Pré-HIStory: The Jackson 5

« Il y a bien longtemps… loin, très loin dans une autre galaxie. » C’est ainsi que nous aurions pu commencer à vous raconter le commencement de l’histoire de Michael Jackson, une histoire tellement extraordinaire qu’il serait difficile d’y croire si nous ne l’avions pas vécu au présent, chaque jour. Aucune star au monde n’a jamais connu une telle histoire et aucun artiste n’en connaîtra peut-être jamais. Michael Jackson, le King Of Pop, l’artiste le plus connu au monde a commencé sa carrière fabuleuse dés l’age de 5 ans. MJFrance va donc essayer de vous la raconter à sa manière en commençant par une époque inoubliable qui fut la genèse de la légende qu’est devenu Michael Jackson: The Jackson 5.

J’ai toujours voulu raconter des histoires. J’aimerais m’asseoir près d’un feu avec des gens autour de moi et inventer des contes, qu’ils arriveraient à voir en images, et qui les emmèneraient ailleurs, n’importe où, rien qu’avec des mots. J’aimerais les faire rire et les faire pleurer. Des histoires tellement émouvantes que leur âme en serait transformée. J’imagine ce que les grands écrivains peuvent ressentir, quand ils ont un tel pouvoir. Parfois, j’ai l’impression que je pourrais le faire aussi. C’est quelque chose que j’aimerais développer. Dans une certaine mesure, écrire des chansons demande la même habilité, provoque les mêmes émotions de joie et de tristesse. Mais une histoire est une esquisse. C’est du vif-argent. Il y a très peu de livres sur l’art de raconter, comment accrocher l’attention comment rassembler un groupe de gens autour de soi et les amuser. Pas de costume, pas de maquillage, rien du tout, seulement vous et votre choix. Et avec ça, vous pouvez les subjuguer et transformer leur vie, l’espace de quelques minutes.

Moonwalk, Michael Jackson, 1988.

 

29 Aout 1958, Gary, Indiana, Naissance d’une Légende.

Il y a une chose que j’aimerais dire aux gens quand ils me demandent de leur parler de mes souvenirs des Jackson Five : j’étais tellement jeune à l’époque, quand nous avons commencé à travailler ensemble, que j’ai presque tout oublié. La plupart des gens peuvent s’offrir le luxe de commencer plus tard dans leur carrière, à un âge où ils peuvent se rappeler le moindre détail, les « pourquoi » et les « comment », mais ce n’est pas mon cas. Moi je n’avais que cinq ans à ce moment-là. Quand vous n’avez pas assez de maturité pour comprendre ce qui se passe autour de vous, les gens prennent les décisions à votre place quand vous avez le dos tourné et vous n’êtes au courant de rien. Je me souviens seulement que je chantais de tout mon cœur, avec ma voix la plus aiguë, que je dansais avec la plus grande joie et que je travaillais trop pour mon âge. Je sais aussi que les Jackson Five ont commencé à vraiment bien marcher quand j’avais huit ou neuf ans.

Moonwalk, Michael Jackson, 1988.

Nous n’avons pas vraiment connu l’époque de cet âge tendre, mais il nous a été conté que la première fois que Michael est monté sur une scène « pour de vrai » en tant que chanteur du groupe, c’était à l’age de 6 ans, sur une estrade du gymnase d’un lycée noir de Gary, avec ses frères Jackie, Tito, Jermaine, Marlon et leur cousin Johnny qui tenu la batterie, pendant peu de temps.

Ils ont chanté, dansé, joué un remake de My Girl, un classique de Smokey Robinson, qui avait contribué à la gloire des Miracles.

Premier prix sous les acclamation: une timbale! C’était en 1965.
Ils s’appellent ce jour là Les Jacksons Brothers.

Joseph Jackson est toujours là pour les diriger d’une main de fer, et en fait des professionnels dès 1967, sous le nom des Jackson 5, avant même leur signature chez Motown.

Première maison de disque: STEELTOWN

 

De Gary, Indiana, des années 1965, aux années 1967 et 1968,…

…Joseph Jackson met ses fils au travail. C’est à dire qu’il ne se contente pas des concours amateurs, il veut gagner de l’argent. La chasse aux premiers cachets commence. Il réussit à obtenir un contrat avec un night-club de Gary pour 8 $ par nuit. Bien sûr, cela rembourse un peu tous les frais engagés pour financer le groupe, mais Katherine est très inquiète de voir ses enfants, et surtout le petit Michael, fréquenter ce milieu médiocre, voir sordide. C’est pourtant devenu le seul grand titre de gloire de ce club Mr Lucky’s. Puis il démarche les night-clubs de Chicago et de la région du lac Michigan.

