Le 20 Décembre 1976, le magazine américain « SOUL » faisait sa UNE avec la famille Jackson.
Nous vous proposons de découvrir, un peu comme si vous l’aviez dans les main, le magazine « SOUL » de cette hiver 1976 et son article de Connie Johnson. Vous y découvrirez une approche particulière de la famille Jackson avec les propos des filles de la famille nommées pour l’occasion « les jacksonettes ». Ce numéro est également l’occasion pour Steve Ivory de présenter le tout nouvel album des Jacksons intitulé tout simplement « The Jacksons ». Bonne lecture…
Il était une fois les Jackson… et les Jacksonettes
Il semble idéal de se concentrer sur la famille Jackson en cette période de vacances, quand l’amour et le sens de la famille ont plus de signification maintenant qu’à n’importe quelle autre période de l’année. Malgré des bouleversements professionnels et des prophéties apocalyptiques ayant prédit le contraire, les Jackson, jusqu’à présent, apparaissent comme étant plus unis que jamais.
Monsieur et Madame Joseph Jackson possèdent une maison à Encino, dans la banlieue de San Fernando Valley, un lieu où l’on trouve des maisons de style ranch, où l’on vit au ralenti et où l’on s’adonne aux loisirs, comme le décrivent la plupart des habitants. Latoya, 20 ans, qui aime cette atmosphère, dit: « C’est calme et conservateur ici, pas aussi bondé et bruyant que L.A. »
Maureen, 27 ans, est la première des Jackson à s’être assise pour parler, dans leur spacieuse et magnifique maison. En ces jours qui ont précédé la libération de la femme, on aurait pu dire que Maureen Jackson « se comportait d’une manière totalement féminine », et il semble que le choix de ces mots est toujours approprié.
Mariée et mère d’une fille de cinq ans, Maureen apparaîtra dans la prochaine émission de télé des Jackson, en tant que membre des Jacksonettes avec Latoya et Janet. Maureen dit que le business a « ses avantages et ses inconvénients » et elle est assez philosophe quant à sa nouvelle place sous l’œil du public. « Les gens illuminent d’une certaine façon les personnalités du show business« , dit-elle. « Les célébrités ont une certaine gloire et ceux qui mettent l’accent sur la célébrité et la gloire sont impressionnés par ça » .
Maureen pense-t-elle qu’il est maintenant plus difficile d’accorder de la confiance dans les motivations de la plupart des gens ? N’est-elle pas « atteinte » uniquement à cause de son statut d’artiste ? Comme si elle s’était préparée à cette question, Maureen répond: « D’une certaine façon je pense que je juge assez bien les gens et il est important… d’être capable de cerner la personnalité des autres » .
« J’essaie de donner sa chance à chacun. J’écoute ce que les autres disent, et ensuite je fais mon propre jugement » .
Le fait que Maureen soit membre de l’église des Témoins de Jehovah doit contribuer à cette caution, même si elle souligne: « Je n’aime pas mélanger religion et carrière. Je préfère parler en termes de valeurs personnelles. Ce sont ces valeurs qui m’aident, comme on dit, « il faut garder la tête froide » .
Maureen ne pense pas que les émissions de télé vont apporter des changements drastiques dans sa propre personnalité ou son style de vie. Les passe-temps qu’elle aime s’accorder maintenant sont assez simples et incluent « la couture, la lecture de la Bible et la décoration d’intérieur; en fait, Marlon et Carol m’ont demandé de les aider à décorer leur nouvelle maison » .
« Certaines personnes réagissent envers moi d’une drôle de façon, on dirait que ce ne sont pas les mêmes amis que j’ai connus. Ils veulent voir si j’ai changé, mais je ne pense pas avoir changé » , dit-elle calmement. « Comment je vois l’avenir ? Je veux juste prendre les bonnes décisions, continuer à avoir une famille unie » .
Notre attention va maintenant se porter sur Latoya, alors que Maureen s’excuse, disant qu’elle est déjà en retard pour un rendez-vous chez le médecin. Latoya est une jeune femme délicatement belle avec une voix qui dépasse de peu les décibels d’un murmure. En temps normal cela pourrait suggérer de l’hésitation et un manque de confiance en soi. Mais Latoya n’évite aucune question, son regard est inébranlable et on sent une énorme force de caractère.
