on y va en vacances. J’ai passé plus de vacances là-bas qu’ailleurs. On aime beaucoup les gens de là-bas, l’environnement aussi. D’un point de vue topographique, c’est l’un des plus beaux endroits de la surface de la Terre ! On ne montre jamais les plages de sable blanc alors qu’il y en a, on ne montre jamais les paysages magnifiques, ni les bâtiments, ni les métropoles comme le Cap, Johannesbourg. On ne montre jamais le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, on ne montre jamais à quel point ce sont de beaux endroits. Alors qu’ils sont vraiment incroyablement beaux. Et je veux que les gens en prennent conscience à travers ce que je suis en train de faire, c’est mon rêve depuis des années, et tout mon entourage le sait car je vais souvent en Afrique.
JJ: On voit l’évolution de Rome dans des films…
MJ: C’est vrai.
JJ: On voit celle de l’Angleterre, de Paris, on voit tout ça dans des films. Mais on ne voit pas souvent celle de l’Afrique, on voit seulement sa misère et ses problèmes mais jamais ses plages, ses mers et ses ressources phénoménales…
MJ: C’est parce que le monde est jaloux de l’Afrique depuis des siècles à cause des ressources fantastiques qu’elle possède, vraiment. C’est vraiment l’aube de la civilisation, beaucoup de notre histoire biblique s’est passée en Afrique. Le roi Toutankhamon et toutes ces grandes civilisations viennent d’Afrique. L’Egypte c’est en Afrique, bien qu’on essaie souvent de dissocier les deux, mais l’Egypte c’est l’Afrique !
JJ: C’est vrai que lorsque Jésus était menacé de mort par le roi Hérode qui faisait tuer tous les bébés, Joseph l’a emmené en Egypte pendant douze ans pour le protéger.
MJ: Exactement.
JJ: Pour finir, qu’est-ce que tu aimerais dire à tes fans du monde entier, même à tes détracteurs?
MJ: Je voudrais juste vous dire, aux fans des quatre coins du monde, de toutes les nationalités, de toutes les races et de toutes les langues, que je vous aime du fond du coeur. Merci pour votre amour, votre soutien et votre compréhension pendant cette épreuve. J’aimerais être dans vos prières et avoir votre amitié. Je vous en prie, soyez patients, soyez avec moi, croyez en moi, car je suis totalement, complètement innocent. Sachez qu’il y a une grande conspiration en ce moment même.
JJ: Eh bien c’est Pâques ! On tombe et puis on se relève. La bonne nouvelle c’est que rien n’est insurmontable pour Dieu, et ceux qui y croient avec ferveur se relèveront à nouveau. Michael merci de t’être ouvert à la nation et au monde aujourd’hui, et de t’être levé tôt ce matin en Californie.
MJ: Que Dieu vous bénisse.
JJ: Que Dieu te bénisse, et garde la flamme de l’espoir en vie. Je te parlerai dans quelques instants, d’accord.
MJ: Au revoir.
Retranscription et traduction réalisées par Birch pour MJFrance.