Q Magazine, Bad Tour Tokyo, Novembre 1987.

Le magazine Q du mois de Novembre 1987 faisait sa UNE avec Michael Jackson et titrait: Tous le monde dit « Aaow » en parlant du Bad Tour. On y trouve un article de Paul Du Noyer intitulé « L’empire contre-attaque » sur 7 pages avec des interviews de Frank Dileo et de Quincy Jones ainsi que quelques photographies. Nous avons rajouté un petit bonus après l’article.

L’empire contre-attaque

Par Paul Du Noyer

Pendant un bref instant, il a semblé possible que Prince lui vole la vedette. Que le monde n’ait plus besoin de sa légende envoûtante et de son rythme effréné. Que les attentes suscitées par sa première – et soi-disant dernière – tournée en solo ne pouvaient que susciter de la déception.

C’est faux. On ne peut plus faux.

Paul Du Noyer s’est rendu au Japon pour la première étape de la tournée mondiale de Michael Jackson, et s’est entretenu avec les personnes qui ont contribué à organiser le plus Grand Comeback de l’Histoire de la Pop depuis son dernier album.

La tournée mondiale de Michael Jackson a commencé par une chaude soirée, le samedi 12 juillet au Korakuen Stadium, qui accueille les compétitions de baseball à Tokyo. Le lieu est situé dans une espèce d’antre du divertissement, un complexe entouré de manèges pour enfants que Jackson affectionne tant. A l’autre extrémité se trouve une longue galerie couverte de filets verts où les Japonais peuvent s’entraîner à parfaire leur swing au golf, avec comme bruit de fond les sons de Bad, Off The Wall et Beat It qui retentissent à quelques mètres de là.

A l’intérieur, 38 000 fans assis en ligne, et qui ont payé environ 26 livres sterling par tête, sont sollicités par d’énormes panneaux – Mitsubishi, Yamaha, IBM – , les plus grands faisant la promotion des sponsors de la soirée : Pepsi-Cola, la compagnie de téléphone locale NTT, et les « présentateurs de la tournée », Nippon TV. Des hélicoptères tournoient dans le ciel qui s’assombrit, juste au-dessus de la clarté blanche des projecteurs du stade. Sur le terrain, un sumo noir costaud se faufile dans la foule. De temps à autres, les bavardages enthousiastes des fans, qui crépitent comme de l’électricité statique, se transforment en cris hystériques et stridents lorsqu’un héros local – comme une actrice de série japonaise par exemple – s’installe dans le quartier VIP.

Il s’agit de la première escapade de Jackson en solo, qui a également été annoncée comme étant la dernière – mais bien sûr cette nouvelle ne nuira pas à la vente de billets. Il se dit que sa carrière s’orientera ensuite vers Hollywood. Cette tournée coïncide avec la sortie de Bad, un album qui a l’immense responsabilité de faire aussi bien que le dernier, Thriller, en 1983, qui s’est vendu à 40 millions d’exemplaires, devenant l’album le plus vendu de l’histoire.

En coulisses, derrière un haut mur de sécurité drapé de noir, il y a ce qui ressemble à la rue d’un village. On y trouve des penderies, des stands pour se restaurer, une tente d’accueil avec des seaux de glace qui rafraîchissent du Pepsi et des bols remplis de ce qui pourrait bien être des Smarties, une salle de contrôle vidéo, des bureaux temporaires, et une grande cabine – qui est la loge de Michael Jackson. « Défense d’entrer », annonce un panneau. « Aucune exception ».

Les coulisses grouillent de membres des équipes, dont 45 à la production qui ont acheminé le matériel nécessaire au spectacle dans 22 camions, et qui travaillent non-stop depuis 38 heures à l’assemblage. Le groupe est constitué de 28 autres personnes, dont 11 se produisent réellement sur scène.

Une vingtaine de personnes composent l’entourage officiel de Michael Jackson. Parmi eux se trouve Miko Brando, « assistant de l’Artiste », fils de Marlon, qui s’est rendu indispensable au moment où il a été le premier à atteindre Michael sur le plateau de la publicité Pepsi, quand les cheveux de la superstar ont pris feu. Puis il y a sur place deux chefs personnels, chargés de superviser le régime végétarien de Michael. Est aussi présent le garde du corps personnel de longue date, Bill Bray, ainsi qu’une armé d’avocats, de comptables et de publicistes. Vous pouvez aussi croiser un jeune homme plutôt élégant, vêtu de pièces relativement chères, qui s’appelle James Osmond – anciennement « Little Jimmy Osmond » – qui figure parmi les plus proches conseillers et amis de Michael.

Il y a quatre chefs de sécurité permanents (le staff est recruté localement pour chaque concert), ainsi que deux coiffeurs. La garde rapprochée séjourne, tout comme Michael, au Tokyo Capitol Hotel, choisi pour ses avantages en matière de sécurité. Sa plus belle chambre sera d’ailleurs à l’avenir baptisée « la Suite Michael Jackson ». Il quitte le stade via une sortie souterraine.

