Interviews : Chris Tucker et Brett Ratner parlent de Michael…

A l’occasion de la sortie du film « Rush Hour 3 » sur les écrans américains, le réalisateur Brett Ratner et Chris Tucker ont accordé une interview au site AV Club, publiée aujourd’hui. Voici la traduction de l’extrait où ils parlent de leur amitié commune avec Michael Jackson :

AV Club : Chris, en parlant de musique afro-américaine, vous êtes sans aucun doute la seule personne à avoir tourné dans les clips de Michael Jackson et de Tupac. En quoi sont-ils semblables ou différents ?

Chris Tucker : J’ai failli me tuer dans le clip de Tupac [ndt : « California Love », sorti en 1996]. J’étais à l’arrière d’une Jeep et je faisais n’importe quoi, on était dans le désert et on devait passer sur des dunes de sable. Michael Clarke Duncan – qui était dans « La Ligne Verte » – m’a attrapé parce que je ne savais pas qu’il allait y avoir des dunes. Dans le clip on me voit faire « Yaaaah! » Cette scène était filmée d’un hélicoptère. C’était comme dans, comment ça s’appelle déjà… Max ?

Brett Ratner : Mad Max 2.

CT : Mad Max 2, voilà. Donc je jouais le rôle de ce mec un peu barré, et s’il ne m’avait pas tiré par le dos je serais tombé de l’engin. C’est surtout de ça dont je me souviens pour le clip de Tupac, et puis j’ai rencontré une très belle fille sur le tournage aussi. Pour Michael Jackson, c’était juste l’occasion pour moi de travailler avec cette légende, avec quelqu’un que j’admire, et c’était incroyable. J’ai souvent calqué ma carrière sur celle de Michael, dans la mesure où il a su rester relativement discret, il n’a pas été faire un album tous les ans. Il en sortait un tous les cinq ans, donc à chaque fois ça se faisait en grande pompe. Il ne s’est jamais surexposé en en faisant trop. Je pense avoir beaucoup appris de lui, notamment de ne pas trop en faire, de ne pas trop me disperser.

AVC : Le tournage de ce clip, c’était le début de votre amitié avec lui ?

CT : On avait déjà entendu parler l’un de l’autre. Enfin évidemment que je connaissais déjà Michael Jackson, dans tous mes films je fais systématiquement référence à lui d’un façon ou d’une autre. C’est sans doute parce que j’ai grandi [en écoutant sa musique]. […] Je l’ai rencontré à peu près à l’époque de « Rush Hour 2 ». J’étais à New York, j’ai appelé [son équipe] et j’ai demandé : « J’aimerais bien rencontrer Michael, est-ce qu’il est disponible ? » Mais je n’ai pas réussi à le joindre. Alors j’ai pris un jet pour rentrer à Los Angeles, dès mon atterrissage là-bas j’ai regardé mes messages, et là j’en avais un de l’entourage de Michael qui disait : « Chris, Michael aimerait te rencontrer demain dans la matinée. » Donc je vais dans le cockpit pour demander aux pilotes de me ramener à New York en leur expliquant que j’ai rendez-vous avec Michael Jackson le lendemain à l’hôtel Four Seasons. Ils me font : « Quoi ? Mais il faut qu’on appelle le bureau, on peut pas juste repartir comme ça ! » Alors ils appellent le bureau puis ils me disent : « Bon ok, ça vous fera 50000 dollars de plus. » On retourne à New York, on atterrit, je rencontre Michael le matin et puis on est reparti à Los Angeles le soir même. [Pendant ma courte attente à Los Angeles la veille] je ne suis même pas sorti de l’appareil ! Je regardais mes messages pendant que l’avion roulait sur la piste. C’est la toute première fois que j’ai rencontré Michael. J’étais dans un jet privé à Los Angeles et je suis directement reparti d’où je venais… [A Brett] Je ne te l’ai jamais raconté, ça. J’ai vraiment fait une folie ce jour-là, avec tout l’argent que j’ai dépensé.

AVC : Et qu’avez-vous pensé de Michael Jackson ?

