Le magazine JET du mois d’Août 1979 faisait sa UNE avec Michael Jackson et titrait: Michael Jackson – Presque 21 ans mais aucun plan de mariage, a des rendez-vous mais rien de stable, a peur des fans transies d’amour, parle de racisme et vit sa propre vie. On y retrouve un article-interview de Robert E. Johnson avec quelques photos sur 4 pages.
Michael Joseph (Smiley) Jackson, le chanteur à la voix angélique du quintet le plus fameux du monde, composé des frères Jackson, est un très beau jeune homme dont le magnétisme et la magie sur scène ne sont surpassés que par sa majesté et son cœur tendre en dehors.
Cinquième des six talentueux fils de Joseph et Katherine Jackson, né à Gary, dans l’Indiana, il y a presque 21 ans (le 29 août 1958), il est du signe de la Vierge, dont le trait de caractère est l’altruisme, et il est mû par des forces magnétiques qui attirent tant d’admirateurs dans sa vie que l’amour est à sa portée. Et ses fans en mal d’amour font souvent des choses étranges pour lui montrer leur affection.
Quand une magnifique adolescente noire l’a récemment vu assis à bord d’un avion avec ses frères, elle l’a fixé avec incrédulité, a commencé à respirer fortement et est devenue tellement excitée qu’elle a commencé à mouiller sa culotte et s’est figée en voyant l’urine couler le long de ses jambes.
A l’arrivée à l’aéroport, où des jeunes filles s’étaient rassemblées pour rencontrer les Jacksons, une adolescente blonde s’est frayé un chemin dans la foule, a passé les agents de sécurité, a attiré Michael vers elle et a essayé de l’embrasser.
Récemment rentré d’une tournée mondiale qui célèbre leur dixième anniversaire dans le show business, Michael, le seul fils Jackson à avoir atteint la majorité sans être marié, pataugeait dans une pièce pleine de courrier, triant les demandes en mariage. Michael, timide, leur répondait toujours la même chose : « Merci pour votre très belle lettre. C’est très gentil. Et nous vous aimerons toujours. Bisous, Michael Jackson et les Jacksons ».
Très posé, Michael précise qu’il ne tire aucune satisfaction à écrire toujours la même lettre à toutes ces fans qui le veulent pour mari. Mais il répond brièvement et avec dignité parce qu’en vérité, il craint les fans transies d’amour.
Assis dans le salon de la maison familiale de Encino, en Californie, située sur une parcelle de terrain achetée sur la vaste propriété du défunt tombeur de ces dames, l’acteur Clark Gable qui est devenu célèbre grâce à Autant en emporte le vent, le jeune célibataire a parlé mariage, rendez-vous amoureux, ainsi que d’autres sujets qui l’inquiètent profondément.
« Je n’aime pas briser le cœur des gens », a-t-il dit solennellement et timidement, déplaçant son corps d’1,80 mètre dans un fauteuil. « Je ne connais pas vraiment ces personnes, et, mon Dieu, c’est tellement bizarre ». Il a continué : « Ça, c’est à mon avis la partie la plus bizarre du show business. Vous renvoyez une image. Et elles sont à fond sur vous depuis si longtemps, elles achètent vos disques. Vous êtes partout sur leurs murs. Elles se réveillent en vous voyant. Elles vont dormir en vous voyant. Elles se réveillent en pensant à vous. Vous êtes totalement dans leur esprit. Et quand elles vous rencontrent en personne, elles ont le sentiment de vous connaître depuis longtemps. Mais moi, je ne les connais pas. Vous voyez, c’est la partie la plus pénible du show business – briser des cœurs. Est-ce que vous savez ce que ça leur fait ? Mon Dieu, certaines sont même sur le point de se suicider parce qu’elles prennent les choses au sérieux. Je ne sais pas comment gérer ça ».
Concernant les jeunes filles qui passent désormais de non à oui, il ressent particulièrement de la crainte. A leur sujet, il dit : « Il faut faire attention parce que parfois l’amour peut se retourner contre vous. Elles sentent qu’elles ne peuvent pas vous avoir, elles vont jusqu’à comploter et planifier des choses terribles sur vous, ou faire des choses terribles pour vous faire du mal. C’est pourquoi il est important d’être gentil, mais sincèrement gentil ».
Il s’est souvenu d’une vilaine rumeur qui a fait surface l’année dernière, qui disait à tort qu’il avait entrepris un changement de sexe. La rumeur n’est pas encore morte, et il a dit que sa rencontre avec la blonde amoureuse de l’aéroport mentionnée plus tôt l’aide à la remémorer. « Cette magnifique fille aux cheveux blonds essayait de toutes ses forces de m’attirer vers elle pour que je l’embrasse », se souvient Michael. « Elle a dit: ‘Tu es tellement sexy, embrasse-moi’. Comme je ne lui ai montré aucun intérêt, elle m’a dit : ‘Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu es pédé ?’, et elle est partie ».