Pour couvrir sa visite au Japon – la première étape d’une tournée qui visitera quatre continents – une centaine de journalistes étranger sont mobilisés. Une dizaine d’entre eux sont britanniques, dont une partie se sont rebaptisés les « Jacko Hackoes ». Avec eux se trouvent des attachés de presse de chez CBS/Epic à Londres, le patron de CBS UK, plusieurs photographes, et quatre chanceux qui ont gagné des places en jouant à des concours organisés par des journaux – deux par le Daily Mirror, deux par The Sun.

Des vétérans du dernier voyage de Michael, la tournée Victory en 1984 qui a parcouru l’Amérique avec les Jacksons, commentent à quel point le spectacle actuel leur semble petit. A l’époque, ils avaient plus de 250 personnes avec eux sur les routes, et chaque frère Jackson, qui semblaient se disputer constamment les uns avec les autres, avait sa propre équipe personnelle. Michael, nous a-t-on dit, est beaucoup plus heureux et beaucoup plus détendu cette fois-ci.

Le manager de la tournée Chris Tervit, dont la dernière expérience remonte à Deep Purple, Curved Air et Kilburn & the High Roads, est originaire de Glasgow. Son partenaire est le manager producteur Benny Collins, un grand afro-américain, qui s’est récemment occupé de la tournée Glass Spider de David Bowie. Ils avaient tous les deux laissé tomber la tournée Victory, parce que « ce n’était pas organisé à notre goût »; ils ont donc été ravis qu’on leur demande de revenir pour celle-ci.

Chris Tervit ne tarit pas d’éloges envers son employeur : « Il s’intéresse à tout ce qu’il se passe ici, de A à Z. Les autres artistes semblent ne pas avoir le temps. Michael est un tel bourreau de travail que parfois ça m’effraie littéralement. J’ai pourtant travaillé sur un chantier naval, mais je n’ai jamais travaillé aussi dur que ce gamin ».

« C’est un garçon gentil. C’est un tel artiste qu’on ne peut avoir que du respect pour lui. Quelle que soit sa demande, vous y allez et vous suez sang et eau pour lui, parce qu’il a tellement de talent… Je l’ai attrapé en train de faire des blagues sur mon accent écossais, le genre de choses qu’on fait quand on se relaxe entre nous. C’est un type assez « ordinaire » – je sais que ça sonne un peu bizarre mais c’est la vérité. Excepté son talent qui est hors normes ».

Benny Collins acquiesce. Comme Chris Tervit, il n’arrive pas à faire le lien entre le Michael Jackson pour lequel il travaille (« à la fois un patron et un ami »), avec la personne bizarre décrite par les tabloïds britanniques ou le magazine américain National Enquirer. « Quand j’étais en Europe avec David Bowie, ils avaient écrit qu’il allaient installer un écran entièrement désinfecté près de la scène. Maintenant, j’ai tendance à rire quand je vois ce genre de choses ».

Tervit: « C’est vraiment gênant, parce qu’il ne mérite vraiment pas ça, toutes ces choses qui sont dites sur lui. Quand vous connaissez ce gamin : il comprend exactement ce qu’il veut faire, il en comprend toutes la mécanique, et il ne demande jamais rien d’aberrant. Vous pourriez très bien le mettre là avec le minimum de matériel, et les gens penseraient quand même qu’il a donné le meilleur spectacle qu’ils ont jamais vu ».


La scène du concert de Michael Jackson est en effet superbe. Si la soirée d’ouverture à Tokyo a été un tant soit peu feutrée, la seconde soirée – quand les artistes, après des mois de répétitions, ont réalisé que cela pouvait avoir lieu pour de vrai, et que le public savait qu’il devait s’attendre de toute façon à un grand spectacle – était plus libre, plus fun, bref, tout ce qu’on pouvait espérer.

La tournée devrait arriver en Grande-Bretagne à la fin du printemps de l’année prochaine, même si les dates n’ont pas encore été fixées (une curieuse rumeur dit qu’ils sont en train d’envisager une longue série de dates au Royal Albert Hall, plutôt qu’à Wembley). D’ici là, le spectacle aura quelque peu changé, et les nouvelles chansons seront beaucoup plus présentes. Pour le moment, les seuls titres issus de l’album sont Bad, et le précédent single I Just Can’t Stop Loving You.

La scène consiste en un chaos de ruines hi-tech : l’idée de Michael, qui s’est en partie inspiré du film Bladerunner. « Il voulait quelque chose qui n’ait pas l’air trop lisse », dit le manager de la tournée. En fait cela ressemble à la rencontre entre un immeuble et un Jumbo Jet.

La préparation de Jackson pour les concerts a consisté en de longues périodes de jeûne et une pratique obsessionnelle de la danse – il n’a pas mangé pendant presque deux jours avant le premier concert, mais les gens proches de lui ont dit que cela n’avait rien à voir avec la nervosité.

