En studio avec Michael Jackson : un must pour les fans du Roi de la Pop.
La semaine dernière, aux studios Smash dans le centre-ville de New York, l’ingénieur du son de longue date de Michael Jackson Brad Sundberg a tenu deux séminaires intitulés « In The Studio With Michael Jackson ». Aujourd’hui je vous rapporte certains détails fascinant de ces 2 séminaires qui j’espère rendront justice à l’expérience et encouragera les fans à assister à de futures sessions.
Pour ceux qui ont déjà prévu d’assister à un (ou plus) futur séminaire-dont certains se tiendront à Orlando, Paris et Los Angeles-et préfèreraient garder la surprise quant aux détails de la présentation, je vous suggère d’arrêter la lecture maintenant. Pour ceux qui n’ont pas prévu d’assister à un séminaire, continuer de lire. Cet article pourrait bien vous faire changer d’avis.
Brad Sundberg a eu assez de chances de pouvoir faire l’expérience d’une grandeur musicale de premier choix. Pendant 18 ans, entre 1985 et 2002, Sundberg a travaillé étroitement avec le Roi de la Pop, y compris sur quatre albums, plusieurs courts-métrages, des remixes et même des projets concernant le ranch de Michael Jackson Neverland.
Avant que le séminaire ne commence officiellement, Brad a accueilli le groupe avec un sourire et une poignée de main, pendant qu’on pouvait entendre en musique de fond les classiques de Michael Jackson. Tout le monde s’est ensuite enregistré à l’accueil, et a reçu un sympathique mug de voyage « In The Studio With Michael Jackson », un sac/sac à dos et une bouteille d’eau. Pour des raisons évidentes, on a du remettre nos téléphones, caméras et tout appareil susceptible d’enregistrer. Une fois cela fait, il était temps d’aller à l’école : l’école MJ.
Brad a commencé rapidement avec quelques informations sur lui-même et sa carrière « Il s’exprime vraiment très bien » a dit un fan participant, expliquant qu’au lieu d’utiliser une liste ou de lire un texte, il a plutôt choisi une approche plus terre-à-terre, plus improvisée.
«Avant toute chose il a dit quelque chose à cet effet : ‘Je suis simplement un technicien normal. J’ai été au bon endroit au bon moment’» s’est rappelé un participant. «Il nous a dit : ‘J’ai commencé en tant que «coursier» rapportant des burgers et du café pour l’équipe ‘».
Il a ensuite présenté sa fille, Amanda, qui faisait fonctionner à la main une table d’harmonie et un ordinateur avec du son et des bribes de vidéos. C’était mignon de voir la façon dont ils plaisantaient ensemble. Brad lui demandait constamment de mettre le prochain clip intéressant qu’il avait en réserve pour son audience. Elle essayait toujours de faire en sorte que son père garde le cap afin de donner toutes les informations, de raconter toutes les histoires, de montrer toutes les vidéos et de passer tous les supports audio dans les quatre heures allouées, mais vraisemblablement ils ne pouvaient pas, même si le séminaire a duré plus longtemps que ce qui était prévu. Brad disait « J’ai simplement besoin de raconter cette histoire de 30 secondes d’abord ».
Après tout, il a en avait tellement !
L’ambiance dans le studio était géniale. Tout le public avait un super siège et une vue imprenable sur l’écran de projection, qui était assez large, probablement deux mètres sur deux. Il était possible de payer plus pour un pass VIP, qui comprenait une entrée prioritaire et un siège dans les premiers rangs. Les participants VIP avaient aussi le privilège de passer environ une heure supplémentaire avec Brad où il était possible d’avoir plus d’informations, de poser des questions et même de partager le plat préféré de Michael.
Les fans, qui étaient à peu près 40 au total, étaient passionnés, ne perdant pas une miette de ce que Brad racontait.
Il a apporté avec lui une multipiste de 14 couches de Bad et a passé 15 minutes à jouer avec, présentant les leads chantés de Michael et les backgrounds séparément. Il a isolé les cors et même David Williams à la guitare.
«Il a crée le plus incroyable remix juste devant nos yeux. C’était excitant» a dit un des participants.
Les fans ont appris que les morceaux up-tempo enregistrés pour l’album Bad duraient initialement neuf minutes et nécessitaient quelques coupes considérables pour l’album. Une fois rognées, les modifications étaient accélérées jusqu’à 6% avant d’être rendues publiques. Le but d’accélérer les mixages était de leur donner plus d’excitation. Par conséquent la voix de Michael sonnait toujours plus légèrement aigue dans les versions finales de l’album. Brad préférait les originaux, avant qu’ils soient accélérés.
