Le mois de Juin approchant, quel est le fan qui n’a pas en tête cette date fatidique du 25 Juin 2009 ? C’est un roman, oui vous avez bien lu un roman, qui aujourd’hui a attiré notre attention et qui a donc fait l’objet d’une lecture attentive. Ce roman date de 2011 mais comme pour la date du 25 juin 2009, pourrait revenir d’actualité chaque année.
Jean-Philippe Vest, la trentaine, fan de Michael Jackson, a écrit ce roman intitulé Michael : Invisible. L’histoire se déroule autour de ce maudit mois de Juin 2009. Olivier, lieutenant de police, sera amené, dans un concours de circonstances extraordinaires, à mener sa propre enquête sur la disparition du Roi de la Pop. Ce roman, dont l’histoire est donc imaginaire, tournera autour de la question de savoir si Michael est bien mort. Avec son imagination, l’auteur s’adresse donc à la fois aux fans de longue date mais aussi à ceux qui ont voulu croire que le Roi de la Pop aurait pu être encore des nôtres aujourd’hui.
Ce livre est un roman, on ne le soulignera certainement jamais assez pour bien vous le préciser: Un roman que nous vous présentons aujourd’hui en compagnie de son auteur, Jean-Philippe Vest qui a eu la gentillesse de nous accorder cette interview, rien que pour vous.
Bonjour Jean-Philippe. Pourrais-tu te présenter devant nos lecteurs, qui es-tu ? d’ou viens-tu ? que fais-tu ? et depuis quand est-ce que tu es fan de Michael Jackson ? Comment se traduit ta fan-attitude ?
« Bonjour MJFrance et bonjour à tous les fans ! Je suis originaire d’Alsace, d’une petite ville qui s’appelle Rixheim. Depuis 2008 j’habite à Paris, où je travaille à la Direction des Systèmes Informatiques de La Poste.
La question de savoir depuis quand je suis fan de Michael est évidemment très difficile. Je me souviens d’une scène, dans le salon de ma tante, je devais avoir moins de dix ans. Mon cousin venait d’acheter Thriller, en vinyle. Les images sont encore très précises. Nous étions trois, avec mon cousin et ma sœur, à écouter le disque tout en regardant les fameux dessins en noir et blanc. L’autre souvenir le plus fort que j’ai, c’est la première diffusion en mondiovision du clip Black or White. Là aussi, les images sont assez vives. C’était un instant magique, j’avais 13 ans. Donc, c’est quelque part entre ces deux événements que je suis devenu fan de Michael et que je n’ai jamais cessé de l’être.
Je ne sais pas si j’ai réellement une fan-attitude. En fait, Michael est présent tout autour de moi, plus ou moins discrètement. La pochette d’Invincible (version vinyle) est suspendue juste au-dessus du bureau où je passe des heures à écrire. J’ai aussi de nombreux CD collectors, toujours à portée de main. Pourtant, malgré cette relative discrétion, chaque personne qui me connaît sait à quel point je suis fan. J’en ai d’ailleurs eu la preuve le 25 juin 2009. Durant toute la journée qui a suivi l’annonce de la disparition de Michael, les membres de ma famille et mes amis n’ont pas cessé de me téléphoner. Ils avaient à la fois besoin de parler à quelqu’un qui est fan du chanteur et voulaient aussi s’assurer que j’allais bien. Ils me parlaient comme si je venais de perdre quelqu’un que je connaissais réellement, un être cher. Ce qui n’est évidemment pas faux, les fans peuvent comprendre ! »
Après la mort de Michael Jackson, les fans ont eu droit à tout un tas de livres, de biographies, de témoignages, de recueils de photos et même une bande dessinée qui comme ton roman, parle d’une enquête sur la disparition du Roi de la Pop. Comment un fan arrive-t-il a en arriver à écrire un roman sur ce fait marquant et pourquoi ?
« Le jour de sa disparition, j’étais plongé dans l’écriture d’un tout autre roman, qui était déjà bien avancé. Évidemment, avec le choc de cette nouvelle, j’ai été comme paralysé, pendant un long moment, ne trouvant plus du tout l’inspiration. J’ai alors commencé à écrire de petits articles, pour un blog que je tenais à l’époque. En tant qu’écrivain, puisque c’est ainsi que j’aime me décrire, même si c’est dénué de toute humilité, ce que je ressens au fond de moi, je ne peux l’exprimer que par l’écrit. Mon truc, pour évacuer les joies comme les peines les plus profondes, c’est d’écrire.