Musicalement, à ce stade, il s’agit plutôt d’une rétrospective, la raison officielle étant que comme le Japon n’a jamais vu la tournée Victory, leur donner un tour d’horizon des chansons issues des albums Off The Wall et Thriller n’est que justice. Ce qu’il a dûment fait, en plus d’un medley de quelques succès des Jackson 5 (« The old songs, done the old-fashioned way » / « les anciennes chansons, interprétées à l’ancienne »: I Want You Back / The love You Save / I’ll Be There), ainsi que quelques titres plus récents des Jacksons comme Heartbreak Hotel. Il est un petit peu décevant de ne pas avoir encore plus de morceaux de l’album Bad, mais encore une fois on nous assure qu’il aura eu le temps de les travailler au moment où il atteindra les Etats-Unis et le Royaume Uni.

Par conséquent, la plus grande partie du concert a des airs familiers – il fait le moonwalk sur Human Nature, il dépoussière son seul et unique gant argenté pour Billie Jean, et il est accompagné de zombies pour Thriller, comme dans la vidéo. Mais en même temps sa voix chantée n’a jamais semblé aussi bonne, et sa manière de danser est brillante dans l’ensemble. Même si les interventions de Jackson sur scène se limitent aux civilités d’usage en japonais telles que « bonjour, merci, je vous aime », son plaisir est évident et il ne semble ni détaché, ni distant. L’image d’un Jackson frêle et éthéré s’est totalement dissipée : il attaque les upbeats avec une énergie féroce et une intensité sexuelle qui donneront lieu à des soirées explosives quand il aura l’occasion de rencontrer des publics qui se restreignent moins que celui de Tokyo.

En ce qui concerne le groupe, on retrouve un pilier de longue date, Greg Phillinganes, qui manie ses claviers avec une précision d’orfèvre, mais le reste de la distribution reste notablement inconnu. Selon un membre de l’équipe, il y a « des musiciens qu’il connaissait déjà avant, des musiciens qu’il connaissait uniquement de réputation, et d’autres qui sont venus auditionner et qui nous ont surpris au plus haut point ». Visuellement, le groupe est un étrange amalgame qui combine glam-rock, Mad Max et punk futuriste. Le plus inquiétant dans tout cela, ce sont les coupes de cheveux, dont certaines devraient être reconsidérées si nécessaire.

D’une manière générale, le show est pauvre en effets extravagants, et c’est comme cela que cela doit être – même si en l’état actuel des choses certaines chorégraphies (sortes de démonstrations de transpiration synchronisée) distraient trop de Jackson lui-même. Il n’y a rien d’impromptu, aucun geste inconsidéré. Mais une seule et unique touche est exceptionnellement chouette : à un moment donné, il monte un escalier, puis il disparaît dans une cabine recouverte d’un rideau argenté qui s’élève ensuite au-dessus de la scène. Quand le rideau s’ouvre, Michael a disparu, mais il réapparaît instantanément sur une plateforme amovible de l’autre côté, sa cape se déployant derrière lui alors que, dans un autre costume, il se déchaîne sur Beat It. L’illusion est spectaculaire – elle vient du goût de Michael pour les tours de magie – et représente le point culminant d’une soirée qui ne manque pas de moments de ravissement.
Pendant ce temps, en coulisses, le manager de Michael, Frank Dileo, n’est pas disposé à se relaxer. « Il est impulsif, il s’agite tout le temps », explique un assistant. Pendant que les chansons retentissent dans la foule de l’autre côté, la silhouette trapue d’1,60 mètre se fraie un chemin entre les tentes et les cabines, son fameux cigare éteint serré entre les dents, et ses blagues corrosives sortant de l’autre côté de sa bouche.

Dileo, 39 ans, est un Italo-américain de Pittsburgh. Il est totalement dépourvu de la douce fermeté et du jargon qui caractérisent tant de figures emblématiques de l’industrie musicale américaine. Les gens semblent bien s’entendre avec lui, surtout parce qu’avec lui, tout le monde sait à quoi s’en tenir. « C’est un fils de pute arrogant », dit un proche collaborateur. « Le truc avec Frank, c’est qu’au moins quand il est en colère, vous savez qu’il est en colère ».

Quel que soit le sens des affaires dont il a fait preuve depuis qu’il a pris ses fonctions auprès de Jackson il y a quatre ans, sa plus grande contribution a été sa façon de faire redescendre tout le monde sur terre, avec un sens de l’humour un peu brutal, après le succès astronomique de Thriller.

Son carnet de rendez-vous et de réunions est toujours rempli, même pendant le concert. L’une de ses fonctions, le deuxième soir, est de rencontrer votre serviteur dans un bureau improvisé dont les murs tremblent au rythme de Billie Jean. Quelle est la meilleure chose dans le fait d’être manager de Michael, lui ai-je demandé.

Les épaules voûtées, les paumes tournées vers l’extérieur : « Hey, j’ai l’occasion de vous parler ! »

Et, euh… la deuxième meilleure chose ?

« J’ai l’occasion de lui parler ! »

Essentiellement spécialiste de l’industrie du disque, Dileo a commencé chez CBS en 1968, rejoignant ensuite d’autres labels comme RCA Records, Bell Records, jusqu’à ce qu’il retourne chez CBS en 1979, où il s’est retrouvé à la tête du service Promotion et Vidéo de la filiale de CBS, le label Epic. Et c’est là que sa collaboration avec Jackson a commencé.