« J’aime être avec ma famille, c’est l’aspect qui me plaît le plus dans la performance » , dit-elle. « Je suis probablement plus influencée par ma mère, par sa douceur… J’ai toujours été si timide que les gens sont surpris quand ils me voient sur scène » .
Latoya est si attirante qu’il paraît naturel de lui poser des questions sur ses petits amis, et lui demander avec qui elle sort en ce moment. « Je n’ai pas de petit ami » , dit-elle fermement. « Je ne fais pas facilement confiance et pour être honnête avec vous je n’ai aucun ami en dehors de ma famille » .
N’est-ce pas une existence solitaire ? « Ca ne me dérange pas » , dit-elle. « Quand je me sens seule, je lis. Je lis constamment la Bible » . Quand Latoya se montre en public, elle admet être souvent approchée.
« Ce sont souvent des hommes mûrs qui viennent me demander de sortir ou d’autres choses. J’ai un peu peur parfois » . Latoya précise que ça arrive rarement étant donné qu’elle sort la plupart du temps accompagnée d’autres membres de la famille.
Elle se prétend « unique » , différente des autres individus dans le sens où elle choisit comment mener sa vie, et dans sa façon de voir le monde.
« Je ne ferai jamais d’enfant dans une société comme celle-là » , dit-elle dans une calme intensité. « C’est si confus. Je ne peux pas approuver ces crimes commis par permissivité, la façon dont l’homme corrompt le monde » .
« Les choses changeront en mieux, il le faut ! On ne peut pas continuer comme ça » .
Latoya répond de bonne grâce aux interviews, bien qu’elle dise que ce qui est imprimé sur la famille Jackson est parfois une déformation de la réalité. Elle admet avoir lu les histoires, soit disant des « histoires vécues de l’intérieur » , à propos du départ de Jermaine du groupe.
« Je ne sais pas s’il a réellement dit les choses que j’ai lues. Il est donc difficile de commenter. Mais les choses qu’on lui a fait dire ne sont certainement pas exactes » . Latoya n’a pas donné plus de précisions.
Jackie, Marlon, Tito, Randy et Michael entrent dans la pièce à ce moment précis, assez bruyamment en fait. Ils sourient, probablement à la seule pensée de leur nouvel album produit par Gamble et Huff pour Epic Records et la nouvelle série sur laquelle ils travaillent pour CBS.
« Oui, on se sent assez bien avec le format de cette émission » , dit Marlon. « On donne tous nos idées, on travaille ensemble et on essaie de nouvelles choses » .
« On s’apprête même à écrire le nouveau générique de l’émission » , ajoute Tito.
« The Jacksons » est censé être un programme de variétés d’une demie heure, un peu comme « Laugh-In » , dans son champ d’application et sa ligne directrice. Ils essaient actuellement de trouver des invités, parmi lesquels George Carlin, Redd Foxx, Sammy Davis Jr, Carroll O’Connor, Elton John et Dennis Wilson des Beach Boys.
Il y aura quantité de « grands numéros musicaux » , où l’on verra fréquemment apparaître Michael, et Janet Jackson apparaîtra dans de petites pastilles comiques.
Les Jackson pensent tous qu’il est significatif de constater que de tous les shows qui débuteront cet été sur CBS, « The Jacksons » est le seul qui sera régulier.
« Nous sommes beaucoup plus excités par notre carrière maintenant que nous l’étions quand nous avons commencé » , dit Jackie. « Nous n’avons pas encore atteint ce point de succès total, du moins dans notre esprit » .
Ils sont optimistes, spécialement à la lumière du changement d’opinion constaté dans le public à leur égard. D’après Tito, les Jacksons ne sont plus considérés comme des « musiciens bubblegum » .
« Les gens nous mettaient dans cette catégorie à cause de notre âge » , dit-il. « Mais beaucoup de nos vieux titres comme « I’ll Be There » sont des standards maintenant. Ce sont des classiques » .
« La musique ne devrait pas être mise dans des catégories différentes » , continue Tito. « Les classements soul en particulier se limitent aux ventes des artistes noirs. La musique c’est la musique, et elle devrait atteindre le plus de monde possible » .
