Le 8 Avril 1985 Michael Jackson et Lionel Richie sont à la UNE du magazine JET qui titre alors: La chanson de Michael Jackson et de Lionel Richie gagne des millions pour les victimes de la famine en Afrique. L’article fait alors 5 pages et contient plusieurs photos.
Quand l’auteur compositeur Michael Jackson a reçu un jour un appel de Lionel Richie, alors leader du groupe les Commodores qui avait fait une fois la première partie des Jackson 5, il a été surpris à plus d’un titre.
Premièrement, Richie lui a dit qu’il (Richie) allait produit son premier album pour le chanteur star country Kenny Rogers. Deuxièmement, Jackson a été surpris que son ami de longue date le veuille comme choriste pour sa session.
Richie a rationnalisé sa requête et a plaisanté plus tard : « Nous avions décidé que si nous ne faisions plus jamais de tubes, nous pourrions toujours nous faire 100 000 dollars par an en chantant des chœurs ».
Depuis cette session d’enregistrement, le chanteur des Jacksons était devenu le plus grand artiste solo du monde et de tous les temps avec son album Thriller, qui s’est vendu à 40 millions d’exemplaires, et Richie s’était imposé comme un auteur-compositeur-interprète d’albums solo et avait remporté un Grammy et un American Music Awards, alors qu’il avait vendu jusqu’à environ 4 millions d’exemplaire d’un seul album.
Il était donc inévitable que les deux refassent un jour équipe pour un projet musical. Ces deux types sympas, sous l’impulsion de Harry Belafonte, suivis du manager de Richie, Ken Kragen, et le chef des opérations et producteur Quincy Jones, se sont réunis pour ce qui pourrait s’évérer être le projet le plus lucratif de tous les temps.
Ils ont co-écrit une chanson, We Are The World, qui a été enregistrée par 45 des meilleurs artistes américains, sous le nom de « USA for Africa ». Le single, qui est un vrai succès, gagne déjà des millions au profit des victimes de la famine en Afrique, et au moment où le groupe sortira son album We Are The World et le clip du single, les ventes pourraient bien grimper en flèche pour atteindre la somme de 50 millions de dollars.
Belafonte, artiste et activiste social, est crédité comme étant la force vive qui se cache derrière ce projet musical, et il dit que c’est un film qui l’a incité à agir. « Il n’y a pas très longtemps, j’ai vu un film sur l’Afrique sub-saharienne : Mali, Tchad, Soudan, Ethiopie », a-t-il dit. « Après avoir vu des images et entendu la voix de ces gens, j’ai du mal à trouver le sommeil, et il est très difficile de revenir dans le business comme si de rien n’était ». Ensuite il a vu les efforts du Band Aid au profit des victimes de famine, et il a dit : « J’ai tout simplement pensé : ‘Et pourquoi pas ici ?' ».
Belafonte a contacté Kragen, qui a attiré l’attention de Richie. Richie était tellement emballé qu’il s’est dépêché d’appeler Quincy Jones, qui a donné son accord pour produire l’enregistrement. Jones a ensuite contacté Jackson et il a été décidé que le populaire auteur-compositeur-interprète co-écrirait une nouvelle chanson pour ce projet.
Richie et Jackson ont discuté de cette idée autour de dîners diététiques, dont trois au domicile de Jackson. Finalement, Richie est revenu avec une mélodie et quelques paroles. Jackson a écouté, et Richie est parti. Le même soir, Jackson a acheté la chanson, et ils l’ont intitulée We Are The World.
Avec cette chanson, Kragen a assumé le rôle de recruteur de talents. Il voulait « le top des artistes qui monopolisaient les classements », se rappelle-t-il. Il s’est attelé à la tâche de rassembler « la crème des talents de la pop américaine » et il était prêt le 28 janvier. La session a débuté vers 22h00, deux heures après la conclusion de la cérémonie des American Music Awards, qui était animée par Richie. Un certain nombre des artistes de USA for Africa ont aussi pris part à la cérémonie des Awards.
Sous la baguette du chef d’orchestre Jones, les 45 chanteurs ont commencé la session qui s’est terminée à 8h00 le lendemain matin.
« Co-écrire cette chanson qui va positivement affecter le monde a été un honneur pour moi », a déclaré un Michael Jackson épuisé alors qu’il quittait la session avec son manager Frank Dileo.
Alors que les journalistes se précipitaient pour obtenir des interviews, Dileo a accompagné Jackson vers la sortie des studios A & M en disant : « Laissez la chanson parler d’elle-même. Il ne l’a pas écrite pour la publicité. Il l’a écrite pour aider ceux qui meurent de faim ». Plus tard, le manager de Jackson a déclaré à JET : « J’ai été heureux que Michael choisisse de faire quelque chose comme ça avant ses futures sorties. Je pense que son enthousiasme a été transmis pendant toute la session. Michael a été le premier à arriver après Quincy », a indiqué Dileo.
