Article et interview JET Magazine, 31 juillet 1980.

Le magazine JET du mois de Juillet 1980 faisait sa UNE avec Michael Jackson et Latoya en titrant: Michael fait équipe avec sa sœur Latoya Jackson. On y retrouve un article-interview de Robert E. Johnson avec quelques photos sur 4 pages.

« Ce qui m’intéresse, c’est de tracer mon propre chemin, plutôt que de suivre une piste qui existe déjà, c’est ce que je veux faire dans la vie – dans tout ce que je fais ! ». C’est ainsi que le génie de la musique, Michael Jackson, membre du groupe populaire The Jacksons, commence sa conversation animée avec JET.

Assis devant son piano dans leur maison de Encino, près de Los Angeles, ses doigts fins glissent sur le clavier tandis que le jeune auteur-compositeur de 21 ans est occupé à composer des chansons pour le premier album de Latoya, sa sœur de 24 ans.

Faisant équipe avec le jeune chanteur, qui est aussi talentueux qu’elle est belle, Michael parle de son implication en tant que compositeur et producteur : « C’est un projet d’album que j’ai fait et qui sortira prochainement sous le label de mon père », indique l’artiste populaire qui a écrit des succès pour son album Off The Wall, qui s’est vendu à 6 millions d’exemplaires. L’idée d’un nouvel album était celle de leur père Joseph, dont le label Joe Jackson Productions est distribué par Polydor Records.

« Ce qu’il s’est passé », poursuit calmement Latoya, « c’est qu’un jour nous regardions la télévision, et il y avait un artiste à la télé et il (Joseph) a demandé: ‘Penses-tu que tu serais capable de faire ça ?’. Et j’ai répondu : ‘Bien sûr, évidemment’. Je savais qu’il voulait me signer dans sa maison de disques ».

« Quand j’ai réalisé que je devrais faire un album », concède-t-elle, « je suis allée voir Michael et je lui ai dit que j’aimerais y inclure une chanson que nous avions faite pour Donna Summer. Il m’a dit : ‘D’accord, mais je vais devoir le produire, parce que je ne veux personne d’autre pour le faire' ».

La chanson qu’ils avaient écrite pour la célèbre chanteuse pourrait bien devenir le succès de cet album. « En vérité, il y a environ 3 ans, nous avons écrit Night Time Lover, mais à cette époque-là elle s’intitulait Fire Is The Feeling, et nous l’avions écrite pour Donna Summer », révèle Latoya. « Mais nous n’avons jamais eu la chance de la lui donner », continue-t-elle. « Nous étions toujours occupés et elle était toujours partie sur les routes. Finalement, le temps était venu de faire un album, donc nous avons pris la chanson et nous avons changé le titre pour Night Time Lover ».

Même si sa collaboration sur un possible succès lui donne une certaine satisfaction, Michael ressent une joie toute particulière à l’idée de ce projet d’album : « C’est la toute première fois, et je suis vraiment ravi… Je pense que ce sera vraiment un album gagnant », s’exclame-t-il.

Michael est particulièrement enthousiasmé par une chanson, Lovely Is She, que Latoya a co-écrite avec Janet, leur petite sœur de 14 ans, qui a gagné le cœur des fans grâce à ses duos avec leur frère Randy, et ses performances d’actrice dans l’émission de télé Good Times.

« C’est une sorte de chanson latine, qui est un peu dans le même état d’esprit que The Girl From Ipanema », suggère Latoya. « Elle parle d’une belle jeune fille sur une île, elle attire énormément l’attention mais elle n’en a pas vraiment conscience ».

Etant une jeune femme d’une beauté remarquable, Latoya attire elle aussi l’attention. Elle a beaucoup attiré les regards pour la première fois quand elle a commencé à faire partie des chœurs pour les Jacksons à Las Vegas, même si ses débuts ne lui ont pas procuré les plus grands frissons de sa vie.

