Interview des auteurs du livre « Michael Jackson, La Totale »…

Cela fait environ 7 mois que nous vous parlons du livre « Michael Jackson, La Totale » qui doit sortir ce 10 octobre prochain.

Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir notre interview des deux auteurs de cet ouvrage.

Ce livre, étayé de très nombreux témoignages de collaborateurs de Michael Jackson, lève le voile sur les secrets de fabrication, longuement gardés sous silence, des musiques et des images qui font partie du panthéon de la musique pop.

Si la plupart d’entre vous connaissent déjà Richard Lecocq et François Allard, cette interview vous permettra d’en savoir plus sur ces deux auteurs d’un livre qui s’annonce riche en références.

Richard Lecocq, grand admirateur et spécialiste de Michael Jackson et de la musique noire américaine, avait créé son site internet mjdatabank en 2001. Régulièrement sollicité en tant que fan consultant ou encore community manager, il est l’auteur du livre « King » publié en 2011 puis rédacteur en chef de l’ancien magazine « Invincible » devenu dorénavant « Jam ». Richard est également le président de l’Association MJStreet.

François Allard, passionné depuis toujours par la musique noire américaine, est webmaster de mjstrangersite, il est également secrétaire de rédaction du magazine « Jam » et secrétaire adjoint de l’Association MJStreet. Sa spécialité, est la recherche des pressages méconnus qui contiennent des pépites musicales et alternatives dont on a pu retrouver les compte-rendus dans les mags « Invincible » et « Jam » ainsi que sur MJStreet.

Apprenons-en maintenant, un peu plus à leur sujet :

De gauche à droite: François Allard et Richard Lecocq

Bonjour Richard, bonjour François, merci de nous accorder cette interview. Pourriez-vous vous présenter auprès de nos visiteurs ? Quel âge avez-vous ? D’où venez-vous ? Depuis quand êtes-vous devenus fans de Michael Jackson et dans quelles circonstances ?

François Allard : Bonjour François, tout d’abord merci pour cette sollicitation, c’est un réel plaisir d’échanger avec toi. J’ai 42 ans et j’habite dans les Ardennes françaises. Du plus loin que je me souvienne, mon premier contact avec l’univers de Michael Jackson s’est fait au moment de la diffusion du short film de Billie Jean à la télévision en 1983. Enfant, sur le parcours qui me menait jusqu’à l’école, je ne comprendrais pas pourquoi je ne parvenais pas moi-même à illuminer les dalles du sol sur lequel je marchais. J’ai tout de suite pensé que cet artiste avait une sorte de pouvoir magique. Ce n’est que quelques années plupart que j’ai véritablement commencé à m’intéresser à sa musique et à son art.

Richard Lecocq : Bonjour François, merci de nous accueillir sur MJFrance. J’ai 43 ans et je vis en région parisienne. J’ai découvert Michael Jackson en 1983, à l’époque de Thriller. J’avais déjà entendu Billie Jean à la radio, mais le premier choc visuel fut Beat It. Une époque incroyable où chaque élément qui nous parvenait était perçu comme un événement.

Comment avez-vous vécu votre vie de fans du Roi de la Pop, de son vivant et depuis son décès ?

François Allard : Ma véritable passion pour Michael Jackson a été motivée à l’époque BAD. Hormis l’effervescence du moment, j’ai soudain pris conscience de l’existence d’une première partie de carrière avec les Jackson 5 et les Jacksons, carrière qui m’avait totalement échappée jusque-là. Un peu comme tout le monde, j’ai créé mon petit univers personnel et j’ai commencé à dévorer çà et là les diverses publications qu’il m’était donné de trouver. Lors d’une sortie scolaire à Londres à la fin des années 1980, j’ai ramené le livre « Sequins and Shades: The Michael Jackson Reference Guide » de Carol D. Terry qui a été un véritable déclencheur dans ma passion. Cette bible, gorgée d’informations précieuses, fait toujours partie de mes ouvrages de référence.