Brad a raconté l’histoire de l’enregistrement de l’intro de I Just Can’t Stop Loving You. Ils ont construit un micro dans la tête d’un mannequin que Brad a montré aux participants. Pour enregistrer l’intro, Michael a sauté dans un lit avec le mannequin et a parlé dans sa tête. Brad n’était pas fan du résultat et les radios et les DJ le détestaient, alors ils l’ont retiré du pressage suivant.
Michael, en grand perfectionniste, n’était jamais satisfait de l’album
Bad. En fait, après le lancement du Bad Tour, alors qu’ils travaillaient sur les radio edits, les singles et les mixes dance, ils ont continué à modifier l’album. Brad a dit que la version de Bad qui est sortie en août 1987 n’était pas exactement la même que celle sortie seulement quelques mois plus tard. Ils ont simplement continué à travailler dessus, à le parfaire.
Brad a joué trois versions de Streetwalker, un morceau qui a d’abord été considéré pour l’album Bad mais qui a finalement été coiffé au poteau par Antoher Part Of Me, dos-à-dos. L’une était la version que l’on connait, présente en 2001 pour Bad special edition et ensuite en 2012 pour la sortie de Bad 25. Les deux autres étaient différentes, présentant un étrange style « Wild West» dans l’intro et différents ad-libs.
Brad personnellement préférait Streetwalker à Another Part Of Me, tout comme Michael.
L’achèvement de l’album Bad et de la tournée mondiale en 1989 a vu un changement de garde concernant la direction que Michael voulait que sa musique prenne. Tout d’abord, Quincy Jones n’allait plus servir en tant que producteur en chef pour sa toute nouvelle aventure studio. A la place, Michael a distribué les responsabilités de la création entre plusieurs combinaisons de collaborateurs, certains nouveaux et certains anciens.
Sundberg a été rappelé, comme l’ont été la vieille firme Bruce Swedien, Bill Bottrell et Matt Forger. Nouveau dans le tableau : le talentueux Brad Bruxer.
Les premières sessions en 1989 et 1990 ont vu Michael travailler avec le producteur Brian Loren. Cependant, au fur et à mesure que l’album évoluait, Loren a été évincé, et a été remplacé par le producteur New Jack Swing Teddy Riley.
Alors que le travail sur le projet chauffait, les sessions entre les collaborateurs devenaient franchement compétitives. Il y avait trois studios en action en même temps : un tenu par Bill Bottrell, un par Bruce Swedien, et un par Teddy Riley. Brad naviguait entre celui de Bottrell et celui de Swedien, mais n’a pas été amené à travailler à celui de Riley. Michael fréquentait les trois, et arrivait souvent avec des commentaires pour accélérer la cadence des équipes «La vache il y a du smelly jelly (nom donné à Michael Jackson par Quincy Jones) là-bas» disait-il aux groupes de production rivaux, simplement pour être sûr qu’ils restaient vifs et en alerte.
Chaque équipe voulait avoir ses chansons dans l’album.
Les membres du groupe Toto étaient beaucoup impliqués dans le voyage musical de Michael Jackson, notamment dans différentes contributions pour Thriller, Bad, Dangerous et même HIStory. Steve Porcaro, un membre du groupe qui avait précédemment écrit la chanson Human Nature dans l’album Thriller sorti en 1982, avait participé à un morceau dont il espérait qu’il allait être choisi par Michael pour son tout dernier projet.
Le nouveau morceau For All Time, pour lequel Michael a enregistré une démo en mai 1990, était la réponse de Porcaro à Human Nature, huit ans plus tard. Brad a expliqué que Steve disait «Brad, ça doit figurer sur l’album», ce à quoi Brad répondait à cet effet «Comme si j’avais une quelconque influence!»
«C’était comme si avoir un des ses chansons dans un album de Michael Jackson faisait de toi un millionnaire à nouveau» a fait remarquer un fan. Et c’était sûrement le cas.
Michael, bien sûr, adorait les chansons qu’il avait personnellement écrites. C’était ses bébés. Mais, si tu pouvais capter son attention, s’il tombait amoureux d’une de tes chansons, il y avait de grandes chances pour qu’elle soit sur la tracklist finale. Michael savait ce qu’il aimait et il savait ce qui allait marcher.
Siedah Garrett est une des auteurs-compositeurs qui avait été assez chanceuse pour avoir une de ses chansons sur un album de Michael Jackson.