« Notre relation a évolué en travaillant sur Thriller. Puis un jour, sans crier gare, il m’a demandé d’être son manager ».

« Je me suis senti très honoré, mais je lui ai demandé si ça le dérangeait d’y réfléchir encore quelques jours. J’avais l’impression d’être l’homme de la situation pour une maison de disques, on me préparait à de plus larges fonctions chez CBS, et je sentais qu’il avait un peu été pris au dépourvu par Thriller et que sa proposition était plutôt le fruit de sa spontanéité ».

« Donc comme nous étions mardi, je lui ai dit: ‘Ecoute, si tu es sérieux à ce sujet, passe-moi un coup de fil vendredi, et nous essaierons de trouver une solution. Si tu n’appelles pas, il n’y aura aucune rancune, et nous continuerons notre travail’. Puis vendredi est arrivé, et vers 23h00, il m’a appelé et m’a dit : ‘Oui, je pense vraiment que c’est avec toi que nous voulons continuer’. Et c’est à ce moment-là que les avocats sont entrés en piste ».

« C’est un peu comme ça que ça s’est passé. C’est un grand honneur de travailler pour lui et avec lui, et je pense que nous formons une bonne petite équipe ».

Quels sont les principaux problèmes rencontrés quand on est le manager de Michael Jackson ?

« Ce qui peut rendre les choses plus ou moins difficiles, c’est qu’on ne peut pas vraiment aller quelque part ensemble. Nous faisons tout chez lui, ou dans un endroit clos. On a les problèmes habituels, les fans sont excessifs, les photographes nous suivent toute la journée. Ce sont les inconvénients ».

Est-ce que tout cela déprime Michael ?

« Non, il n’est pas abattu, il n’est pas particulièrement ennuyé, il n’est même pas en colère. Ça lui va bien. Mais moi ça me gêne parce que je n’y suis pas habitué comme lui. Peut-être que ça changera pour moi d’ici cinq ou six ans ».

Voulez-vous être un manager visible, comme l’était le Colonel Parker pour Elvis ?

« Je ne veux pas être visible. En fait, je voudrais plus être comme le Colonel Parker quand il était invisible. Michael est la star, je ne suis que le manager. Je suis quelqu’un de tranquille, donc… si je fais des petites interviews de temps en temps, c’est parce que la compagnie le demande. Mais ce n’est pas vraiment mon « forte » [en italien dans le texte] dans la vie ».

Avez-vous besoin de crier souvent sur les gens pour parvenir à être un bon manager ?

« Je ne pense pas. Je pense que si vous êtes honnête, et que les gens savent de quoi vous parlez, il suffit de dire les choses normalement. Parfois, il se peut qu’il faille leur dire les choses un peu plus fermement. Mais je ne suis pas du genre à beaucoup élever la voix, et j’obtiens les résultats que je suis censé obtenir. Si vous traitez les gens avec respect, vous obtiendrez du respect en retour. Je n’aime pas les managers qui hurlent, qui crient et qui vous jettent leur autorité au visage ».

« Je ne suis pas du genre à appeler un restaurant et à dire: ‘Je veux une table. Je suis le manager de Michael Jackson’. S’ils ne savent pas qui je suis, je m’en fiche. C’est beaucoup plus facile d’aller sur place et de glisser un petit billet de 50 $, ou de 20 $ pour avoir la table qu’on veut, plutôt que de faire le lien avec le nom de Michael ».

« Je mangeais avant Michael, je mangerai après Michael ».

Qu’est-ce qui fait que vous vous entendez si bien tous les deux ? A l’évidence, vous ne vous ressemblez pas beaucoup.

« Vous trouvez qu’on ne se ressemble pas ?! »

Eh bien, Michael s’intéresse beaucoup à la santé, à toutes ces choses-là.

« Qu’est-ce qui vous fait penser que ce n’est pas mon cas ? [Rires] Je pense que nous nous entendons bien parce que nous avons les mêmes buts. Quoi que nous fassions, quelles que soient nos créations, nous essayons de faire de notre mieux. Nous voulons tous les deux réussir, et au-delà du fait de faire les choses bien, il y a des gains financiers – disons les choses telles qu’elles sont. Mais nous avons tous les deux la même attitude qui consiste à ne pas faire les choses pour l’argent, nous faisons en sorte de nous améliorer constamment. Et si nous gagnons de l’argent grâce à ça, très bien ! ».

Qu’en est-il de l’accord de sponsoring conclu avec Pepsi, qui vous rapporte énormément d’argent, alors que Michael n’en boit pas ?

« Ça c’est moi. Je conclus des accords de partenariats. Ce n’est pas une adhésion, c’est un partenariat. Ils vont vendre beaucoup de Pepsi, et ils devront payer ce qui selon moi mérite d’être payé. Ce n’est pas comme si nous allions toucher un centime par cannette vendue. J’ai essayé, mais ils n’ont pas voulu ! »

Est-ce que Michael trouve curieux d’amener les gens à boire quelque chose qu’il ne veut pas boire lui-même ?

