Le procès du Dr Murray a continué le 20 octobre avec la suite de l’audition du Dr Steven Shafer, anesthésiste et expert sur le Propofol, professeur en anesthésie à l’Université de Columbia et rédacteur en chef du journal Anesthésie & Analgésie.
Le Dr Steven Shafer a déclaré qu’il n’y avait aucune chance que Michael Jackson ait pu causer sa propre mort en avalant du Propofol – comme l’avait prétendu la défense – parce que 99 % du produit aurait été stocké dans le foie avant d’aller dans la circulation sanguine. Il a contredit l’argument de la défense comme quoi Michael Jackson aurait avalé 8 pilules de Lorazepam, parce que le rapport toxicologique a montré que la quantité de Lorazepam trouvée dans son estomac était « triviale ». D’après ses calculs, Murray aurait dû lui faire 10 injections consécutives de 4 mg pour atteindre la dose qui figure dans le rapport toxicologique.
Le Dr Shafer a contredit une autre théorie de la défense, disant aux jurés que Jackson ne s’est pas injecté lui-même la dose mortelle de Propofol, parce que ça lui aurait pris trop longtemps de faire ça sans que le médecin le remarque, et même s’il l’avait fait, il aurait dû se faire 6 injections de plus de 100 ml pour atteindre la dose retrouvée dans son sang après sa mort. Le Dr Shafer a dit que la seule théorie qui est plausible est que Murray a commencé une perfusion de 1000 mg à 9h00 du matin environ, ce qui a causé un arrêt respiratoires aux alentours de midi. Il a dit que MJ était toujours sur perfusion quand il est mort.
Dans un moment dramatique, Shafer a démontré au jury comment, selon lui, Murray avait installé la perfusion de Propofol, découpant un sac vide de sérum physiologique et insérant un flacon de Propofol à l’intérieur. Il dit n’avoir jamais vu ça auparavant. Il a dit que Murray n’avait pas utilisé de pompe automatique, ce qui a causé un flux d’anesthésiant trop important à un niveau dangereux.
Le contre-interrogatoire de l’expert en anesthésie convoqué par l’accusation est crucial pour le Dr Conrad Murray, mais son équipe de défense a fait savoir que son avocat le plus connaisseur en Propofol serait mis sur la touche ce vendredi. Michael Flanagan, qui a interrogé les précédents experts médicaux, a été remplacé par Ed Chernoff pour l’interrogatoire du Dr Steven Shafer, comme l’a dit Chernoff lui-même au juge hier. La défense n’en a pas donné la raison. Murray est apparu visiblement très secoué par le témoignage de Shafer hier, spécialement quand l’expert a démontré aux jurés comment il pensait que Murray avait installé la perfusion pour administrer au chanteur la drogue qui l’a tué.
Jackson est décédé parce que Murray n’a pas remarqué que son patient avait cessé de respirer alors qu’il était en train de lui poser une perfusion de Propofol, a témoigné Shafer. Le médecin aurait dû réaliser que Jackson avait arrêté de respirer aux alentours de 11h45 le 25 juin 2009, a-t-il ajouté. « Quand on est là, on le voit, on le sait ».
Les enregistrements téléphoniques et les témoignages ont montré que Murray était au téléphone avec l’une de ses cliniques, un patient, puis une petite amie au moment où Shafer a calculé que le volume d’oxygène dans les poumons s’est épuisé, causant un arrêt cardiaque.
« Si Conrad Murray avait été avec Michael Jackson à ce moment-là, il aurait vu que sa respiration ralentissait et il aurait vu que le flux d’air dans les poumons de Michael Jackson était compromis, et il aurait donc pu facilement stopper la perfusion de Propofol », a dit Shafer.
Murray aurait pu facilement dégager les voies aériennes de Jackson et restaurer sa respiration en lui soulevant le menton, a-t-il ajouté.
Les précédents témoignages des ambulanciers et des médecins des urgences ont dit que Jackson était cliniquement mort quand l’ambulance était arrivée à son domicile de Los Angeles à peu près une demie heure après que Murray ait réalisé qu’il y avait un problème.
Les trois derniers experts de l’accusation, tous experts médicaux, ont centré le procès sur l’aspect scientifique entourant la mort de Jackson, contrastant avec les témoignages des petites amies de Murray et des employés de Jackson.
Après la fin du contre-interrogatoire de Shafer ce vendredi après-midi, les avocats de Murray commenceront à appeler leurs témoins, dont leur propre expert en anesthésie. Shafer a démontré au jury hier qu’il pensait que Murray avait mis en place une perfusion de Propofol avec un flacon de 100 ml rattaché à une tubulure reliée au cathéter de la jambe droite de Jackson.