En 1987, Michael enregistra son interprétation de sa chanson Man In The Mirror, qu’elle a coécrit avec Glen Ballard. La chanson figura finalement sur l’album Bad, et suite à sa sortie en single début 88 arriva au top des charts à travers le monde, les plaçant numéro 1 au Billboard Hot 100.
Pour son prochain nouveau projet, qui deviendra alors l’album Dangerous, Michael enregistra un morceau qu’il avait coécrit avec Siedah et Glen, une sorte de chant gospel intitulé Keep The Faith.
Lors du séminaire Brad a partagé une incroyable histoire à propos de l’enregistrement de ce morceau :
Michael aimait Keep The Faith et a toujours eu l’intention de le mettre dans son nouvel album. Michael et l’équipe ont beaucoup travaillé, ont passé de longues heures à préparer le morceau, la musique et tout. Cependant, en chantant à tue-tête les derniers vocaux, quelque chose s’est passé qui a complètement chamboulé la chanson : la voix de Michael a craqué.
Brad n’avait jamais entendu une fissure dans la voix de Michael avant. Michael a vraiment été étonné et en a été contrarié. Parce que sa voix craquait, l’intensité de la chanson devait être diminuée pour que Michael puisse chanter la chanson de la manière dont il voulait l’interpréter.
Tout le monde a été d’un grand soutien, et ils ont recommencé.
Par rapport à la version finale telle que nous la connaissons tous et que nous adorons sur l’album Dangerous, s’est remémoré Brad, c’était Michael chantant comme s’il disait «je suis désolé» et «merci». Il a dit qu’on pouvait l’entendre dans sa voix.
Brad a dit que Michael avait toujours de l’eau brûlante, presque bouillante en studio, pour sa voix.
Michael s’échauffait la voix pendant deux heures avant une session d’enregistrement avec son fameux coach vocal : Seth Riggs. C’est ce truc qui manquait le plus à Brad, a-t-il dit, simplement pour la satisfaction de savoir que pendant qu’ils travaillaient sur quelque chose, Michael s’échauffait la voix, réglait les balances ou faisait son moonwalk en cercle.
Il a fondu en larmes et est devenu très sensible deux ou trois fois. Même si Brad et Michael étaient collègues, ils étaient également des amis proches. Michael aimait et avait confiance en Brad, et Brad ressentait la même chose, et montrait sa reconnaissance à Michael avec une loyauté inconditionnelle à travers toutes ces années.
Brad adorait l’atmosphère du studio parce que c’était un antre sombre, comme lorsque lui, Michael et l’équipe y travaillait dans le temps. Parfois Brad demandait s’il pouvait baisser toutes les lumières parce que c’est comme ça que Michael enregistrait, avec une lumière seulement pour le pupitre.
Toutefois, de temps en temps, le manque de lumière se retournait contre le studio. Par exemple, pendant l’enregistrement de la démo original de Dangerous, Michael essayait de bouger le mur derrière lui. Malheureusement, les pieds devinrent instables et le mur tomba directement sur la tête de Michael. En fait on peut entendre le bruit de l’incident au début de la démo (voir en-dessous) qui a été finalement incluse dans The Ultimate Collection sorti en 2004.
Michael et l’équipe ont continué d’enregistrer pendant à peu près une heure et demie après qu’il ait été frappé par le mur. Quand ils ont terminé la session, Brad a appelé le docteur qui lui a dit que Michael devait être professionnellement traité pour une commotion cérébrale. Lors des sessions pour Bad et Dangerous, la sécurité était plutôt molle. Il n’y avait pas vraiment d’autres personnes que les techniciens et Michael. Alors Brad a conduit lui-même Michael à l’hôpital, dans a vieille petite voiture.
Les participants ont eu la surprise d’avoir un certain nombre de pièces de la magie Michael Jackson tout au long du séminaire, des choses qui n’ont jamais circulé au sein de la communauté des fans.
Un des points était un enregistrement audio de deux heures que Brad a obtenu de la session collaborative durant laquelle Give In To Me a été conçue.
A la base, Give In To Me était une ébauche de morceau dance, avec des battements de tambour programmé pour jouer quand Michael et son guitariste faisaient un bœuf, improvisaient et construisaient la mélodie. Cependant, au fil des deux heures d’enregistrements, la chanson a évolué et a finalement pris la forme qu’on lui connaît. Michael a réalisé qu’elle n’était pas faite pour être une chanson dance. La musique a pris sa propre direction, et les deux en sont arrivés à une chanson rock. Brad a partagé quelques morceaux de ces deux heures, qu’il a personnellement abrégés en à peu près douze minutes. Brad sentait que le monde avait besoin d’entendre ce genre de choses.