« Eh bien, chacun de nous doit bien boire quelque chose. Ce sont ses habitudes personnelles. Mais Michael ne reproche à personne d’en boire. Ce serait une erreur. S’il disait : ‘Personne ne devrait boire de Pepsi’, pour ensuite adhérer au concept, et conclure un partenariat, ce serait une erreur de notre part. Mais ce n’est pas ce qu’il fait. Il ne boit pas de bière, mais si vous voulez sortir et boire quelques bières, alors que Dieu vous bénisse ! Si vous allez chez lui, il y a des boissons alcoolisées, mais ça ne veut pas dire qu’il en boit ».

Concernant ce que vous lisez dans la presse sur Michael, quel pourcentage est vrai ?

« Les choses qui sont vraies, c’est quand ils disent qu’il est un grand artiste, un grand danseur. Je pense qu’il l’est, et de loin. Je suis dans l’industrie du disque depuis vingt ans, et j’ai quelques connaissances sur les artistes. Il est de loin le meilleur que j’ai jamais vu. Et pourtant, j’ai vu des Tony Bennett, j’ai travaillé avec eux, des Sinatra, ou qui que ce soit d’autre. A leur époque ils étaient géniaux. Mais dans cette époque, c’est lui qui l’est. Il n’y a pas deux façons de le dire ».

« La chose que je déteste le plus dans ce qu’ils impriment – si c’est votre prochaine question, ce qui sera probablement le cas – c’est quand ils parlent de chirurgie plastique. Parce que ce sont des conneries. Le gars a eu deux opérations dans sa vie : pour réparer son nez, et pour avoir une fossette au menton ».

« Tout le monde, partout, s’efforce d’avoir une meilleure apparence. Si vous vous levez demain à 6h30, vous verrez 80 millions de personnes en train de courir, de faire de l’exercice. Pourquoi ? Parce qu’ils veulent paraître mieux, v’voyez ? Elvis Presley, Marilyn Monroe, il n’y a pas une personne à Hollywood ou dans ce métier qui n’ait pas le nez refait ».

« Et la différence sur son visage, sur son apparence – je veux dire, si vous prenez une photo de vous tous les dix ans et que vous les alignez, vous verrez des différences. Il y a neuf ans, il est devenu végétarien, ce qui change aussi l’apparence. Il est passé de peut-être 70 kg à 60 kg. Si je perdais 10 kg, j’aurais l’air différent : mon visage s’affaisserait, mes traits seraient plus marqués. C’est comme ça ».

« Je vais sans doute prendre des mesures juridiques à un moment donné pour arrêter tout ça, v’voyez ? La chose la plus importante pour les fans, c’est la musique. Même s’ils ont lu tout ça, ça ne les empêche pas d’acheter des disques ».

(Dileo accepte volontiers de passer en revue une liste des histoires les plus croustillantes racontées sur Jackson, pour les confirmer ou les infirmer une par une).

Emmène-t-il Bubbles, le chimpanzé, partout avec lui, et dort-il avec lui dans la même pièce ?

« Il ne l’emmène pas partout. Bubbles est un animal de compagnie, ce n’est pas comme s’il était son meilleur ami au monde. J’espère bien que c’est moi son meilleur ami au monde. Je vais partout avec lui. Je ne dors pas avec lui, je vais juste avec lui. Nous avons des chambres séparées. Bubbles est un animal de compagnie, il l’emmène avec lui occasionnellement ; il aime l’avoir avec lui quand il va voir des enfants, et c’est une bonne chose ! Naturellement, si tout le monde pouvait se permettre de garder un singe, je pense que tout le monde aimerait en posséder un. Ce n’est pas bien grave ».

Michael s’est-il fait teinter le visage ?

« 100 % d’absolues conneries ».

A-t-il écrit « 100 millions » sur son miroir chez lui, comme l’a rapporté Rolling Stone, disant qu’il visait ce chiffre pour les ventes de Bad?

« J’ai lu ça. C’est ridicule. Je ne sais pas où ils sont allés chercher ça. Quand on m’a demandé ce qu’il en était, j’ai répondu que c’était ridicule ».

A-t-il essayé d’acheter les os de John Merrick, Elephant Man (qui sont préservés à l’hôpital de Londres, où il est décédé) ?

Oui. En fait, Michael a vu le film, il a vu la pièce de théâtre, et il a adoré. Il en est tombé amoureux, du fait que ce type était une personne sensible, avec tous les problèmes qu’il avait eus. Nous leur avons envoyé une lettre, qui ne devait pas être publiée. Mais elle a fuité au Royaume-Uni. Nous avons essayé, ils ont refusé, c’est la vie, v’voyez ? ».

« D’ailleurs, tout le monde a des squelettes dans ses placards… »

Qu’en est-il du caisson à oxygène dans lequel il est censé dormir (apparemment pour prolonger sa vie jusqu’à 150 ans ou plus) ?

