Rencontre avec Laurent Hopman de Captain Eo Productions le 12/09/1999
1/ Depuis quand es tu fan de Michael Jackson ?
LH : Je suis devenu fan un samedi matin en entendant « Beat It » à la radio. Je croyais que le chanteur disait « Bullit, bullit », et je trouvais ça génial. Ensuite, j’ai vu le clip de « Billie Jean » et ça ne s’est pas arrangé. J’étais à l’école avec Julien à l’époque. On était en 6e ou en 5e. Un samedi soir, Michel Drucker a diffusé le clip de « Thriller ». Je l’ai raté, je n’étais pas au courant (il n’y avait pas la ligne B&W à l’époque). Le lundi matin, en allant à l’école, Julien m’a raconté le clip, j’étais écoeuré de l’avoir raté.. À l’époque (dans les années 50), les magnétoscopes étaient encore rares. J’ai donc dû attendre pour le voir qu’il repasse… Christophe est aussi devenu fan à cette époque, bien que nous ne l’ayons rencontré que plus tard.
2/ Quand tu étais un fan parmi tant d’autres, tu étais du genre à te mettre un bandeau sur la tête en poussant des « Michaeeeeeel » à qui veut où tu étais plus reposé, moins expressif ?
LH : Pendant la période « Thriller », j’étais trop jeune pour vraiment penser à m’habiller comme Michael. En revanche, l’idée me semblait plus envisageable pendant la période « Bad ». Là, j’étais tout à fait partant. Mais je ne l’ai jamais vraiment fait. Comme beaucoup de fans, j’aimais bien les trucs assez discrets, comme un T-shirt ou un petit signe distinctif que seuls les initiés reconnaissent. Julien était comme moi. Cependant, un jour, en vacances, il a tout de même osé s’habiller en « The Way You Make Me Feel ». Chemise bleue, T-shirt blanc, pantalon noir et bandes blanches autour de la taille et les poignets…
3/ En quelque mots, pourrais-tu nous dire qui est pour toi Michael Jackson ?
LH : Michael est le plus grand artiste pop contemporain de l’histoire. Depuis que le show-business existe, il n’y a rien eu de plus fort que lui. Il combine des talents d’une manière unique. Chacun de ses talents serait pour n’importe quel autre artiste une qualité exceptionnelle. Il chante, il danse, il compose, il produit, et il a cette originalité, cette imagination. Au mieux, un artiste a une ou deux de ces qualités (et rarement poussée au niveau de Michael), rarement trois, jamais quatre.
4/ Racontes nous ce que tu as ressenti le jour où tu as rencontré Michael pour la première fois. Et la dernière fois ?
LH : J’ai tout dit dans B&W! N°8 pour la première rencontre, N°24 ou 25 pour la dernière en date.
5/ Qu’est-ce qu’il pourrait faire de plus aujourd’hui pour te surprendre ?
LH : Un excellent album. C’est toujours une surprise de voir à quel point c’est un génie. Je ne m’y fais jamais. Je suis toujours surpris.
6/ Comment en es-tu arrivé à créer le magazine Black & White ? Cela ne devait-il pas être au départ qu’un simple fanzine ?
LH : Julien et moi avions un fan-club de Michael pendant plus d’un an avant le lancement de B&W. Un jour, nous avons décidé de lancer un magazine sur MJ chez les marchands de journaux. Nous avons travaillé pendant plusieurs mois pour mettre de l’argent de côté. Nous avons fait tous les boulots du monde ! J’ai été poissonnier, Julien, fromager. Nous avons travaillé à la chaîne dans des usines, on travaillait la nuit, de 22h à 6h. Avec l’argent mis de côté, nous avons créé la société Captain Eo Productions, qui était, à l’origine, une association. Une fois la SARL Captain Eo Prod créé, nous avons rencontré Christophe et nous avons formé le trio.
7/ Comment as-tu rencontré Christophe et Julien ? et le reste de l’équipe ?
LH : Je connais Julien depuis que j’ai 5 ans. Nous avons le même âge. C’est à la maternelle que tout a commencé. Je ne me souviens plus pour quelle raison nous nous sommes parlés la première fois, mais je crois que c’était à propos de boules de gomme. Nous avons rencontré Christophe par hasard. Nous avions un fan-club de MJ sur minitel et Christophe nous a contactés. C’est comme ça que ça s’est fait.
8/ Combien de personnes ont travaillé à la réalisation du premier B&W ? Combien de personnes travaillent à sa réalisation à l’heure actuelle ?
LH : Il y en avait 3 jusqu’au N°8, depuis, entre 4 et 5. C’est un magazine qui se fait en petite équipe.
9/ Captain Eo emploie combien de personnes ?
LH : C’est variable. Environ une quinzaine. Ca dépend de l’actualité et des activités.
10/ Comment fait on pour entrer dans le cercle fermé des collaborateurs de cette société, tous sont ils fans de Michael ?
LH : Non, pas du tout. Certains n’aiment pas Michael. Les seuls vrais fans de Michael sont Julien, Christophe et moi. Les autres ont été engagés en fonction de leurs compétences.
11/ En combien de langue est diffusé B&W ?
LH : B&W a été diffusé en quatre langues, français, allemand, anglais et italien. Aujourd’hui, seules les versions françaises et allemandes existent encore.
12/ Comment vois-tu l’avenir pour ce magazine, est-ce qu’une parution bimensuelle voir mensuelle est envisageable ?