En travaillant au Lucky’s, nous avions pour la première fois un contrat pour cinq sets chaque soir, six jours par semaine. Il s’agissait d’un vrai show. Et si papa nous trouvait encore un engagement pour notre journée libre, il ne s’en privait pas. On travaillait dur, mais les clients des bars que nous animions étaient gentils avec nous.
Ils aimaient James Brown autant que nous. On était comme un cadeau en plus de leur consommation. On plaisantait et on faisait même des gags avec eux. Je me souviens en particulier quand nous chantions  » Skinny legs and all  » de Joe Tex, je me faufilais dans le public, je rampais sous les tables et je relevais les jupes des filles pour regarder en dessous. Les gens me lançaient de l’argent, et quand je commençais à danser, je jonglais avec les pièces et les dollars avant de les mettre dans la poche de ma veste. Quand j’ai commencé à jouer dans les clubs, je n’avais pas vraiment le trac, à cause de tous les spectacles d’amateurs que nous avions déjà faits. J’étais déjà prêt à me lancer pour de bon, et ne faire que cela, chanter, danser, tout en m’amusant.
Moonwalk, Michael Jackson, 1988.

En 1967, les Jackson 5 vont gagner tous les concours amateurs, ainsi que le premier prix de la nuit des supers talent du Regal Theater de Chicago, au même titre que Gladys Knight et The Pips…

…vient enfin une étape décisive : Papa Joe qui avait déjà fait une première tentative, ratée auprès de la Motown, jette ses fils dans la cage aux lions. Cette « cage » s’appelle l’Apollo de Harlem. Cette salle de 1.700 personnes organise des nuits des amateurs. les Jackson 5 précédés de leur réputation, arrivent directement en finale. Que c’est dur!

Après Chicago, il restait encore un grand concours d’amateurs à gagner : celui du Théâtre Apollo à New-York. Beaucoup de gens pensaient que le fait de gagner le concours de New-York était qu’une question de chance, et rien d’autre. Mais papa était persuadé qu’en plus des gens de talent qui se produisaient, il y a avait beaucoup plus de gens des maisons de disques et des musiciens professionnels à New-York qu’à Chicago. Si on pouvait gagner à New-York, on pouvait y arriver n’importe où. C’était ça, l’Apollo pour papa. Chicago avait déjà fait parvenir des informations sur nous avant qu’on arrive à New-York et notre réputation était telle qu’on nous fit passer directement en finale, sans nous imposer les éliminatoires.

Moonwalk, Michael Jackson, 1988.

Le public, très populaire, a sorti 35 cents pour payer sa place. Il en veut pour son argent.
Il en a dévoré des artistes, ce public! Quel sort va t’il réserver à nos petits Jackson?

C’est un énorme succès!!!

Ils sortent vainqueurs de la soirée amateur devant le public le plus dur du monde!
Cela leur donne le droit de revenir comme artistes payés, et c’est le vrai début de leur carrière professionnelle. On les retrouve dans les premières parties de spectacle dans les grandes salles de la région…
Les 5 frères apprennent « durement » à se présenter, à bien utiliser l’espace scénique, enfin tout ce qui fait d’eux des pros dès le plus jeune age. Ils côtoient ainsi de grands artistes.
Michael peut observer de près ses « maîtres » dont il reproduit à la perfection les pas de danse.

Qui n’a pas entendu parlé de ses imitations de James Brown?

Et de sa passion pour Jackie Wilson

Le plus jeune des Jackson apprend avec avidité. Il est très à l’aise avec un micro, il chante et il présente le groupe et il danse.

Très dur apprentissage des tournées, pendant les vacances scolaires, entassés dans la voiture familiale. Les Jackson 5 se font tout seuls et deviennent des pros.

Ils apprennent leur métier. Mais ils se font également connaître. Du public, un peu , et beaucoup des professionnels.

En 1967, 68 la plupart des artistes Black connaissent les Jackson 5 parce qu’ils les ont vu. Même des artistes de Talma Motown comme Gladys Knight qui a promis de parler d’eux!