« Ce qu’il en est, c’est que c’est un lit dans un caisson. Je ne suis pas pour. Je préfère ne pas en discuter, et ce n’est pas nécessairement quelque chose qu’il fait tous les jours. J’ai déjà déclaré publiquement que je détestais ça, et c’est le cas ».

L’a-t-il emporté avec lui sur la tournée ?

« Non, je ne le laisserais jamais emporter ça »

A-t-il quitté les Témoins de Jehovah ?

Oui, c’est exact. Il m’a dit qu’il les avait quittés, mais la meilleure façon de déclencher une guerre, ou une mauvaise relation, c’est de parler politique et religion. Je ne parle pas de religion avec Michael, et il n’en parle pas. C’est pour ça que nous nous entendons bien. Donc à ma connaissance il n’y a pas de raison particulière ; il a pris cette décision et c’est à lui de gérer ».

On dit qu’il est jaloux du succès de sa sœur Janet, et qu’il désapprouve son image dévergondée.

« Il n’est pas fâché de son succès. Il est très heureux pour elle – c’est sa petite sœur. Et il n’est pas choqué qu’elle soit sexy, il pense que c’est génial. Ils sont très bons amis ».

Est-ce vraiment la dernière tournée de Michael ?

« C’est exact. Je pense que ce sera sa dernière tournée. Il veut faire une seule tournée solo, et ensuite nous ferons probablement du cinéma ».

Porte-t-il réellement un masque chirurgical ?

« Eh bien, parfois. Tout le pays porte un masque ». (Vrai : ce n’est pas rare dans les rues de Tokyo). « Et ce sont les personnes les plus intelligentes du monde. Il en porte un pour éviter de donner un rhume aux gens, et il ne veut pas non plus attraper le leur ».

(Dileo continue de décrire Jackson comme étant à la fois « espiègle et professionnel, il est très intelligent »).

A quelle sorte de jeux joue-t-il ? Vous a-t-il surpris avec des serpents ?

« Moi, je déteste les serpents. Nous avons des préjugés très forts à propos des serpents. Mais c’est un très grand farceur ».

Vous êtes aux côtés du plus grand artiste du monde. Que pouvez-vous faire ensuite ?

« Suis-je supposé mourir après ça ? Si un nouveau challenge doit venir, il viendra. Heureusement, je vais probablement rester avec Michael un bon bout de temps. Nous nous entendons très bien et je ne vois aucun problème entre nous. J’ai certains buts pour nous deux, et je vais essayer d’aider à ce que nous atteignions tous les deux ces buts. Pour que j’atteigne les miens, et qu’il atteigne les siens. Nous prenons juste les choses étape par étape. Donc, je ne sais pas. Peut-être que je vais tout simplement prendre ma retraite et passer du temps avec mes enfants ».

« Ou je deviendrai journaliste, j’écrirai dans un journal. Ce serait marrant ».
En plus de Frank Dileo se trouve un autre personnage clé dans l’organisation de Michael Jackson : Quincy Jones, le producteur qui a façonné les trois albums solo. Agé de 54 ans, Jones a une carrière qui consiste en une liste impressionnante de réalisations, comme former son propre groupe à l’adolescence avec Ray Charles, travailler comme producteur et arrangeur avec Duke Ellington, Frank Sinatra et B.B. King, écrire des musiques de films, faire le titre pop It’s My Party avec Lesley Gore, remporter sa propre série de succès dans le funk avec Ai No Corrida, Stuff Like That et Razzamatazz, et superviser le disque We Are The World de USA For Africa (pour lequel il a formulé sa fameuse requête auprès des stars participantes de « laisser leurs egos à la porte »).

Quincy, homme discret et élégant, fait partie du voyage ici au Japon sans rôle particulier, si ce n’est de profiter du spectacle et de regarder Michael travailler. Au matin du premier concert, il donne cependant une conférence de presse quelque part au sein même d’un vaste hôtel. Il commence par ses remémorer les moments passés avec Michael Jackson lors de la récente conception de Bad.

« J’ai passé douze mois avec lui en studio, et quand vous voyez ce petit gars, il est difficile de croire qu’il s’agit du même petit gars qui monte sur scène, et qui change autant. En studio, on oublie vraiment qu’il est un tel homme de scène…

« Il n’est pas du genre à se mettre en avant, il est courtois, nous nous sommes beaucoup amusés, et nous avons beaucoup plaisanté. Rester dans un studio pendant douze mois est un vrai test pour une relation. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu les fameux enregistrements des Troggs… (Il fait référence à un enregistrement qui a circulé pendant des années dans le milieu de la musique où le groupe anglais des années 60 essayait de produire son propre disque. En s’attelant à cette tâche avec un manque total d’unanimité, ainsi qu’une incompétence flagrante, les membres du groupe ont fini par hurler des insultes obscènes à chaque idée des uns et des autres. L’enregistrement est apparemment authentique, et assez hilarant).

« Quand il me chantait une nouvelle chanson, il me demandait de me tourner de l’autre côté, il se mettait derrière le canapé, et il éteignait les lumières. Quand il est sur scène, il a une personnalité totalement opposée, et toute cette énergie et cette agressivité ressortent sans détour. C’est comme rencontrer une autre personne ».

