Dans sa première interview depuis son entretien avec Michael Jackson, Ed Bradley de CBS avait discuté le 4 Février dernier avec Larry King de CNN a propos de son tête à tête avec le King of Pop.
Bradley a dit à King qu’il n’était « pas convaincu » de la culpabilité de Michael et qu’il était surpris d’apprendre qui était l’accusateur. Voici pour vous, une partie de cette interview.
K : l’interview de Jackson. Comment cela est-il arrivé ?
B : vous savez, l’interview de Michael Jackson est une interview sur laquelle nous travaillions depuis plus d’un an. En février dernier, j’étais à Neverland, nous y travaillions depuis quelques mois alors. J’y étais allé avec mon équipe, producteur, producteur associé, je me suis assis avec Michael, nous étions juste tout les deux dans une pièce. On a laissé tout le monde à l’extérieur et avons discuté pendant à peu près une demie heure.
K : il y a quelques mois ?
B : c’était en février dernier, ça fait presque un an. Et Michael a dit « d’accord. Je vais vous faire confiance ». Puis il m’a dit combien sa confiance avait été trahie par d’autres journalistes. Et je lui ai juste dit, « regardez, vous me connaissez, vous connaissez mon travail. Si vous voulez le faire, c’est bien, si vous ne voulez pas, je comprends ». Et il a dit, « je vais vous faire confiance, monter là haut et me préparer pour l’interview ».
Ses gars m’ont dit que ça pouvait prendre de une heure et demi à deux heures parce qu’il devait préparer son maquillage, ses vêtements. Quand je lui ai parlé il avait un haut de pyjama, il avait un pantalon, mais il portait son haut de pyjama.
K : ça c’est le jour de l’interview ou des mois avant ?
B : c’était en février. Nous allions faire cette interview le jour même.
K : je vois.
B : j’ai dit à mes gars, « amenez l’attirail de caméras, installez-les et il sera là dans une heure ou plus ». Et, comme on m’a raconté plus tard, une fois qu’il était maquillé et habillé, quelqu’un est venu avec un téléphone et lui a dit, « vous avez un appel de Marlon Brando ». Brando lui a dit que la déposition de la première affaire, qui avait été scellée en 1992 lorsqu’il était accusé d’abus sur enfant…
K : et classée.
B : classée pour que ça reste secret. Brando lui a dit que cette déposition avait été ressortie. C’était sur internet et ça allait se répandre dans le monde entier dès demain ainsi que dans les tabloids aux Etats-Unis le jour suivant. Michael Jackson, on ne l’a plus jamais revu après. Il n’a pas dit « je ne vais pas faire l’interview », il a juste disparu.
K : quelqu’un est venu vous prévenir ?
B : nous l’avons attendu pendant des heures. C’était son personnel. Mark Geragos débutait juste à la tête de son équipe légale à ce moment là.
K : c’était avant que les charges ne soient apportées, longtemps avant.
B : oh oui. En fait, l’enfant qui le poursuit aujourd’hui était présent avec sa mère ce jour là.
K : vraiment ?
B : on est allé dans la cuisine prendre un café, des doughnuts et du soda et la mère et l’enfant disaient qu’ils voulaient passer à la télévision pour dire combien Michael Jackson était une personne géniale.
K : wow. Attendez un peu. Et Brando avait tord, n’est-ce-pas ?
B : bien, non, parce que la déposition n’était pas…
K : elle était sortie ?
B : elle était sortie. Et c’était dans tous les tabloids le lendemain.
K : ah bon ? d’accord, et donc, que s’est-il passé ?
B : on continuait d’attendre et il ne s’est jamais montré. Cette nuit là je suis retourné à Los Angeles. On y est retourné le lendemain pour parler avec eux mais ça n’est jamais arrivé. Alors ça n’est jamais complètement parti. C’était toujours présent. Puis, lorsque ça a refait surface après ces charges, il a décidé qu’il voulait me parler.
K : il vous a contacté ?
B : on était en contact avec Mark Geragos. Et ils ont dit « ok ». On n’a pas parlé avec Michael directement. Ils ont dit, « bien, venez mercredi ». C’était un jour avant noel et j’avais mes projets de vacances mais ils se sont juste envolés et je suis parti pour Los Angeles et suis allé à l’hôtel où nous étions supposé l’interviewer, puis ils ont dit que ça se ferait à 3h, puis à 4h, puis 5 et 6 et 7, enfin, ça se ferait le lendemain.