La Motown, le rêve de Joe Jackson! Il sait qu’un contrat avec cette prestigieuse maison de disque serait l’aboutissement de tous ses efforts. Mais comment y parvenir?…

Pour continuer à faire connaître ses fils, il signe en 1967 un contrat de 6 mois avec une petite maison de disque locale, Steeltown, dirigés par un ami de papa Joe, Gordon Keith. Les 5 frères, habitués aux hits qu’ils chantent en reprise, sont un peu étonnés d’avoir à apprendre des chansons inconnues. Les problèmes de droits d’auteurs les dépassent. Mais ils sont totalement emballé à l’idée de faire un disque!

Comme papa, M. keith était un ouvrier d’usine qui adorait la musique. Mais il y avait aussi un pied dans l’enregistrement et la production de disques. Son studio et son label s’appelaient Steeltown. Quand j’y repense, je suis sûr que M. Keith était tout aussi excité que nous à l’idée de faire ce disque. Son studio était en plein centre-ville, et nous sommes allés chez lui un dimanche matin de bonne heure, juste avant mon émission de télé favorite :  » The Road Runner Show  » M. Keith nous accueillit à la porte et nous fit entrer dans son studio ; il nous montra une petite cabine en verre avec un tas d’appareils à l’intérieur, et il nous expliqua à quoi ils servaient ; ce n’était pas le moment de tripoter les machines, du moins dans ce studio. Je mis un casque sur mes oreilles, et avec cet étrange machin qui me descendait jusqu’au cou, je décidai d’avoir l’air prêt à tout.

Moonwalk, Michael Jackson, 1988.

Leurs débuts dans le studio d’enregistrement de Gary, les WE, sont assez confus:

14 morceaux au moins sont enregistrés, dont certains sortiront en 45 tours.

En 1996, Brunswick Records publiait le CD ci-dessous nous restitue les enregistrements retrouvés lors d’un déménagement!.

Ce CD BRU 81015-2, propose 14 titres enregistrés à partir de Novembre 1967 pour Steeltown que l’on croyait disparus.

Seul le premier 45 tours Steeltown 681 des JACKSON 5 est publié en 1968.
Big Boy Face A
You’ve Changed Steeltown 681 Face B
(Producteur Gordon Keith)

Peut-être la direction de Steeltown considérait-elle ces titres comme les plus aboutis du lot?

Les 2 autres 45 tours Steeltown ne sont sortis qu’en 1971
Visiblement parce que les Jackson 5 « cartonnaient » chez Motown

Un 45 tours Steel-Town 682

We Don’t Have To Be Over 21 (To Fall In Love) en face A
(Producteur Gordon Keith arrangement Wilton Crump & Mark Davis)
Jam Session (Michael au BONGO et papa Joe à la guitare!) en face B

Enfin, Michael Jackson et certains membres de la famille seraient présents sur un dernier 45 tours

Steel-Town 688
Les RIPPLES & WAVES PLUS MICHAEL
Let Me Carry Your Schoolbooks, Face A
I Never Had A Girl, Face B

Sauf que 20 ans plus tard, Gordon Keith, fondateur de Steeltown, déclara finalement que ce n’était pas Michael qui chantait sur ces deux titres mais un autre enfant de Gary répondant au nom de Michael Rodgers.

Voyons le premier 45 tours: « Big Boy (Silvers) / You’ve Changed » (Reese), publié par Steeltown en 1968

Janvier 1968, sortie du premier 45 tours Steeltown: « Big Boy (Silvers) / You’ve Changed » (Reese),
Il est possible de rencontrer l’original dans une vente, mais c’est très rare et cher.

Tirage modeste, le 45 tours original vaut maintenant une petite fortune !

Une fois les disques pressés, M. Keith nous donna des boîtes de disques pour que nous puissions les vendre à l’entracte et après nos spectacles. Nous savions que ce n’était pas la façon dont les groupes connus opéraient, mais il fallait bien démarrer quelque part, et à cette époque-là, avoir son nom sur un disque était une affaire. On se sentait vraiment privilégiés.

Ce premier quarante-cinq tours Steeltown, s’appelait  » Big Boy « . C’était une bonne chanson, qui racontait l’histoire d’un garçon qui tombe amoureux d’une fille. Pour vous donner une idée de la chose, imaginez un môme maigrichon de neuf ans en train de chanter ça. Les paroles disaient que je voulais davantage qu’un joli conte de fées, mais en réalité, je ne comprenais rien à ce que je chantais. Je chantais seulement ce que l’on me demandait de chanter.