CT : Il est tout à fait normal et sympa. C’est quelqu’un de franchement gentil. Il est très timide aussi. Mais c’est vraiment cool d’être avec lui, parce qu’il est tellement sympa.

AVC : Vous pensez que c’est un incompris ?

CT : Oui, c’est un incompris parce qu’il a eu une vie très particulière. Il a accompli tant de choses dans sa vie et il a tellement de talent. C’est un génie, c’est tout.

BR : Il n’appartient pas vraiment à cette planète. C’est la plus grande figure de l’histoire de la musique, on se souviendra de lui bien plus longtemps que de George Bush. Dans deux cents ans on parlera encore de Michael Jackson, plus personne ne se préoccupera de George Bush.

AVC : Je sais que quand j’étais petit, c’était l’homme le plus connu du monde.

BR : Il ne s’agit même pas uniquement de ça. Là on parle de quelqu’un qui crée des choses. Mozart par exemple, est plus célèbre que Napoléon. Ce que Mozart a créé restera à jamais ancré dans la musique. Michael n’est pas tout à fait l’un d’entre nous, on dirait vraiment que Dieu communique à travers lui. Même quand il s’assoit avec nous et qu’il chante ne serait-ce que trois notes, on est tous en extase en les écoutant. Ce qu’il est capable de faire dépasse notre entendement. J’ai travaillé avec une centaine des plus grands artistes au monde, de Madonna à Mariah Carey, mais [Michael] est vraiment à des années lumières de tous ces gens-là. Spirituellement, il se situe à un niveau totalement différent. Il possède ce don de laisser Dieu s’exprimer à travers lui. Tout le monde a ce don, mais [Michael] s’en sert différemment. Lui est complètement en phase avec. Et quand il se met à chanter, c’est que Dieu lui permet cette ouverture spirituelle. Voilà pourquoi il est mal à l’aise avec les gens, c’est parce qu’il est si unique, il est heureux d’être qui il est. [Il doit se dire :] « J’arrive pas croire que c’est moi Michael Jackson » [Rires]. Mais c’est bien de ça qu’il s’agit quand on y réfléchit. Il fait partie des personnes les plus uniques au monde. J’ai passé beaucoup de temps avec lui, tout comme Chris. Assis à l’arrière d’une voiture par exemple en écoutant de la musique, et puis lui qui se met à bouger comme si Dieu guidait ses mouvements. Sans vouloir dénigrer Usher ou d’autres artistes, quand ils dansent ils comptent les pas de façon mécanique, tandis que pour Michael tout lui vient naturellement. Il est incroyable, franchement époustouflant. Je sais qu’il se fait pas mal critiquer, mais la vérité c’est que c’est un enfant. Michael Jackson n’a jamais grandi, mais c’est ce qui le rend aussi exceptionnel.

CT : Justement, [Michael] dit la même chose sur Brett : « J’aime Brett parce que c’est un gamin, il n’a jamais perdu l’essence de l’enfance. »

BR : Mike a l’esprit d’un enfant, et dans ces cas-là, on est généralement plus malin qu’un adulte, on ne se préoccupe pas des conneries qu’il y a autour. Enfin vous savez comment sont les enfants ? Ils disent la vérité.

AVC : Il y a une espèce de pureté dans l’enfance.

BR : De la pureté, oui. C’est quelqu’un de pure, il n’y a pas la moindre fibre de méchanceté en lui. C’est un môme, il incarne réellement l’essence d’un enfant. Vous ne trouverez personne de plus semblable à un gosse que Michael Jackson. Les gens peuvent bien dire : « Il faut qu’il grandisse, c’est quand même un homme de plus de 40 ans », mais c’est justement ça qui fait qu’il est si spécial. Sa vision du monde est différente. Il arrive mieux à comprendre ce qui se passe dans la tête d’un adulte que le contraire. C’est en ça que c’est quelqu’un d’unique.

CT : Il le sait d’ailleurs, parce que c’est exactement ce qu’il m’a dit à propos de Brett [Rires].