K : et c’est reparti.
B : c’était le jour de noel. Alors on est reparti et nous sommes installé encore, puis, encore une fois, ce fut une longue attente, de la journée, jusqu’à tard dans l’après midi, en début de soirée, Michael est arrivé dans la pièce. Il était maquillé et habillé pour l’interview et il était très… il parle toujours très bas. Cela dit, il était très prévenant de tout le monde dans la pièce. Regardait les membres de l’équipe, leur disant bonjour, saluant tout le monde puis s’est assis.
K : belle prestance.
B : oui. Mais il vérifiait aussi de quoi il avait l’air dans le moniteur. C’est un performer, il l’a été toute sa vie.
K : c’est vrai. L’histoire qui apparaît dans le New York Times vient de lui, « d’abord nous devons faire ce marché. On a besoin de plus d’argent pour une émission en direct à la télévision ».
B : c’est jamais arrivé.
K : rien de tel, l’histoire du New York Times était complètement fausse.
B : complètement fausse. Complètement fausse. L’histoire du New York Times était basée sur quelque chose qui s’était passé il y a un an, en février, lorsque nous étions à Neverland et que cette personne a dit, « nous devons avoir plus d’argent de Michael ».
K : c’était ça.
B : la citation était soit disante de ma bouche dans l’histoire du New York Times, selon laquelle j’aurais dit, « ne t’inquiète pas, on s’en occupe ». Qui a dit que j’avais dit ça ? la personne à qui ce propos était soit disant dirigé était décrite comme un ancien associé mécontent de Jackson, anonyme, qui pensait qu’on lui devait de l’argent. Maintenant, ce n’est pas une source très crédible. Ce qui m’embête c’est qu’ils ne m’ont jamais contacté directement pour me demander si j’ai dit ça.
K : ils n’ont jamais appelé ?
B : ils ont appelé… au moment où ils étaient prêts à écrire cette histoire, on avait déjà fini l’interview et j’étais parti en vacances. Ils ont appelé les gens de CBS et ont demandé à parler à Bradley. « Il est en vacances ». Ils n’ont jamais dit, « voici une citation ». Ils disent ce que Ed Bradley a dit. Que répondre à ça ?
K : revenons un an en arrière, il y a un an en février, lorsqu’ils ne l’ont pas fait, a-t-il dit à ce moment-là, « je veux plus d’argent ? »
B : non.
K : a-t-il dit, « je fais la spéciale, vous devez vous en occuper ? »
B : non, c’était un an avant la spéciale.
K : la spéciale n’était même pas en projet ?
B : non, la spéciale n’était pas en projet. Peut être qu’on y pensait, mais je ne savais rien dessus.
K : l’argent n’avait jamais été mentionné ?
B : l’argent n’entrait pas en compte. Ce qui s’est passé il y a un an, c’est que Marlon Brando lui a dit que la déposition allait être rendue publique, il a paniqué et ne voulait plus voir personne.
K : alors, lorsque vous avez lu l’histoire, qu’avez-vous pensé ?
B : j’ai dit que c’était un mensonge. Que je n’ai jamais dit ça. Qui était la personne qui a dit que j’avais dit ça ? nommez la.
K : étiez-vous choqué que le New York Times raconte ça ? je veux dire, c’est un pilier du journalisme.
B : vous savez, je m’attendais à mieux de leur part, franchement. Je veux dire, si j’avais un propos de source anonyme pour une histoire, je le fais dans 60 minutes, je ne pourrais pas utiliser ce propos sans contacter la personne concernée dans cette histoire en disant, voilà ce qu’on dit à votre sujet. On ne pourrait pas faire ça.
K : à votre connaissance, y a-t-il un quelconque contentieux entre CBS Entertainment et CBS News où Entertainment pourrait dire, c’est à titre de réciprocité ?
B : non, il n’y a pas de contrepartie. Il n’y avait pas de contrepartie avec Michael Jackson. CBS n’a pas payé pour l’interview. CBS n’a pas passé de la pommade. En d’autres mots, CBS n’a pas dit, « ok, on vous paye tant pour un spécial, faites l’interview et on vous paiera plus pour le spécial. »
K : ça n’est jamais arrivé ?