Avec l’arrivée de l’internet, au début des années 2000, j’ai ravivé cette passion sur les forums puis j’ai rencontré Richard à la fin de l’année 2003, nous avons créé avec Arnaud Da Costa et Julien Ombredane, le collectif MJStreet qui a d’abord eu pour mission de regrouper les férus de la musique du Roi de la Pop. Richard a été et reste la locomotive à la mécanique sans faille de ce merveilleux projet. Je lui laisse le soin de vous en détailler l’évolution.

J’aime particulièrement décomposer le cercle vertueux de la carrière de Michael Jackson. Hormis son génie inné et son incroyable travail, je reste absolument convaincu que le phénomène Jackson résulte aussi d’une alchimie nourrie d’une multitude de talents qui ont convergé en une seule et même personne et dans une époque très favorable. Un moment rare, unique et précieux à l’instar d’un alignement parfait des planètes. Je n’ai de cesse de diriger des questions à ses collaborateurs pour toujours comprendre mieux les secrets de l’émergence de la plus grande star que le monde ait jamais portée. Tout naturellement, les collaborations avec d’autres artistes sont devenues le cœur de ma passion actuelle. Depuis le décès de Michael Jackson, bon nombre d’entre eux ont livré des secrets jamais dévoilés jusque-là.

Richard Lecocq : Dès l’époque Thriller je sentais que tout était différent dès qu’il s’agissait de Michael Jackson. La Thrillermania m’a frappé alors que j’avais 8 ans. Donc à cette époque, quand on est gamin et fan d’une telle superstar, on cherche surtout les magazines, avec une presse jeune et musicale alors très riche. Puis Michael s’est absenté, pendant longtemps. L’attente entre Thriller et Bad fut longue, et je pense que c’était comme un test pour les fans : allaient-ils rester et seraient-ils toujours au rendez-vous quand il reviendrait ?

Puis Bad est sorti. C’est là que j’ai commencé à collectionner. J’ai vendu mon vélo BMX pour acheter des vinyles à la Fnac de Montpellier. C’était comme ça. Puis les platines double cassette m’ont encouragé à faire mes propres compilations, mes remixes très artisanaux. Une époque impossible à revivre de nos jours. Et je me rends compte que c’était une chance de vivre tout cela.

Puis au début des années 90, tout comme François, j’ai effectué un voyage à Londres. Le Virgin Megastore anglais était alors comme un paradis sur terre. Je me souviens être parti avec 50 livres plein d’espoir. Et au rayon livre, le fameux guide Sequins & Shades avait déjà englouti 28 livres, soit plus de la moitié de mon budget. Mais aucun regret. J’ai vécu très intensément la période Dangerous. Puis le retour de Michael avec HIStory m’avait moins séduit. Pour tout te dire, j’étais triste de voir que l’affaire Chandler avait été réglée de la sorte par les avocats de Michael. Pendant ces années 93-94, on a vu Michael souffrir, et je pense que de le voir ainsi m’a fait comprendre pas mal de choses sur la nature humaine.

L’arrivée d’internet a permis à beaucoup de monde de pouvoir s’exprimer. Je voulais créer un site qui recenserait tout ce qui était trouvable en tant que contenu audio et vidéo sur Michael Jackson, sur support classique ou promo. Puis fin 2004 est arrivée l’aventure MJStreet, un concept qui est important à nos yeux.

L’annonce du décès de Michael fut un choc et quelque chose de difficile à vivre. J’ai mis plusieurs mois à faire mon deuil car dès le lendemain, j’ai été pris dans un tourbillon assez violent où il fallait continuer d’animer nos plateformes autant que possible. C’était aussi tragique qu’injuste.

Comment vous-êtes vous rencontrés et comment est né ce projet de livre dont l’ambition est de proposer « La totale » sur MJ ?

