Toujours marqué, à l’âge de 50 ans, par sa jeunesse sacrifiée d’enfant star, Michael Jackson affirmait quelque semaines avant sa mort « ne pas avoir eu d’enfance », et rêvait de créer un hôpital pour enfants malades, qui constituerait son testament, plus encore que sa musique.
La voix à peine reconnaissable du « roi de la pop », assommé par les médicaments, s’est à nouveau élevée mercredi dans la salle d’audience de le Cour supérieure de Los Angeles, où le docteur Conrad Murray est jugé pour homicide involontaire, pour la mort de la pop star le 25 juin 2009.
L’accusation a en effet diffusé en intégralité le message audio qui avait choqué le public lors de l’ouverture du procès.
Dans ce message, enregistré par le Dr Murray sur son téléphone portable le 10 mai 2009, Michael Jackson parvient à peine à articuler, mais son ambition artistique, elle, est intacte.
Evoquant la série de 50 concerts qu’il devait donner à Londres, et qui devait marquer son grand retour sur scène, Michael Jackson déclare: « Il faut que ce soit phénoménal. Quand les gens sortiront du spectacle, je veux qu’ils disent: « Je n’ai jamais vu ça de ma vie, c’est extraordinaire. C’est le plus grand artiste du monde ». Avec les recettes de ses concerts, il affirme vouloir créer « un hôpital pour un million d’enfants, le plus grand du monde ».
« Ce sera l’hôpital pour enfants Michael Jackson », déclare-t-il, alors que la salle d’audience retient son souffle et que ses frères et soeurs Randy, Jermaine et Rebbie — les seuls à avoir fait le déplacement au tribunal mercredi –, écoutent avec attention.
« Il y aura un cinéma et une salle de jeux », ajoute-t-il. « Les enfants sont déprimés. Dans les hôpitaux, il n’y a ni cinéma ni salle de jeux. (Les enfants) sont malades parce qu’ils sont déprimés ».
« Je vais faire cela pour eux. Et cela restera davantage dans les mémoires que mes concerts », poursuit-il, avec un débit d’une lenteur extrême.
Si le projet semble démesuré, un frisson d’émotion parcourt néanmoins les rangs du tribunal lorsque la star, malgré son état visiblement diminué proche de l’inconscience, évoque son enfance sacrifiée par sa carrière musicale.
« Mes concerts serviront à aider les enfants, c’est mon rêve. Je les aime. Je les aime parce qu’ils n’ont pas eu d’enfance. Je n’ai pas eu d’enfance », confesse-t-il. « Je ressens leur peine. Je ressens leur douleur » dit-il.
Mercredi matin, M. Walgren a montré au jury plusieurs courriels extraits du téléphone de Conrad Murray, dans lesquels la compagnie britannique qui devait assurer la santé du chanteur pendant ses concerts se montrait « très inquiète » de l’état physique de la star, dont elle réclamait les dossiers médicaux à cor et à cri.
Le 25 juin 2009 au matin, Conrad Murray a envoyé un courriel à la compagnie d’assurance, affirmant que la pop star ne l’avait pas autorisé à communiquer ses dossiers médicaux et que les assureurs devraient se tourner vers AEG, le promoteur du concert.
Avant d’ajouter: « Quant aux articles sur sa santé publiés dans la presse, laissez-moi vous dire que pour ce que j’en sais, ils sont fallacieux ».
Le courriel a été envoyé à 11H17. Selon plusieurs témoignages entendus pendant le procès, Michael Jackson était peut-être déjà mort à cette heure.
Mercredi après-midi, M. Walgren a exposé le contenu de trois sacs dans lesquels le Dr Murray avait rangé, après la mort de la star, des médicaments et du matériel médical qui se trouvaient près du lit du chanteur. Une liste interminable de dizaines de flacons de médicaments — notamment de propofol –, seringues, compresses, matériel de perfusion, plus dignes d’une chambre d’hôpital que d’une chambre à coucher.
Note MJFrance: Nous mettrons à jour ce billet avec un compte-rendu détaillé prochainement.