Le 25 août 1970 les Jackson 5 sont à la UNE du magazine LOOK qui titre alors: La musique des Jackson Five pour les jeunes décolle. L’article fait alors 4 pages et contient plusieurs photos.
Le groupe le plus en vue du monde doit être au lit à 22h00.
Ils ont sorti en dix mois trois singles qui se sont vendus chacun à plus de deux millions d’exemplaires. Leurs albums sont recherchés par des adolescents admiratifs, et leurs visages sont gravés dans l’esprit de millions de pré-ados américains. Ajoutant une touche de « soul » plus terre-à-terre dans un son généralement léger voire « bubblegum », cinq écoliers noirs du nom de Jackson se sont imposés avec un son nouveau. Dans le cadre d’arrangements dynamiques, les paroles sont réparties entre la voix de Michael, âgé de 10 ans, et les voix plus rauques de Marlon, 13 ans, Jermaine, 15 ans, Tito, 16 ans, et Jackie, 19 ans. Joe Jackson, le père des garçons, était un grutier de Gary, dans l’Indiana, qui avait toujours eu envie de devenir un grand musicien, mais qui n’avait jamais réussi. Quand ses fils ont commencé à montrer qu’ils avaient un certain flair musical – Michael n’avait que 4 ans à l’époque – Jackson a commencé à les inscrire à des concours amateurs de jeunes talents, dans un premier temps à Gary, puis ailleurs dans l’Indiana. En parcourant tout l’Est à bord d’un bus Volkswagen, le groupe a commencé à donner des concerts dans des universités le week-end, ou dans des théâtres. L’an dernier, le maire noir de Gary, Richard Hatcher, les a présentés à Diana Ross, star des Supremes (qui chante maintenant en solo), qui a contribué à leur faire obtenir un contrat avec la Motown. En moins d’un an, ils ont fini par être acclamés au niveau national, et ce n’est pas près de se terminer.
Un week-end, il n’y a pas si longtemps, les Jackson 5 se sont envolés de Los Angeles, où ils vivent désormais, pour donner un concert au Convention Hall de Philadelphie. Aux côtés de leur père Joe, il y avait leurs cousins Johnny Jackson (qui joue de la batterie avec le groupe) et Ronnie Rancifer (qui joue de l’orgue et du piano), Suzanne de Passe, une jeune « styliste » qui aide les garçons à parfaire leur mise en scène, le coordinateur Tony Jones, qui gère les détails logistiques, un photographe de la Motown, le chauffeur des Jackson, et un précepteur qui les accompagne pour leurs voyages hors de la ville. Avec le groupe se déplaçait un camion qui transportait les instruments, les amplis et autres équipements électroniques. Sur scène, dans l’immense Convention Hall, les Jackson 5 ont fait irruption et ont donné un spectacle étourdissant de jeux de jambes et de chants complexes, Michael se tordant et se lamentant dans un mélange de James Brown et de Sammy Davis Jr réunis en un seul petit corps. Les chansons des J5 restent relativement chastes pour s’adapter à la foule prépubère. Sur le titre The Love You Save, Michael s’adresse à un écolier imaginaire : « Isaac dit qu’il t’a embrassée sous le pommier, quand il t’a pris la main pour la première dois, il a ressenti – de l’électrici-téééé! Quand Alexander t’a appelée, il a dit qu’il avait sonné à ta porte, Christopher a découvert que tu étais en avance sur ton temps ». Quelque part, venant de la bouche de ce petit garçon de 10 ans, c’est tout à fait crédible. Sous des airs de précocité sexuelle (« Assieds-toi jeune fille, je crois que je t’aime ! ») se trouve un rythme de blues qui swingue et qui bouge.
Il ne s’est écoulé qu’un an depuis le début des tournées avec le bus Volskwagen, mais ils ont déjà parcouru un bon bout de chemin dans ce petit laps de temps. Ils ont déjà fait de grosses émissions de télé comme le Sullivan Show et le Griffin Show à plusieurs reprises, les courriers de fans affluent, et les fan-clubs prolifèrent. De manière plus significative, des offres arrivent d’endroits comme Las Vegas et Londres (leur titre ABC est arrivé en tête des classements anglais). Mais la plupart de ces offres ont été déclinées. Les Jackson sont guidés par le patron de la Motown, Berry Gordy Jr, qui a lancé les Supremes, les Temptations, et d’autres têtes d’affiches. Gordy a bien l’intention de garder les mauvaises vibrations loin des Jackson. En compagnie de Joe et Katherine Jackson, les parents des garçons, il prend les décisions importantes dans leurs vies. Jackie, l’aîné, a été diplômé en juin, et tous les autres continuent de fréquenter des écoles publiques à Los Angeles (l’une de ces écoles a dû changer plusieurs fois son numéro de téléphone parce que de jeunes fans ne cessaient d’appeler pour parler à Michael). Et leurs rares concerts sont organisés pendant les vacances et les week-ends. Joe Jackson exerce son contrôle sur la toute nouvelle popularité grisante des garçons. « Vous devez beaucoup travailler pour garder le sens des proportions », dit-il. « Je leur dis ce qui pourrait arriver s’ils changeaient et s’ils prenaient la grosse tête. C’est quelque chose que je ne veux jamais voir ».
Les jeunes stars s’en tiennent donc à un agenda strict qui les fait se lever à 7h00 pour aller à l’école, et se coucher à 22h00. Les répétitions de l’après-midi sont intercalées entre les deux, ainsi que les sessions d’enregistrement, les devoirs, l’écriture des chansons (Michael collabore avec Jermaine et Tito), les interviews, et – s’il reste du temps – un match de baseball avec les fils de Gordy et le petit frère de Diana Ross, Chico. Avec un tel planning, faire en sorte que les garçons restent « juste des garçons » est beaucoup plus difficile qu’il y paraît, mais entre les Jackson et Gordy, cela fonctionne. A la maison avec le reste de la famille – les sœurs Latoya, 14 ans, Janet, 4 ans, et le frère Randy, 7 ans (une sœur mariée, Maureen, 20 ans, vit dans le Kentucky), un berger allemand du nom de Lobo et trois petites souris domestiques, les garçons font partie d’un clan soudé. Katherine Jackson, une mère discrète mais solide, aide tout le monde à garder la tête sur les épaules. « Je pense que j’ai toujours su que Michael n’était pas un enfant comme les autres », dit-elle. Depuis le début, il était très attiré par la musique. Et bien sûr, il rit tout le temps ». Michael est la merveille Jackson. A 10 ans, il fait preuve d’une sophistication qui n’est pas de son âge. Imitateur né, il s’approprie des chorégraphies et les embellit avec son propre génie spécial. Même si Michael reçoit beaucoup d’attention, il s’entend bien avec ses frères. « Ils savent que c’est lui le chanteur principal », dit Joe Jackson. « Et ils ont chacun leur propre rôle. Dans cette famille, nous nous serrons les coudes ».
Le son énergique des Jackson 5 s’est avéré trop fort pour les voisins de leur première maison sur Hollywood Hills, où la basse de Jermaine et l’orgue amplifié de Ronnie Rancifer résonnaient jusqu’au canyon. Ils ont donc déménagé dans un nouvel espace avec piscine, et une salle spacieuse pour répéter. Bien qu’ils aient enregistré plusieurs succès discographiques, les Jackson n’ont pas l’intention de s’en contenter. Randy, qui joue du bongo, pourrait rejoindre le groupe, faisant des Jackson 5 un groupe encore plus en vue, les Jackson 6.
Source : Look – 25 août 1970 – michael-jackson-archives.com
Traduction: Pretty Young Cat