Richie a réagi à la session en disant : « C’était une soirée très émouvante. Je suis rentré dans le studio comme un fan, et je suis sûr que d’autres l’ont fait aussi. Le studio était plein de gens qui voulaient les autographes des autres. Mais le thème le plus important de la soirée, je pense, est dans les paroles de la chanson : ‘There are people dying, il y a des gens qui meurent’. Chaque artiste présent s’est engagé à faire quelque chose à ce sujet ».
Les remarques suivantes, faites par des artistes qui ont participé à l’élaboration de We Are The World, sont tirées d’interviews :
Harry Belafonte : « Je pense que la plupart des gens dans le monde ignorent le désastre qui a lieu en Afrique. Les gens qui savaient était les officiels du gouvernement, des gens qui ont des postes haut placés, qui ont accès à l’information. Et je pense que plutôt que de répondre à ce qu’il se passe en Afrique et essayer d’y mettre un terme, au nom de l’humanité, les gens ont vu une opportunité de manipuler les conditions en Afrique à travers des buts idéologiques et à des fins politiques. Et je pense que c’est là que réside la grande tragédie humaine ».
Ray Charles: « Pour moi, c’est (cette session) une grande opportunité de contribuer à quelque chose qui est une très belle cause, une merveilleuse cause. Je suis honoré que l’on m’ait demandé d’en faire partie… Tous les gens ici sont ultra en soi, et je suis heureux de les voir ; nous ne nous voyons pas beaucoup les uns et les autres. Je suis aussi enchanté d’être avec eux qu’ils le sont d’être avec moi ».
Bob Dylan : « Des gens meurent de faim… des gens meurent et sont traités de manière injuste. Nous pouvions faire plus – nous devrions faire plus ».
James Ingram : Pour moi, le moment le plus poignant de la soirée a été quand deux femmes éthiopiennes ont parlé à tous les artistes, en nous disant en swahili à quel point elles étaient reconnaissantes que nous soyons tous ensemble pour aider les gens qui souffrent. J’en ai eu les larmes aux yeux, et beaucoup ont eu les larmes aux yeux aussi… ».
Marlon Jackson : « J’étais excité d’être impliqué – non pas à cause de ceux qui étaient là, mais à cause de ce que l’on faisait. Le fait d’y contribuer fait que je me sens bien à l’intérieur ; j’aurais juste aimé que ça vienne plus tôt… Je pense que les gens vont acheter le disque à cause de qui a participé dans un premier temps ; mais une fois qu’ils auront écouté la chanson, ils commenceront à penser à ce qu’il se passe dans le monde ».
Quincy Jones : « Tout le monde avait du mal à croire qu’ils étaient tous dans une même pièce ce soir-là. La synergie était tellement forte – il y avait une synergie très puissante. Pour moi, c’était un Woodstock de l’ère spatiale. Woodstock a eu 250 000 personnes et un film, mais il y aura sans doute un milliard et demi de personnes qui verront ça, et qui ressentiront cette énergie. C’est juste une question de savoir comment capturer ce moment ».
Cyndi Lauper : « J’ai été impliquée après que Bob Geldof m’a parlé du projet Band Aid ; je voulait soutenir ce que faisaient Lionel et Michael, et je voulais aider la communauté des artistes à faire quelque chose de positif. La musique est si universelle, quel que soit le genre ; l’idée d’un seul monde est universelle aussi, de même que l’idée que des gens meurent de faim. C’est à nous, artistes, de faire quelque chose pour aider ».
Kenny Rogers : « L’une des choses dont je me rappelle le plus (à propos de la session) a été de balayer la pièce du regard et de réaliser la somme de talent qui y était représentée, et regarder les attitudes des personnes qui participaient à quelque chose qui supplantait les goûts musicaux et les formes musicales. C’était ce qui préoccupait vraiment ces gens – être comme tout le monde… ».
Diana Ross : « Je suis vraiment très heureuse de participer (à la session). J’ai le sentiment que nous avons opéré un virage vers la compassion, concernant ce qu’il se passe dans le monde aujourd’hui. Je pense que chaque individu dans le monde, spécialement en Amérique, veut contribuer. Et vous pouvez faire le différence – une seule personne peut faire la différence. Personne ne devrait penser qu’il ne peut rien faire ».
Source : JET – 8 avril 1985 – Google Livres
Traduction: Pretty Young Cat