« Il a une technique pour nous sortir d’une dispute. Il dit : ‘Qu’est-ce qui me fait danser ?’. Et ça me fait taire automatiquement, parce que c’est un excellent danseur, donc il aura toujours le dernier mot sur cette question ».

Quincy s’est-il déjà inquiété que le style de vie de Jackson soit assez irréel ?

« Il est dans ce milieu depuis ses cinq ans, et quand vous avez autant de succès et que vous êtes aussi célèbre à cet âge, il est difficile d’avoir un point de vue réaliste sur ce qu’est la vie. Mais je pense, compte-tenu de ce qu’il est, et de sa renommée dans ce milieu, que Michael est en grande majorité sain et normal. Parce que, j’en ai vu certains qui n’ont fait qu’un seul disque et qui sont devenus complètement cinglés, à tel point qu’ils ne peuvent même pas faire le disque suivant ».

« De toute façon le monde de la musique a quelque chose d’irréel. Personne ne mérite autant d’attention que ces gens, ou autant d’argent, ou autant d’adulation. Donc il faut avoir un tempérament très fort pour savoir garder son équilibre. Et je pense que c’est son cas – je suis étonné de voir à quel point il est équilibré ».

Donc comment Quincy explique-t-il les excentricités, les animaux dans le studio, et ainsi de suite ?

« Je ne pense pas que ce soit si excentrique. Il sort un peu des sentiers battus. Mais il pourrait prendre de la cocaïne, vous voyez ? » (Autrement dit, cela pourrait être pire). « Et Bubbles est un petit gars très drôle, c’est marrant de l’avoir dans le coin. Je ne suis pas fan du python – il est amical, mais je n’aime pas les serpents. Mais le chimpanzé est vraiment marrant, il a un grand sens de l’humour, il est très poli, il se tient bien à table… Quand on reste en studio pendant un an, il y a peu d’occasions de se divertir ! »

« Il adore les enfants, et il adore les animaux, et à mon avis c’est parce qu’il est très connecté à son âme, il aime l’idée que la vérité soit de mise – et quand vous avez un animal en face de vous, vous savez qu’il ne joue pas, c’est certain. Je pense qu’il accorde plus facilement sa confiance aux enfants et aux animaux qu’aux adultes ».

Voit-il Michael se marier à un moment donné ?

« Je pense qu’il en est arrivé à ce stade. Je ne sais pas s’il veut s’installer. J’ai l’impression qu’il a beaucoup changé, il est plus décontracté maintenant ».

Y a-t-il eu une pression particulière à faire un disque qui soit autant couronné que succès que Thriller ?

« Oui, tout le monde s’attendait à le comparer avec le nouvel album. C’est très difficile, même pour les plus mercenaires, de récolter 3 millions de dollars et de dire: ‘Ecris-moi 3 millions de dollars de musique’. Mais ce n’est pas comme ça que ça marche, du tout. Spécialement pour écrire des chansons ; c’est la seule chose pour laquelle il n’y a pas de science exacte. Tout est entre les mains de Dieu ».

Dans quelle mesure Michael était-il au courant de l’existence de Prince et de sa montée en puissance ?

« Prince a fait sa plus grande montée en puissance au moment de l’apogée de Thriller. Le succès de Michael était devenu tellement incontrôlable qu’à un moment donné, on pouvait sentir qu’il brisait une barrière, mais d’une manière presque effrayante. Et juste après je pense que l’opinion publique a commencé à flipper, à cause de toute le battage médiatique qu’il y avait autour. Puis arrive Prince avec Purple Rain. Et c’est là à mon avis qu’il y a eu le revers de la médaille, ils ont utilisé Prince pour atteindre Michael. Il est temps pour toi que quelqu’un te fasse descendre de ton piédestal, et Prince sera celui qui y arrivera ».

(Jones confirme que les deux superstars se sont rencontrées à une occasion. « Un appel de courtoisie ». Personne ne prétend qu’ils s’entendent à merveille. Il y a eu, semble-t-il, une conversation polie autour du végétarisme).

Que sait Quincy des aptitudes de Michael en tant qu’homme d’affaires ?

« Je sais qu’il comprend très bien le monde des affaires. Il est dans le milieu depuis longtemps et il a vu beaucoup de choses se passer, et je suis sûr que la meilleure éducation dans le monde des affaires, c’est de s’immerger. Et il y a beaucoup de personnes autour de lui qui vont s’en occuper ».

« Il est du signe de la Vierge. Les Vierge donnent toujours l’impression de tout comprendre. Il est très organisé, il pense d’une manière très méticuleuse. Et les détails ont toujours une importance primordiale lors de l’analyse finale ».

Pourquoi Quincy le surnomme-t-il Smelly ?

« Etant donné qu’il ne dit jamais de grossièretés ou de gros mots, là où certains musiciens diraient : ‘Mec, cette musique est funky’, il utilisera le terme ‘odorant’. Smelly Jelly ».

