Time 14 juin 1971

> Pré-HIStory : The Jackson 5

Traduction de l’article du Time du 14 Juin 1971 :

L’article se trouve dans la section Arts & Entertainment / Music: The Jackson Five at Home.

 

Jackie a 20 ans, Tito 17, Jermaine 16, Marlon 14. Ils chantent et jouent de la guitare. Michael, 12 ans, est le chanteur et leader du groupe. Ils sont frères, et forment ensemble les « Jackson Five », un groupe qui, en à peine un an, a donné un gros coup de pied dans la Pop capitaliste ce qui n’était arrivé depuis l’arrivée des Beatles. En 1970, ils avaient quatre hits à leur actif, deux de plus cette année, quatre albums dont dix singles vendu à des millions d’exemplaires, et un «I’ll be there » qui a déjà dépassé les 4 000 000 millions d’exemplaires. Des adolescentes assiègent leur maison pour obtenir des autographes et parfois s’évanouissent lorsqu’elles les entendent chanter. Ils ont leur propre magazine, une publication trimestrielle dans laquelle les fans peuvent se dévouer entièrement aux Jackson Five, et lire des articles tels que « Une lettre d’amour de Michael pour vous ». Désormais les boutiques sont remplies de décalcomanies, autocollants et pull Jackson Five. Une laque pour les cheveux Jackson Five et une montre à leur effigie sont prévu ainsi qu’un dessin animé retraçant leur vie à la télévision. Malgré ce « boom » commercial, le groupe parvient à être l’un des meilleurs dans la catégorie soul dans tout le pays. Cette partie de la famille est également la plus agréable et la plus naturelle qui n’ait survécu à la pression exercée par le showbiz sur des adolescents. Notre correspondant Timothy Tyler a découvert lors d’une récente visite faite aux Jackson Five à Los Angeles :

Premièrement, ils sont réellement les « Jackson 12 ou 13 » si vous comptez leur soeur Maureen, qui vit dans le Kentucky. Il y a les parents, Joe et Catherine ainsi que les cousins Johnny Jackson et Ronnie Rancifer qui jouent respectivement du tambour et du piano. Les soeurs Janet, 4 ans, La Toya, 15 ans et le petit frère Randy, 8 ans qui est prêt à rejoindre le groupe.

Ils vivent ensemble dans une massive maison stuc moderne de 12 pièces dans un immense terrain gardé par une barrière électrique à San Fernando Valley, banlieue de Los Angeles. L’endroit est gigantesque, flanqué de quartiers aménagés d’une maison d’invité, d’un théâtre et de lotissements pour les domestiques. Mais il y a seulement 6 chambres, de telle sorte que Michael ? -malgré son statut de Héro- doit partager la sienne avec Randy et Marlon, tandis que les autres frères se voient obligé de partager leur chambre également.

La forteresse Jackson est entourée par une piscine, dont les côtés sont bordés de plantes florissantes, il y a un terrain de Basket et de badminton, une archerie et, un studio d’enregistrement dont la l’aspect est à mi chemin entre un lobby de Motel et le siège de la compagnie « Sunset Boulevard record «. Les murs sont tapissés de disques de platine (chacun d’entre eux représente 2 000 000 dollars de vente) et divers autre trophées que les garçons ont remporté. Il y a un bar, une stéréo avec de grosses enceintes et des divans de cuir en guise d’ameublement.

L’endroit est presque totalement impersonnel, la personnalité la plus féroce est sans aucun doute Lobo, un berger allemand, entrainé à manger n’importe quoi, de blanc ou de noir grinçant, hurlant et muni d’un livre d’autographes ( !) Les amis les plus proches de la famille doivent attendre dans le parking, dans leur voiture et demander à travers la fenêtre si Lobo est dans les parages? Ainsi, les enfants maintiennent la bête enragée à l’intérieur de la maison jusqu’à ce que le visiteur atteigne la porte d’entrée. Ensuite, Lobo est autorisé à se précipiter vers les portes de derrière, en faisant des tornades de vrilles autour de l’établissement dans le but d’atteindre en vain (espérons le) les premières marches de la porte d’entrée qui lui permet d’attraper le visiteur à temps et de déchirer les vêtements du malheureux ayant osé s’aventurer dans la propriété.

Les enfants errent aux alentours de la propriété, pas nécessairement à l’intérieur mais toujours sous surveillance. Michael, le plus adorable afro américain de douze ans que vous puissiez rencontrer, nous raconte les débuts du groupe : «Nous avons commencé à chanter ensemble après que Tito se soit essayé à la guitare de notre père et chanté à la radio. C’est Tito qui a décidé que nous devrions former un groupe, ce que nous avons fait. Nous nous sommes beaucoup entrainés et ensuite nous avons commencé à participer à des « talent show », nous avons gagné chaque concours auxquels nous étions inscrits ce qui a engendré pas mal de profits à l’égard du maire (Richard Hatcher, maire de Gary, Indiana). Diana Ross faisait partie de l’audience et un soir, après un show, alors que nous étions dans nos loges, elle a frappé à la porte et nous a emmené à Détroit chez Motown . C’est à partir de ce moment que tout a commencé.»