François Allard : Fin d’année 2003, nous nous sommes donnés rendez-vous sur les Champs-Elysées à Paris et avons échangé longuement autour d’une collation à la « Brioche Dorée » (rires) avant d’écumer les bacs de la Fnac et du Virgin Megastore. Nous avons ensuite initié MJStreet jusqu’à transférer notre passion dans l’ère du 2.0 sur les réseaux sociaux et un site portail www.mjstreet.fr.

Richard est venu à moi à la fin de l’année 2016 avec ce projet de livre autour de la carrière de Michael Jackson. Nous avons rencontré l’éditeur en janvier 2017 et pris connaissance de la collection « La Totale » dans laquelle s’inscrit cet ouvrage. Nous avons travaillé quelques pages « test » avant de recevoir la commande de l’éditeur E/P/A et Octopus pour la version anglaise. Nous avons engagé notre travail à partir du mois de mai 2017.

Richard Lecocq : Je confirme toutes les révélations faites par François, notamment concernant la « Brioche Dorée », LOL. Fin 2016, les éditions Hachette m’ont contacté pour discuter du volume de la collection La totale consacré à Michael Jackson. Il s’agissait de publier un livre qui faisait suite aux tomes consacrés aux Beatles, les Rolling Stones et bien d’autres. Deux auteurs étaient en charge de ces ouvrages et pour ce nouveau projet, Hachette souhaitait trouver un auteur plus sensible à la culture pop des années 80. J’ai accepté le projet et je n’avais que deux conditions : avoir François comme co-auteur à mes côtés, et la possibilité d’aborder les vidéos (short films) de Michael. La collection ne se penchait que sur les chansons des artistes étudiés, mais j’ai argumenté en démontrant que l’art de Michael Jackson tisse cette passerelle forte entre la musique et l’image : impossible d’évoquer l’un sans l’autre.

Que va-t-on trouver dans ce livre et surtout que va-t-on découvrir de plus que ce qui existe déjà dans la bibliothèque des fans ?

François Allard : Nous avons injectés le résultat de notre travail de recherche depuis de longues années. Personnellement, j’ai essayé d’y faire naître cette notion de cercle vertueux dont je vous ai déjà parlé en préambule. L’idée était également d’injecter des éléments ou des portraits de collaborateurs parfois oubliés de la galaxie Jackson. Pour sûr, il y aura débat et intérêt pour certains d’entre eux. Le livre est également étayé de témoignages issus d’interview radio ou télévisés rendus par les collaborateurs eux-mêmes ou recueillis par d’autres passionnés. Nous avons pris un soin tout particulier à travailler un canevas qui colle parfaitement aux différents aspects de la carrière de Michael Jackson. Nous avons travaillé des fiches techniques détaillées pour lesquelles il a fallu solliciter parfois le travail précieux des archivistes de la Motown. Nous avons d’abord traité la première partie de sa carrière avec les titres qui ont trouvés un engagement personnel de la star au sein des Jackson 5 et les morceaux qui ont été significatifs dans ses premières années. Celle avec les Jacksons est traitée sur le même modèle. Enfin, pour l’essentiel du livre, l’intégralité de sa carrière solo est détaillée depuis Motown jusqu’aux titres posthumes en passant par les innombrables collaborations que le chanteur a pu partager ou écrire pour d’autres artistes. L’éditeur nous a permis également d’injecter des analyses des short films qui sont indissociables de sa musique avec d’autres fiches techniques… Vous pouvez déjà lire quelques pages du livre sur de nombreux sites ou plateformes.

Richard Lecocq : Le livre suit le même canevas que les autres volumes déjà publiés : chaque chanson est étudiée sous deux axes : sa genèse et sa réalisation. Chaque « fiche » contient aussi des informations techniques et aussi quelques anecdotes. Pour François et moi, c’est l’occasion de figer à un instant T le fruit de nos recherches individuelles et communes. On a envie que ce livre vive entre les mains des fans et d’un public plus large. Le but est de transmettre et de partager toutes ces histoires incroyables et souvent surprenantes qui expliquent pourquoi et comment Michael Jackson est devenu cet artiste planétaire.