BR : [Il t’a dit :] « Brett est un connard, » ou « Non, Brett est génial ! » Tous les trois on a ça en commun. Vous voyez, c’est ça le truc. Michael adore le cinéma, il adore tout ce qui touche au divertissement. Tout le temps qu’on a passé avec lui c’était pour regarder des films, écouter de la musique, danser, chanter, pour s’amuser, quoi. Quand on était ensemble à Miami, à chaque fois que Chris sortait c’était pour aller quelque part avec Michael Jackson. Alors je lui demandais : « Vous êtes allés où ? », et il répondait : « Oh, on est juste allé chez Barry Gibb et on a chanté des chansons des Bee Gees. »

CT : Lui et Barry Gibb chantaient ensemble, c’était hallucinant.

BR : [Il imite Barry Gibb.]

CT : Et Michael chantait [il imite la voix de Michael Jackson] : « How deep is your love, is your love… »

Source: AV Club (Merci à TSCM du MJJForum d’avoir posté l’article).


Toujours dans le cadre de la promotion du film, Chris Tucker est apparu dans l’émission de Conan O’Brian hier soir sur la chaîne NBC où il évoquait à nouveau Michael :

Conan O’Brian : Il paraît que vous connaissez bien Michael Jackson ?

Chris Tucker : Ouais, Michael c’est mon pote. On se voit de temps en temps, pas très souvent mais…

COB : Parce qu’il n’est pas du genre à sortir avec plein de gens… Vous le connaissez vraiment, vous êtes amis ?

CT : Oui, on se croise un peu partout dans le monde. Il est sympa parce qu’il m’appelle parfois pour prendre de mes nouvelles, il me dit [il imite la voix de Michael] : « Comment ça va Chris ? » [Rires] Ou bien quand je lui manque vraiment il m’appelle Christmas [traduction : Noël]… Il me fait : « Hey Christmas, comment tu vas ? » [Rires]

COB : Il vous appelle Christmas…

CT : Oui, c’est sympa, au début je lui disais : « Hey, pourquoi tu m’appelles comme ça ? « , mais après j’ai commencé à bien aimer et je lui ai dit : « Redis-le, Mike… » [Rires], il me demande : « Quoi, Christmas tu veux dire ? », et je réponds : « Ouais, voilà ! »

COB : Ca vous arrive d’aller dans des lieux publics avec Michael Jackson ? Comment ça se passe ?

CT : On va parfois au cinéma, mais c’est difficile parce que Michael doit entrer discrètement dans le bâtiment avant le début du film. Donc vous avez Michael qui débarque en tenue ninja pour se faufiler dans le noir [Rires], et moi je suis déjà dans mon siège et je l’attends, je me dis : « Mais où est Michael ? » [en regardant partout], je me retourne et là [il sursaute] : « Coucou Chris ! — Hé mec, mais ça fait combien de temps que t’es là ? — Environ cinq minutes ! Pardon, je t’ai fait peur ? Désolé, Chris. » [Rires] Et puis on prend toutes les précautions pour que personne ne le remarque en entrant, ses gardes du corps nous apportent du pop-corn et tout parce qu’il essaie de se cacher [il prend une grosse voix] : « Voilà pour vous Monsieur Jackson » [Rires] Mais on a beau faire tout ça, quand le film démarre c’est [Michael] qui fait le plus de bruit dans la salle !

COB : Ah bon ?

CT : Oui ! Souvent quand il regarde le film on l’entend faire [il imite le rire de Michael] : « Hee-heeee ! »

COB : [Rires]

CT : Alors je lui dis : « Mais tu vas te taire oui ! Avant que quelque te voie ! »

COB : [Rires]

CT : [Il imite la voix de Michael] « Mais c’était marrant, Chris… Pardon… »

COB : Et Prince est assis un peu plus loin et il fait « Whoo-hoo », alors [Michael] répond « Hee-hee » !

CT : Ouais « Hein ? Prince est dans le cinéma aussi ?! — Oui on est venu ensemble, Chris… »

COB : [Rires] Wow, il faut vraiment que j’arrive à vous croiser tous les deux un de ces jours…

Merci à TSCM du MJJForum d’avoir mis en ligne la vidéo, disponible ici sur Youtube.

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