Michael a l’air prit de cours dès lors qu’on lui pose une question qui dépasse le cadre de ses performances et entrainements, mais il réponds tout de même du mieux qu’il peut. Oui, Katherine, la mère, a joué de la clarinette lorsqu’elle était au Lycée, mais elle n’était pas influencé plus que ça par l’univers musical. En revanche, le père Joe, a chanté dans sa jeunesse et joué de la guitare dans un groupe appelé the Falcons. Toute la famille, Maureen au piano, se réunissait les weekend pour chanter. Joe fournissait les cordes de la guitare. C’est Tito qui a eu l’idée de former un groupe alors que Michael n’avait que six ans.

Tito jouait de la guitare et Jermaine apprenait la basse (sur la guitare de Tito dans un premier temps, car ils n’avaient pas assez d’argent pour se procurer une véritable basse). Ensuite sont arrivés les basses et haut parleurs, mais il n’y avait toujours pas assez de moyens pour acheter d’autres instruments. C’est alors que les cousins ont été enrôlés, plus pour leur matériel que pour leur talent musical. Ils reprenaient des chansons des Temptations comme « I wish it would rain » et « my girl » ou de Smokey Robinson « Going to a go- go ». Ils ont commencé à faire des tournés à Chicago, en Arizona, New York et Boston. La famille faisait la plupart de leur voyage dans leur van Wolkswagen, accompagné d’un second transportant leurs équipements. Les enfants se rappellent essentiellement la neige ainsi que tous leurs week end et vacances scolaires passés dans des motels et autre endroits bizarres. Marlon se souvient : « Nous devions faire un show quelque part le Samedi soir, nous n’étions de retour à la maison qu’aux environs de trois heures du matin pour se réveiller ensuite à huit heures pour aller à l’école, c’était dur ».

Certaines choses sont devenues plus simples par la suite, mais il est toujours aussi remarquable de constater leur force et leur maturité au vu de leur emploi du temps composé de concerts, enregistrements, apparitions télé et de la création de la nouvelle série de dessin animée les « J5 » le tout organisé autour de l’école et des devoirs scolaires. La Buckly School, (à Sherman Oaks, fréquentée par les jacksons), octroie des subventions ainsi que des professeurs particuliers qui voyagent et travaillent avec les garçons où qu’ils soient, mais le showbiz reste malgré tout un handicap à l’instruction scolaire. Là encore, les garçons, qui n’obtiennent que peu de subventions par semaine, ne sont pas sujets à la même pression qu’exercent les voyages sur les adultes ? vous savez, perdre son temps sur la route à des piaillements sans importances, les migraines, les craquements d’os, les médicaments, ou l’alcool qui les remplace ? au lieu de ça, ils passent leur nuit à faire des batailles d’oreillers, jouer aux cartes, au scrabble ou au monopoly.

La magie de Motown. Ni leur scolarité, ni leur musique n’a réellement souffert de leur emploi du temps. En regardant les garçons ensemble, on commence à réaliser à quel point ils ont travaillé dur pour être à ce niveau. Une partie de leur travail est certainement due à la « magie de Motown » comme le disent les publicistes de la Motown. En effet, Berry Gordy et les auteurs Fonso Mizell, Freddy Perren et Deke Richards, ont co-écrit « love child » pour les Supremes. Les airs qu’ils procurent sont du bon son de la musique pop noire, les rythmes d’authentique R&B. Mais il faut tout de même une bonne dose de magie personnelle pour qu’un jeune garçon de douze ans puisse être aussi crédible lorsqu’il fredonne :

Let me fill your heart with joy

and laughter.

Togetherness, girl, is all I’m after.

Whenever you need me,

I’ll be there.

Ils deviennent alors réellement professionnels musicalement. Michael joue du tambour, il dit apprendre le piano également : « ce n’est pas vraiment compliqué, il suffit juste d’être bien concentré sur ce que vous faites, c’est tout ». Marlon affirme dans sa douce voix d’enfant qu’il est danseur, et Jermaine ajoute que Marlon est surnommé « las vegas » à la maison grâce à ses prouesses dans les jeux de carte. Il apparait que Jermaine est poète, et que Michael et lui (Michael sait tout faire) aiment dessiner des personnages. Jackie aime rappeler comment seize jeunes filles se sont évanouies à Cincinatti lorsque Jermaine s’est exercé à son solo dans « I found that girl ». Lors du passage où il a fredonné « won’t you take me with you ? », les filles ayant apparemment confondu le show avec un meeting de gospel, se sont bousculées en hurlant « yes ! ».

Il fait toujours un peu trop frais pour la saison pour faire de la natation, donc après un petit match de Basketball, les enfants se sont essayé à un petit jeu d’eau. « Je suis bon en trampoling » fit remarquer Michael. « Et je suis bon en natation ». « Pas autant que moi » renchérit Jermaine. Et Tito d’ajouter : « Nous faisons tous des petites ligues et nous terminons toujours premiers, nous sommes les meilleurs dans tous les domaines »

Ça ne semble ni faux, ni prétentieux? simplement vrai.

Fin.

Traduction : Sirius.