J’ai donc mis le roman en cours de côté, j’avais besoin d’écrire sur Michael. Le livre débute avec une anecdote, le concert de Michael à Bâle, pendant la tournée HIStory. Tout est parti de là, en fait. C’est un épisode réel, que j’ai vécu, la seule fois où j’ai vu Michael sur scène. Un pur moment de bonheur, à quelques mètres de lui. Quelle énergie, quel charisme, il souriait en permanence, c’était merveilleux. J’ai même réussi à toucher le chapeau qu’il lance dans la foule à la fin de Billie Jean. Je n’ai pas pu le prendre, les gens se battaient pour l’avoir et la personne qui a réussi à le saisir a dû être évacuée par la sécurité ! Je voulais donc écrire cet épisode. Et puis, j’ai continué à rédiger ma version de l’histoire, un roman dans lequel Michael disparaît (je n’aime pas qu’on dise « meurt », c’est trop brutal) et où il est encore vivant, quelque part. J’avais besoin que, dans mon monde imaginaire, il soit toujours là. »
On imagine à lire ce roman, que le principal personnage du livre, Olivier, n’est en fait que Jean-Philippe qui nous raconte un rêve qu’il aurait voulu voir réalité. Un double rêve entre le fait de rencontrer Michael Jackson et celui de le voir toujours vivant. Serait-ce cela dont il s’agit réellement ?
« Effectivement, dans mes histoires il y a toujours un personnage qui me représente, qui fait ce que j’aurais rêvé de vivre. La disparition de Michael a été quelque chose d’étrange, je pense que tout le monde l’a ressenti ainsi. Quelque chose d’incroyable, parce qu’une telle star ne peut pas disparaître. Comme tous les fans, il fait partie de ma vie, il en est indissociable. Je ne pouvais pas et je ne peux toujours pas dire : il n’est plus là.
Alors oui, ce roman mêle le rêve que j’ai toujours eu de pouvoir passer quelques heures avec lui et aussi cette terrible envie que tout ça, toutes ces images, toutes ces informations, tout soit faux. Je voudrais juste qu’on efface ce 25 juin 2009. »
Dans la présentation de ton livre, nous tenons à insister lourdement sur le fait qu’il s’agit ici d’un roman et heureusement que cela est bien inscrit sur la page principale du livre car l’on pourrait presque s’y perdre. N’as-t-u pas peur qu’il puisse y avoir de la confusion parmi ceux que l’on appelle dans le milieu des fans, les beLIEvers ? Ne t’auraient-ils pas contacté suite à la sortie de ton livre ? Et si ton livre était lu par quelqu’un qui n’y connait vraiment pas grand-chose des années Jackson, n’as-tu pas peur là non plus d’un éventuelle confusion ?
« Livrer un roman au public cache toujours une crainte. J’ai évidemment envie que les gens aiment ce que j’ai créé. J’ai eu moins peur avec Michael : Invisible parce que je l’ai écrit avec mon cœur, avec le plus beau des sujets et la plus grande source d’inspiration, intarissable. Après la sortie du roman, j’ai noté deux attitudes. D’abord les beLIEvers, dont certains m’ont contacté directement sur mon profil Facebook. J’étais très ému de savoir que, pour ceux qui m’ont contacté, mon roman leur avait fait du bien. Ensuite, il y a eu cette attitude à laquelle je ne m’attendais pas. Pour eux, je ne faisais que dire la vérité, ils ont oublié qu’il y avait inscrit « roman » sur la couverture. J’ai discuté avec eux, en vain. Chaque fois que j’essayais d’expliquer qu’il s’agissait bien d’une fiction, j’avais la même réponse : « on comprend, tu sais où il est et tu ne peux pas le dire ». Certains sont donc convaincus que je sais où se trouve Michael et que je communique régulièrement avec lui. Si seulement…
Et puis, il y a ceux qui ont lu le roman sans être fans. Tous, évidemment, connaissent Michael, mais de loin, les chansons les plus célèbres. Pour ces lectrices et lecteurs, les premières pages sont difficiles. Elles sont le produit d’un pur fan du King of Pop. Une fois passée cette étape, par contre, ils sont pris par l’enquête, ils se laissent entraîner et, à ma grande surprise, en fermant le roman, plusieurs m’ont dit : mince, je ne sais plus quoi penser ! Avant de commencer, ils étaient sûrs que Michael était mort, ils ne se posaient aucune question. Une fois arrivé au point final, j’avais réussi à semer le doute.