Comment est-ce que vous vous êtes organisés pour la rédaction d’un tel ouvrage ? Quel a été le rôle de chacun ? Combien de temps est-ce que cela vous a pris ? Quelles sont les difficultés que vous auriez rencontré ?

François Allard : Un peu plus d’an et demi de travail a été nécessaire pour réaliser ce projet, bien souvent le soir et la nuit, quand s’arrête la vie professionnelle, les activités sportives et que les familles s’endorment. Nous avons passé des heures incalculables à échanger de vive voix lors de séjours réguliers chez l’un ou l’autre. Des rencontres ponctuées de rendez-vous culinaires italiens ou coréens, une autre passion commune (rires). Nous avons également beaucoup échangé par téléphone et travaillé en étroite collaboration avec Laurence Basset, notre éditrice, qui a été d’un soutien, d’une rigueur et d’une patience sans faille.

A chacun des volets de la carrière de Michael Jackson nous avions l’habitude de nous répartir les chansons à analyser et finalement, nous nous sommes rendus compte qu’au fur et à mesure que le projet avançait, selon nos envies d’écriture et nos centres intérêts musicaux, nous changions très souvent la distribution de base. Le travail a été intense, à la relecture, nous avons même parfois oublié qui a écrit quoi.

Notre souhait a été de faire naître plusieurs fils conducteurs tout au long du livre. Ils sont représentés par des portraits de collaborateurs et des introductions qui renseignent sur les évolutions musicales ou économiques de l’industrie du disque… Souvent, les collaborations artistiques de Michael Jackson sur d’autres albums referment la période analysée. Les portraits, projets de films ou de tournées viennent aussi ponctuer les pages du livre.

Nous avons souhaité raconter une histoire fluide, logique et vertueuse qui, nous l’espérons, sera comprise aussi bien par le grand public et appréciée par les passionnés et les plus mordus. De petits billets appelés « Pour les Jackson Addicts » ou « A vos écouteurs » viennent compléter l’histoire des chansons avec des informations que les collectionneurs et les admirateurs les plus acharnés apprécieront sans nul doute.

En ce qui concerne les difficultés, il faut respecter une charte et ne pas y déroger pour que le livre soit fluide. Parfois, nous avons dû abandonner quelques petits détails au profit d’une certaine lisibilité. L’ouvrage, déjà de plus de 600 pages, devait rester intéressant et clair.

Richard Lecocq : Nous avons écrit le livre en ayant conscience que le lecteur pourrait le parcourir par « fiches » ou segments, comme un dictionnaire ou pour piocher une histoire au hasard en écoutant telle ou telle chanson. Mais on a aussi voulu écrire une histoire globale, que l’on peut lire d’un bout à l’autre. En plus des portraits, il y a aussi des introductions à chaque période qui permettent d’expliquer le contexte dans lequel est né chaque album.

Nous avons créé le livre ainsi, tout en se pliant au cahier des charges précis de la collection. A plusieurs reprises, nous avons proposé et argumenté des changements pour adapter le format du livre à notre récit : cela nous a prouvé une fois de plus à quel point la carrière de Michael Jackson est hors norme.

Ce livre est-il pour vous le résultat de tout ce que vous pouviez mettre dans un ouvrage ou est-ce que d’autres livres pourraient faire partie de vos projets ?

François Allard : La mission de ce livre est de poser un point d’analyse sur la carrière artistique et les chansons de Michael Jackson. Des centaines de sujets peuvent encore être traités et développés, l’univers de Michael Jackson est si riche fait de danse, de dessins, de poèmes… Si j’en ai la possibilité dans le futur, j’aurais plaisir à compléter ou développer cet ouvrage « Michael Jackson – La Totale » avec les découvertes et sorties futures. Je n’ai pas en projet de travailler sur un autre ouvrage pour le moment, d’autres livres s’écrivent déjà et dans mon cercle de collaborateurs et amis de la sphère Jackson, vous en entendrez parler prochainement, ils s’annoncent déjà tous très prometteurs.

