Interview du chorégraphe Michael Peters – Juillet 1984

Michael Jackson, danseur de génie. Par son chorégraphe Michael Peters.

Le magazine Podium, dans son numéro Hors Série spécial Michael Jackson de Juillet 1984 faisait un article sur Michael Peters, en raportant de nombreuses déclarations du chorégraphe (de l’époque) de Michael Jackson.

Récit :

Le danseur Michael Peters que beaucoup considèrent comme le futur Bob Fosse (*) de sa génération est devenu l’un des tout premiers chorégraphes du show-business américain durant ces dernières années. A partir de son travail comme danseur vendette à Broadwayb et pour les shows télévisés, Peters a bâti toute une deuxième carrière de chorégraphe pour Broadway, des troupes en tournées, des films commerciaux pour la TV et aussi le cinéma.

En 1982, il a obtenu une récompense pour son travail sur « Dreams Girls », l’un des grands succés de Broadway, et c’est lui qui a mis au point les numéros de la Compagnie de danse de la côte Ouest avant qu’elle ne commence son spectacle à San Francisco. Il fait partie de ceux qui auditionnent les acteurs candidats à un rôlz dans le film qui sera dirigé par l’une de ses idoles, Sidney Poitier. Film qui porte le titre de « Shoot Out » et dont il assurera également la chorégraphie pour les scènes de danse. Il n’en demeure pas moins que, malgré tous ces projets, le plus excitant de tous est sans doute pour Michael Peters la production de videos musicales. C’est ainsi qu’il a récemment travaillé à la dernière vidéo de Lionel Richie, « Runnin’ With The Night ». Michael a d’ailleur profité de sa position pour s’inclure lui-même parmis les danseurs, ce qui malheureusement ne lui arrive plus trés souvent.

Travailler avec une super star de la musique contemporaine comme Lionel Richie n’est, à vrai dire, pas une expérience nouvelle pour Peters l’aventurier. Il a déjà collaboré, entre autres, avec Pat Benatar et Diana Ross. Mais son plus grand défi a probablement été de travailler à affiner les gestes de l’actuel champion des videos rocks et de la musique rock dans le monde, Michael Jackson.

De par ses contributions à la vidéo « Beat It » de Bob Giraldi et plus tard à l’extravagant quart d’heure de « Thriller » dirigé par John Landis, Peters a pu voir mieux que personne Jackson en action. « Michael est ce que j’appelle un danseur dans l’âme » raconte Peters à propos du plus célèbre membre des Jackson Five. « Il n’a jamais étudié. Ce n’est pas un danseur entraîné professionnellement, il n’a jamais pris de cours de danse, et vous n’auriez pas l’idée de l’engager pour faire partie du corps d’une compagnie de danse. Mais il possède toutes les sensations des danseurs », fait remarquer Peters. « Il danse c’est tout ! Vous voyez ce que je veux dire ? Je peux le mettre au milieu de trente danseurs entraînés qui ont consacré leur vie à ça et ont étudié pendant vingt ans et il tient sa place. Naturellement, il faut adapter la situation à ce qu’il peut faire. »

Peters dit qu’il n’a rien à voir avec le style mis au point par Michael pour son apparition dans le show spécial de la télévision à l’occasion du 25ème anniversaire de la Motown, bien qu’ils se soient déjà connus l’un et l’autre. Pas plus qu’il n’a travaillé sur la vidéo « Billie Jean ». Mais il relève qu’il n’a pas été le seul danseur connu à avoir regardé cette émission de télévision avec un intérêt admiratif pour les talents de Michael Jackson. « Le matin suivant, Fred Astaire a appelé Michael et lui a dit combien il avait apprécié sa performance », raconte Peters. « Michael a reçu ce commentaire comme son « plus grand compliment ». Fred Astaire lui a dit qu’il avait été merveilleux. D’ailleurs, Michael pourrait trés bien par la suite jouer dans des films semblables à ceux de Fred Astaire, mais bine entendu adaptés au goût du jour. Ils serait parfait dans ce genre de style. »

Michael Jackson a déjà un film réalisé à Hollywood derrière lui : « The Wiz » (1978) dans lequel il joue « l’épouvantail » tandis que Diana Ross est « Dorothy ». Il n’empêche que la plus grande part d’énergie qu’ait donnée Michael devant une caméra à ce jour, ce fut pour des videos. La dernière en date, c’est « Thriller » qui est construite comme un petit film d’horreur. On peut également le voir aux côtés de Paul McCartney dans la vidéo qui accompagne leur duo « Say, say, say ». Déjà en 1983, Jackson et McCartney avaient frappé fort avec « The Girl Is Mine » que l’on retrouve sur l’album « Thriller ». La relation privilégiée de Michael avec Paul McCartney a maintenant une longue histopire puisque Jackson a déjà fait figurer la chanson de Paul, « Girlfriend » sur son premier album solo enregistré en 1979.