Les deux réactions m’ont fait énormément plaisir. Je suis content quand je peux emmener des lectrices et lecteurs dans mon imaginaire. »
On imagine mal une suite à ce roman, quoique… On voit bien qu’une porte est resté entre-ouverte. Est-ce fait exprès pour l’imaginaire du lecteur ou est-ce que tu t’es autorisé un éventuel futur projet ?
« J’ai écrit ce roman pour exprimer ma tristesse et surtout pour dire tout ce que je dois à Michael. La fin est ouverte pour laisser libre cours à l’imagination des lecteurs. Non, il n’y aura pas de suite à Michael : Invisible. Évidemment qu’il est possible d’écrire sans fin sur Michael, le sujet est vaste et passionnant. Si on y regarde de plus près, il est présent dans chacun de mes romans, sous la forme d’un personnage récurrent, discret. Je ne peux de toute façon pas créer sans l’influence de Michael ! »
Pour finir, qu’aurais-tu envie de dire à nos lecteurs, au sujet de ton livre mais aussi au sujet de celui qui a su tous nous unir, Michael Jackson ?
« Je voudrais revenir sur ce 25 juin 2009. Ce matin-là (le 26 en France), je me suis réveillé plus tôt que d’habitude, je n’arrivais pas à dormir. Je me suis installé devant l’ordinateur, j’ai ouvert ma boîte mail. Il y avait une cinquantaine de messages d’alerte de CNN. Je me suis dit qu’il avait dû se passer quelque chose de grave. Le temps s’est arrêté lorsque j’ai lu : « Michael Jackson is dead ». J’avoue, j’ai pleuré toute la journée. Le soir, j’ai eu envie de communier avec les autres fans. Bizarrement, ou peut-être pas, je me suis rendu sur le parvis de Notre-Dame. Il y avait pas mal de fans, certains pleurant, d’autres chantant avec Michael. Chacun exprimait sa peine à sa façon. Et puis, il y avait aussi, déjà, de nombreux marchands de « gants blancs », qui faisaient du commerce quelques heures après sa disparition. Ça m’a dégoûté, je ne me sentais pas à ma place, j’ai eu envie de partir.
Juste avant de quitter le parvis de Notre-Dame, j’ai observé un couple, qui arrivait en scooter. C’est incroyable, je me souviens de cette scène comme si elle venait d’avoir lieu. C’est d’abord l’homme qui est descendu. Visiblement, il n’était pas fan de Michael. Et puis, sa copine ou sa femme est descendue. Elle a retiré son casque. Je me souviens de ses longs cheveux bruns. Et surtout, je me souviens de son visage, rouge, des larmes plein les yeux. Pour moi, elle symbolise toute la peine que la disparition de Michael nous a fait ressentir. Quand je me remémore cet épisode, j’ai toujours des frissons. Je ne sais pas comment l’expliquer. J’avais l’impression, pour la première fois de ma vie, de voir un cœur totalement brisé. C’est finalement ça que je cherchais en venant à cet endroit : mettre un visage, une image, sur ma peine ! À cet instant, cette jeune femme en pleurs symbolisait, pour moi, l’état émotionnel de tous les fans de Michael.
Mais la tristesse, chez les fans de Michael, n’a qu’un temps. Michael représente la joie. Chaque fois que je l’écoute, j’ai l’impression que c’est la première fois, je redécouvre toute la beauté de ce qu’il a laissé. Il y a toujours un détail, une mélodie, une parole que j’ai l’impression de ne jamais avoir entendu avant. Mon livre est mon petit hommage à Michael (je sais, ce n’est pas très humble). C’est évidemment une goutte d’eau face à ce qu’il laisse lui, à ce qu’il nous a donné et nous donne encore. Peu importe que l’on croie qu’il est encore là physiquement ou non, il sera toujours vivant, à travers sa musique, à travers ses fans. »
Merci pour cette interview.
« Merci à MJFrance et particulièrement à François, qui a accepté de lire mon roman. Merci aux fans, qui ont pris le temps de lire cette interview. »
Jean-Philippe Vest et son roman Michael : Invisible.
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