Richard Lecocq : Nous parlons souvent de projets futurs avec François, et nous avançons à notre rythme, car il y a ce que l’on appelle « le temps des choses ». La totale est une vision de la carrière de Michael Jackson, et nous sommes heureux d’avoir mené ce projet à bon port. En tout cas, le sujet Michael Jackson peut être étudié sous tellement d’angles que les idées ne manquent pas.

Si internet a fait quelques ravages dans l’industrie de la musique, cela n’a-t-il pas d’un autre côté démocratisé le monde du livre ? Ce côté matérialiste de la culture semble résister à l’ogre du net et concernant le monde de Michael Jackson, que pensez-vous de tous ces livres sortis depuis sa disparition, remplis de références malheureusement absentes de son vivant ?

François Allard : La France est culturellement très attachée au livre, je n’ai pas connaissance de l’impact que peut encore avoir le livre dans les autres pays. « Michael Jackson – La Totale » est un état des lieux Nous en avons appris énormément sur le processus créatif de Michael Jackson après sa disparition. Le voile s’est levé progressivement sur une recette qu’il a aussi, et à juste titre, voulu garder plutôt secrète de son vivant, tout le monde n’est pas « Roi de la Pop ». Le principal intéressé n’étant plus là, nombreuses ont été les déclarations à fleurir çà et là, parfois même une certaine histoire a été réécrite, nous avons essayé d’opérer une analyse très fine de toutes ces déclarations pour en extraire la moelle artistique dont nous avions besoin. Chaque production, chaque livre, est initié par la passion et chacun apporte plus ou moins une valeur ajoutée à notre passion commune.

Richard Lecocq : Depuis la disparition de Michael, nous avons vu fleurir beaucoup de livres. Certains sont intéressants mais paradoxalement oubliés du grand public. Il y a eu un vrai engouement dans les années 2009 – 2010, au point de saturer les libraires qui commençaient à ne plus vouloir mettre en avant les livres consacrés à Michael Jackson. À titre personnel, j’ai attendu que les choses se calment pour sortir mon premier livre, King. C’est un travail long et besogneux que de documenter et de transmettre et de valoriser autant que possible l’héritage de Michael Jackson. Nous n’avons jamais baissé les bras, bien au contraire. Et je rejoins François quand il se dit malheureux de voir à quel point l’histoire a pu être récrite. Avec La Totale, nous nous sommes limités aux faits, et nos enquêtes nous ont permis de revenir sur certaines certitudes. C’est ce qui est fascinant. Et cette collection de « beaux livres », pour reprendre le termes du marché du livre, s’adresse à des passionnés et des amateurs de musique.

On trouvera certainement dans votre livre, cette volonté de préservation de l’héritage artistique de Michael Jackson. Que pensez-vous du travail de l’Estate en la matière ? Les albums posthumes, le scandale des titres Cascio, les faux hologrammes, j’en passe et des meilleures… Pourquoi selon-vous l’Estate est si loin de ce qu’un artiste comme Michael Jackson mériterait comme travail du respect de son oeuvre ?