« Je pense que mes premiers frissons sont venus en regardant les Jackson 5 (à l’époque Michael, Marlon, Jermaine, Tito et Jackie), quand je les ai vus pour la fois sur scène, parce que je ne savais pas vraiment ce que les autres voyaient en eux », dit Latoya. « Je ne les vois pas de la même façon que le public. Je me rappelle de leur première fois, j’ai vu leur premier concert, et toutes ces filles qui hurlaient, qui criaient et qui tombaient dans les pommes en les voyant. J’étais étonnée ».

Elle a aussi été étonnée quand des fans masculins ont commencé à lui manifester de l’affection. Certains lui envoyaient des lettres d’amour. « Je suppose que c’est un sentiment satisfaisant, du moins il est agréable de savoir que des gens se soucient suffisamment de vous pour écrire des lettres et dire qu’ils vous aiment », dit-elle.

Mais rencontrer des hommes qui veulent vivre un instant romantique pose un problème. « J’ai cette proposition tellement souvent », soupire-t-elle. « Je ne sors pratiquement jamais. Mais quand je sors, il y a toujours un type qui dis ‘je pense que tu es comme ceci, je pense que tu es comme cela, donc j’aimerais t’épouser’. Je pense que c’est une chose à laquelle beaucoup de personnes de ce milieu doivent faire face. Ce que je fais, c’est que je m’assieds, je les écoute. Je dis que j’ai encore beaucoup de choses à accomplir dans la vie. Je ne suis pas prête à m’impliquer dans une chose telle que le mariage ».

Latoya dit qu’elle n’est même pas encore prête à une vie stable. « J’ai encore tellement de buts en tête, tellement à accomplir » explique-t-elle. Son but immédiat est de faire de son nouvel album un vrai succès. Avec Michael à la production et à l’écriture, ce but est largement atteignable. La force de l’album réside autant dans le rôle de Michael en tant qu’auteur, que dans son rôle de producteur. Pourtant, il minimise modestement sa contribution.

« Je n’ai vraiment pas écrit grand-chose, pour être tout à fait honnête et vous dire la stricte vérité », dit-il. « Je peux dire que c’est moi, mais je ne pense pas vraiment que ça vienne de moi. Je pense que ça vient de quelque chose qui est au-dessus de moi », concède Michael, profondément croyant. « Les chansons viennent de manière étrange. Je me réveille le matin et une chanson complète me vient en tête, et bien sûr, je la couche ensuite sur le papier ».

Les chansons qu’il a écrites seul pour l’album de Latoya, ou qu’il a co-écrites, sont venues quand ils s’y attendaient le moins – pendant un tour dans le Rolls-Royce de Michael. « Nous adorons aller nous promener le dimanche », dit-elle. « Nous nous baladons sur la plage à Palm Springs. Nous rentrons reposés, et nous commençons à chanter, et c’est à ce moment-là que vient une chanson ».

« Michael a une mémoire photographique. Il se souvient tellement bien de tout », dit Latoya avec beaucoup de fierté fraternelle. « Nous revenons à la maison deux heures plus tard, et il me demande si je me souviens de la chanson que nous avons composée. Je déteste quand j’oublie une chanson, parce que parfois ces chansons sont géniales. Mais Michael dit toujours : ‘La chanson fait comme ça’. Je le regarde en pensant : ‘Mais comment est-ce que tu t’en souviens ?’. Il n’oublie jamais, il n’oublie jamais rien ».

Michael n’oublie jamais probablement parce qu’une bonne mémoire est un don – et il a une philosophie sur les dons et les talents. « Selon moi », insiste Michael, « le péché de tous les péchés est d’avoir reçu un don, un talent – parce que c’est réellement un don de Dieu – et de ne pas le cultiver pour le faire grandir. C’est le plus grand péché du monde »

« Il y a tellement de personnes brillantes qui gâchent leur talent et qui n’essaient pas de trouver de nouvelles choses. Ne pas les exploiter mentalement, apprendre sur leurs buts, pour moi c’est un péché », ajoute-t-il avec emphase.

Si le talent peut être comparé à une bougie, on peut dire, après avoir écouté le premier album de Latoya, que Michael n’a pas allumé une bougie pour la cacher sous un buisson.

Source : JET – 31 juillet 1980 – Google Livres

Traduction: Pretty Young Cat