Dans une vidéo publiée sur You Tube par Vertex Effects il y a 15 jours, Dann Huff, le célèbre guitariste que l’on entend sur I Just Can’t Stop Loving You et Man In The Mirror de l’album BAD, revient sur sa carrière et ses participations aux albums de nombreux artistes comme Madonna, Michael Bolton, Paula Abdul, Shania Twain, Michael Jackson et bien d’autres.
Si l’interview dure plus de deux heures, vous reconnaitrez dès les premières notes de musique, la sublime guitare de Dann Huff sur Man In The Mirror.
Voici pour vous la traduction de ses propos au sujet de sa rencontre avec le Roi de la Pop.
Dann Huff, je suis tellement ravi d’être ici avec vous. Merci infiniment de nous avoir permis de venir dans votre studio ici à Nashville et de vous entendre jouer Man In The Mirror de Michael Jackson, un titre de l’album Bad sur lequel vous avez joué, en plus de quelques autres. Racontez-moi ce dont vous vous souvenez à propos de cette session avec Michael Jackson.
Ce qui est drôle… la première chose, c’est que c’était une combinaison de plusieurs sessions… vous souvenez-vous quand ce disque a été fait ?
Oui je dirais 1988, il a probablement été enregistré un peu plus tôt que ça ?
Oui, il a été enregistré plus tôt, je dirais quand j’avais 25 ans. Il a dû être enregistré… les choses sérieuses n’ont commencé qu’en 1988, mais il faut remonter au moment où j’avais 25, 26 ans, quelque chose comme ça. Evidemment, je savais qui était Michael Jackson, à l’époque il était le centre de l’univers musical, il avait sorti Thriller. Donc à l’époque c’était en quelque sorte l’affirmation que vous étiez réellement un musicien de studio ; si on vous demandait de participer à la fête, ça signifiait que c’était en quelque sorte un signe que vous l’étiez. Et tout ce dont je me souviens… j’ai déjà raconté cette histoire donc ce n’est pas une histoire unique, mais elle mérite d’être racontée. Je suis allée à Westlake, je crois que c’était la première fois que nous enregistrions un morceau, je ne pense pas que pour celui-là nous faisions un overdub. Mais je me souviens être entré et il y avait ce type qui avait l’air un peu ébouriffé et un peu fripé, vous voyez, si je devais dire les choses d’une manière un peu stéréotypée, je dirais qu’il avait l’air d’un clochard, avec les dents toutes gâtées. Il était assis dans la salle de bain, quelqu’un s’occupait de lui, et je me suis dit : « Oh c’est sympa, ils ont sorti quelqu’un de la rue et ils s’occupent de lui ». En fait ils étaient en train de le démaquiller. C’était la seule façon pour lui de pouvoir se promener dans la rue. C’était près de Melrose…
Donc ils déguisaient Michael Jackson pour qu’il puisse se montrer en public…
Il faisait appel aux maquilleurs d’Hollywood qui travaillaient pour Steven Spielberg, et c’était la première fois que je le voyais. Et je lui ai dit… la question que je lui ai posée était stupide, parce que je lui ai demandé pourquoi il faisait ça. Il aurait très bien pu être en train de tourner un film, qui sait. Mais il m’a répondu que c’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour sortir faire un tour. Je dirais que finalement c’est ce qui nous a permis de briser la glace. C’est tout. Ensuite je me souviens des sessions d’enregistrement, avec Quincy Jones, donc autant dire que le niveau était très très élevé. Tous les musiciens étaient géniaux, et ils nous ont réservé un accueil tellement chaleureux pour que l’on ait juste à venir et à faire de la musique ensemble. Tout ce dont je me souviens c’est qu’ils étaient tout simplement bienveillants, et immédiatement toute appréhension, toute anxiété à l’idée d’être là a disparu, ils nous disaient juste de faire ce que nous avions à faire, et c’est tout.
Sur la partie que vous venez de jouer, il y a ce magnifique arpège descendant sur cette partie de la chanson. Cette partie a-t-elle été écrite pour vous, ou aviez-vous une sorte de trame, d’aperçu ? Vous souvenez-vous comment ça s’est passé ?
Je me souviens que pour Man In The Mirror ce n’était pas une session d’enregistrement, c’était une session d’overdub, et c’était une session de nuit dans les studios Westlake, je me souviens bien de ça. Glen Ballard était présent, il était l’un des auteurs de cette chanson et… beaucoup de gens lancent un morceau et vous vous mettez à jouer… comme ce petit… ce petit… vous voyez… [il se met à jouer quelques accords de Man In The Mirror]… ça, c’était sur les claviers.
Et je commence, je veux dire, j’entends ça et vous voyez, à ce stade soit vous vous jetez à l’eau, soit vous ne ferez pas partie du disque. Puis petit à petit vous connaissez le rythme, ce petit… vous voyez, je venais juste d’entendre le refrain, avec un petit air de r&b. Et à l’époque je m’inspirais de Paul Jackson Jr, qui était la référence en matière de guitare rythmique… et sur tout il y avait ce delay, vous voyez, c’était le tout début… sur tout ce que je faisais, il y avait ce delay, sur chaque interprétation, et même sur cette dynamique, ce sub-rhythm, ça donnait un peu plus de swing au groove.
Avez-vous utilisé cette guitare pour cette session ?
Sans aucun doute oui, parce que j’ai utilisé uniquement cette guitare pendant au moins dix ans.
Traduction: P.Y.C.