La page You Tube « Celebrity Classified » propose depuis le 2 février des extraits d’une conversation de trois heures entre Michael Jackson et un biographe. L’enregistrement date des années 80 et ce bien avant la réalisation de son autobiographie Moonwalk.
Si le 3 février dernier nous vous proposions la traduction du volume un et le 13 février le volume deux, voici pour vous aujourd’hui la traduction de la troisième partie dont l’audio se trouve sur You Tube.
Le moment où vous vous êtes séparé de Wiesner parce que votre père… il y a eu un article dans Billboard, des commentaires raciaux, etc. Est-ce que cette période a été douloureuse pour vous ?
Michael Jackson: Oui, parce que je pense que c’est à partir de ce moment-là qu’on a commencé à me dépeindre comme un tout autre personnage. Et ce n’était pas vrai.
Comment étiez-vous dépeint ?
Ça ressemblait un petit peu à du racisme, avec mon père qui disait ceci et cela, et comme c’est mon père, les gens pensent que je suis comme lui. Mais je ne suis pas du tout comme ça, je n’y crois pas. Et le fait que ma philosophie consiste à rassembler le monde à travers les arts, les gens lèvent leurs mains au son de I’ll Be There, ils chantent… c’est ce qui fait que j’ai l’impression d’être là pour accomplir quelque chose ici, voir toutes ces personnes assister au spectacle, partout dans le monde, en Afrique, en Russie, dans tous ces endroits, qui achètent Thriller, c’est un rêve qui devient réalité.
Aimeriez-vous refaire des concerts partout dans le monde ?
J’aimerais oui, voir les enfants… vous savez quoi ? Je pense qu’ils m’apprécieront tout autant au cinéma, ils seraient encore plus touchés par le cinéma, beaucoup, beaucoup plus, comme les disques ne pourraient jamais le faire. Ils peuvent voir et entendre. Vraiment. Je me rappelle que Fred Astaire m’appelé et m’a dit: « Mon Dieu, tu as atteint de tels sommets, je n’ai jamais atteint de tels sommets ! ». Il m’a dit: « C’est tout simplement incroyable ». Et moi je me disais: « Comment peut-il dire ça ? », et il était sincèrement honnête.
Qu’est-ce qui vous rend triste dans ce qui leur arrive dans la vie ? Est-ce que, parce que vous avez vous aussi traversé une petite période délicate vous-même, vous vous identifiez à eux si fortement ?
Je m’identifie très fortement à ces enfants, très fortement.
Y a-t-il eu un moment, quand les gens se montraient un peu cruels envers vous, quand ils disaient « Où est Michael ? », etc, aviez-vous envie de vous enfuir et d’échapper au public, ne plus du tout être en contact avec eux, y compris dans le milieu du show business… vouliez-vous vous trouver une cachette ?
Oui, c’est le cas. J’ai beaucoup souffert, je voulais qu’ils… je portais des chapeaux, je baissais tout le temps la tête.
Aviez-vous envie de vous échapper ?
Quand nous allions quelque part, les gens disaient: « Où est Michael ? », et je devais gérer ça. C’est pour cette raison que j’essaie de rester proche d’Emmanuel, parce qu’il devra traverser ça très bientôt. Je lui parle au téléphone, j’ai presque envie de pleurer parce que depuis que je l’ai vu, je l’ai vu la semaine dernière, ou cette semaine. Depuis que je l’ai vu sa voix a changé. Et je lui ai dit : « Tu sais que ta voix a changé ? », et il a dit: « Vraiment ? ». Parce que je sais ce qu’il va traverser, ce sera vraiment très dur pour lui. Je perçois les changements de voix comme ça, avant même qu’ils s’en rendent compte, ou que leurs parents s’en rendent compte, spécialement quand on est dans le milieu de la musique, on l’entend tout de suite. Et je connais très bien sa voix. D’habitude il a une voix aigüe, maintenant elle est plus au milieu de la gamme.
Vous pensez que ça peut avoir un impact sur ce que les gens pensent de lui ?
Oui, il va commencer à changer, il va traverser ce moment et il va souffrir, mais je veux être à ses côtés quand il traversera cette période.
En avez-vous discuté avec lui ou…
Je vais le faire. Je sais que c’est en train d’arriver. Je lui parle de beaucoup de choses.
Avez-vous parfois envie de vous éloigner du show business ? Pas seulement vous cacher du public. Avez-vous parfois eu envie de vous mettre en retrait, d’arrêter de faire des disques, y a-t-il eu un moment…
Moi ? Jamais. Jamais de la vie.
Vous souvenez-vous de l’époque où vous étiez comme la plupart des gens, et quand ensuite c’est arrivé pour la première fois ? Vous savez, quand les gens ont commencé à dire: « Où est Michael ? ». Y a-t-il eu un moment où c’est devenu plus dramatique, plus douloureux, vous souvenez-vous la première fois où vous avez vécu ce genre d’incidents, quand vous entriez pour la première fois dans une pièce par exemple ?