Il se lamente de toujours devoir dire aux gens : Il y a une raison pour laquelle j’ai été créé homme. Je ne suis pas une femme. Et ce qui me tue le plus, et ce qui me donne le plus envie de fondre en larmes, c’est quand des petits enfants, de sept ou huit ans, viennent me poser la question. Je leur dis non, et s’il-vous-plaît dites à vos amis que ce n’est pas vrai ».
Ce qui dérange le plus Michael, plus que les rumeurs, est le genre de courrier qu’il reçoit de certaines adolescentes. « Vous ne pouvez pas imaginer le courrier que je reçois. Je veux dire, certains sont vraiment vulgaires », révèle-t-il. Selon lui, certains courriers sont aussi choquants que de voir un prêtre aller voir au cinéma The Devil And Mrs Jones ou Deep Throat. « Certains courriers sont vraiment nauséabonds, pas polis du tout », dit-il. « Elles vous disent les choses qu’elles voudraient vous faire, et comment elles s’y prendraient. Je lis et je me dis : ‘Oh mon dieu, ces filles…’ Il n’y a plus tellement de charme chez les filles aujourd’hui, comme à l’époque où le gars décrochait toujours son téléphone pour appeler la fille. La fille n’appelait jamais le garçon. Elle pouvait rester assise là une journée jusqu’à ce que le téléphone sonne pour elle. Mais maintenant les filles vous embêtent sans relâche… Aujourd’hui vous voyez des filles de onze ans avec des sacs à main, mais aussi rouge à lèvres, eyeliner et mascara. Elles se comportent comme des femmes alors qu’elles n’en sont pas ».
Ne croyez pas que le chanteur à la voix douce soit un saint, ou ringard. Même si sa description a tout du cliché – grand, brun et mignon – Michael est tout à fait conscient qu’il peut maintenant faire à vingt ans ce qu’il chantait à dix ans. Une personne peut en témoigner : l’actrice bien connue, lauréate d’un Oscar, Tatum O’Neal, fille adolescente de l’acteur Ryan O’Neal.
Un reporter de Modern People avait cité il y a deux ans Mademoiselle O’Neal, qui aurait dit une fois qu’elle avait hâte d’avoir sa première histoire. Si elle a respecté ce commentaire en ayant une relation avec le viril Michael, lui de son côté n’est pas du genre à embrasser et s’en vanter. Il a refusé de discuter des détails intimes sur le fait de sortir avec Tatum, mais il a tenu à mettre les choses au clair sur leur histoire d’amour. Tout d’abord, il a volontiers admis les parallèles dans leurs vies. Ils ont tous les deux des parents protecteurs. Tatum est une fille à papa, et Michael est un fils à maman. Tous les deux sont attirants et fortunés. Elle roule dans une Rolls-Royce avec chauffeur, et Michael le millionnaire conduit sa propre Rolls. Ils sont tous les deux très timides. Michael est l’une des stars les plus prometteuses pour l’avenir, tout comme Tatum.
« Je veux que tous les lecteurs de JET savent que nous sommes principalement de bons amis », a assuré Michael. Admettant qu’il y a eu des critiques au sujet de leur relation, Michael s’est exprimé en ces termes : « Les gens en font des tonnes et des tonnes, et moi je leur dis juste que nous sommes vraiment de très, très, très bons amis. C’est tout ce que je dis. Ils disent : ‘A quel point êtes-vous bons amis ? Y a-t-il une histoire d’amour entre vous ?’. Je dis parfois oui, mais pas tout le temps ».
Même si le fait de sortir avec quelqu’un fait partie de son mode de vie, il est plus intéressé par le fait de changer le style de la maison familiale, qui subit en ce moment d’importantes rénovations. Insistant sur le fait qu’il n’est pas prêt à déménager comme ses quatre frères mariés (Jackie, Jermaine, Tito et Marlon), Michael explique : « J’ai toujours voulu faire ça pour ma mère. Elle adore les maisons et tout ce qui tourne autour de ce sujet, et je ne fais pas les choses à moitié, je les fais au feeling. Je ne pense pas qu’il soit encore temps pour moi de déménager. Il y a encore tellement de choses que je veux faire en restant ici ».
« Si je déménageais maintenant, je mourrais de solitude. La plupart des gens qui déménagent vont en boîte tous les soirs. Ils font la fête toutes les nuits. Ils invitent des amis, mais je ne veux rien de tout ça. Je mourrais littéralement de solitude ».
Les plans de rénovation de Michael incluent la construction d’un court de tennis, la réfection de la piscine, une salle de gym, une salle de cinéma, un studio de répétitions et une bibliothèque.