François Allard : Bien sûr, nous avons orienté notre livre sur l’héritage artistique musical de Michael Jackson. J’ai un avis serein et tranché sur le travail de l’Estate of Michael Jackson. Si je ne peux l’apprécier dans sa totalité, c’est parce que mes centres d’intérêts et mon modèle de consommation de sa musique ont été façonnés par un autre modèle économique que Michael Jackson et ses équipes ont même participé à façonner en grande partie. Depuis, de nouveaux vecteurs de développement de l’économie musicale ont pris le pas sur le schéma traditionnel. Dès le décès de Michael Jackson, il est devenu automatiquement une marque qu’il fallait nourrir et alimenter, toutes les strates de l’économie ont pourtant été nourries. Un nouveau cercle, que personnellement je trouve peu vertueux, s’est mis en route pour quelqu’un de ma génération. J’ai certes accueilli les albums posthumes avec curiosité mais moins d’intérêt. J’ai constaté ces adjonctions sonores et modernes de toute sorte qui ne m’ont pas séduit. « Xscape » étant le plus « vintage » des projets réalisés depuis la disparition de Jackson avec les démos originales et dans lequel j’ai pu un peu me retrouver. Je ne suis pas spécialiste de l’impact que peut avoir un show comme « One », la nécessité d’installer des machines à sous à l’effigie de Michael Jackson ou de le faire revenir sous la forme d’un hologramme. J’essaye de comprendre ce nouveau mode de consommation sans vraiment y parvenir. J’espère qu’il touche toutefois d’autres publics peut-être plus jeunes. Bizarrement, j’ai même désormais peine à me rendre lors d’évènements ou de séminaires qui s’adressent à mon « ancien monde » avec les lots d’écoutes organisées ou récits parfois revus des collaborateurs de la carrière de Jackson. Ces rendez-vous n’ont pas de cadre et ne valorisent finalement pas non plus l’héritage de Michael Jackson et surtout, ne le portent pas à tous. Quand un nouveau modèle économique verra le jour, peut-être que nous parlerons de nouveau de la musique de Michael Jackson. Soyons patients. L’héritage est bien là et nous tous l’animerons du mieux que nous le pourrons. J’espère que « Michael Jackson – La Totale» vous plaira.

Je ne porterai aucun jugement de valeur sur l’affaire Cascio, je peux simplement vous dire que dans le livre, nous avons fait porter la mention : « Seules les chansons chantées par Michael Jackson sont traitées dans ce chapitre ». Si nous ne l’entendons pas, nous ne traitons pas la chanson.

Richard Lecocq : L’Estate est un conglomérat de 12 avocats qui font tourner la maison Jackson sans le principal intéressé. À partir de là, tout est dit. On est dans une gestion faite par des financiers et des avocats. On a vite compris que ça allait être compliqué quand la chanson I Never Heard a été rebaptisée This is it. Puis il y a eu le scandale des chansons Cascio. Du jamais vu ans l’histoire de la musique. Et on y est encore en plein dedans. Nous n’avons tout simplement pas étudié ces chansons dans le livre car elles n’y ont pas leur place. Le projet Bad 25, hormis le concert en VHS-DVD, était intéressant. Idem pour Xscape. Je n’ai jamais été fan des hologrammes, pour qui que ce soit. Ceux proposés dans le show ONE et lors des Billboard Music Awards m’ont donné l’impression qu’on allait désormais nous servir du Michael Jackson version Canada Dry : on dirait du MJ, ça ressemble à MJ… Mais ce n’est pas MJ.

Votre vie de fan a-t-il fait de vous des collectionneurs sans le vouloir ou êtes-vous plutôt des collectionneurs acharnés ? Avez-vous une collection ? Qu’avez-vous fait de tout ce que vous avez acheté au fil du temps concernant Michael Jackson ?

François Allard : Je suis collectionneur de supports qui valorisent la musique de Michael Jackson. Le contenu est mon critère. Que le pressage soit jaune, rouge, bleu, édité en Amérique du Sud ou au Japon, peu importe. J’aime découvrir un mix alternatif, une version rare ou longue jusque-là oubliée. Mes plus belles pièces trouvées sont actuellement chez mes amis à qui je les ai offertes. Un peu comme des liens indéfectibles de la passion qui nous unie. Je ne suis pas matérialiste.

Richard Lecocq : J’ai eu plusieurs périodes en tant que collectionneur. J’ai commencé à acheter des disques à 12 ans, et quand j’ai découvert les magasins types Fnac puis ensuite les conventions du disque, je voulais tout collectionner, surtout les pièces les plus rares, et donc souvent très chères. J’ai ainsi pu vivre ma passion et dénicher ces pépites, mais j’en suis finalement revenu. Je me suis aussi intéressé plus au contenu qu’au contenant. Une des périodes qui me laisse de beaux souvenirs est la quête de tous les duos et de toutes les participations de Michael Jackson à d’autres projets. C’est une discographie parallèle qui m’a permis de comprendre certains de ses choix pour ses albums solo. Encore une fois, la carrière de Michael est si dense et riche qu’elle recèle de beaucoup de belles choses.