C’était dur, spécialement quand on me qualifiait de « très mignon » depuis longtemps. Vous savez, j’ai eu beaucoup d’acné, ma peau avait beaucoup de cicatrices, je me disais: « Oh non ! », et plus ça me gênait, pire c’était. Inconsciemment vous êtes marqué. Et plus vous vous regardez dans le miroir, plus vous êtes déprimé par votre apparence, et plus vous êtes affecté. Et les choses empirent. Vous savez, vous pouvez très bien en guérir physiquement, mais mentalement vous restez marqué, vous n’arrivez pas à passer outre.
Y a-t-il quelque chose que vous pourriez dire aux enfants qui traversent la même chose, même ceux qui ne sont pas des stars, et qui ont de l’acné ?
Quand il s’agit de la peau je suis perfectionniste. Je leur dirais: « Ecoute »… je ne pouvais pas le faire, je ne peux toujours pas, mais je dirais: « Ecoute, fais comme si ça n’existe pas, change ton régime alimentaire, c’est tout ce que tu as à faire. Tu dois changer. Tu ne peux pas t’attendre à ce qu’il se passe quelque chose si tu ne changes pas ». Parce que quand j’avais un bouton, puis deux boutons, ça changeait ma personnalité tout entière. Marlon en était couvert, et il se baladait la chemise ouverte. Il le faisait à l’école ! Il regardait les gens droit dans les yeux. Il me surprenait tellement ! Tout le temps ! Il se regardait dans le miroir et il perçait ses boutons, il saignait, mais il se baladait et se montrait. Et moi je me disais: « Oh non ! ». Quand je faisais ça je ne me montrais plus de la soirée, en espérant que le lendemain matin il n’y aurait plus rien.
Vous ne vouliez plus sortir, vous ne vouliez voir personne ?
Je ne voulais voir personne.
Ce qui est curieux, c’est que vos frères et vous êtes issus de la même famille, pourtant vous avez des personnalités différentes, vous demandez-vous pourquoi ?
C’est juste une question de génétique. C’est étonnant. Vous avez des frères ?
Non. Ni frères, ni sœurs. Beaucoup de gens se demandent si c’est génétique, ou si c’est l’environnement. Avec vos frères vous avez des personnalités différentes, ce doit être étrange pour vous non ? Pourquoi au sein d’une même famille, vous avez des personnalités si différentes ?
J’en ai été très affecté, ma personnalité a été bouleversée, je ne regardais pas les gens en face, quand je leur parle je regarde vers le bas, je dis à peine quelques mots, je n’ai rien à dire, rien à raconter dont je sois fier.
Malgré tout le succès ? Vous aviez l’impression que ce n’était pas suffisant ?
Pour moi ça ne voulait rien dire. Battre des records c’est génial, bien sûr. Mais quand j’étais sur scène je n’y pensais pas. Mais quand je m’en suis sorti, mon Dieu.
Pensez-vous que la timidité soit une combinaison de ces deux facteurs, quand les gens disaient que le « petit Michael » n’était plus là, en plus du visage…
J’ai étudié, j’ai fait des recherches, et j’ai trouvé la vérité.
Quand votre visage a été débarrassé de tous ces boutons, avez-vous été capable de revenir vers les gens, ou était-ce difficile ? Etiez-vous toujours marqué, même si votre visage ne l’était plus ? Hésitiez-vous encore à aller vers les gens ?
Non, j’ai juste arrêté… les choses ont changé. J’ai commencé à voir les choses différemment, vous voyez. J’ai commencé à changer ma façon de penser. On apprend à se sentir mieux à propos de soi-même. J’ai aussi changé mon régime alimentaire, ce qui est vraiment très important.
Le plus triste, c’est qu’il y a des gens malheureux, qui sont malades, des gens qui…
Je comprends pourquoi toutes ces choses arrivent. C’est dans la Bible.
Y a-t-il eu un moment où vous vous êtes davantage intéressé à la Bible ? Un moment dans votre vie ?
Oui, mais je ne me souviens pas à quel moment, quand j’étais petit je m’asseyais devant la cheminée et je la lisais tout le temps. Elvis lisait lui aussi tout le temps la Bible. C’était une chose à laquelle il se raccrochait.
Pourquoi la Bible et la religion…
Il était très proche de sa mère.
Pourquoi selon vous les gens trouvent qu’il est difficile d’atteindre Dieu ?
Parce qu’ils ne peuvent pas le voir. En général les gens ne croient pas en quelque chose qu’ils ne peuvent pas voir, ils ne croient que ce qu’ils voient. Et il y a tellement d’autres choses à faire au lieu de lire la Bible, on peut s’amuser. Mais quand on vieillit, que la santé décline et qu’on est aux portes de la mort, on essaie de devenir plus pieux, plus sérieux. Il ne faut pas le faire quand on est presque mort, il faut le faire quand on est en bonne santé, quand on peut encore faire quelque chose pour aider les autres.
Traduction: PYC.