Smelly n’était pas, hélas, très disponible pour les journalistes réunis en son honneur à l’occasion des premiers jours de la tournée. Loin de se laisser décourager, le contingent britannique de Jacko Hackoes ont continué à publier des articles du genre « Wacko Jacko » comme ceux qu’ils écrivent depuis trois ans. Même Robert Maxwell, à Tokyo pour affaires, a été cruellement déçu de ne pas pouvoir rencontrer la star.

Des dirigeants de CBS, arrivés de diverses régions où s’étend l’empire de la compagnie, ont été plus chanceux. Avec beaucoup d’enthousiasme, ils se sont succédé lors d’une réception exclusive pour serrer la main de la star et pour lui apporter de bonnes nouvelles. Bad a dépassé Thriller en Norvège quatre jours après sa sortie ! Bad est Numéro 1 en Grande-Bretagne et devrait battre le Numéro 2 à 12 contre 1 ! (En effet, le Royaume-Uni, proportionnellement parlant, est l’un des fiefs les plus fidèles à Michael).

On dit que ses remarques favorites ont été « Merci » et « C’est merveilleux ». Pour se distraire, il s’est rendu dans une fête foraine. Son ambition, pendant son séjour au Japon, est de visiter le parc Disneyland de Tokyo. Il y emmènera sans aucun doute Bubbles le chimpanzé.

Il semble assez heureux, à sa manière. Et comme dit Quincy: « Je le vois bien faire Billie Jean à 70 ans ».

Source: Q Magazine – Novembre 1987

Traduction: Pretty Young Cat


Bonus: Lors du séjour de Michael Jackson au Tokyo Capitol Hôtel évoqué dans l’article, celui-ci a écrit une lettre destinée à son vidéaste Bill « Pecky » Pecchi, sur le papier à en-tête de l’hôtel dont voici les photos et la traduction.

Pecky, je n’écris que très, très rarement des lettres, mais je ne peux pas m’empêcher de profiter de cette émouvante occasion. Je tiens à te remercier des efforts fournis pour capturer la magie et l’enthousiasme des gens du monde entier. Ce que tu fais est pour moi un moyen d’expression très personnel et très puissant. C’est l’art d’arrêter le temps, de préserver les moments que l’œil nu ne peut saisir, de capturer un moment de vérité spontanée, la profondeur de l’enthousiasme de l’esprit humain. Tout le reste sera oublié, mais pas le film ; les générations futures connaîtront le même enthousiasme que celui qui a été capturé, c’est réellement une capsule temporelle. Je ne serai pas entièrement satisfait tant que je ne saurai pas si tu as pris le bon angle au bon moment, pour capturer un crescendo d’émotions qui arrive si rapidement, si spontanément.

Ce que tu as fait était très bon, mais je veux le meilleur, une vue d’ensemble complète, la cause et l’effet. Je veux que les réactions de la foule soient prises au grand angle – la profondeur de leurs émotions, le bon moment. Je sais que nous pouvons le faire. Mon rêve et mon objectif sont de capturer la VERITE. Nous devons nous y consacrer pleinement. Ceux qui réussissent leur vie sont ceux qui sont constants dans leurs objectifs et qui ne les perdent jamais de vue. C’est ce qui s’appelle le dévouement. Il n’y a aucun autre moyen d’atteindre la perfection que le dévouement et la persévérance. Dis-moi simplement ce dont tu as besoin pour y arriver. Prends l’initiative de diriger les autres cameramans. J’ai apprécié de travailler avec toi, c’est pourquoi je t’ai demandé de venir, tu as bon caractère, et un état d’esprit sympathique. Je vois peut-être la vie en rose, mais j’aime tout le monde, dans le monde entier. C’est pour cette raison que les histoires de racisme me dérangent vraiment. Tu m’as fait mal au cœur et à l’âme quand tu m’as raconté ton enfance au Texas. Parce qu’en VERITE, je crois que tous les hommes naissent égaux, c’est ce que l’on m’a appris et j’y croirai toujours.

Je ne peux juste pas concevoir comment une personne peut en détester une autre uniquement à cause de sa couleur de peau, j’aime toutes les races que porte la planète Terre. Les préjugés sont le fruit de l’ignorance. Nous venons au monde nus, et nous le quitterons nus. Et c’est une très bonne chose aussi, ça me rappelle que je suis nu sous ma chemise, quelle que soit sa couleur. Je suis désolé de parler du passé, mais dans la voiture j’ai vraiment été blessé par ce que tu as raconté. Je suis tellement heureux que tu aies réussi à surmonter ton passé et ton enfance. Dieu merci, tu es sorti de ces croyances issues de l’ignorance. Je suis content de n’avoir jamais expérimenté de telles choses. Apprends à tes enfants à aimer tous les gens de la même façon, je sais que tu le feras. Je parle du fond du cœur en disant que je t’aime, que j’aime tout le monde, spécialement les enfants. Je suis heureux que Dieu m’ait choisi et t’ait choisi.
Love. MJ

Traduction: Pretty Young Cat