Qu’attendez vous de l’avenir concernant l’exploitation de l’héritage artistique de Michael ? De nouveaux albums ? Des titres inédits ? Un travail sur la masterisation de ses clips, ses concerts ? Quoi d’autre ?

François Allard : Bien sûr que je veux tout ça ! Avec cadre, respect et une valorisation à l’ancienne (rires).

Richard Lecocq : J’attends surtout des projets respectueux : déjà ressortir en qualité optimale ce qu’il a créé et validé de son vivant, surtout ses short films en HD. Puis ensuite proposer au monde la richesse des archives de Michael, surtout en vidéo. Comme je dis souvent : pour une photo prise, il y a la vidéo correspondante. Michael documentait tout depuis 1980. Pour les chansons, il y a aussi un tas de merveilles qui, j’en suis sûr, n’attendent qu’à être diffusées. Michael a travaillé avec beaucoup de producteurs, ce qui fait monter les enchères avec l’Estate dès qu’il faut récupérer un titre. C’est pour cela que la plus grande partie des inédits diffusés depuis son décès sont des démos produites par Michael.

Vous avez annoncé via la page facebook du magazine « Jam » qu’une convention décades pour les fans aura lieu le 20 octobre à Paris. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet, quel est le but de cette convention et que va-t-on y trouver ?

Richard Lecocq : Decades est un événement rendu possible grâce à la galerie G.Spot à Paris. Face au constat que les fans sont assez délaissés ces temps-ci, surtout par l’Estate, l’idée est, sans prétention, de proposer un rendez-vous au cours duquel ils pourront admirer des objets rares et des photos de Michael Jackson et de participer à plusieurs activités comme des débats ou une exposition d’œuvres réalisés par des artistes indépendants. Vincent Paterson est notre parrain dans cette aventure. Il nous a préparé une surprise pour cet événement d’ailleurs. Et pour vous livrer un scoop, parmi les invités, nous aurons le bonheur d’accueillir Jean Michel Dupont, rédacteur du magazine Photo Rock. Avant JAM, avant Black & White, il y avait en France Photo Rock. C’est le premier magazine entièrement consacré à Michael Jackson et nous sommes heureux d’organiser cette rencontre entre lui et les fans le 20 octobre prochain.

Merci Richard et merci François pour nous avoir accordé cette interview. Auriez-vous quelque chose à rajouter concernant vos projets, ou un petit mot pour nos visiteurs ?

François Allard : Cet été, j’ai eu plaisir à vous livrer un article sur les CD sampler contenant quelques perles audio de la carrière de Michael Jackson. Je cherche le prochain thème qui motivera l’écriture d’un article pour le site www.mjstreet.net ou dans JAM Mag. J’encourage les nombreux passionnés à poursuivre leur valorisation de son héritage sous toutes les formes d’expression que notre époque permet en n’oubliant pas que c’est Michael Jackson la star ! Nous sommes nombreux et nous devrions l’être plus encore à inonder les librairies, le net, les buralistes pour que l’héritage de Michael Jackson survive !

Merci François pour cette fenêtre ouverte, ce fut un plaisir.

Richard Lecocq : Je veux juste dire aux fans qu’il est important de nourrir sa passion. Bien souvent vous vous heurtez à l’incompréhension ou aux questions de vos proches et de votre entourage. Mais avoir une passion, au final, c’est bien plus rare que vous ne le pensez. Donc, continuez de cultiver votre passion pour Michael Jackson, et de la partager avec d’autres fans. Et n’oublions pas que les gens ne meurent vraiment que lorsque l’on ne parle plus d’eux.

Merci François pour nous avoir accueilli sur MJFrance, et à très bientôt !

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