LH : Nous n’avons jamais vraiment pensé à changer la périodicité du magazine, car nous pensons avoir le bon équilibre actuellement. Mensuel, c’est impossible, car l’actualité ne le justifie pas. On ne peut honnêtement pas faire 6 pages sur la visite de Michael en Namibie. C’est possible techniquement, mais voir 10 photos de MJ avec un masque et parler des détails de l’éventuel achat d’une usine de conserves de poissons, je crois que même les fans les plus accrocs s’en désintéresseraient. Bimestriel, c’est pareil, trop fréquent à notre avis. En période de promo, oui, mais autrement, trop difficile. Et puis il faut se faire désirer dans une certaine mesure. Si les fans trouvent que le magazine ne sort pas assez souvent, c’est bon signe…
13/ Michael vous a-t-il parlé un jour de toutes ces chansons inédites qui sont dans un coffre fort, avez-vous eu la chance d’en écouter ?
LH : Nous avons eu l’occasion d’aborder ce sujet brièvement. C’est surtout Bruce Swedien et Brad Sundberg (ingénieurs du son) qui nous ont parlé de ça en détails. C’est assez flippant comme concept. Des milliers d’inédits dans un coffre…
14/ Quel est selon toi la meilleure tournée de Michael et pourquoi?
LH : C’est une question difficile, car l’on juge une tournée par rapport à la précédente. Le Bad Tour était sans doute le meilleur show de Michael. Plus d’improvisation, plus de chant. Moins de danse, c’est vrai, moins d’effets spéciaux, c’est vrai, mais dans l’ensemble, j’ai préféré. Des morceaux comme « Another Part Of ME », que les fans ont vu, étaient tout simplement géniaux. Il y avait ce côté « naturel » que j’adore. Mais Michael aime tout contrôlé et, avec le temps, il a gommé les aspects spontanés du show. Bien ou mal, ce changement est radical.
15/ Apprécies-tu le gigantisme des tournées actuelles de Michael, prenons le HIStory World Tour par exemple, qui fait la part belle aux effets spéciaux, à une mise en scène plus poussée que toutes les autres tournées de Michael, au détriment du live ?
LH : C’est l’image que Michael veut donner : le gigantisme impeccable. J’adore ça, et je trouve ça formidable. J’aime aussi « You Were There », seul sur scène, sans explosion. Avec un génie comme Michael, on veut toujours plus. On veut le Roi de la Pop qui bondit sur scène dans une explosion, et le Michael Jackson assis derrière son piano qui chante doucement…
16/ Est-ce que comme certains fans tu as une préférence pour un album ou est-ce que comme d’autres tu prends avec plaisir tout ce qui vient ?
LH : Michael est un génie, tout ce qu’il produit est fascinant à mes yeux. Mais il ne fait pas que des chef-d’oeuvres. Contrairement à l’ensemble des fans, je considère que « Dangerous » est un album moyennement réussi. Largement moins bon que Bad et Thriller. Du niveau d’Off The Wall. Dangerous contient plusieurs chansons médiocres (entendons-nous bien, médiocres pour Michael) : She Drives Me Wild, Can’t Let Her, Why You Wanna Trip, Keep The Faith, Give In To Me. Ces morceaux sont décevants parce qu’ils n’apportent rien à l’oeuvre de Michael. Par ailleurs, « Dangerous » contient des chansons qui me paraissent non-achevées. Elles sont au seuil du passage à l’état de chef-d’oeuvre : Who Is It, Dangerous et In The Closet. D’ailleurs, Who Is It et Dangerous sont des morceaux qui ont été transformés plusieurs fois avant d’être sur « Dangerous ». Michael n’arrivait pas à en faire ce qu’il voulait. C’est symptomatique. Je pense qu’il n’y est pas encore totalement parvenu. Je sais que les fans ne sont pas d’accord avec moi. Je vous donne juste mon avis ! Mon album préféré est « Thriller », parce que c’est le meilleur à mes yeux. Pas à cause de Quincy, simplement parce qu’il contient les meilleures chansons. HIStory est du niveau de « Thriller » dans la mesure où il contient plusieurs chef-d’oeuvres : Stranger, They Don’t, Money, Earth Song… Le reste du disque est parfois décevant. On se serait passé de This Time Around, 2 BAd, DS, Come Together… Encore une fois, ces titres ont leur charme et ils restent excellents, mais si l’on garde la perspective de l’album parfait, HIStory en est loin à cause du choix des chansons. Idem pour Dangerous. Je trouve, personnellement, que les meilleures chansons de Dangerous sont Black Or White, Remember The Time, Heal The World et Someone Put Your Hand Out, une chanson qui n’est même pas sur l’album ! Mais je m’égare…
17/ Penses-tu qu’il puisse un jour exister une star à la hauteur de Michael ou tout au moins qu’elle soit aussi célèbre que le trio qu’il forme avec les Beatles et Elvis Presley ?
LH : Les Beatles dépassent peut-être Michael en ce qui concerne la composition, mais ils sont arrivés à une époque ou la pop n’existait pas. Ils avaient le champ libre, le monde leur appartenait. C’est plus facile que d’arriver après eux, vers la fin des 70’s… Elvis ? Il chante, il danse d’une certaine manière, mais c’est tout. Il lui manque le principal : la musique. Il était dépendant des auteurs-compositeurs qui travaillaient pour lui. Il était au bon moment au bon endroit, blanc et talentueux à une époque où il n’y avait que des noirs talentueux et qu’il n’était pas question d’en faire des vedettes. Michael est le seul véritable artiste qui mérite la reconnaissance absolue, car il s’est inventé et il est plus talentueux que tous les autres. Je crois qu’il n’y aura jamais un autre Michael Jackson dans cette époque. Il y a eu un Mozart, il y aura peut-être un autre génie de cet ordre dans une autre époque. Mais pas dans le show-biz tel que nous le connaissons aujourd’hui. C’est mon humble avis.
L’équipe MJFrance tient à remercier Laurent Hopman.
MJFrance 1999