Le tournage de la vidéo « Beat It » est rapidement devenu légendaire, en grande partie parce que les producteurs avaient pris le risque d’utiliser de vraies bandes de voyous pour créer une atmosphère plus vraie. Peters raconte qu’il a travaillé environ deux heures avec Michael avant d’être appelé auprés d’une caméra fixe mais que la tension sur le plateau était telle que tout le monde pouvait la palper. « Les « gangs » étaient en marge du plateau central » explique Peters, « aussi Michael n’avait pas grand chose à voir avec eux. Il était quelque peu nerveux et d’ailleurs nous l’étions tous au début. Mais il a quand même été merveilleux avec eux. Je crois que le moment capital a été lorsque les gosses nous ont vu danser. je pense qu’à partir de là, ils nous ont vraiment respectés. Lorsque nous avions besoind e Michael, il était là sinon il se trouvait dans sa caravane. Mais il a quand même signé des autographes aux gamins et s’est laissé prendre en photo avec eux. » Peters raconte qu’il lui était déjà souvent arrivé de travailler avec des gens qui n’étaient pas des danseurs et que c’est la raison pour laquelle il avait accepté avec joie d’assurer la chorégraphie de ces bandes de loubards pour « Beat It ».

 

 

Il a déjà raconté bien souvent que lorsque tout fut terminé, les gosses des rues se mirent à applaudir et qu’il retira une immense satisfaction d’avoir pu obtenir tant d’eux qui ne savaient absolument pas au départ ce qu’ils pourraient donner comme danseurs. « Michael est un innovateur », affirme Peters qui a vu la super star grandir sans cesse depuis le temps de l’adolescence. « Je pense que l’on peut dire ça, compte tenu de la foule de choses différentes qu’il a réalisées ces deux dernières années. Il aime être le premier à faire des choses que personnes n’a jamais faites. C’est cela ses loisirs. C’est d’ailleur l’une des raisons pour laquelle nous sommes tous dans ce domaine : on cherche à prendre du plaisir à transformer nos rêves en réalité et vice-versa. »

« De façon tout à fait merveilleuse, il est également partagé entre l’adulte et l’enfant. D’un coté il est trés naïf et de l’autre, il est un homme d’affaires remarquable. Lorsque je dansais avec Lola Falana, il avait pris l’habitude de venir assister aux répétitions. Et souvent il me demandait : « Comment fait-tu ce mouvement ? » Je le rencontrais de temps en temps au fil des années, et puis nous avons eu la chance de travailler ensemble et je crois sincèrement que c’était une grande chance pour tous les deux. » Peters ne voit vraiment pas pour quelle raison le retour des Jackson Five en tournée devrait être considéré comme une régression pour Michael. Se retrouver à nouveau avec ses frères ne risque pas, selon Peters, de lui porter préjudice. « Il y a un certain moment d’une carrière où ce que vous faites importe peu et Michael vit ce moment. Son succés est dû en partie aux Jackson Five et ceux-ci décidant de retravailler ensemble c’est un peu comme si on assistait au retour des Beatles ou d’autres groupes aussi célèbres. Le budget de promotion et de publicité d’aprés ce que j’ai entendu dire est d’environ 4 milliards. Aussi on peut penser que cette tournée sera quelque chose d’incroyable. Mais je ne crois pas qu’elle changera quoi que ce soit à la façon dont les gens perçoivent Michael. Même si, c’est vrai, les gens sont tellement sentimentaux : ils adorent tout ce qui fait partie du passé. »

Peters raconte que si lui-même et Bob Giraldi travaillent avec Michael ou Lionel Richie, ou Diana Ross ou qui que ce soit d’autre, c’est parce que le « plus » qu’ils apportent à la musique par l’image est une nécessité aujourd’hui. Et tous les gens qui font appel à leurs services possèdent une fantastique énergie. « Pour consacrer autant de temps, d’argent, d’énergie à ces vidéos – et il n’y a pas d’autre solution – il faut vraiment en avoir envie », insiste-t-il. « Ils possèdent tous cette incroyable volonté qui fait les stars et qui les différencie dans tout ce qu’ils font. Ils possèdent de superbes dons et l’envie de les utiliser. C’est notre rôle de les y aider. Et en tant que créateurs, nous nous nourrissons de cela ».

Vu l’extraordinaire succés de « Thriller » le second album de Michael sorti quatre longues années aprés le premier et la flopée de 45-tours tout aussi remarquables issus de cet album, il semble plus que probable que le prochain album de Michael sera attendu impatiemment et qu’encore une fois, il fourmillera de tubes qui seront adaptés en vidéo-clips pour que puissent être exploités les dons surnaturels de Michael pour la danse. Et il semble tout aussi probable qu’il sera à nouveau fait appel à Michael Peters pour en assurer la chorégraphie.

« Michael est un artiste incroyable », dit Peters, « demandez à n’importe qui dans le monde s’il pense que Jackson est un grand danseur et la réponse sera toujours : « Oui ! ». Et il l’est ! »

* Bob Fosse a obtenu la palme d’or au festival de Cannes en 1980 pour le film « Que le spectacle Commence ». « Chicago », le film de Catherine Zeta-Jones et Richard Gere prévu pour Mars 2003 est une adaptation cinématographique de la célèbre comédie musicale « Chicago » de Bob Fosse.

Fin.