« C’est le seul scénario plausible » qui produirait une telle quantité de Propofol, comme celle retrouvée dans le sang de Jackson pendant son autopsie, a dit Shafer.
« Cela explique toutes les données dans ce cas, et à mon sens aucune donnée n’est incohérente avec cette explication ».
Shafer a examiné d’autres scénarios, y compris celui où Jackson se serait injecté lui-même du Propofol, ou celui où Murray lui aurait administré la dose fatale avec une seringue. Les projections faites par informatique n’ont pas pu identifier un scénario qui pourrait provoquer un taux aussi haut dans le sang, a-t-il expliqué.
Bien que Murray ait dit à la police qu’il avait utilisé une perfusion pour administrer le Propofol les nuits précédentes, la défense affirme qu’il ne l’a pas utilisée le jour de la mort de Jackson. A la place, Murray aurait endormi Jackson à 10h40 avec une simple injection.
Peu de temps après, Jackson s’est réveillé et a pris une seringue pour se faire une injection, c’est ce que soutient la défense. Shafer dit que cette théorie n’a aucun sens.
« Les gens ne se réveillent pas comme ça en attrapant une seringue, en la remplissant et en la diffusant dans la perfusion. C’est juste un scénario complètement fou ».
Le coroner du Comté de Los Angeles a conclu que la mort de Jackson avait été provoquée par une combinaison de sédatifs et de Propofol, et Murray a admis lors de sa déposition à la police qu’il avait utilisé ces medicaments pour aider Jackson à dormir.
La défense prétend que Jackson a avalé huit pilules de Lorazepam, et dit se baser sur la concentration de Lorazepam dans le contenu gastrique. Shafer a discrédité les analyses de la défense, disant qu’un nouveau test avait montré un équivalent de seulement « 1/43 d’une seule pilule » dans l’estomac.
Le taux de Lorazepam contenu dans le sang était beaucoup plus haut que celui auquel on aurait pu s’attendre en se basant sur les dosages annoncés par le Dr Murray aux enquêteurs, et qu’il aurait administré à Jackson dans les heures précédant sa mort, a ajouté Shafer.
Murray a dit avoir donné à Jackson un total de 4 mg de Lorazepam en deux doses distinctes, et ce 10 heures avant sa mort. Les analyses toxicologiques ont indiqué que Jackson avait reçu 40 mg, dans une série de 10 doses, a-t-il dit.
Bien que la défense ait récemment abandonné la thèse que Jackson ait pu avaler le Propofol, l’accusation a continué à utiliser cette vieille théorie pour discréditer le Dr Paul White, l’anesthésiste qui témoignera pour la défense.
Un rapport préparé par White en mars a conclu qu’une ingestion orale du Propofol pouvait avoir tué Jackson, mais Shafer a témoigné qu’il ignorait « l’effet de premier passage » qu’on apprend aux étudiants en médecine de première année. Le foie est un « mécanisme puissant » pour filtrer le Propofol du tube digestif, ce qui fait qu’un très faible pourcentage peut atteindre la circulation sanguine, a expliqué Shafer.
Shafer a cité différentes études menées sur des rats, des souris, des porcelets, des chiens, des singes et des humains, et qui prouvent que le Propofol n’a aucun effet.
« Aucune sédation n’a jamais fait l’objet d’une consommation orale du Propofol », a dit Shafer, décrivant les résultats d’une recherche qu’il a commissionné pour des étudiants d’une université au Chili pendant l’été.
L’étude sur des humains a été menée non seulement pour préparer le procès Jackson, mais aussi pour faire en sorte que la DEA (Drug Enforcement Agency) reconsidère les restrictions autour du Propofol.
Actuellement cette drogue n’est pas une substance contrôlée, mais la publicité autour du fait que la mort de Jackson ait pu être causée par une ingestion orale a forcé les régulateurs fédéraux à considérer une nouvelle exigence disant qu’il « devrait être manipulé comme de la Morphine », a-t-il expliqué.
« Les patients vont en pâtir s’il y a une restriction », a-t-il dit. « Les anesthésistes doivent avoir un accès direct ».
Shafer a témoigné mercredi que Jackson serait toujours en vie sans les 17 « grossières violations » de Murray sur les standards de soins requis par les médecins.
L’utilisation du Propofol par Murray presque chaque nuit pendant deux mois pour aider Jackson à dormir était si inhabituelle qu’il n’existe aucune documentation sur les dangers, a dit Shafer.
Source : TMZ.com – CNN.com – Traduction PYC