« C’est vrai« , ajoute Michael. « Mais les stations de radio noires ne jouent pas de musique blanche. Enfin… elles commencent tout juste. Et des artistes blancs ne vont pas chanter aux Soul Train. Mais ce sont les Blancs qui imposent les règles » .
« Oui, mais c’est en train de changer » , dit Jackie. « Comme, par exemple, sur CBS, ils ont fait ce sondage qui montre que nous avons autant de fans blancs que de fans noirs » .
« On en arrive au point où on ne peut plus dire quelle est la différence entre la musique blanche et la musique noire » , dit Tito. « Hall & Oates, Wild Cherry, K.C. & The Sunshine Band… ils sont tous bons » .
Mais les Jackson, en tant qu’artistes noirs, sont-ils inquiets de cette incursion sur « leur » territoire ? Se sentent-ils menacés par la compétition ?
« Nous aimons la compétition » , répond aussitôt Jackie. « Et nous sommes en compétition avec tous ceux qui enregistrent des disques » .
« Oui » , dit Tito d’un ton sec. « Parce qu’ils veulent tous être numéro un » .
Quand ils ne se consacrent pas à cette compétition pour la place de numéro un, les Jackson aiment penser à leurs futurs plans.
« Nous voulons écrire, produire, publier, toutes les étapes du business » , dit Marlon.
« Je veux être acteur » , clame Randy.
« Oui, il veut être le nouveau Mantan Moreland » , dit Michael, tandis que les autres rient. « Un autre Stephen Fetchit » .
Randy lance un regard noir à Michael et commence à monter sur sa tête, tentative pour laquelle Michael était prêt à répliquer. Ils continuent à se « battre » pendant que Jackie, Tito et Marlon lancent d’autres idées quant à leur avenir professionnel. En les écoutant on se souvient de la remarque de Latoya à propos des futurs projets des Jackson:
« Il est difficile de prévoir l’avenir autrement qu’en disant que nous continuerons tous, c’est probable. Et je pense que nous resterons toujours aussi proches que nous le sommes maintenant » .
Connie Johnson
Présentation de l’album « The Jacksons » :
Le premier album des Jackson sous le label Epic connaît quelques légers changements par rapport à ceux du label Motown. Cette sortie est une étape subtile, mais franche vers une voie qui les entraîne du bubblegum à des sujets plus matures, autres que le syndrome « je t’aime tant, je ne te laisserai jamais partir » qui a longtemps été la direction musicale empruntée par le groupe.
Non pas que ce disque ne comprenne pas de tels moments. Mais maintenant quand les Jacksons se dirigent vers « Dreamer » , « Style of Life » ou « Blues Away » , c’est beaucoup plus crédible, spécialement quand on sait que les Jacksons eux-mêmes ont composé les deux derniers. Cependant, il est maintenant assez évident que les producteurs Gamble et Huff vont réserver aux Jacksons un matériel plus puissant, comparable à ce que font O’Jays and the Bluenotes.
« Stength of One Man » et « Show You The Way To Go » parlent des problèmes de la société moderne d’un point de vue spirituel – une chose que les Jacksons avaient stratégiquement évitée dans le passé.
La fine fleur des musiciens de Philadelphie et le travail d’harmonie vocale des Jacksons ont marché main dans la main, tandis que Michael semble développer en permanence ses capacités de leader vocal. Ses ad-libs, oohh et aahh, ont été remplacés par des gémissements occasionnels intenses, et des grognements qui rappellent vaguement Mavis Staples. Après une courte période d’ajustement, l’accalmie a pris fin. Avec un nouveau nom, de nouveaux producteurs et un nouveau label, les Jacksons ont entamé leur mutation et il est maintenant clair qu’il n’y aura pas de retour en arrière.
Steve Ivory
Pour vos surprise party !
Sortie du nouvel album des Jacksons – Michael, Marlon, Tito, Jackie et Randy
S’il faut une raison pour faire la fête, en voici une. The Jacksons. Un nouveau nom, et un nouvel album avec quelques unes des meilleures musiques dance jamais réalisées par le groupe – avec leur nouveau chouette single, « Enjoy Yourself » .
« The Jacksons », par The Jacksons. Ensemble plus que jamais, et faisant la fête plus que jamais.
Epic Records, produit par Keny Gamble et Leon Huff.
Source: Soul Magazine / MJFrance
Traduction: Pretty Young Cat