Boots Groove était une démo inédite que Brad a partagée avec le groupe. «
Le son est vraiment similaire à Get On The Floor» a commenté un fan. «
C’est la ligne de basse des Brothers Johnson». Un autre morceau inédit que Brad a fait écouter à un groupe est un morceau auquel les fans font référence sous le nom
Faces.
Il a joué la démo de Don’t Stop Till you Get Enough aussi, où l’on entendait que Michael et le batteur faire les percussions «Les bouteilles et les tambours étaient excitants».
Une autre grande exclusivité était dix minutes de vidéo personnelle que Brad a tournée de Michael et Sean Lennon en train de découvrir un theremin (un instrument de musique) lors des sessions pour l’album HIStory. Michael avait vraiment l’air d’un grand enfant sur la vidéo. Il est juste en train de s’éclater, les yeux écarquillés et ricanant comme s’il n’avait aucun souci au monde.
Mais peut-être que le moment le plus exceptionnel était la diffusion entière de la vidéo de Michael en studio chantant Childhood en live avec le NY Philharmonic. «C’est vraiment à couper le souffle» a dit avec un grand sourire un fan qui a eu assez de chance pour assister à cela. On peut voir Michael dans une pièce de verre insonorisée, se tenant derrière une énorme pièce avec l’orchestre du NY Philharmonic et leur chef d’orchestre, donnant à Michael les signaux de départs.
Son chant est merveilleux. Sa voix est incroyable, et fait ce captivant effet de « voix claire » loin du micro entre des phrasées difficiles-qui a bien sûr été supprimée à la fin. Quand l’orchestre phénoménal arrive au milieu de la chanson «Have you seen my childhood ? Dah dah dah dah dahh dahhhh» Michael accompagne, balançant triomphalement ses bras en disant « Oui ! Oui ! » Il attrape le ciel et le ramène à terre comme un enfant. On ne verra jamais Michael aussi heureux. Il avait l’air sublime, avec un sourire jusqu’aux oreilles. Vraiment quelque chose d’incroyable.
L’orchestre jouant lors d’Earth Song aussi quelque chose de captivant. «On dirait du Tchaikovsky ou du Brahms» a dit un fan. «On n’y reconnait presque pas l’art de Michael».
Il y a également un superbe gospel «qui échauffe la voix» avec le Andrae Crouch choir pour They Don’t Care About Us. Ils sont en cercle, chantant a capella «They don’t care, they don’t care. They. Don’t. Care. us. They. Don’t. Care. About us!». C’est fabuleux.
Brad s’est excusé lors du séminaire, disant qu’il ne pouvait pas imaginer combien étaient inestimables les feuilles où étaient écrites les paroles, les musiques, et toutes ces choses du pupitre de Michael qu’il avait simplement jeté à la poubelle quand ils n’en avaient plus besoin. Mais, dit-il, avec le recul, s’il avait tout gardé, chaque pièce, ça aurait fait de lui un fan et non un collègue. Et s’il n’était qu’un fan il n’aurait pas partagé la même pièce que Bruce Swedien, Bill Bottrell, Matt Forger, Teddy Riley, Rod Temperton et Michael Jackson.
«Une des plus grandes choses à propos de ce séminaire était que ça avait lieu dans un véritable studio d’enregistrement» a dit un participant.
Michael disait toujours «Fais-moi mal, monte le son à 11» et c’est ce que Brad faisait. Par courtoisie il a demandé à tout le groupe si quelqu’un voulait qu’il baisse, mais tout le monde a répondu «Non!» Les enregistrements audio et vidéo ont été joués très distinctement. C’était hallucinant. Les percussions, les cors, les cordes, tout a été joué sur d’incroyables enceintes hi-fi qui prenaient étalage entier «On doit vraiment examiner la musique»
«Ca a coûté 150 dollars et c’était au-delà de ce que je pouvais imaginer» a conclu un fan. «Quatre heures dans un studio sans caméra, vidéo et enregistreurs autorisés. C’était l’école pendant quatre heures et ça aurait pu encore continuer. Les fans voulaient rester ou assister à un autre séminaire. Brad est un véritable allié pour les fans de Michael».
Très bien, c’est tout pour moi concernant le contenu du séminaire. Après tout, ce n’est pas destiné à spoiler l’évènement, c’est plutôt comme une mise en bouche pour encourager les fans à y participer. Lire les détails et expérimenter la magie en personne sont deux choses totalement incomparables. Et chaque séminaire est différent, alors il est sûr qu’on apprendra quelque chose de nouveau à chaque session.
Traduction: Eva.
Rendez-vous à Paris le 12 octobre prochain.