Voici quelques déclarations de Bryan Monroe (directeur de la publication du magazine Ebony qui s’est entretenu avec Michael Jackson) faites le 9 novembre dernier:
Les gens spéculent énormément sur son visage, ses changements physiques, professionnels et émotionnels. Chez Ebony, nous avons préféré prendre le temps d’analyser le personnage de plus près, de voir qui il est aujourd’hui, surtout qu’il aura 50 ans l’année prochaine – en août. Et entre nous, je crois que ceux qui ont grandi avec sa musique auront beaucoup de mal à se dire que Michael Jackson a réellement cet âge-là. Voilà pourquoi on a voulu creuser, découvrir ce qu’il était devenu, maintenant qu’il est père de trois enfants, qu’il traverse une importante transition professionnelle et qu’il commence tout juste à revenir au devant de la scène.
Nous voulions évoquer cet album historique qu’est « Thriller » et puis parler de sa façon de créer en général. On a passé trois jours avec lui : on a fait une grande séance photo et une interview qui a duré entre une heure et une heure et demie. Donc on a pu profiter d’un temps appréciable en sa compagnie. Il est clair que c’est un individu complexe, effectivement. Mais c’est aussi un artiste bien plus mûr que ce que l’on pourrait croire. C’est en regardant sa carrière que l’on s’en rend véritablement compte, en l’écoutant parler de la fabrication de « Thriller », de toute l’histoire derrière sa prestation légendaire au Motown 25. C’était passionnant.
[Interviewer quelqu’un de controversé comme Michael Jackson] n’a rien de vraiment compromettant pour nous, surtout parce que la famille Johnson (de Johnson Publishing) a de bonnes relations avec la famille Jackson depuis très longtemps, ce n’est pas la première fois qu’on travaille avec l’un d’entre eux. D’ailleurs on va inclure un autre sujet [sur lui] dans un prochain numéro de Jet qui sortira très bientôt. Toujours est-il que ce qui nous intéresse c’est la musique, le processus de création, des sujets qu’on a rarement vus abordés dans ses précédentes interviews. Que ce soit dans la presse, à la télévision ou à la radio, bien souvent ça ne parle que de rumeurs, de scandales, d’indiscrétions – après tout, ça semble satisfaire les gens. Mais on a volontairement décidé de traiter les choses autrement en s’intéressant à l’homme, au père et à l’artiste.
Cela fait environ huit mois que nous travaillons sur ce projet. On n’avait pas vraiment préparé le détail des questions à l’avance. On savait quel type d’article on voulait écrire, qu’on comptait le faire avec tact, et quand on a expliqué tout cela à l’équipe de Michael, ça leur convenait très bien. On a précisé dès le départ qu’on n’avait pas l’intention de le démolir dans notre reportage sur lui – contrairement à d’autres. Tout ce que nous demandions, c’était d’avoir une conversation honnête autour du sujet principal – les 25 ans de « Thriller » – et de retourner en 1982 par la même occasion, nous souvenir comment nous étions en tant que fans et que consommateurs.
On a eu la possibilité d’aborder de nombreux sujets avec lui. Néanmoins je crois que je regrette de ne pas lui en avoir demandé plus sur sa relation avec ses enfants. Contre toute attente, en trois jours on n’a vu qu’un de ses fils. Il l’appelle Blanket, mais son vrai nom est Prince Michael Joseph Jackson Jr. Il n’avait pas de masque ou le visage caché. Nous nous sommes rendus à leur hôtel, dans leur chambre, et en entrant Michael a dit à son fils se lever, de nous serrer la main de la main droite et de se présenter. Il y avait un bol rempli de bonbons, le petit a pris une poignée de pastilles LifeSavers et me les a tendus en demandant si j’en voulais. J’ai dit non merci, pas pour l’instant. Et puis il s’est assis pour regarder des dessins animés. J’ai deux enfants autour du même âge qui auraient fait exactement pareil. Leur relation père-fils m’a impressionné, elle m’a eu l’air complètement sincère.
Source: NPR