Quand ce disque, qui avait une ligne de basse d’enfer, est sorti, et que les radios locales de Gary ont commencé à le diffuser, c’était vraiment un événement dans le quartier. Personne ne voulait croire que c’était notre disque. Et même nous, nous avions du mal à y croire aussi.

Moonwalk, Michael Jackson, 1988.

Saviez vous qu’un deuxième 45 tours serait paru aussi dès 1968, avant Motown donc:

Le 45 tours Musicor Dynamo 146 avec en face A We Don’t Have To Be Over 21 (To Fall In Love)*
la face B, elle, proposant Some Girls Want Me For Their Lover, titre qui ne fait pas parti des enregistrements Steeltown.

Dan possède dans sa collection ce Dynamo Records D146. En face A « You Don’t Have To Be Over 21/ Some Girls Want Me For Their Lover » Une écoute attentive permet de vous dire que nos chers bambins chantent bien We Don’t… Erreur de l’éditeur donc. Quand à la face B, la song « Some Girls » n’a été publiée que sur un 33 t encore plus introuvable. C’est donc un vrai collector.

Voici la face B du vrai 45 tours Dynamo D 146, enregistrement de 1968, et la chanson très rare:

« Some Girls Want Me For Their Lover« 

Nous avons même trouvé sur internet l’image du disque promo!

Quelle émotion! Pensez qu’à l’époque, nos bambins n’ avaient pas d’agents pour démarcher auprès des radios et des DJ. Un Jackson a peut-être fait ce travail et porté lui même la galette… Papa Joseph?

Ce n’est qu’un intermède. le seul but, c’est la Motown. Joseph Jackson a tout tenté. Il a quitté son emploi aux aciéries, il a dépensé l’argent gagné pour acheter des instruments, pour équiper les gamins. Katherine, la maman, est furieuse parce qu’inquiète. On arrive à l’été 1968, cela aura t’il une fin? Mais qu’est-ce qu’il faut faire? Prendre contact un à un avec tous les artistes Motown? Gladys Knight avait échoué en recommandant les Jackson 5. Mais la fabuleuse, la nuit de l’Apollo a changé bien des choses. Le 12 Juillet 1968 les Jackson font la première partie d’un concert des Vancouvers à Chicago. Bobby Taylor lui aussi recommande vivement les 5 gamins. Lui sera écouté…

Cette fois, ça y est! Tout va aller (enfin) très vite. Les jackson 5 doivent passer pour la première fois à la TV. Katherine veut les joindre au téléphone, elle apprend qu’ils n’iront pas à leur première émission de télévision, The David Frost Show, à New York. Ils ne sont pas en route pour N.Y. ils sont à Détroit! Que peut il y avoir de plus important qu’une première TV???

Quelqu’un nous avait recommandés pour le show de David Frost, à New-York City. On allait passer à la télé. C’était le moment le plus excitant de notre vie. Moi j’en parlais à tout le monde, à l’école, et je répétais deux fois mon histoire à ceux qui ne voulaient pas me croire pour essayer de les convaincre. On devait partir en voiture quelques jours plus tard. Je comptais les heures. J’avais déjà imaginé comment les choses de passeraient, à quoi ressemblerait le studio et ce qui se passait quand on était face à une caméra de télévision. Mon institutrice m’avait préparé des devoirs pour rattraper mon absence. On avait encore une répétition en costumes et une dernière sélection de chansons à faire. Cette après-midi-là, papa nous a dit que le voyage à NewYork était annulé. Stupéfaits, on l’a regardé sans y croire. C’était un vrai choc et j’avais envie de pleurer. On était tellement près du but ! Comment avaient-ils pu nous faire ça ? Qu’est-ce qui s’était passé ? Pourquoi M. Frost avait-il changé d’avis ? J’avais la tête qui tournait et je suis sûr que les autres aussi. « C’est moi qui ai annulé », déclara calmement mon père. Nous étions trop atterrés pour parler. Alors mon père déclara : « Motown a appelé ».

Moonwalk, Michael Jackson, 1988.

La réponse tient dans ce mot: Motown

Les J5 chez MOTOWN, que l’aventure commence…