B : jamais arrivé. Maintenant, y avait-il quelqu’un là-bas de CBS Entertainment ? oui, parce que il connaissait Michael Jackson, ayant fait le spécial avec lui et connaissant les gens de Michael Jackson et il était en liaison avec nous, mais il n’avait rien à voir avec l’interview.
K : est-ce-qu’ils auraient refusé la spéciale si il n’avait pas fait l’interview ?
B : je ne pense pas qu’ils auraient refusé la spéciale si il n’avait pas répondu aux questions. Maintenant, c’était son choix, comme le lieu, le forum qu’il choisissait pour répondre aux questions. Maintenant, préfèreraient-ils qu’il le fasse sur 60 minutes ? vous pariez ?
K : revenons à février, lorsque vous rencontrez la mère et l’enfant, qu’avez-vous pensé en apprenant que c’était cette mère et cet enfant ?
B : j’étais abasourdi parce qu’ils étaient là pour me dire ce jour-là quelle personne géniale il était.
K : alliez-vous les filmer ?
B : on n’était pas allé si loin.
K : vous l’auriez fait ?
B : je sais pas. Honètement je ne sais pas. Je sais pas. L’enfant était dans le documentaire que la BBC… pas la BBC, mais l’émission anglaise l’avait fait. J’ai oublié son nom là.
K : mais vous étiez choqué que l’enfant… c’était l’enfant ?
B : j’étais choqué que ce soit l’enfant parce que les deux, l’enfant et sa mère étaient en train de faire l’éloge de Michael et étaient installés dans sa cuisine, mangeant et racontant quelle personne géniale il était.
K : quels sont vos présentiments sur Michael ?
B : Michael vit dans un monde, je pense que sa résidence principale est logiquement nommée Neverland. C’est un monde de fantaisie. Je veux dire, je m’assois dehors, en attendant pour cette interview qui n’est jamais arrivée. J’entends ce bruit et je regarde par-dessus mon épaule gauche et c’est un éléphant et un dresseur le promenant. Je regarde le lac devant moi et il y a un geyser à l’autre bout, et des cygnes, vous savez, glissant à travers la piste.
Je regarde ensuite par là et il y a une petite fontaine et je vois des statues de flamands roses et puis je vois que les flamands bougent, ils sont réels. Puis j’entends, une demie heure plus tard, à ma droite et je regarde par-dessus mon épaule, arrive un autre dresseur avec un chameau.
Tout le temps il y a un train qui fait le tour et il y a une station de train aussi grosse que votre maison. Et tout est éclairé par des lumières. Et dans d’autres parties de la propriété, il y a d’autres animaux. Il y a une grande roue, des tourniquets, et tous ces programmes du genre de Disney passant dans des haut parleurs.
C’est… il vit dans un monde qui reste un monde d’enfant. Il n’a jamais eu d’enfance. Une chose qui m’a sautée aux yeux c’est lorsqu’il a dit, « quand j’étais enfant et que je passais devant un jardin d’enfants, je voyais les enfants jouer là, et je devais aller en studio ». Depuis qu’il a 7, 8 ans, il est le gagne pain de sa famille. Alors maintenant, il a recréé ce monde de fantaisie où il peut être un enfant.
Bien, ce n’est pas un monde réel. Ce n’est pas un monde réel, mais c’est son monde.
K : triste ou quoi ?
B : je pense que c’est triste parce que ce n’est pas réel. Et je pense que, d’une certaine manière, Michael n’est plus conscient de la réalité, et je ne pense pas qu’il aie des gens autours de lui qui peuvent lui dire, « Michael, tu ne peux pas faire ci. Michael, tu ne peux pas faire ça. Michael, tu ne peux pas dire ça ». Vous savez, je pense qu’il a été si énorme pendant si longtemps qu’il peut faire tout ce qu’il a envie de faire.
K : est-ce-que vous le suspectez… avez-vous une opinion ?
B : j’y étais allé sans conviction sur sa pédophilie. Je pense que c’est quelque chose que seul un jury peut décider. Ils doivent regarder les preuves, et je ne les ai pas vues. Mais je ne suis pas convaincu qu’il soit un pédophile, mais, convaincu qu’il ne prend pas de décisions judicieuses. Ayant été accusé en 1992, il doit être extrêmement attentif à ce qu’il fait et ne pas s’autoriser à se mettre dans une position où il peut être accusé à nouveau.
Traduction Allie