Vivant à la maison avec sa mère Katherine, son père Joseph, son frère Randy et ses sœurs Janet et Latoya, le jeune artiste explore ses multiples talents et est confronté à des préoccupations sociales et religieuses.
Religion et racisme sont au centre de ses préoccupations. Fervent Témoin de Jehovah, comme sa mère, il dit : « Je crois en la Bible, et j’essaie de suivre la Bible. Je sais que je suis une personne imparfaite… Je ne suis pas un ange, mais je ne suis pas non plus un démon. J’essaie d’être le meilleur possible, et j’essaie de faire ce que j’estime être bien. C’est aussi simple que ça… Je ne prie pas que le soir. Je prie à différents moments de la journée. Quand je vois quelque chose de beau, je me dis : ‘Oh mon Dieu, c’est tellement beau’. Je dis de petites prières comme ça tout au long de la journée ».
Pour faire face aux sources de stress du show business, Michael se tourne vers son dieu, mais pas vers les drogues. « Aussi banal que cela puisse paraître, les éléments naturels sont les meilleurs au monde », atteste-t-il. « Les étoiles, les montagnes, les enfants, les bébés qui sourient, c’est juste magique », a-t-il conclu en rayonnant de joie.
La seule chose qui atténue cette lueur dans son regard est le racisme omniprésent et généralisé dans le monde d’aujourd’hui, spécialement en Amérique, observe ce grand voyageur. Se rappelant à quel point les Jacksons avaient été maltraités dans les villes du Sud, il a dit à quel point c’était difficile à croire. « Les gens nous disaient de faire avec (le racisme), parce que c’est comme ça que ça se passe dans le Sud », a-t-il dit, puis il a ajouté: « C’est de l’ignorance, et elle est enseignée, parce que ce n’est pas du tout génétique ».
« Je ne suis pas le genre de personne qui soit pleine de préjugés. Je crois que les gens devaient penser davantage à Dieu et à la création, parce que si vous regardez les nombreuses merveilles du corps humain – les différentes couleurs des organes… et toutes ces couleurs font différentes choses dans le corps humain – pourquoi ne savons-nous pas le faire en tant que personnes ? »
« C’est (le racisme) la seule chose que je déteste. Je déteste vraiment. Et c’est pour cette raison que j’essaie d’écrire, de mettre les mots en chansons, de les mettre en danse, de les mettre dans mon art – de les enseigner au monde. Si les politiciens ne le font pas, les poètes devraient mettre les mots en poésie, et les écrivains en nouvelles. C’est ce que nous devons faire, et je pense qu’il est très important de sauver le monde ».
Ayant autant de lectures que de voyages à son actif, Michael, diplômé d’une école privée, et qui a dû quitter l’école publique parce que les filles hurlaient et essayaient de l’attirer vers elles, a déclaré : « J’adore lire. J’aimerais pouvoir conseiller à plus de gens de lire. Il y a tout un monde nouveau dans les livres. Si vous ne pouvez pas vous permettre de voyager, vous pouvez voyager mentalement grâce à la lecture. Vous pouvez voir tout ce que vous voulez, et aller n’importe où rien qu’en lisant ».
Voyager et lire ont grandement influencé ses points de vue religieux et raciaux. A propos de ses voyages, Michael explique : « Où que vous alliez, ce qui est fabriqué par l’homme reste quelque chose de fabriqué par l’homme, mais il faut y aller pour voir la beauté du monde façonnée par dieu ».
Réfléchissant sur les problèmes raciaux en Amérique, il a déclaré : « J’aimerais emprunter certaines choses à d’autres pays, comme le Venezuela ou Trinidad, le vrai amour, les gens qui ne voient pas la couleur, et tout rapporter en Amérique. Quand vous voyagez, vous réalisez à quel point l’Amérique est différente. Mon Dieu, je déteste dire ça mais notre peuple subit un lavage de cerveau ».
De tous ses voyages, il dit qu’il a vécu ses expériences les plus émouvantes et les plus touchantes lors d’un voyage à Dakar, au Sénégal. « Je vais lever ma main (vers Dieu) », dit-il avec le regard qui s’illumine comme une lampe. « J’ai toujours pensé que les Noirs, sur le plan artistique, sont la race la plus talentueuse du monde. Mais quand je suis allé en Afrique, j’en ai été encore plus convaincu. Ils font des choses incroyables là-bas… Ils ont le rythme, la cadence. Je vois vraiment d’où viennent les percussions. Ça fait vraiment penser que tous les Noirs ont le rythme dans la peau… Je ne veux pas que les Noirs oublient un jour que c’est de là que nous venons, et que c’est de là que vient notre musique. Et si nous oublions, elle (l’histoire des Noirs) sera perdue. Je veux que nous nous en rappelions ».
Source : JET – 16 août 1979 – Google Livres
Traduction: Pretty Young Cat